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Une lettre très inhabituelle

Un commentaire américain ("Inside the Vatican"), et celui du Père Lombardi (15/3/2009)



Le site Inside the Vatican commente ce qu'il appelle "une lettre très inhabituelle".
C'est une simple explication de texte, dont j'avais dit, c'est vrai, qu'elle n'était pas nécessaire.
Mais outre qu'elle n'en trahit pas l'esprit, elle pointe un aspect qui a été peu souligné, autour de cette phrase d'intérêt majeur, et qui à mon avis ne concerne pas seulement l'islam radical:

[Benoît XVI] semble aussi proposer un modèle d'inclusion sociale, plutôt que d'exclusion, qui pourrait peut-être servir dans le traitement des autres cas de "l'extrémisme" (on pourrait penser aux musulmans radicaux) - "d'intégrer leurs adhérents, et donc ... éviter qu'ils ne soient séparés, avec toutes les conséquences. "
Ce modèle «d'inclusion» est rejeté par beaucoup aujourd'hui, dit-il.
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A la suite, le commentaire du Père Lombardi. Un peu surprenant, malgré son caractère sympathique: car QUI est chargé de la "communication" du pape? Qui aurait dû aller sur Internet (personne, selon moi, mais ce n'est pas ce que dit le boss)? Qui aurait dû expliquer "clairement et de façon adéquate"... "l'étendue et les limites de la disposition de la Commission du 21 Janvier 2009"?

Ma traduction.

Le Pape a écrit une lettre

"La foi est en danger de disparition" - Le Pape a écrit une lettre
…..
La lettre est remarquable. Intitulée Lettre de Sa Sainteté le Pape Benoît XVI aux évêques de l'Eglise catholique concernant la remise de l'excommunication des quatre évêques consacrés par Mgr Lefebvre, elle est extraordinaire pour deux raisons:

1° Il s'agit d'une lettre d'«initié».
2° Elle est très personnelle.

Voici notre analyse:

1° Une lettre de «l'intérieur» ("inside" letter).
Ce « mot d'éclaircissement", comme le Pape l'appelle, nous donne un aperçu sans précédent des rouages du Vatican et des sentiments personnels du Pape concernant l'âpre controverse autour de sa décision du 21 Janvier de lever l'excommunication des quatre évêques lefebvristes, y compris l'évêque Richard Williamson, "minimiseur" de l'Holocauste ( "J'ai été attristé", dit-il, «que même les catholiques, aient pensé m'attaquer avec une hostilité ouverte»).
Le Pape et le Vatican ne proposent presque jamais d'explications ou d'excuses après les faits, même pour les décisions et actes les plus controversés.

Mais cette fois, le Pape assume une responsabilité personnelle dans la négligence apportée aux recherches avant de promulguer une décision qui reconnaît-il a été conclue sans enquêter sur les faits ( «on m'a dit que la consultation des informations disponibles sur l'internet, aurait rendu possible de percevoir le problème (Williamson) dès le début. J'ai compris la leçon que, dans l'avenir, au Saint-Siège, nous devrons accorder une plus grande attention à cette source d'information ", écrit le Pape).

Il est remarquable que, dans cette lettre, Benoît ne suggère pas que les opinions de Williamson sur l'Holocauste, maintenant qu'elles sont connues, vont pousser le Vatican à prendre d'autres mesures contre lui: la question des idées de Williamson et de leurs conséquences n'est pas abordée de façon directe.

Le Pape, ensuite, reconnaît une «erreur»: que la décision de lever les excommunications n'ait pas été rendue publique avec suffisamment d'explications d'accompagnement ( "Une autre erreur, que je regrette profondément, c'est le fait que l'étendue et les limites de la disposition de la Commission du 21 Janvier 2009 n'aient pas été expliquées clairement et de façon adéquate au moment de sa publication ", écrit-il.)

La lecture de cette liste d'oublis et d'erreurs, fournit un aperçu inédit de la bureaucratie vaticane, apparemment en contradiction avec elle-même, comme paralysée, désorganisée. Que le Pape ait décidé que cette question était si importante qu'il doive révéler cette "information privilégiée" est la première chose extraordinaire.

2° Une lettre personnelle.
La lettre est émouvante et personnelle un "cri du coeur" (en français dans le texte) de ce Pape.
Benoît révèle dans ces quelques paragraphes sa conception personnelle de la signification la plus profonde de sa propre mission, du problème le plus profond auquel le monde est confronté, et demande avec une grande humilité, si ses frères évêques sont d'accord avec sa profonde compréhension de cette mission.
Le message central de cette lettre est le suivant: que le monde, l'humanité connaît une énorme perte due à la perte de la foi dans une réalité transcendante (Dieu).
Il écrit: «De nos jours, alors que dans de vastes régions du monde, la foi est en danger de mort comme une flamme qui n'a plus de carburant, la priorité est de rendre Dieu présent dans ce monde et de montrer aux hommes et aux femmes le chemin de Dieu ... Le vrai problème en ce moment de notre histoire, c'est que Dieu est en train de disparaître de l'horizon humain, et, avec la variation de la lumière qui vient de Dieu, l'humanité est en train de perdre ses repères, avec des effets destructeurs de plus en plus évidents . "

Il dit ensuite très précisément: «Mener les hommes et les femmes vers Dieu, au Dieu qui parle dans la Bible: c'est la priorité fondamentale et suprême de l'Église et du Successeur de Pierre à l'heure actuelle." Et il ajoute: "La conséquence logique de ceci est que nous devons avoir à coeur l'unité de tous les croyants."

C'est là, dit-il, la raison pour laquelle il a estimé important de lever les excommunications des quatre évêques Lefebvristes: car c'est un pas vers l'unité qu'il considère comme essentiel à l'application de la "priorité fondamentale" de l'Eglise.
Et puis, d'une façon extraordinairement personnelle, lui, le Pape, demande à ses frères évêques - et, par extension, à l'opinion publique mondiale, puisque la lettre est publiée dans le monde entier - s'ils ne sont pas d'accord avec lui.
Dans cette lettre, il recherche constamment le consensus .
Il écrit, au sujet de sa décision sur Williamson et les trois autres: "Mais je demande maintenant: Était-ce, et est-ce vraiment une erreur d’aller dans ce cas aussi à la rencontre du frère qui "a quelque chose contre toi" (cf. Mt 5, 23 s.) et de chercher la réconciliation ? La société civile aussi ne doit-elle pas tenter de prévenir les radicalisations et de réintégrer – autant que possible – leurs éventuels adhérents dans les grandes forces qui façonnent la vie sociale, pour en éviter qu'ils ne soient séparés, avec toutes les conséquences ? "

Dans ces lignes, le Pape semble constamment essayer de justifier sa "non-excommunication" des quatre évêques, même Williamson, en dépit de tous les tollés que la décision a soulevés.
Et il semble aussi proposer un modèle d'inclusion sociale, plutôt que d'exclusion, qui pourrait peut-être servir dans le traitement des autres cas de "l'extrémisme" (on pourrait penser aux musulmans radicaux) - "d'intégrer leurs adhérents, et donc ... éviter qu'ils ne soient séparés, avec toutes les conséquences. "

Ce modèle «d'inclusion» est rejeté par beaucoup aujourd'hui, dit-il. «À certains moments, on a l'impression que notre société a besoin d'au moins un groupe pour lequel aucune tolérance ne doit être démontrée; que l'on peut facilement attaquer avec haine", écrit-il.
Le Pape nous dit qu'il pense que notre société "tolérante" peut, dans certains cas, être très intolérante.
"Et si quelqu’un ose s’en rapprocher – dans le cas présent le Pape – il perd lui aussi le droit à la tolérance et peut lui aussi être traité avec haine sans crainte ni réserve.", écrit Benoît.

Ici encore, on a un aperçu des sentiments personnels de Benoît: il estime avoir été traité "haineusement". On sent l'angoisse que le Pape semble avoir ressenti (le Père Lombardi le confirme), alors que tout le monde au cours des dernières semaines, à l'intérieur et l'extérieur de l'église, le condamnait publiquement (ndt: c'est loin d'être exact, heureusement).
Puis, comme il approche de sa conclusion, le Pape cite un passage de Saint-Paul, où Saint Paul met en garde les chrétiens de Galatie de ne pas « se mordre et se dévorer les uns les autres" afin de "ne pas se détrire les uns les autres."
Benoît écrit: «C'est triste à dire, mais « ce "mordre et dévorer" existe aussi aujourd’hui dans l’Église comme expression d’une liberté mal comprise.".
Ici, nous voyons clairement Benoît appeler ses collègues évêques, et tous dans l'Eglise, à cesser les combats les uns avec les autres ( « se mordre et se dévorer les uns les autres") de peur que l'Eglise ne soit détruite par les dissensions internes.

Le commentaire du père Lombardi

L'attachement à la difficile réconciliation
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La "Lettre aux évêques de l'Eglise catholique concernant la remise de l'excommunication des quatre évêques consacrés par Mgr Lefebvre" est certainement un document rare et mérite toute notre attention.
Jamais dans son pontificat Benoît XVI ne s'est exprimé lui-même d'une façon aussi personnelle et avec une telle intensité sur un sujet de controverse. Il n'y a pas le moindre doute: cette lettre porte sa marque, du début à la fin.

Le pape a vécu cet événement, la remise de l'excommunication, et les réactions qui ont suivi avec une participation et une souffrance qui se manifestent ici. Il parle d'une "discussion d’une véhémence telle qu’on n’en avait plus connue depuis très longtemps", et il a ressenti le besoin d'intervenir afin de "contribuer à la paix dans l'Eglise", une paix qui a été perturbée.

Avec son habituelle lucidité et humilité, il reconnaît les insuffisances et les erreurs qui ont eu une influence négative sur le cours des événements, et avec beaucoup de noblesse, il ne laisse pas assumer la responsabilité par d'autres, montrant ainsi sa solidarité avec ses collaborateurs. Il parle de l'insuffisance des informations relatives à l'affaire Williamson, et le manque de clarté dans la présentation de la mesure de la remise de l'excommunication et sur sa signification. Cependant, ce n'est pas l'aspect le plus significatif de ses réflexions.

Alors que l' "affaire Williamson ", considéré à tort comme une négation de la démarche de réconciliation entre les chrétiens et les juifs, est heureusement derrière nous, le Pape nous rappelle, avec une fierté légitime, que le partage et la promotion de toutes les démarches accomplies pour la réconciliation depuis le Concile, ont été "depuis le début l'objectif de son travail théologique", et il remercie les "amis juifs" pour leur contribution à rétablir rapidement un climat de confiance, même si une certaine tristesse persiste encore à cause des attaques provenant de certains catholiques sur ce sujet.

Le Pape précise ensuite la nature, le sens et les intentions de la remise de l'excommunication: il explique que, puisque l'excommunication est une punition pour les personnes qui ont accompli l'acte qui porte atteinte à l'unité de l'Eglise, de ne pas reconnaître l'autorité du Pape, maintenant que les personnes qui ont été ainsi sanctionnés ont montré leur reconnaissance de l'autorité du Pape, la remise de l'excommunication est une invitation chaleureuse à leur retour au sein de l'unité de l'Eglise.

Le Pape distingue ce qui concerne le problème de la reconnaissance juridique de la Fraternité Saint Pie X, la reliant clairement aux questions de doctrine sur l'acceptation du Concile Vatican II et le Magistère des Papes, depuis le Concile. D'ici là, leurs représentants ne seront pas en mesure d'assumer de manière légitime le moindre ministère dans l'Eglise.

Un point central de la lettre concernant la décision du Pape - à la lumière de la nature essentiellement doctrinale des clarifications nécessaires - est la réunion de la Commission "Ecclesia Dei", pour les relations avec les communautés traditionalistes, avec la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, assurant ainsi une meilleure pratique de la collégialité dans la procédure et la prise de décision. Avec cette perspective d'un renouveau dans l'organisation de la Curie, le Pape donne une réponse à la plupart des objections concernant la prise de la mesure récente, en particulier pour les épiscopats les plus directement impliqués.

Toutefois, il reste encore la question de nombreuses personnes, à la lumière des récentes tensions: La mesure de la remise des excommunication était-elle vraiment nécessaire? N'y a t'il pas dans l'Eglise, des questions de plus grande importance et plus grande urgence?

La réponse à cette question constitue plus de la moitié de la Lettre. L'écriture du Pape devient de plus en plus intense. Benoît XVI sent profondément sa responsabilité mise en cause en tant que pasteur de l'Eglise universelle, et sent aussi l'obligation de préciser, sans hésitation, à ses frères dans l'épiscopat, co-responsables de la bonne santé de l'Eglise, les priorités et l'esprit dans lequel il effectue son service.

En un mot, il rappelle les grandes priorités de son pontificat, qui étaient de toute façon clairement énoncées dès le premier jour: conduire les hommes à Dieu, le Dieu qui s'est révélé dans la Bible et dans le Christ, l'unité des chrétiens, le dialogue entre ceux qui croient en Dieu, au service de la paix: témoignage de l'amour en accord avec la dimension sociale de la vie chrétienne.

Toutefois, le Pape invite ensuite ses interlocuteurs à une réflexion personnelle et ecclésiale, engagée et urgente. Qu'un geste, destiné à être miséricordieux, en vue de la réconciliation, ait donné lieu à une situation d'extrême tension, est un paradoxe qui devrait nous obliger à nous interroger, de manière à discerner les attitudes spirituelles qui ont été manifestes et à l'oeuvre dans ce cas .

Le premier critère que le Pape invite à méditer est le commandement de la réconciliation avec "le frère qui a quelque chose contre toi ", selon ce que le Seigneur dit dans son « Sermon sur la Montagne ».

Les questions du pape deviennent pressantes, animées d'une vive préoccupation de l'unité. Sans perdre aucunement le sens de réalisme, car il rappelle les graves défauts des traditionalistes, mais aussi critique de manière réaliste, le Pape se sent obligé de faire allusion au conflit entre les membres de l'Eglise et la Société, qui semblent s'opposer, avec une intransigeance inflexible, refusant tous les efforts de réconciliation, ou tout simplement la reconnaissance d'éléments positifs chez l'autre. Le réalisme spirituel atteint son apogée quand il évoque l'injonction de saint Paul aux Galates, de ne «pas se mordre et se dévorer les uns les autres".

La réflexion se conclut par une autre invitation passionnée à l'amour comme une priorité absolue pour le chrétien, et une profonde aspiration à la paix dans la communauté ecclésiale.

Au-delà des erreurs ou des incidents, qui sont reconnus d'une manière équitable et surmontés, si possible, au-delà de la prudence de l'homme qui appelle à éviter de toucher les points sensibles, le Pape nous ramène, avec fermeté et courage à l'Evangile comme le critère ultime et fondamental, non pas seulement de la vie des chrétiens , mais du gouvernement de l'Église.

C'est seulement dans cet Evangile que, par la conversion mutuelle, nous pouvons espérer surmonter les divisions, et comprendre la convergence profonde entre la tradition et le Concile.

En conclusion, nous sommes amenés à comprendre que notre Pape, par son engagement personnel dans cette situation de crise, nous amène à redécouvrir l'essentiel, plus profond et plus radical, qui nous permettra de reprendre notre chemin.

Federico Lombardi

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