Baisse d'affluence pour le Pape, vraiment?

La Repubblica se réjouit de décortiquer les chiffres fournis par le Vatican. Et une belle réponse de Vittorio Messori (2/1/2009)


Il ne faut pas s'étonner que ce soit la Repubblica - et plus spécialement Marco Politi, qui a décidément un compte à régler! http://benoit-et-moi.fr/2008/... ) qui reprenne et commente avec délectation la baisse d'affluence aux manifestations pontificales (en particulier audiences et angelus) en 2008, selon les chiffres fournis par la Préfecture de la maison Pontificale, et publiés en toute candeur par L'Osservatore Romano.
Article ici: http://www.repubblica.it/...

Traduction:


Benoît XVI perd de l'« audience »
Un demi million de personnes en moins aux audiences
Fidèles en baisse pour la seconde année consécutive : 2,2 millions contre 2,8 en 2007

par MARC POLITI

Chute des présences de fidèles aux audiences et aux rencontres de Benoît XVI. En un an, le parterre auquel le Pontife s'adresse a perdu un demi million de participants. Ce sont les donnés officielles, qui proviennent du Palais apostolique et qui témoignent d'une forte chute d'affluence. En 2008, 2.250.000 fidèles et pèlerins se sont rendus aux rencontres publiques du Pape tant au Vatican qu'à Castelgandolfo. Si on pense que durant les 12 premiers mois de pontificat, plus de quatre millions de personnes étaient venues écouter le Pape Ratzinger - dépassant même l'affluence enregistrée place Saint-Pierre et dans la Salle Nervi lors de la dernière saison de Wojtyla - la baisse de près d'un million huit cent mille fidèles par rapport à la phase où tout apparaissait nouveau après l'accession de Benoît XVI au trône papal, est certes impressionante.
L'impression est qu'à la longue, le pontificat de Benoît XVI a un impact polarisant au sein du monde catholique. Ici, l'aire de ceux qui sont enthousiasmés par le gouvernement ratzingérien, là l'aire de ceux qui ne sont pas attirés . Ce n'est ailleurs pas fortuit s'il y a un flux continu à la tombe de Jean Paul II, tandis que dans les boutiques de souvenirs les cartes avec l'image du pape polonais sont encore très vendues.
Les chiffres fournis par la Maison pontificale sont éloquents. En 2008 les participants aux rencontres publiques ont été 2.250.000. En 2007 ils avaient été 2.850.000. Tandis qu'en 2006 il y en avait eu 3.200.000.
Du point de vue médiatique, les voyages de Benoît XVI aux Etats Unis, en Australie et en France cette année, ont été par contre, un succès. Particulièrement aux Etats-Unis, l'intérêt pour Ratzinger a été très fort - au-delà des polémiques sur les prêtres pédophiles - au point que beaucoup de journaux locaux ont suivi la visite papale, chose plus plutôt insolite dans le panorama de la presse américaine.
D'autre part, il convient de dire que Benoît XVI n'a jamais entendu qualifier son pontificat en termes d'« audience » ou d'« image ». Encore récemment, dans le discours tenu à la Curie à la veille de Noël, il a souligné ne pas vouloir être une « star », autour de qui tout tourne, mais « seulement et totalement » le Vicaire qui renvoie au Christ.



J'ai déjà parlé (ici: http://benoit-et-moi.fr/2008/...) de ces chiffres, et dit ce je pensais de la politique de transparence pratiquée par le Vatican, qui risquait évidemment de se retourner contre lui.
Même si on relativise ces données (mon amie Raffaella, sur son blog, relevait avec justesse qu'elles sont basées sur les billets d'audience effectivement retirés auprès de la Préfecture, et qu'une grande quantité de gens assistaient aux audiences sans billet, ce dont je puis témoigner personnellement), les faits sont vraisemblables, parfaitement explicables, sans qu'il soit besoin d'aucune interprétation malveillante. Marco Politi, qui avait dû enregistrer avec dépit les effectifs extraordinaires et selon lui inexplicables enregistrés les premières années, se réjouit comme s'il pouvait enfin proclamer triomphalement "je l'avais bien dit!!".
D'un point de vue humain, on peut le comprendre. On peut aussi imaginer que le Saint-Père était au courant de cette mini-polémique (sortie avant son discours à la Curie), et qu'il en était même un peu agacé, ce à quoi il a répondu en disant clairement à ses cardinaux qu'il était non pas une star, mais le vicaire du Christ. On saura gré à l'article cité de l'avoir pressenti.

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Si l'attaque de Marco Politi est sans surprise, la "défense", ou plutôt l'explication de Vittorio Messori n'en est pas une non plus, mais elle est d'un autre niveau. Il a trouvé L'Argument!

Sous le titre "Un auteur défend le pape à propos des chiffres d'assistance en baisse", Le Times OnLine se fait l'écho des chiffres publiés dans l'OR, puis poursuit (Richard Owen à Rome, traduction partielle) :


Un auteur catholique proche du pape Benoît XVI vient à la défense du pontife sur les chiffres de baisse d'assistance, disant que « le tourisme religieux » n'est pas une « mesure vraie de la foi »
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... Vittorio Messori, qui a co-écrit des livres avec Jean Paul II et Benoît XVI, a déclaré que « le pape représente Jésus-Christ, et le Christ ne peut pas être mesuré par des indications de popularité. En fait on pourrait dire que plus un pape satisfait les foules, moins il est une icône authentique du Christ. Les applaudissements ne sont pas tout : c'était la foule après tout qui a sauvé Barabbas et crucifié Jésus ».

M. Messori dit qu'il n'a eu aucun désir de voir la Place saint-Pierre désertée, mais aussi qu'il n'était pas emballé de la voir déborder. Il y avait le risque de voir l'affluence aux audiences papales comme un phénomène de tourisme. « Il serait absurde d'utilliser les foules sur la place comme mesure de la foi ». (*)

Il a dit que Jean Paul et Benoît « ont été unis dans le même projet - la restauration du catholicisme ».
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[L'article conclut: ]

Les fonctionnaires du Vatican ... indiquent que les chiffres d'assistance « ne tombent pas » mais reviennent plutôt à la normale.
Le déclin peut également refléter une baisse générale du tourisme à Rome en raison de la crise économique..

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(*) Il est évident que la foule présente Place Saint-Pierre pouvait faire penser à un phénomème touristique, et que parmi les présents, qui pouvait faire le tri entre ceux qui étaient mus par la simple curiosité, et ceux qui l'étaient par la sympathie, ou l'affection? Il est donc normal - et pas plus mal - que les premiers soient moins nombreux. Ici, la présence numérique n'est pas forcément synonyme de popularité!


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