Hans Kung: délires d'un octogénaire

Un article bien envoyé d'un blog italien très remarquable, "Senza peli sulla lingua" (27/2/2009)

Une fois de plus, c'est Raffaella qui m'a indiqué la piste....




A propos d'Hans Kung, j'ai cité hier quelques lignes d'un article issu d'un blog italien (L'heure de gloire de Hans Kung ) , celui du Père Giovanni Scalese, "Senza pela sulla lingua", qui se traduirait littéralement par "Sans poil sur la langue". Le sous-titre, qui évoque un querciolino (petit chêne?) trouve son explication dans la biographie du blogueur.
A la réflexion -et après une lecture plus attentive- l'article vaut vraiment d'être traduit en entier.

Celui-là, et pour autant que j'ai pu en juger par une rapide lecture ce matin, d'autres textes de la même source - le blog est récent, janvier 2009.
L'auteur est courageux, comme l'est aujourd'ui quiconque ose dire et publier sous son nom des choses contre le courant dominant. Le risque, on le sait, n'est pas que virtuel.
J'essaierai par exemple de traduire dès que possible un long texte qu'il a écrit le 30 janvier dernier, "Concile et esprit du Concile": http://querculanus.blogspot.com/2009/01/...
Le Père Scalese fait aussi partie de ceux qui voient avec une terrible appréhension le prochain voyage du Pape en Terre Sainte (voir ici: Brutti pressentimenti). Appréhension et même réprobation, que je vais finir par partager, à en croire certaines informations que j'ai préféré passer sous silence dans ces pages. Je ne doute évidemment absolument pas que le saint-Père accomplit là la plus haute forme de son devoir, mais je redoute qu'il ne s'agisse d'un piège dont il ne détient pas la clé, et j'ai peur pour lui, moi aussi.
A suivre, donc - je parle d'autres traductions.

En attendant, voici, vu par le Père Scalese les délires de l'octogénaire Hans Kung.
Même si je ne suis pas en mesure de contrer le "grand" théologien sur le terrain professionnel, je connais un peu sa personnalité depuis quelque temps, et je trouve que ce qui est dit ici est plutôt conforme aux apparences.
Il n'y a d'ailleurs pas que les références au "délirant" vieux K. qui suscitent l'intérêt.
Chacun de ses arguments est méthodiquement démoli, lui renvoyant la balle avec un humour ravageur... et on en vient immanquablement au Concile.



jeudi 26 février 2009
Délires d'un octogénaire (http://querculanus.blogspot.com/2009/02/deliri-di-un-ottuagenario.html )
Je ne sais pas si vous ayez eu l'occasion de lire l'interview que Hans Küng vient d'accorder au Monde (et que La Stampa s'est empressée de diffuser en Italie). Malgré le passage des ans, le « plus grand théologien contestataire catholique vivant » ne désarme pas et continue à pontifier ex cathedra. La "cathedra", comme d'habitude, ce sont les grands medias, toujours prêts à servir de caissse de résonnance à son magistère infaillible.

De l'interview il ressort clairement la colère du théologien allemand que ce ne soit pas lui le Pape, mais son contemporain-concurrent Ratzinger. Après tout, c'était lui l'expert invité au Concile par Jean XXIII ; Ratzinger était un simple théologien privé de l'Archevêque de Cologne ! Autre motif de hargne, le fait que l'excommunication ait été levée aux lefebvristes ; lui par contre « n'a pas été encore réhabilité ».

Selon le prophète du progressisme catholique, la révocation de l'excommunication aux quatre évêques lefebvristes « n'a pas été un défaut de communication ou de tactique, mais a constitué une erreur de gouvernement du Vatican ». Le vrai problème n'est pas le négationisme de Mgr Williamson, « le problème fondamental est l'opposition à Vatican II, et en particulier le refuse d'un rapport nouveau avec le judaïsme ».
Il me semble lire le communiqué de la Conférence episcopale allemande (...Küng serait-il le consultant théologique de la CEA ?)
Une fois de plus, la valeur absolue est Vatican II, mais un Vatican II complètement idéologisé : un partisan du Concile devrait être oecuménique, devrait avoir à coeur le problème de l'unité de l'Église. Mais, à ce qu'il semble, même l'oecuménisme, chez Küng est seulement une idéologie. Et puis - que voulez-vous ? - aujourd'hui, même l'oecumenisme n'est plus à la mode ; la chose la plus importante du Concile est le « rapport nouveau avec le judaïsme». Il vient le soupçon qu'ils ont raison ceux qui soutiennent que Vatican II a été voulu par la franc-maçonnerie et les juifs.

Le Pape Ratzinger est un pauvre idiot, qui vit hors du monde : « Il a peu voyagé. Il est resté enfermé au Vatican, qui est comme le Kremlin d'autrefois » ; pour cette raison « il n'a pas été en mesure de mesurer l'impact d'une telle décision sur le monde ».
De quel monde parle-t'il ? Du monde virtuel des médias (contrôlés nous savons bien par qui), dans lequel il se trouve tellement à son aise ? Au Vatican « il n'y a aucun élément démocratique, aucune correction. Le pape a été élu par des conservateurs, et aujourd'hui c'est lui qui nomme des conservateurs ». Que le Vatican soit un lieu insidieux pour le salut de l'âme nous le savions depuis longtemps (et c'est pourquoi, tout en étant né et ayant grandi à l'ombre de la Coupole, nous préférons nous en tenir à distance), mais je me demande : quelle démocratie y a t'il dans le monde de Küng, où tout est contrôlée par des pouvoirs obscurs qui utilisent la démocratie uniquement pour couvrir leurs méfaits ?

Benoît XVI « est fidèle au Concile à sa manière. Il insiste toujours, comme Jean-Paul II, sur la continuité avec la tradition ». Et il appelle cela « sa manière » ! Ne devrait-ce pas être la manière catholique d'interpréter non seulement le concile, mais tout acte ecclésial ?
Mais, à ce qu'il semble, le Concile de Küng n'est pas celui contenu dans les documents officiels, mais celui contenu dans son esprit (et probablement de beaucoup d'autres qui participèrent au Concile). Selon lui « Vatican II a provoqué une rupture, par exemple, sur la reconnaissance de la liberté religieuse ». Ne s'aperçoit-il pas qu'il donne ainsi raison aux lefebvristes ? « Benoît XVI a une position ambiguë sur les textes du Concile, puisqu'il n'a jamais été à son aise avec la modernité et la réforme ». Mais que dit-il là ? S'il est une remarque qu'on peut faire à l'actuel Pontife de la part des traditionalistes, c'est vraiment son insistance sur la liberté religieuse (Küng a t'il lu le discours à la Curie Romaine du 22 décembre 2005 ?) et sur la modernité (dans son dialogue avec l'Islam, il semble parfois qu'il ait plus à coeur les valeurs des Lumières que celles de l'Évangile). Quant à à la « réforme », qu'est-ce que cela signifie ? Le Pape Ratzinger cherche à faire une « réforme de la réforme » : pourquoi la première réforme (celle du Concile) était-elle légitime et celle-ci (celle de Benoît XVI) ne devrait-elle pas l'être ? Qui juge de la bonté des réformes ?

Péché mortel : le Pape, à l'occasion du 50ème anniversaire du Concile, « n'a pas fait l'éloge de son prédécesseur » (= Jean XXIII), mais il a « choisi de lever l'excommunication de personnes en opposition avec ce Concile ». Surprenant, que de tels « progressistes » soient si attachés à commémorer le passé. Nous avons à peine terminé la commémoration des 40 ans de la fin du Concile ; maintenant devons-nous recommencer derechef ? D'abord le 50ème de l'élection du Pape Roncalli (cela a été fait) ; maintenant le 50ème de l'annonce du Concile ; ensuite il faudra célébrer le 50ème du début du Concile ; et ensuite, de nouveau, du 50ème de la fin du Concile. Cela suffit ! On n'en peut plus!

Le Pape Ratzinger défend l'idée du « petit troupeau » (qui, comme expression evangélique, ne signifie pas « église d'élite »). Nous le savions, il l'a toujours publiquement déclaré. Mais pour moi il en résulte que cette idée n'est pas l'idée des « intégristes » (qui ont toujours défendu une église de pouvoir), mais exactement le contraire, l'idée des « progressistes » (qui disaient se référer à l'Évangile).
« C'est une illusion de penser qu'on puisse continuer ainsi, sans prêtres, sans vocations ». Oh là!, que se passe t'il ? C'est la première fois que j'entends un "nume conciliare" se plaindre de la crise des vocations ! Ca signifie vraiment que le pauvre Hans vieillit. Comment donc ? Après avoir tout fait pour "décléricaliser" l'Église et promouvoir le laïcat, maintenant il se plaint qu'il n'y a plus de prêtres ? Et pourquoi un jeune devrait-il se faire prêtre, après tout ce qui a été fait pour le dépouiller de son importance ?

Mais le plus beau reste encore à venir. « L'Église risque de devenir une secte ». Mais ne s'aperçoit-il pas que c'est justement grâce à des gens comme lui, que l'Église est déjà devenue une secte ? Quand on affirme que les religions se valent toutes, chacune constituant une voie de salut, ne nie t'on pas la catholicité de l'Église et n'en fait-on pas de cette manière une secte ? L'Église conciliaire, faite de quelques (vieux) prêtres et de nombreux « opérateurs pastoraux » (ministres extraordinaires de l'Eucharistie, lecteurs, catechistes, présidents de conseils pastoraux et comités divers), enfermés dans les sacristies sans le moindre contact avec le monde extérieur, n'est-elle pas une secte, peut-être?

Que devrait faire Benoît XVI ? « Avant tout il faudrait qu'il reconnaisse que l'Église catholique traverse une crise profonde ». Comme s'il ne l'avait pas déjà fait. Il pourrait au besoin se demander: à qui la faute, de cette crise ? Mais écoutez ce qui suit, parce qu'à la fin de l'interview, il sort ce qui était et continue à être dans le coeur de certains théologiens conciliaire : l'admission des divorcés à la communion, la correction d'Humanæ vitæ (pour dire qu'« en certains cas la pilule est possible »), l'abolition du celibat des prêtres, un nouveau mode d'élection des évêques. Qui sait pourquoi il a oublié le sacerdoce femmes ! Voilà les grandes préoccupations des experts conciliaires ; voilà les vraies raisons pour lesquelles a été fait Vatican II ! Et nous qui pensions que l'Église avait besoin d'un renouvellement spirituel !

Vu que Küng & C. n'ont pas réussi à atteindre leurs objectifs avec Vatican II, ils continuent à espérer en un Vatican III. Mais ils ne se rendent pas compte (eux qui vivent dans leur monde virtuel) que, si vraiment on faisait un nouveau concilie aujourd'hui, ils auraient probablement de mauvaises surprises…


(C) benoit-et-moi.fr 2008 - Tous droits réservés

Imprimer cette page