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L'avortement d'une fillette au Brésil

Analyse d'une polémique. Dossier (12/3/2009)

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Polémique au Brésil, déchaînement en France après l’affaire de l’avortement de la fillette de neuf ans (9/3/2009)


Il me semble juste de reproduire ici le déroulement des faits, tel qu'il est rapporté par le journal Famille Chrétienne.
Je n'ai lu cela nulle par ailleurs AVANT, et c'est vraiment le premier rapport circonstancié. Ce qui prouve que les commentaires ont tous précédé l'information.
C'est le FC qui m'a fourni le lien (voir la discussion ici )
Même si les détails n'ont rien qui puissent faire changer d'avis à ceux qui ont déjà décidé, cela permet au moins de se faire une idée non "prémâchée".
Et il semble effectivement qu'il y ait "une orchestration médiatique autour de cette affaire douloureuse , qui aurait pu être exploitée comme l'affaire Roe aux Etats-Unis en 1973... pour légaliser l'avortement sans condition".

Le récit de Famille Chrétienne

Excommunication de la mère et des médecins brésiliens
Le témoignage du curé de la paroisse
Famille Chrétienne , 21/03/2009
Samuel Pruvot

Les propos de l’archevêque de Recife ont fait le tour du monde au lendemain de l’excommunication de la mère et des médecins ayant décidé d’un avortement pour une fillette de neuf ans violée par son beau-père. Le père Edson Rodrigues, curé de Alagoinha, qui a accompagné les parents de la victime, livre à "Famille Chrétienne" sa version des faits.
Les parents, hostiles à cette extrémité, auraient été victimes de pressions illégales.

"Notre ville a été secouée par une nouvelle tragique : une enfant de neuf ans victime des abus sexuels de son beau père était enceinte de jumeaux. Sa sœur aînée, âgée de 13 ans, avait subi les mêmes sévices. Cette horrible histoire durait depuis près de trois ans.

Quand le conseil de Alagoinha a découvert les faits, il a tenté de tout mettre en œuvre pour aider les enfants et les parents. Le 27 février, la justice a confié les enfants à l’institut médical légal de Caruaru, dans l’Etat de Pernambuco. D’autres examens complémentaires ont été réalisés (avec des sexologues, des psychologues) ensuite à l’institut médical de l’enfance de Recife. C’est à cet endroit que la victime a rencontré une assistante sociale du nom de Karolina Rodrigues et son assistante Marie-José Gomes. Cette dernière a refusé l’hypothèse de l’avortement au nom de sa conscience chrétienne.
Karolina Rodrigues a décidé de porter ce cas devant le conseil de Alagoinha. Les cinq conseillers de la ville ont refusé pour les mêmes motifs. Ils ont transmis leur avis à l’institut médical de Caruaru. Une copie a été donnée à Karolina Rodrigues en ma présence et celle du père de la victime, monsieur Erivaldo.

Le 28 février, je suis invité à participer au conseil de l’institut médical de l’enfance de Recife en compagnie de Marie-José Gomes et de deux membres de notre paroisse. Nous en profitons pour aller visiter la victime et sa mère. Elles se trouvent au quatrième étage de l’établissement, dans un appartement isolé. L’accès est très strict. Je suis obligé de rester dans le couloir mais j’arrive à parler avec la mère de la petite. Elle m’avoue "avoir signé des papiers". Je m’inquiète car cette femme est analphabète. Comme elle est incapable d’apposer sa signature, on a pris ses empreintes digitales. Je lui demande ce qu’elle pense à propos de l’avortement. Elle montre des sentiments très maternels et surtout une préoccupation extrême pour sa fille. Elle répond : "Je ne veux pas que ma fille avorte..." La maman me parle de son état de santé : "Ça va bien, elle joue avec des poupées qu’on vient de lui donner". Nous repartons avec la ferme conviction que la mère est totalement défavorable à l’avortement de ses petits fils. "Personne n’a le droit de tuer personne, ajoute-t-elle. Seul Dieu peut disposer de la vie..."

Le 2 mars, nous retournons à l’institut de Recife. Nous sommes autorisés à monter au 4e étage pour visiter la victime. Mais, arrivés au premier étage, un fonctionnaire de l’institut nous interdit de monter plus haut. Il nous demande de voir l’assistante sociale dans un autre bâtiment. Nous tombons nez à nez avec Karolina Rodrigues. Je suis en compagnie de Marie José Gomes et de monsieur Erivaldo qui s’oppose à "l'avortement de ses petits fils". Quand l’assistante découvre mon identité, elle dit devant tout le monde : "Il s’agit d’une affaire médicale même si le prêtre qui est là estime pense qu’il s’agit d’une question de morale". Nous interrogeons Karolina Rodrigues sur l’état de santé de l’enfant. Elle affirme que tout est déjà résolu avec l’accord de la maman. La procédure médicale va suivre son cours. Elle insiste sur son état critique sans fournir aucun élément de la part d’un médecin. Elle se retranche aussi derrière la loi : "Dans ce cas, le mieux est de sauver la vie de l’enfant". Nous répondons : "Il n’y a pas une seule vie à sauver mais trois !" Elle ne veut rien entendre. Karolina Rodrigues demande à Monsieur Erivaldo de lui parler seul à seul. Pendant près de 25 minutes. En sortant, ce dernier me révèle qu’il vient de changer d’avis à propos de l’avortement : "L’assistante m’a prévenu que ma fille était menacée de mort... Si elle est en danger, il faut la sauver... Quitte à lui retirer les fœtus" a-t-il murmuré.

Tout paraissait alors terminé. C’est alors que l’archevêque de Recife, dom José Cardoso, et l’évêque de Pesqueira, dom Franceso Biasin, se sont impliqués dans la procédure. Mgr Cardoso a convoqué un groupe de médecins, d’avocats, de psychologues, de juristes pour étudier la légalité de cette affaire. Lors de cette réunion, le 3 mars, à la résidence de l’archevêque, il y avait le directeur de l’institut médical de l’enfance de Recife, Antonio Figueiras. Il a reconnu en public les pressions exercées par Katerina Rodrigues. Il a contacté l’hôpital pour suspendre l’avortement.

Un peu plus tard, l’archevêque de Recife reçoit un appel de monsieur Figueiras l’informant qu’un groupe féministe – "Curumin" – aurait convaincu la maman d’accepter un transfert de sa fille vers un autre hôpital. Nous retournons sur place avec Maria Gomes. On l’a fait attendre en prétextant la rotation des équipes (l’enfant était déjà transférée). Personne n’ose lui dire quelque chose. Comment une personne en péril de mort peut-elle obtenir un bon de sortie ? Comment l’état de la victime a-t-il pu changer si rapidement ? Qu’est-ce que le "Curumin" a pu dire à la mère ?

Le 4 mars, nous apprenons que l’enfant est internée à l’hôpital de CISAM (centre intégral de santé Amaury de Medeiros spécialisé dans les grossesses à risques). Cela se trouve au nord de Recife. Notre espoir de voir les deux enfants vivants disparaît brutalement. Tout cela à cause de d’une manipulation de conscience et d’un manque de respect pour la vie humaine. J’ai raconté tout cela pour que les gens sachent la vérité."

Samuel Pruvot

Un précédent au Brésil, en 2007

Deuxième élément du dossier: il y a eu un précédent, une polémique qui a fait "pschitt...!". De justesse, mais à cette époque, la pression sur Benoît XVI n'était pas aussi forte. Et puis, on le sait, une nouvelle chasse l'autre...

Je ne connais pas l'avis du Saint-Père sur CETTE circonstance précise, mais je le suis depuis suffisamment longtemps avec tendresse, pour savoir les chausse-trappes que les medias malintentionnés ont déjà tenté de lui tendre sur ce sujet..

Reportons-nous en mai 2007, alors que Benoît XVI est dans l'avion qui l'emmène au Brésil.
A bord, une mini conférence de presse est organisée.
Un journaliste de La Repubblica (ce n'est certainement pas un hasard s'il s'agit de ce journal militant violemment anti-papiste) pose une question sur l'avortement, dans le contexte tendu d'une loi tout juste votée par la ville de Mexico, légalisant l'avortement pendant les 12 premières semaines de grossesse dans les hopitaux publics de la ville.. Les circonstances sont donc très semblables.

Voici la transcription de l'échange par John Allen, traduit par moi en français:

Question ("La Repubblica"!!): Sainteté, dans votre déclaration, vous avez dit que l'Eglise forme les Chrétiens, et leur donne des indications morales, afin que les gens prennent leurs décisions en libre conscience. Etes-vous d'accord avec l'excommunication frappant les législateurs de la ville de Mexico sur la question de l'avortement?

Réponse: Eh bien, cette excommunication n'est pas quelque chose d'arbitraire, c'est une partie du droit Canon. C'est basé simplement sur le fait que tuer un enfant innocent est incompatible avec la communion au Corps du Christ. Ainsi, les évêques n'ont rien fait de nouveau, de surprenant, ou d'arbitraire. Dans cet éclairage, ils ne faisaient qu'annoncer publiquement ce qui est contenu dans la loi de l'Eglise, et la Loi de l'Eglise est basée sur la doctrine et la foi de l'Eglise, qui expriment notre appréciation sur la vie, que la personne humaine, l'individu humain, sont présents dès le premier instant de la vie.

Et voici le titre réducteur d'une dépêche de l'AP:
http://beatriceweb.eu/Blog/...401.html
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Benoît XVI juge "normal" que les députés de Mexico qui ont légalisé l'avortement soient excommuniés

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La polémique n'a pas tardé. Je me cite:

La "baudruche" médiatique va-t'elle se dégonfler?
Ou: la conférence de presse impromptue au-dessus du Sahara finira-t'elle de faire des vagues?
Il semble en tous cas que les medias occidentaux cherchent par tous les moyens à lever une polémique sur le thème de "l'excommunication".



A l'époque, John Allen commentait l'épisode en ces termes, il me semble qu'ils sont encore d'actualité:

Va et vient sur le traitement des politiciens légalisant l’avortement
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Durant une conférence de presse à bord de l’avion pontifical de Rome à Sao Paulo aujourd’hui, Benoit XVI a semblé serrer les vis au sujet des politiciens catholiques partisans de la légalisation de l’avortement, en disant, en effet, que les législateurs qui supportaient ces mesures devraient être considérés comme excommuniés conformément à la loi de l’Eglise […]
Les efforts du Vatican pour adoucir cette ligne ne se sont pas fait attendre. Juste après la fin de la brève conférence de presse, le porte-parole du Vatican, Federico Lombardi a minimisé la signification de la déclaration, disant qu’il n’était pas dans les intentions du pape de donner une nouvelle ligne de conduite sur une question qui fâche, à savoir l’accès à la communion pour les politiciens favorables à la légalisation de l’avortement. Au lieu de cela, a dit Lombardi, l’opinion du pape à ce sujet est plus justement exprimée dans le document « Sacramentum Caritatis », qui ne traite pas de l’excommunication, mais plutôt de la responsabilité individuelle d’un législateur catholique pour être « cohérent ».
Ce commentaire impromptu du pape sur l’avortement et l’excommunication est venu en réponse à une question relative à la ville de Mexico, où une loi légalisant l’avortement a récemment été approuvée. Il lui a été demandé s’il partageait la position d’évêques mexicains qui demandaient que les législateurs qui ont voté en faveur d’une telle loi soient excommuniés. […]. Tout d’abord, beaucoup à bord de l’appareil ont pris la réponse du pape pour un oui définitif. Lombardi, cependant a insisté pour dire que ce n’était pas ce que Benoit XVI voulait dire.

Lombardi a dit que le pape voulait avant tout simplement apporter son appui aux évêques mexicains, qui ont en réalité ajouté qu'ils n’avaient pas l’intention d'excommunier quiconque. […]

Une lecture possible est de voir un autre exemple de la différence entre Joseph Ratzinger le théologien catholique et Benoit XVI le Saint Père. Sachant combien Benoit XVI est prudent pour prendre des décisions politiques, il était difficile d’imaginer qu’il avait l’intention de formuler une nouvelle règle sur un sujet aussi sensible que l’excommunication de politiciens catholiques, à l’improviste et en réponse à la question d’un journaliste.
....

A la fin du voyage, John Allen faisait d'ailleurs un article sur... devinez quoi:
Le paradoxe de la communication du Pape

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Petit miracle du Réseau Evêques et prêtres rebelles