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Défense de la vie

Audience aux participants au congrès scientifique international à l'occasion de l'Assemblée Générale de l'Académie pontificale pour la vie, le 21 février (22/2/2009)


Qui d'autre que lui peut parler en ces termes de la défense de la vie?
Et après cela, des gens qui ne lisent jamais le moindre de ses textes disserteront doctement sur sa réticence (sa peur!) des "avancées" de la science, propos qu’on entend encore en ce moment à propos de Galilée (né il y a 445 ans, et figure toujours emblématique de la lutte contre l’obscurantisme de l’Eglise) et de Darwin (pour le 150e anniversaire de la théorie de l’évolution et le 200e anniversaire de sa naissance) , dont on célèbre des anniversaires à grand fracas médiatique.
Ceux-là seraient étonnés par l'ouverture de vue du Pape, et la vaste culture scientifique qui émerge de ses propos.
Il me plaît de souligner – et au Saint-Père aussi, sans aucun doute – que c’est un moine augustinien, Mendel, qui est le père de la génétique moderne.
Texte en italien ici: Vatican.

Ma traduction.

Il m'est particulièrement agréable de pouvoir vous recevoir à l'occasion de la XVe Assemblée ordinaire de l'Académie Pontificale pour la Vie. En 1994 mon Vénéré Prédécesseur le Pape Jean Paul II l'instituait sous la présidence d'un scientifique, le professeur Jérôme Lejeune, interprétant avec clairvoyance le délicat devoir qu'il avait accompli au cours des années. Je remercie le Président, Mgr Rino Fisichella, pour les paroles avec lesquelles il a bien voulu introduire cette rencontre, confirmant le grand engagement de l'Académie en faveur de la promotion et la défense de la vie humaine.

Depuis qu'au milieu du XIXe siècle, l'abbé augustinien Grégoire Mendel, découvrit les lois de l'hérédité des caractères, au point d'être considéré comme le fondateur de la génétique, cette science a accompli réellement des pas de géant dans la compréhension de ce langage qui est à la de base de l'information biologique et qui détermine le développement de l'être vivant. C'est pour cette raison que la génétique moderne occupe une place particulière à l'intérieur des disciplines biologiques qui ont contribué au prodigieux développement des connaissances sur l'architecture invisible du corps humain et les processus cellulaires et moléculaires qui président à ses multiples activités.
La science est parvenue aujourd'hui à dévoiler tant les différents mécanismes secrets (reconditi) de la physiologie humaine que les processus qui sont liés à l'apparition de quelques défauts héréditaires des parents, et ceux qui rendent certaines personnes plus exposées au risque de contracter une maladie. Ces connaissances, fruits du talent et des efforts d'innombrables spécialistes, permettent d'arriver plus facilement non seulement à un diagnostic plus efficace et plus précoce des maladies génétiques, mais aussi à produire des thérapies destinées à soulager les souffrances des malades et même, dans quelques cas, à leur rendre l'espoir de recouvrer la santé. Depuis lors, en outre, la séquence du génome humain en entier est devenue disponible, et les différences entre un sujet et autre et entre les différentes populations humaines sont devenues l'objet d'enquêtes génétiques qui laissent entrevoir la possibilité de nouvelles conquêtes.

Le domaine de la recherche reste encore aujourd'hui très ouvert et chaque jour, de nouveaux horizons encore en large partie inexplorés sont découverts. Les efforts du chercheur dans ces domaines si énigmatiques et si précieux réclament un soutien particulier; à cette fin, la collaboration entre les différentes sciences est une base qui ne doit jamais faire défaut, pour aboutir à des résultats qui soient efficaces et en même temps producteurs d'authentique progrès pour l'humanité entière. Cette complémentarité permet d'éviter le risque d'un réductionnisme génétique diffus, enclin à identifier exclusivement la personne avec la référence à l'information génétique et à ses interactions avec le milieu. Il est nécessaire de réaffirmer que l'homme sera toujours plus grand de tout ce qui forme son corps ; il porte en effet avec lui la force de la pensée, qui est toujours tendue vers la vérité sur lui et sur le monde.
Les mots d'un grand penseur qui fut aussi un scientifique de valeur, Blaise Pascal, reviennent, chargées de siens: « L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature, mais c'est un roseau pensant. Il ne faut pas que l'univers entier s'arme pour l'écraser ; une vapeur, une goutte d'eau suffisent pour le tuer. Mais quand bien même l'univers entier l'écraserait, l'homme serait toujours plus noble que ce qui le tue, parce qu'il sait mourir et connaît la supériorité que l'univers a sur lui ; l'univers, par contre, n'en sait rien » (Pensées, 347).

Chaque être humain, donc, est bien plus qu'une simple combinaison d'informations génétiques qui sont transmises par les parents. La génération de l'homme ne pourra jamais être réduite à une pure reproduction d'un nouvel individu de l'espèce humaine, comme cela se produit avec un quelconque animal. Chaque apparition d'une personne dans le monde est toujours une nouvelle création. C'est ce que rappelle avec une profonde sagesse la parole du Psaume : « C'est toi qui as créé mes viscères et qui m'as tissé dans le sein de ma mère… Mes os ne t'étaient pas cachés lorsque je fus formé en secret » (139,13.15). Si on veut entrer dans le mystère de la vie humaine, donc, il est nécessaire qu'aucune science ne s'isole, en prétendant posséder le dernier mot. Il faut au contraire partager la vocation commune pour arriver à la vérité, y compris dans la différence des méthodologies et des contenus propres à chaque science.

Votre rencontre, de toute façon, n'analyse pas seulement les grands défis que la génétique est tenue d'affronter ; mais elle s'étend aussi aux risques de l'eugénétique (eugénisme), pratique certes pas nouvelle et qui dans le passé s'est imposée sous des formes inouïes d'authentique discrimination et de violence. La désapprobation envers l'eugénisme utilisé avec violence par un régime d'état, ou bien fruit de la haine envers une lignée ou une population, est tellement enracinée dans les consciences qu'elle a trouvé une expression formelle dans la Déclaration universelle des droits de l'homme.
Malgré cela, il apparaît encore de nos jours des manifestations préoccupantes de cette pratique odieuse, qui se présente avec des traits différents. Certes, on ne repropose plus les idéologies eugénistes et raciales qui dans le passé ont humilié l'homme et ont provoqué des souffrances immenses, mais il s'insinue une nouvelle mentalité qui tend à justifier une autre conception de la vie et de la dignité personnelle, fondée sur le désir et sur le droit de l'individu. On tend donc à privilégier les capacités opérationnelles, l'efficacité, la perfection et la beauté physique au détriment d'autres dimensions de l'existence non considérées comme dignes. Ainsi s'affaiblit le respect dû à chaque être humain, en présence d'un défaut dans son développement ou d'une maladie génétique qui pourrait se manifester dans le cours de sa vie, et ces enfants dont la vie n'est pas jugée digne d'être vécue sont pénalisés depuis la conception.

Il est nécessaire de réaffirmer que toute discrimination exercée par n'importe quel pouvoir vis-à-vis de personnes, de peuples ou d'ethnies, sur la base de différences se ramenant à des facteurs génétiques réels ou présumés, est un attentat contre l'humanité entière.
Ce qu'on doit réaffirmer avec force est l'égale dignité de chaque être humain pour le fait même d'être venu à la vie. Le développement biologique, psychique, culturel ou l'état de santé ne peut jamais devenir un élément discriminant. Il est nécessaire, au contraire, de consolider une culture d'accueil et d'amour qui témoignent concrètement la solidarité envers ceux qui souffrent, en abattant les barrières que la société érige souvent en discriminant ceux qui sont handicapés ou affectés de pathologies, ou, pire encore, en arrivant à la sélection et au refus de la vie au nom d'un idéal abstrait de santé et de perfection physique.
Si l'homme est réduit à un objet de manipulation expérimentale depuis les premiers stades de son développement, cela signifie que les biotechnologies médicales se soumettent à l'arbitrage du plus fort. La confiance dans la science ne peut pas faire oublier la primauté de l'éthique lorsque la vie humaine est en jeu.

J'ai confiance que vos recherches dans ce secteur, chers amis, puissent continuer avec l'engagement scientifique nécessaire, et l'attention que réclame l'instance éthique sur des problématiques si importantes et si déterminantes pour le développement cohérent de l'existence personnelle.
Tel est le souhait avec lequel je désire conclure cette rencontre. En invoquant sur votre travail d'abondantes lumières célestes, j'accorde à vous tous avec affection une spéciale Bénédiction Apostolique.

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