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Le Curé de Gaza écrit au Saint-Père

Grâce au Père Scalese, une lettre du Père Musallam, avant la visite de Benoît XVI en Terre Sainte (5/4/2009)


Le Père Manuel Musallam est curé de la paroisse catholique de la Sainte Famille à Gaza.
Il témoignait ici, dans les premiers jours des bombardements israéliens, de la réalité vécue par les populations civiles chrétiennes et musulmanes de sa ville.
http://www.sedcontra.fr/Eglises-du-silence/...

Cette lettre avait été reprise par différents sites, d'idéologies (disons les choses ainsi) variées, qui y cherchaient différentes choses; je donne le lien vers le site Sedcontra, qui me plaît le mieux.
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Le billet de samedi, veille des Rameaux, du Père Scalese, est consacré à cette lettre de bienvenue écrite à Benoît XVI par le Père Musallam.
http://querculanus.blogspot.com/....
Sous une certaine emphase rhétorique, il y a beaucoup d'émotion. Et surtout, une grande attente envers le Saint-Père, dont on se doute que son voyage, en mai, ne sera pas une partie de plaisir.

Le Père Scalese a traduit la lettre en italien; comme le Père Musallam est francophone, je suppose que la version originale est en français, je vais donc me livrer à l'exercice absurde de traduire en français un texte traduit en italien... à partir du français.
Je ne suis pas vraiment satisfaite du résultat, du point de vue fluidité de la langue, mais le sens y est, car je n'ai pas osé trop m'écarter du mot-à-mot.
Lorsque je disposerai de la version d'origine, je le signalerai.
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Le Père Scalese écrit:

samedi 4 avril 2009
« Bénit soit celui qui vient au nom du Seigneur »
http://querculanus.blogspot.com/....
Aujourd'hui j'ai reçu cette lettre de bienvenue à Benoîtt XVI de la part de P. Musallam. J'ai voulu la traduire immédiatement, parce qu'elle me semble la meilleure façon pour nous préparer à la célébration de demain (dimanche des Rameaux, ndt), l'entrée du Seigneur à Jérusalem.

« JE RESSENS DE LA COMPASSION POUR EUX » (Mc 6:34)

Dans Sa Sainteté le Pape Benoîtt XVI, il existe une correspondance entre le nom et la vie : « BENEDICTUS = BÉNIT ».
Il se dirige à pas sûrs vers la Terre Sainte de Palestine et ses « pierres vivantes », qu'a édifié ici l'Église du Christ.
C'est un pèlerin chrétien, qui suit les traces du Christ.
Chaque vallée sera comblée, chaque mont, chaque col seront abaissés ; le terrain accidenté deviendra plat, et l'escarpement deviendra plaine (Is 40:4 - 5).
Nous chrétiens, nous l'accueillons. Nous lui ouvrons nous coeurs, afin qu'il puisse marcher sur la ligne « droite ». Nous avons abaissé nos monts et nos cols devant lui. Nous avons rempli de fleurs nos vallées. Notre terrain accidenté est devenu plaine. Tout cela pour dire : « Benoît, le BÉNIT qui vient au nom du Seigneur ». Il est notre père, notre garant, il est aussi notre demeure spirituelle, dès l'instant où nous tous vivons et habitons dans son coeur. Notre église de Gaza - l'église de la Sainte Famille - lui confère le titre de « citoyen chrétien palestinien honoraire » de Gaza.

Nous monterons à Jérusalem et à Bethleém pour le rencontrer.

Pourtant... nous espérions que Votre Sainteté choisirait un moment où Jérusalem, ses lieux saints et son peuple ne seraient pas sous cette horrible occupation.
Nous, le peuple de la Palestine, chrétiens et musulmans, n'acceptons pas que Votre Sainteté doive passer à travers la petite porte du mur de l'apartheid, qui entoure la « Ville de la Paix », ou que Vous deviez sortir par la porte opposée, entouré des armes israéliennes, pour rejoindre la « Ville de la Nativité ». Nous ne voulions pas que Vos yeux voient l'Église de Jérusalem détruite par la guerre, ou le peuple palestinien crucifié sur le Golgotha de Jérusalem. Nous voulions que Vous regardiez le glorieux Sépulcre où le Christ Rédempteur est ressuscité. Nous ne voulions pas que Votre coeur entende les plaintes du peuple palestinien écrasé par l'occupation à Jérusalem, ou ressente un tremblement de terre sioniste ébranler les murs de nos lieux saints.
Nous aurions plutôt désiré que vous entendiez la joie d'un autre tremblement de terre, celui qui annonce la résurrection du Christ dans le coeur des chrétiens palestiniens.
Nous, chrétiens palestiniens, fils des témoins de la résurrection,nous Vous assurons que « le Christ est ressuscité et que notre peuple ressuscitera ».

Si Votre Sainteté ne pourra pas nous voir dans notre église, rassemblés autour de notre bien-aimé et vénéré Patriarche Fouad Twal à Jérusalem, c'est une situation que nous refusons. Nous ne pouvons pas accepter que les portes de Jérusalem restent closes devant nous, avant d'être envoyés à Bethleém pour vous rencontrer. Tous les palestiniens sont nés à Jérusalem et personne ne peut changer notre certificat de naissance. Nous n'accepterons pas de Vous rencontrer dans un autre lieu que dans la basilique du Saint Sépulcre, sur « le Chemin de Croix » et sur l'esplanade d'El Aqsa, à côté de notre peuple musulman. Là, nous Vous donnerons un « rameau d'olivier », afin que Vous puissiez promettre, à tous ceux qui le nient ou en doutent, que la paix au Moyen Orient viendra lorsqu'on mettra fin à l'occupation et qu'on redonnera Jérusalem à la PAIX et à la PAIX Jérusalem.

Nous avons entendu la belle nouvelle que Votre Sainteté fera don des offrandes de la Messe du Jeudi Saint à la communauté catholique de Gaza.
Sainteté, Vous êtes le « pain rompu » dans le Cénacle pour la rédemption du monde.
Vous êtes l'administrateur fidèle et sage que le patron a mis à la tête de ses serviteurs pour distribuer le pain quotidien que Jésus nous a obtenu du Père.
Vous êtes le maître et le messager envoyé pour nous donner le message du Carême : « N'est-ce pas là le jeûne que je veux : dénouer les chaînes iniques, enlever les liens du joug, renvoyer libres les opprimés et briser chaque joug? Ne consiste-t'il pas à partager le pain avec l'affamé, à faire entrer dans sa maison les pauvres, sans toit, à vêtir ceux qui sont nus, sans détourner les yeux de ceux de ta chair ? » (Is 58:6 - 7).

Nous avons été exposés à un holocauste et sommes sous occupation depuis plus de soixante ans. Nous, de Gaza avons été écrasés par une guerre barbare. Dans quel autre lieu qu'à Gaza, se sont réalisés les paroles du Psaume? « Tout le jour, ils m'insultent mes ennemis, furieux, ils lancent des imprécations contre mon nom. De cendre, je me nourris comme de pain, à ma boisson je mélange des larmes » (Ps 101/102 : 9-10).

Rompez généreusement Votre pain avec nous.
Ouvrez-nous Votre coeur, à nous qui nous sommes envoyés comme diaspora par Israël et donnez-nous refuge et réparation. Donnez-nous Votre manteau écarlate et ceignez-nous d'un sac pour couvrir notre honte et notre nudité ; ensuite, comme le pélican, donnez-nous ici sur un plateau Votre coeur chrétien pour nous nourrir.
Qui en dehors de Vous peut crier en face à l'injustice et aux malfaisants d'Israël et dire, comme le fit Moïse : « Libère mon peuple» ? Qui en dehors de vous peut être au-dessus du pouvoir du veto américain, le frapper avec la Croix et le couvrir d'épines, et ensuite le délivrer pour être crucifié? Nous restons Vos fils ; suspendus à l'espoir jusqu'à ce que la paix du Christ arrive dans la terre du Christ.

Et si le monde craint pour Votre sûreté de la part de peuple de Gaza, et s'ils Vous empêchent de prier avec nous, et s'Ils vous tiennent loin de la route pacifique que Jésus prit lorsqu'il s'enfuit en Egypte, nous Vous assurons que nos coeurs en réalité sont pacifiques, tranquilles et sûrs au milieu de notre peuple musulman de Gaza. Nous avons les mêmes droits et les mêmes devoirs ; nous sommes, ensemble, peuple de Terre Sainte de la Palestine. Nous nous aimons et respectons mutuellement, et travaillerons ensemble pour libérer notre terre.
Oui, ayez de la compassion pour nous, comme Jésus, et venez chez nous et prenez demeure dans nos coeurs.

Votre fils dans le Christ
Père Manuel Musallam
Gaza, 1er avril 2009

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Une lettre du Père Owoudou