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Une lettre de Francisco Cossiga

à propos de l'affaire de Recife. Transmise par un lecteur (27/3/2009)

Mon correspondant, que je remercie me le décrit comme "ancien président italien... chrétien sérieux, grand professeur de droit et toujours surprenant, très souvent dans le mille, grande audience en italie".
J'ai déjà eu l'occasion de parler de lui.
Il s'affirme grand admirateur du Pape.

En juin 2007, après la triste mascarade dans les rues de Rome d'une gay pride particulièrement obscène, il écrivait au Saint-Père une lettre ouverte d'excuses. A ce moment, je m'étais interéssée à sa personnalité:
http://beatriceweb.eu/Blog/actualites/...
En décembre 2007, il livrait sa lecture de l'Encyclique Spe Salvi, "le fruit d'une pensée géniale, d'un théologien de très haut niveau, d'un intellectuel stratosphérique ".
http://benoit-et-moi.fr/2007/...
En août 2008, je l'ai aperçu à Bressanone, où il s'était rendu pour une rencontre privée avec le Saint-Père en vacances (rappelons que ce dernier ne reçoit en général personne durant son bref repos estival)
Là, il livre sa sage réflexion sur l'affaire de Recife, l'histoire de cette fillette qui a été avortée de deux jumeaux dont elle était enceinte, une affaire qui a été exploitée jusqu'à la nausée par les medias, surtout en France, pour un énième déchaînement contre l'Eglise.

Ma traduction

La lettre ouverte du sénateur Cossiga à Monsignor Fisichella
mercredi 18 Mars 2009

Cher Monseigneur et Ami ! Comme fidèle de l'Eglise et comme ami, j'ai lu avec beaucoup d'attention votre intervention au sujet du douloureux cas de l'excommunication envers les deux médecins qui ont fait avorter une enfant.

Une enfant de neuf ans qui portait dans son sein deux créatures, fruits mauvais d'une série de viols de la part de son beau-père. Vous avez voulu vous ajouter au choeur de condamnations exprimées contre le pauvre évêque de Recife, d'ici et de l'autre côté de l'Océan Atlantique, à commencer par le président fédéral du Brésil, le président Lula, un grand leader populiste qui s'est formé à l'école de la Théologie de la Libération, dont un promoteur fut Dom Helder Camara, l'évêque de Recife, grande utopiste chrétien, qui fit beaucoup de bien aux classes humbles d'Amérique du Sud, mais qui est aussi responsable avec beaucoup d'autres de la grande confusion qui règne dans ce continent, pas seulement au niveau théologique mais aussi parmi les fidèles simples, sur la nature et la mission de l'Église dans le monde, amenant beaucoup de catholiques à répondre par la violence à la violence des classes dominantes et des dictatures, et contribuant objectivement à cette spirale de violence qui ravage encore, entre dictatures et terrorisme, même « chrétien », ce continent endolori.

Je ne suis pas certes pas théologien, mais je connais suffisamment de droit canonique pour me rendre compte que l'évêque de Recife « n'a lancé » d'excommunication contre personne, mais qu'il s'est limité, comme c'était son devoir d'évêque et d'ordinaire (?) du Diocèse de Recife, de rappeler à ses prêtres que les deux médecins qui s'étaient rendus des coupables d'un délit prévu par les lois pénales de l'Église, procurer l'avortement, pour lequel est prévue l'excommunication « latae sententiae », une peine qu'on encourt automatiquement pour le seul fait de commettre un fait délictueux. Certes, on est frappé par le fait que l'infame beau-père n'a pas encouru cette excommunication, parce qu'elle n'est pas prévue.
Vous vous concentrez sur le fait que l'enfant courait un grand danger pour sa vie : je me permets de vous rappeler que si la vie de l'enfant avait couru un grave danger pour d'autres raisons qu'une grossesse, on aurait pu lui procurer, selon la doctrine morale du « double effet », les soins adéquats, qui auraient pu provoquer un avortement, même si on avait eu la certitude de cet effet;
(..)
Je comprends le drame humain ; mais n'est-ce pas aussi un grand drame que celui d'une femme, mère par exemple de six enfants, que sa mort pourrait mettre dans une tres triste condition morale et matérielle, qui serait « menacée » d'une nouvelle grossesse et qu'on sauverait avec un « avortement thérapeutique» ?
Et pourtant je ne crois pas que vous donneriez raison au médecin qui, par « pitié chrétienne » lui procurait un avortement, qu'elle aurait par surcroît demandé elle-même!
Et, pour passer à un autre plan : n'est-ce pas un grande douleur que celle dont deux chrétiens peuvent souffrir de se voir refuser l'Euchariste pour avoir divorcé après une expérience matrimoniale malheureuse, et s'être remariés avec un mariage (« ut aiunt, civile tantum »…) seulement civil ? Et pourquoi ne pas parler alors de la douleur de Beppino Englaro (ndt: le père d'Eluana) et de tant de parents qui, voyant leurs enfants gisant dans la souffrance, peut-être sans aucun espoir de guérison, décident de laisser la voie libre à la « mort douce »? Et je pourrais continuer…
Réellement, ces jours-ci, j'ai ressenti une pastorale sur la spécificité de la charité chrétienne, qui est différente de la « humana pietas ».

Je ne crois pas qu'en présentant la Sainte Eglise non plus comme l'Église du « oui, oui » et du « non, non », mais du « peut-être » et « aussi », et du « voyons si c'est possible… », comme l'Église uniquement de la paix, et non plus aussi de la « guerre » pour la vérité et pour la justification, nous attirerons vers l'Église d'autres fidèles ou que ceux qui en font encore partie y resteront…
Je remercie Dieu de ne m'avoir donné aucune science théologique, et de me laisser raisonner seulement avec les Dix Commandements et avec les lois noëtiques, avec les propositions du Catechisme Catholique complétant le Catechisme Tridentin et, pourquoi pas? (je ne suis pas lefebvriste !) avec celui de Saint Pie X, sans devoir ou pouvoir recourir à des arguments théologiques complexes.

Avec cordiale amitié,
Votre tres affectionné
Francesco Cossiga

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L'affaire Pérol Deux réflexions du père Scalese