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Yves Chiron

L'historien des Papes analyse (dans Présent de samedi) les liens complexes entre les deux derniers pontificats (23/2/2009)


Loin de faire son apprentissage de Pape comme des ignares le répètent en boucle, avec l'aide de vastes tribunes médiatiques, Benoît XVI a co-dirigé l'Eglise pendant un quart de siècle avec Jean-Paul II. Son rôle fut immense.
D'ordinaire, les articles qui comparent les deux papes sont sommaires, hostiles à l'un ou l'autre (en général au second) et souvent caricaturaux.
pas celui-là.
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Yves Chiron est un historien et on pourrait sans doute l'appeler l'historien des papes modernes (Pie IX, Pie X), auxquels il a consacré plusieurs ouvrages, le dernier étant son Paul VI, le pape écartelé, (Perrin, 1993).
Ce passionnant entretien réalisé par Rémi Fontaine, a été publié dans Présent de samedi (21 février).
Il fait à l'évidence partie des textes qui méritent une deuxième vie, c'est pourquoi je me suis permis de scanner cette partie (le début était consacré à Jean XXIII)

- Comment l'historien juge t'il le long pontificat de Jean-Paul II ?
- Il est bien sûr trop tôt pour juger du long pontificat de Jean-Paul II. On peut essayer de repérer les actes majeurs, les continuités et les ruptures. Je me limiterai à quatre faits.
1. Il a poursuivi la tendance ancienne (depuis Léon XIII) de l'inflation de la parole pontificale et de la médiatisation de cette parole. Un peu plus de 9500 pages d'enseignements pontificaux pour Pie XII, plus de 91 000 pour Jean-Paul II. Est-ce que trop de paroles n'amoindrit pas la portée de cette parole . Les quatorze encycliques publiées par Jean-Paul II sont déjà une somme imposante de près de mille pages.
2. La part prise par Jean-Paul II à la chute du communisme à l'Est est indéniable. Outre son origine polonaise, ses voyages à l'Est et l'aide matérielle discrète apportée aux uns et aux autres ont eu un impact historique qui n'est sans doute pas encore mesuré dans toute son ampleur.
3. Troisièmement, plus que Paul VI lui-même, Jean-Paul II semble s'être voulu l'héritier de Vatican II. Il s'est senti chargé de le mettre en oeuvre. Il a poussé le « dialogue » avec les non-catholiques et les non-chrétiens jusqu'à des limites que Paul VI lui-même, malgré son goût pour les « gestes prophétiques », n'aurait peut-être pas osées
4. Mais, avec le temps, il y a eu des inflexions dans son enseignement et dans son gouvernement de l'Eglise. On peut commencer à les repérer, me semble-t-il, à partir de 1982-1983. Cela coïncide avec l'arrivée du cardinal Ratzinger à la Congrégation pour la doctrine de la foi fin 1981. Cette arrivée a été un événement historique, que nul n'a mesuré à l'époque et, aujourd'hui encore, on mesure mal quels ont été les liens toujours plus étroits entre Jean-Paul II et Ratzinger et l'influence grandissante du second sur le premier. Le Catéchisme de l'Eglise catholique (1992) a son origine dans les célèbres conférences de Ratzinger sur le catéchisme, à Lyon et à Paris en 1983. La rencontre interreligieuse d'Assise (1986) trouve sa correction dans l'instruction Dominus Iesus (2000). L'Entretien sur la foi, accordé par Ratzinger à Messori en 1984, annonce Veritatis Splendor (1993). Quant à la liturgie, l'indult de 1984, si étroit qu'il soit, annonce la grande libération de 2007.

- Et Benoît XVI?
- Ce que je viens de dire indique qu'il est, selon moi, moins l'héritier de Jean-Paul II que dans la continuité d'un mouvement de « retour au centre » déjà largement engagé sous le pontificat précédent, mouvement dont il était un des moteurs. Ce « centre » n'est pas à prendre au sens géographique ou politique, mais au sens de Balthasar - " le centre qui est le Christ" - ou du juste milieu dont parlait le bienheureux Pie IX.
Je vois une différence entre le début du pontificat de Jean-Paul II et le début de celui de Benoît XVI. Jean-Paul II est arrivé de Pologne sans « wojtyliens », même s'il a nommé ici ou là, à différents niveaux, des Polonais. Benoît XVI est devenu pape en pouvant compter sur des « ratzingériens », c'est-à-dire des hommes d Eglise influencés par sa pensée ou la partageant ; certains aussi qui ne l'étaient pas le sont devenus aussi, très vite. Ces « ratzingériens », à Rome et dans le monde, ont accédé ou sont en train d'accéder à des postes de responsabilité. Même s'ils ne faut pas sous-estimer les oppositions ou les désaccords (Kasper, Martini, etc., une partie notable de l'épiscopat français, d'autres épiscopats encore), il y a, me semble-t-il, une cohérence doctrinale à l'oeuvre dont on voit les effets de jour en jour.
Même si la crise interne de l'Eglise est loin d'être terminée et même si le monde semble courir vers un abîme spirituel.
(Entretien réalisé par Rémi Fontaine)

Note


Yves Chiron a répondu en mai 2007 aux lecteurs du Forum Catholique.
On trouvera les échanges ici: http://rendez-vous.leforumcatholique.org/...

Il disait par exemple ceci, qui se révèle plutôt juste, à l'épreuve des faits:
Il me semble que la FSSPX ne veut pas d'un accord immédiat, même une fois que le motu proprio aura été publié et que les excommunications auront été levées officiellement.
Il y a une suite de déclarations pessimistes ou très dures en janvier. La FSSPX entend poser le problème doctrinal.


A la question, "Benoît XVI est-il un Pape de transition?", il répond sans ambages:
Non, Benoît XVI ne me semble pas un "pape de transition". Il n'a pas été élu dans ce but, ou, si c'était le cas, ce serait 2/3 du collège cardinalice qui se serait fait des illusions.
Il a été élu pour sa fermeté doctrinale et pour son art des réformes en profondeur , art dont on n'a pas fini de mesurer la portée.

Bref, il fait partie de ces gens qui font un peu mentir la boutade dePierre Dac (il me semble...): "La prédiction est un art difficile, surtout qand elle concerne l'avenir".

Drôle, aussi, je trouve un argument pour compléter et valider ce que je disais ici: Le mystérieux Pietro di Paoli
J'admets fort bien qu'on use d'un pseudonyme en cas de nécessité. ....
Mais,
quand il y a débat, discussion, il me semble qu'on doive parler ou écrire à visage découvert. Comme le dit l'abbé Laguérie dans le dernier numéro du MASCARET : "Il me semble qu'un homme digne de ce nom écrit ce qu'il pense, signe ce qu'il écrit et reste responsable de ce qu'il signe".

Usant d'un sophisme, je pourrais dire que je ne m'applique pas entièrement ce beau principe à moi-même, parce que je suis une femme!!

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