Le Pape n'est pas seul.

Le Vatican a t'il commis des erreurs de "communication"? Réflexions sur un article de L'Avvenire. (2/1/2009)


Entouré de notre amour... Le Pape n'est jamais seul



J'ai trouvé sur le blog de Rafaella ce beau texte publié par le quotidien de la CEI, l'Avvenire.
Mon amie, tout en exprimant son appréciation, y voit plus ou moins un sujet de polémique.
Personnellement, je ne trouve pas.
Je déplore, bien sûr, comme plusieurs amis, que la "défense" du Saint-Père - très forte, parce qu'elle n'était motivée que par l'affection, et par aucun intérêt - ait été le fait d'initiatives personnelles et de blogs privés; je déplore surtout que ni les organes institutionnels d'expression du Saint-Siège (Osservatore Romano, Avvenire), ni son diocèse de Rome - encore moins la presse catholique qui a souvent plutôt ajouté de l'huile sur le feu, quand elle n'a pas pris la tête de la fronde - n'ont cru bon de monter au créneau avec bec et ongles, comme ils l'auraient dû, par exemple lorsque sa personne même a été grossièrement attaquée - là, je pense à la France, je préfère ne pas rentrer dans les détails.
C'est particulièrement l'appareil Vatican qui a donné l'impression d'un cafouillage , d'erreurs de "communication" en cascade, de compromission face aux médias (et ce n'est pas fini, puisqu'on apprend à l'instant que la renonciation de Mgr Wagner à Lintz a été acceptée) , pire, de lâcheté.

Impression de solitude du Saint-Père confirmée par la rébellion presque ouverte de quelques épiscopats européens. D'ailleurs, ce site a relevé toutes les demandes pressantes de prier pour lui, et même, hier, pour la Curie, qu'il nous a adressées de façon très émouvante, lors des derniers Angélus et catéchèses.
C'est un peu comme si le commandant d'un navire était resté seul à bord avec les passagers, au beau milieu d'une terrible tempête, alors que tout le reste de l'équipage s'était enfui dans les canots de sauvetage. Oui, mais les passagers qui sont restés aiment le Saint-Père, et l'entourent de leurs prières et de leur affection.
C'est ce qu'essaie de traduire l'article, même si je comprends que, vu la gravité de la situation, on puisse légitimement le soupçonner d'irénisme.
Ou, ce qui revient au même, lui reprocher de regarder le monde à travers des lunettes roses.
Car "le Mal existe, et c'est une erreur de le négliger".


Enveloppé de notre amour
Mais non, le pape n'est jamais seul, vraiment jamais
Cesare Cavalieri
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http://paparatzinger2-blograffaella....
Je lis ici et là : « Le Pape est seul », « Le Pape a été laissé seul ». J'écoute aussi des exhortations pleines de bonne volonté : « Ne laissons pas le Pape seul ! ».
Le Pape est seul? Chaque jour, dans le monde entier, on célèbre des centaines de milliers de Messes auxquelles participent des millions de fidèles, au cours desquelles le Souverain Pontife est évoqué, nominativement, à l'instant culminant : « Souviens-toi, Père, de ton Église répandue sur toute la terre : rend la parfaite dans l'amour en union avec notre Pape Benoît… ».
Quelle solitude est-ce là? Quelle autre personne au monde est-elle quotidiennement, en l'appelant par son nom, confiée au Seigneur par un aussi grand nombre de personnes ?
Certes, il faut avoir de l'Église une vision réaliste, c'est-à-dire théologique. L'Église n'est pas seulement le "peuple de Dieu", mais avant tout (Saint Paul dixit) c'est le Corps mystique du Christ. Et le Pape, qui est le vicaire du Christ, le représente sur la terre. Le Pape n'est jamais seul. Nous aimons le Pape, et le Pape est enveloppé, protégé, par notre amour.
Quelque "vaticanistes" (qui fréquentent tout au plus les couloirs des bureaux du Vatican, mais ne connaissent rien à l'Église), surtout à propos de la récente rémission de l'excommunication aux évêques lefebvristes, ont étalé des hypothèses de complots et d'isolement.
Le démenti nous vient de la fermeté sereine du magistère de Benoît XVI.
À l'Angélus de dimanche dernier, où on célébrait aussi la fête de la Chaire de Saint-Pierre, le Pape demandait : je vous demande « de m'accompagner avec vos prières, pour que je puisse accomplir fidèlement la haute mission que la divine Providence m'a confié comme successeur de l'apôtre Pierre».
Oui, nous devons prier pour le Pape, et prier avec davantage d'insistance et de ferveur, parce que le Pape est bien conscient de son rôle : « La Chaire de Pierre symbolise l'autorité de l'évêque de Rome, appelé à accomplir un service particulier envers de le peuple de Dieu tout entier ».
C'est dans cette vaste perspective que nous devons toujours penser au Pape qui n'est jamais seul puisqu'il est et qu'il se sent serviteur et interprète « du peuple de Dieu tout entier».
Et auprès de lui, le Pape ressent la présence de Marie, invoquée dimanche dernier « avec le beau titre de Madone de la Confiance ».
Le Pape a une familiarité extraordinaire avec Marie
.
Je n'ai jamais oublié que la première fois que Benoît XVI apparut à la fenêtre du Palais apostolique, le 1er mai 2005, il ne récita pas, mais il chanta le Regina Caeli. Il était Pape depuis seulement douze jours, il avait 78 ans, et c'était très beau de l'écouter élever, de sa voix bien placée, une sérénade à la Madone.
Et il y a un autre aspect, dans le magistère de Benoît XVI, qui ne finit pas de surprendre. C'est son extraordinaire syntonie avec la sensibilité de notre temps. Lorsqu'il parle aux jeunes, il sait se mettre à leur niveau. Pendant les dernières Journées mondiales de la Jeunesse, à Sidney, il a dit: « Pour les personnes de votre âge, de toute façon, chaque vol est une perspective excitante. Mais pour moi, ce vol a été d'une certaine façon une cause d'appréhension. Et pourtant la vue de notre planète d'en haut a été vraiment magnifique. Mais il y a en plus, quelque chose de difficile à percevoir du haut des cieux : hommes et femmes créés rien moins qu'à image et à la ressemblance de Dieu (cf Gn 1.26). Au coeur de la merveille de la création, il y a vous et, la famille humaine "couronnée de gloire et d'honneur"(cf Sal 8.6) ».
C'est toujours comme cela, dans les discours de Benoît XVI. Jusqu'à ses très récentes interventions sur les causes morales profondes de la crise économique, allant jusqu'à faire même des suggestions concrètes.
Quel est le secret de cette lumineuse pertinence ? Le secret de la sainteté. Celui qui est dans l'intimité de Dieu, trouve immédiatement la syntonie avec les hommes et les femmes de chaque latitude et de chaque âge.
Pour cette raison, le Pape n'est pas un solitaire; cela, non, jamais.
© Copyright Avvenire, 1er Mars 2009


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