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Cameroun: Vraie grâce et fausse polémique

Par Marie-Claire Nnana
22 Mars 2009

http://fr.allafrica.com/stories/200903231526.html
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Le Cameroun vient de boucler avec une réussite insolente la troisième visite papale de son histoire. Un privilège rare dont le pays a pris la juste mesure, en organisant un accueil cinq étoiles à la plus haute autorité morale de notre temps. Protocole royal sous les ors de la République, délire populaire, ferveur croyante et communion nationale autour de ce messager de la paix.

Oui, assurément, le Cameroun et l'Afrique ont vécu quatre jours si intenses et si magiques, qu'ils peinent encore à en jauger l'insondable portée ; sur les relations entre les hommes, puis entre les religions, sur la conscience collective, sur l'évolution de notre relation à la patrie, au bien commun, à l'argent, à la foi Et pourquoi une simple visite du pape provoquerait-elle dans nos vies un tel chamboulement ? Pour deux raisons essentielles à notre sens.

Primo, parce qu'elle est porteuse d'espérance. En posant l'acte d'amour que constitue sa visite, en nous assurant de l'amour de Dieu, nous les damnés de la terre, le pape nous comble d'espérance.

Mais cette espérance remplit aussi le coeur du pasteur lui-même, lorsqu'il découvre la joie rayonnante d'une Eglise qui vit, lorsqu'il capte les regards éperdus de reconnaissance, les milliers de bras tendus vers lui dans un geste affectueux, et le respect absolu qu'il inspire à un pays qui sacralise la paix, la liberté de culte, la tolérance.

Le pape, que les médias décrivent comme austère et peu charismatique, nous a paru au contraire sensible à nos démonstrations bruyantes et sincères. Il les a reçues dans le tempérament qui est le sien : tout en retenue, le geste peu emphatique, le regard ardent.

L'affection des fidèles d'ici, Benoît XVI en aura bien besoin, pour continuer sereinement sa mission, dans une Europe dont il est le fils biologique, mais non pas spirituel, puisque cette Europe nie désormais la dimension spirituelle du monde.

Secundo : elle nous parle de nous-mêmes. Terre d'espérance, de vie et de paix. Terre d'une rayonnante beauté. Les mots du pape sont loin de n'être qu'une formule rhétorique. Ils traduisent une admiration sincère pour le modèle camerounais, unique en Afrique, où un salmigondis de religions, ethnies, langues, cultures et influences, se côtoient pacifiquement.

Cette visite nous reparle encore de celui qui est l'architecte de ce modèle tant envié : le président Paul Biya. Il nous est réapparu sous une lumière crue comme un homme pieux, attaché aux valeurs familiales, qui sait montrer sans honte et sans forfanterie sa foi chrétienne. Le cadeau qu'il a offert à Benoît XVI, une fresque représentant le continent noir et réalisée avec plusieurs couches d'obom, montre aussi son attachement à la terre d'Afrique. En l'offrant au souverain pontife, Paul Biya a voulu graver dans son coeur un petit coin d'Afrique.

Une visite à succès donc, et un événement majeur qui marquera l'Eglise, le Cameroun et l'Afrique. Et la polémique, me direz-vous ? La polémique. Quelle polémique ?

On ne décrira jamais assez le rapt inélégant et la parfaite imposture des médias européens et en particulier français sur cette visite. C'était le temps de l'Afrique. L'Afrique n'aspirait qu'à la communion spirituelle et à la fête. Nos confrères se sont évertués à ne mettre en lumière que les aspects les plus anecdotiques de cette visite, les chiens écrasés, l'écume des jours.

Pas un mot sur le synode des évêques africains à venir, ni sur le document préparé à cet égard par le pape. Ils ont parasité les ondes avec une polémique qu'ils ont créée de toutes pièces. Car en sortant de son contexte la déclaration du pape sur le préservatif, ils en ont dénaturé la substance.

Lors de la seconde étape de la visite du pape en Angola, ces médias ont déroulé la même stratégie, celle d'éclipser le message apostolique en montant en épingle une déclaration sur l'avortement thérapeutique.

Le journalisme des « petites phrases » est certes sensationnel et payant, commercialement parlant, mais l'on observera qu'en résumant huit jours de visite en deux petites phrases, de préférence celles susceptibles de remuer une opinion publique formatée, il y a un risque de caricaturer et de fausser le message.

Le comble, c'est lorsque ces médias déclarent parler au nom des Africains Non, merci, chers confrères, vous parlez pour vous-mêmes, et pour votre public. Les Africains sont assez grands pour déchiffrer et critiquer, au besoin, les messages du pape, afin d'en tirer la substantifique moelle. De plus les débats autour du sida et de l'avortement sont trop importants pour les biaiser de cette manière, en les réduisant à une polémique médiatique.

Si nous décrions cet opportunisme chez nos confrères, ce n'est pas que ces questions indiffèrent les Africains que nous sommes. Simplement, il nous semble peu fécond de vouloir infléchir les prises de positions papales, parce qu'elles découlent des principes moraux et de valeurs dictés par les évangiles dont il est le gardien.Ces déclarations de principe influencent-elles d'ailleurs en profondeur les habitudes sexuelles ? On peut en douter.

Alors pourquoi y accorder cet intérêt démesuré ? Avec l'Internet, la télévision, la radio, les journaux, l'école laïque, la société dispose d'une machine de communication en théorie bien plus puissante que la seule parole du pape ! Pour finir de jouer sur ce registre cynique, on peut même rappeler avec Graham Greene, que « les principes sont faits pour être violés »
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