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Les rapports entre chrétiens et juifs.

Un texte du cardinal Ratzinger, datant de 2000 (14/1/2009)



Il Foglio explique la genèse du texte... qui m'avait effectivement intriguée:
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« En décembre 2000 les incompréhensions autour de l'instruction Dominus Jesus et de son traitement de la foi d'Abraham furent éclaircies dans un article du cardinal Ratzinger sur l'Osservatore Romano, lequel écrivit que la foi des juifs « n'est pas une autre religion, mais le fondement de notre foi », et réaffirma les aquisitions de Vatican II autour des fautes de l'antijudaïsme chrétien.»

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Ce qu'il dit sur l'idéologie nazie qui, à travers le peuple juif, voulait "frapper la foi chrétienne dans sa racine abrahamique", c'est ce qu'il a répété dans son discours à Auschwitz en mai 2006, et qui lui avait valu à l'époque une volée de bois vert.
Texte original en italien ici: http://paparatzinger2-blograffaella.blogspot.com/2009/.

Ma traduction:

Joseph Ratzinger: "L’eredità di Abramo dono di Natale". Il rapporto fra Cristiani ed Ebrei (2000)

L'héritage d'Abraham, don de Noël
L'intervention du cardinal préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi publié sur l'Osservatore Romano et reproduite sur 30 Giorni de décembre 2000.

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Pour Noël, nous échangeons des cadeaux, pour nous donner mutuellement de la joie et participer ainsi à la joie que le choeur des anges annonca aux bergers, rappelant à notre mémoire le cadeau par excellence que Dieu fit à l'humanité en lui offrant son Fils Jésus Christ.
Mais ceci a été préparé par Dieu en une longue histoire, dans laquelle - comme le dit saint Irénée - Dieu s'habitue à être avec l'homme et l'homme s'habitue à la communion avec Dieu. Cette histoire commence avec la foi d'Abraham, père des croyants, père aussi de la foi des chrétiens et notre père pour la foi .
Cette histoire continue dans les bénédictions des patriarches, dans la révélation à Moïse et dans l'exode d'Israël vers la terre promise. Une nouvelle étape s'ouvre avec la promesse à David et à sa lignée d'un règne sans fin. Les prophètes à leur tour interprètent l'histoire, appellent à la pénitence et à conversion et préparent ainsi le coeur des hommes à recevoir le don suprême. Abraham, père du peuple d'Israël, père de la foi, est ainsi la racine de la bénédiction, en lui « toutes les familles de la terre se diront bênies » (Gen 12, 3). Le devoir du peuple élu est donc d'offrir leur Dieu, le Dieu unique et vrai, à tous les autres peuples, et en réalité, nous chrétiens sommes des hérétiers de leur foi dans l'unique Dieu. Notre reconnaissance va donc à nos frères juifs qui, malgré les difficultés de leur histoire, ont conservé, jusqu'à aujourd'hui, la foi dans ce Dieu et le témoignent devant les autres peuples qui, privés de la connaissance de l'unique Dieu, « étaient dans les ténébres et dans l'ombre de la mort » (Lc 1, 79).
Le Dieu de la Bible des juifs, qui est la Bible - avec le Nouveau Testament - également des chrétiens, parfois d'une tendresse infinie, parfois d'une sévérité qui inspire la crainte, est aussi le Dieu de Jésus Christ et des apôtres.
L'Église du deuxième siècle dut résister au refus de ce Dieu de la part des gnostiques en particulier de Marcion , qui opposaient le Dieu du Nouveau Testament au Dieu démiurge créateur dont provenait l'Ancien Testament, alors que l'Église a toujours maintenu la foi dans un Dieu unique, créateur du monde et auteur des deux testaments. La conscience neo-testamentaire de Dieu, qui culmine dans la définition de Jean « Dieu est amour » (Jean 4, 16) ne contredit pas le passé, mais résume plutôt l' histoire entière du salut, qui avait comme protagoniste initial Israël.
C'est pourquoi dans la liturgie de l'Église des débuts et jusqu'à aujourd'hui résonnent les voix de Moïse et des prophètes; le livre des psaumes d'Israël est même le grand livre de prière de l'Église. Par conséquent l'Église primitive ne s'opposait pas à Israël, mais elle croyait en toute simplicité en être la continuation légitime.
La splendide image de l'Apocalypse, une femme vêtue de soleil couronnée de douze étoiles, enceinte et souffrant des douleurs de l'accouchement, est Israël qui donne naissance à celui « qui devait gouverner toutes les nations d'un sceptre de fer » (Sal 2, 9) ; et toutefois, cette femme se transforme en nouvel Israël, mère de nouveaux peuples, et est personifiée en Marie, la Mère de Jésus. Cette unification de trois significations - Israël, Marie, Église - montre comment, pour la foi des chrétiens, Israël et l'Église étaient et sont inséparables.

On sait que tout accouchement est difficile. Certainement dès le début la relation entre l'Église naissante et Israël fut souvent de caractère conflictuel.
L'Église fut considérée par sa mère comme une fille indigne, tandis que les chrétiens considèrèrent la mère comme aveugle et obstinée.

Dans l'histoire de la chrétienté, les relations déjà difficiles dégénèrèrent ultérieurement, en étant même dans beaucoup de cas à l'origine de beaucoup d'attitudes d'antijudaïsme, qui ont produit dans l'histoire de déplorables accès de violence. Même si la dernière et exécrable expérience de la shoah fut perpétrée au nom d'une idéologie antichrétienne, qui voulait frapper la foi chrétienne dans sa racine abrahamique, dans le peuple d'Israël, on ne peut pas nier qu'une certaine résistance insuffisante de la part de chrétiens à ces atrocités s'explique avec l'héritage antijudaïque présent dans l'âme d'un nombre non négligeable de chrétiens.
Peut-être justement à cause du caractère dramatique de cette dernière tragédie, une nouvelle vision de la relation entre l'Eglise et Israël est née, une volonté sincère de dépasser tout type d'antijudaïsme et d'entamer un dialogue constructif de connaissance réciproque et de réconciliation.
Un tel dialogue, pour être fructueux, doit commencer avec une prière à notre Dieu afin qu'Il donne avant tout aux chrétiens une plus grand estime et un amour plus grand envers ce peuple, les israélites, qui « possèdent l'adoption comme fils, la gloire, les alliances, la législation, le culte, les promesses, les patriarches ; d'eux est issu le Christ selon la chair, lui qui est au-dessus de toute chose, Dieu bénit dans les siècles. Amen » (Rm 9, 4-5), et cela non seulement dans le passé, mais encore présentement « parce que les dons et l'appel de Dieu sont irrévocables » (Rm 11, 29). Nous prierons également afin qu'Il donne aussi aux fils d'Israël une plus grande connaissance de Jésus de Nazareth, leur fils, et don qu'ils nous ont fait. Puisque nous sommes les uns et les autres en attente de la rédemption finale, prions que notre chemin se déroule sur des lignes convergentes.
Il est évident que le dialogue des chrétiens avec les juifs se place sur un plan différent par rapport à celui avec les autres religions. La foi témoignée dans la Bible des juifs, l'Ancien Testament des chrétiens, n'est pas pour nous une autre religion, mais le fondement de notre foi. Donc les chrétiens - et aujourd'hui toujours plus en collaboration avec leurs frères juifs - lisent et étudient avec une grande attention, comme une partie de leur patrimoine, ces livres de la Sainte Écriture.
Il est vrai que l'islam aussi se considère fils d'Abraham et a hérité d'Israël et des chrétiens le même Dieu, mais il parcourt une route différente, qui a besoin d'autres paramètres de dialogue.

Pour revenir à l'échange de cadeaux de Noël avec lequel j'ai commencé cette méditation nous devons avant tout reconnaître que tout ce que nous avons et faisons est don de Dieu, qu'on obtient au moyen de la prière humble et sincère, un don qui doit être partagé avec des ethnies différentes, avec des religions à la recherche d'une plus grande connaissance du mystère divin, avec les nations qui cherchent la paix et les peuples qui veulent établir une société dans laquelle règnent la justice et l'amour.

Tel est le programme tracé par le Concile Vatican II pour l'Église du futur et nous catholiques demandons au Seigneur de nous aider à persévérer dans cette voie.

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Voeux au Corps diplomatique Homélie de la Célébration du Baptême de Jésus.