Nouveautés liturgiques dans la continuité

Mgr Guido Marini répond aux questions du quotidien "Il Tempo":... Le Pape depuis la loggia centrale de la Basilique (1er/1/2009)



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Les très belles images de l'album photos ci-dessus sont reproduites sur le Papa Ratzinger Forum.

L'image ci-dessous est issue du site Petrus (http://www.papanews.it ). Je suis désolée de ne pas retrouver la page précise...

Mgr Marini s'était déjà exprimé sur les changements dans la liturgie pontificale (cf: Nouveautés liturgiques de Noël à Saint-Pierre)



Le Pape depuis la loggia centrale de la Basilique Vaticane…
(Traduction)
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Le Pape depuis la loggia centrale de la Basilique Vaticane, le jour de Noël, avec la mozette et l'étole. Ni piviale, ni mitre ni pastorale, s'agissant d'une bénédiction solennelle qui ne comporte pas de rite liturgique particulier. Mozette et étole, donc...

C'est ainsi que l'ont vu des centaines de millions de personnes du monde entier.

Un choix de sobriété et d'essentialité ? Non, simplement une recherche de remise en ordre, d'épuration, jusque dans les parements, à l'ère de la mondialisation médiatique. Benoît XVI regarde aussi à ces détails, attentif à ne pas engendrer de confusions, à ne pas diluer, surtout, le mystère ou la célébration des sacrements dans le hachoir des images.
Mais c'est sur la liturgie que l'attention Papale est vraiment particulière. Il suffisait de suivre, à peine quelques heures auparavant, le rite solennel de la messe de la nuit de Noël pour s'en rendre compte. La « Kalenda » au terme de la veillée et, avant la liturgie, les longs silences; le prie-Dieu pour les fidèles qui recevaient la communion ; le crucifix au centre de l'autel et des chandeliers, beaux mais peut-être gênants pour la retransmission télévisée ; l'hommage floral des enfants placé au terme de la messe.
Et les modifications ne s'arrêteront pas là. Dans ce jeu subtil, à ses côtés, il y a un monsignore jeune (43 ans) et « subtil », Guido Marini, diplômé en droit canonique. Depuis quatorze mois il est le maître des célébrations liturgiques pontificales. Il a remplacé Mgr Piero Marini, pendant des années aux côtés de Jean-Paul II. Prêtre génois réservé, un peu timide, mais avec les idées claires et bien arrêtées. Un homme pieux, doux et avec un sourire désarmant qui vous le rend immédiatement sympathique. Ceci est une de ses premières, et rares interviews.
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- Monsignor Guido Marini, quels ont été vos maîtres ?
« Lorsque je suis entré au séminaire l'archevêque était le cardinal Giuseppe Siri. J'ai été ordonné prêtre par le cardinal Canestri. Sept ans comme secrétaire de Canestri et sept avec le cardinal Dionigi Tettamanzi. Le cardinal Tarcisio Bertone m'a nommé responsable du bureau scolaire de l'archidiocèse, directeur spirituel au séminaire où j'enseignais le droit canonique. Ensuite chancelier de la Curie et préfet responsable de la cathédrale. Avec le cardinal Tettamanzi j'ai fait mes premiers pas comme cérémoniaire ».

- « Liturgie, sommet de la vie de l'Église, temps et lieu de rapport profond avec Dieu », comme le dit Benoît XVI. D'où vous est venu cet amour pour la liturgie ?
« Cela a été un amour de jeunesse, dans le sens que ma vocation a ses racines dans la liturgie ; l'amour pour le Seigneur a été aussi l'amour pour la liturgie comme lieu de rencontre avec le Seigneur. Et puis, à Gênes, il y il a toujours eu un important mouvement liturgique ».

- Je suppose que ce fut le cardinal Tarcisio Bertone, devenu Secrétaire d'État du Saint Siège qui proposa votre nom à Benoît XVI.
« Oui, la proposition m'est arrivée par le cardinal Bertone. « Le Pape - m'a-t'il expliqué - pense à ton nom » ».

- Avec le Pape bavarois, assistons-nous à une opération de "restyling" liturgique ou à quelque chose de plus profond ?
« C'est quelque chose de plus profond dans la ligne de la continuité, pas de la rupture. Il s'agit d'un développement dans le respect de la tradition ».

- Depuis que vous êtes arrivé, il y a eu des changements ou des corrections. Quelques-uns imperceptibles, d'autres plus visibles.
« Le changement est varié. Il y a eu l'emplacement du crucifix au centre de l'autel pour indiquer que le célébrant et l'assemblée des fidèles ne se regardent pas les uns les autres, mais regardent ensemble vers les Seigneur qui est au centre de leur prière. Un autre aspect est la communion donnée par le Saint Père à genoux, et distribuée dans bouche. Cela pour mettre en évidence la dimension du mystère, la présence vivante de Jésus dans la Très sainte Eucharistie. L'attitude, la posture sont elles aussi importante parce qu'elles aident l'adoration et la dévotion des fidèles ».

- Le Pape Benoît est le premier Pape qui n'a pas la tiare dans ses armes. Il a changé le pallium au début de son ministère apostolique et a abandonné la pastorale très caractéristique, de l'artiste Scorzelli, offert à Paul VI par les milanais. Cette pastorale en forme de croix fut utilisée aussi par le Pape Luciani et par Jean-Paul II. Le Pape Ratzinger a choisi une férule. Une simple croix.
« Comme vous le dites, la pastorale Papale est la férule, la croix sans le crucifix, donnant à celle-ci un usage plus habituel et pas seulement extraordinaire. A côté de ces considérations s'est aussi imposée une question pratique : c'est la pastorale la plus légère et nous l'avons trouvé dans la sacristie Papale ».

- Nous avons déjà fait allusion à l'introduction de silence pendant la messe. À Rome, au centre de la chrétienté, les liturgies apparaissent dans leur splendide solennité. Et la langue de Cicéron, le latin, domine toutes les autres. Et puis, il est question d'anticiper le geste de paix, et d'un salut final différent de la part du célébrant. L'intention est de récupérer pleinement le caractère non arbitraire du culte. La créativité et la spontanéité comme une menace.
« Je ne serais pas aussi drastique et je n'aime pas l'expression, employée par quelqu'un, de « bonification liturgique». C'est un développement qui met en valeur après coup ce qu'a fait éminemment et pendant de nombreuses années, comme maître des célébrations liturgiques pontificales, mon prédécesseur, Mgr Piero Marini. Les questions que vous soulevez concernant le déplacement du geste de paix ou d'autres, ne relèvent pas de mon bureau mais plutôt de la Congrégation pour le Culte Divin et de son nouveau préfet, le cardinal Antonio Canizares. J'ai le devoir de m'employer à réaliser de façon exemplaire l'unité et la catholicité de tous ceux qui participent à la célébration de la Sainte Messe Papale ».

- Quand verrons-nous Pape Benoît célébrer la messe en latin selon le rite romain extraordinaire, celui de Saint Pie V ? Le « motu Proprio » moi, personnellement, je l'ai interprété comme un acte de libéralité, d'ouverture, pas de fermeture.
« Je ne le sais pas. Beaucoup de fidèles se sont emparés de cette possibilité. Le Pape décidera, s'il le juge opportun ».

- Dans l'« Exhortation Apostolique » post-synodale sur la liturgie, Joseph Ratzinger s'est arrêté sur beaucoup d'aspects. Il a même proposé que les églises soient tournées vers l'orient, vers la ville Sainte de Jérusalem. Il y a un, il a célébré la messe dans la Chapelle Sixtine, dos au peuple. Qui le lui a proposé ?
« C'est moi. La Chapelle Sixtine est un écrin de trésors. Cela semblerait une forfaiture d'en altérer la beauté en construisant une loge artificielle, postiche. Selon le rite ordinaire, le fait de célébrer « en tournant le dos au peuple », est une modalité prévue. Cependant je le souligne : on ne tourne pas le dos aux fidèles, mais plutôt célébrant et fidèles sont tournés vers l'unique point qui compte, qui est le crucifix ».

- « Le Pape revêt le Christ et pas Prada » a-t'on même lu sur « l'Osservatore Romano ». Le look de Benoît XVI frappe et intrigue.
Parements, mitre, croix pectorales, trônes sur lesquels il s'assied, mozette et étoles. Nous sommes devant un Pape élégant. Est-ce une invention journalistique ?
« Déjà dire « élégant », dans le langage d'aujourd'hui, semblerait signifier un Pape qui aime les aspects extérieurs, mondains. Un oeil attentif réalise qu'il y a une recherche qui épouse tradition et modernité. Ce n'est pas la logique d'un impossible retour au passé mais c'est un rééquilibrage entre passé et présent. C'est la recherche, si vous voulez, de la beauté et de l'harmonie, qui est révélation du mystère de Dieu ».

- Que verrons-nous au Cameroun et en Angola ? Les liturgies africaines sont pittoresques, populaires, et s'expriment même avec la danse, les tambours. Vous allez être mis à l'épreuve…
(Il rit). « Pour le moment, nous préparons le voyage. Nous chercherons à assembler ce qui vaut pour tous avec les traditions locales. Avec sa seule présence le Pape rappelle l'Église, une, sainte, catholique. Nous trouverons la synthèse entre ce qui unit l'Église sur le rite romain et les aspects typiques, les sensibilités culturelles. Inculturation de la foi et de la liturgie et dimension universelle ».

- La liturgie est une sédimentation, un patrimoine millénaire. Le missel est tissé de citations, depuis la Bible jusqu'aux Pères de l'Église de l'Orient et de l'Occident. .. C'est un patrimoine intouchable. Chaque fois qu'il y a une célébration, vous consultez-vous avec le Pape ? Quel type de communication existe t’il?
« Très simple. Le Pape est consulté sur les choses importantes et avant chaque célébration, il dispose de tous les textes. D'habitude, nous lui envoyons des notes écrites et il répond par écrit, de sa main ».

- Vous faites une expérience forte et extraordinaire. Des épisodes qui vous ont touché ?
« Oui, c'est une expérience forte. J'ai été frappé par le voyage du Pape aux Etats-Unis. Comme c'était mon premier voyage international avec le Saint-Père, il y avait le parfum de la nouveauté. Un voyage émouvant pour l'affection et la chaleur, pour le climat spirituel. Et j'ai été frappé par la remise du pallium, en juin, aux métropolites. Un métropolite s'est adressé ainsi au Pape, à genoux : « Père Saint, je viens d'un diocèse dans lequel mon prédécesseur a souffert le martyre pour la foi. Priez pour moi afin que je puisse aussi être un martyre ». J'ai compris encore plus ce que signifie être Église ».

- Il y a grande syntonie, un feeling, entre vous et le Pape ?
« De ma part, ils sont absolus ».


- Comment définiriez-vous le Pape Benoît XVI, que vous avez la chance de côtoyer?
« Il unit à une exceptionnelle élévation intellectuelle une très grande simplicité et douceur. C'est un trait caractéristique de sa figure spirituelle et humaine. C'est une réalité que je vérifie et touche de la main. Le fait d'être auprès du Pape, de ce Pape, est une grande grâce pour mon sacerdoce ».


Image site Petrus

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