Jeudi le 2 février 2006
Les Allaire de La Pocatière
M. Fiston Allaire, indécis École Apostolique des Légionnaires du Christ
Cher Fiston,
Maman t'a mis en mode réflexion concernant ta vocation et ton avenir, ce qui est excellent. Il serait absurde d'attendre plusieurs années de formation avant de savoir ce à quoi tu t'engages. Maman me rapporte que tu es en prière pour avoir une réponse à ta recherche. Logiquement ceci veut dire que je dois t'apporter des éléments de réflexion. La prière répond rarement dans le vide. Et je suis loin d'être un vide.
Alors voici quelques points.
Quelle que soit la vocation, la profession dans laquelle on s'engage, on sacrifie toujours beaucoup plus qu'on ne prend. La raison est extrêmement simple. Le travail efficace suppose une spécialisation de l'activité et sacrifie l'ensemble des autres spécialisations. Un médecin n'est pas un ingénieur, un avocat, un ébéniste ou un comptable. Un époux doit abandonner des milliers de femmes en faveur d'une seule. Lorsqu'on s'engage dans une vocation, une profession ou un métier on doit encore faire des choix. Un médecin sera généraliste ou spécialiste. Un généraliste devra vivre à la campagne ou à la ville, en Gaspésie ou à Québec, etc. Un spécialiste devra choisir sa spécialité aux détriments de la compétence dans les autres.
Bref, un choix coûte toujours bien des choses et se concentre sur presque une seule. On n'a pas le choix entre une chose ou toutes. On a le choix entre une chose ou une autre.
C'est pourquoi nous sommes tous condamnés à devenir en quelque sorte des mono-maniaques. Quand on regarde les diverses communautés ou diverses organisations de l'Église, on voit qu'elles ont chacune leur originalité ou leurs tics, si l'on préfère.
Prenons les Opussiens. Ils disent aimer les grandes familles, mais ils restreignent fortement les relations familiales de leurs membres. Pour une laïque non-consacrée, ta soeur présente l'originalité de ne pouvoir venir visiter ses parents qu'une fois par année. Rarement vu de tels laïcs dans le monde réel. Ils commandent aussi à leurs candidats de ne rien dire à leur famille d'origine de leur orientation et de leur engagement de sorte que, si une autre soeur n'avait pas été présente auprès d'elle et ne l'avait pas incitée à tricher, nous aurions vu la première disparaître du décor sans explication. Ils se disent laïcs, mais appellent leur supérieur général un "Père". Et un frère ou une sœur (numéraire… c'est-à-dire lié par les promesses au célibat) ne peut pas visiter une sœur ou un frère sans être accompagné par quelqu'un du même sexe, pour ne pas donner l'impression d'un scandale. Dans les maisons étudiantes masculines de l'Opus Dei, la cuisinière entre par une porte personnelle et n'a aucun contact personnel avec les membres de la maison: les repas sont placés dans un sas intermédiaire où la cuisinière dépose la nourriture puis disparaît avant qu'un mâle aille prendre la nourriture pour l'apporter sur la table. Et si quelqu'un veut aller en prêtrise, dans l'Opus Dei, il doit d'abord être diplômé en d'autre chose et ne sera prêtre que si, par hasard (ou Providence), on l'invite à remplir ce rôle. — Pour bien des gens, ces comportements sont bizarres. Mais quand on accepte de jouer le jeu, quand on fait le choix de cette démarche, on peut mener à bien son engagement, comme tu le sais pour avoir rencontré tant d'opussiens sympathiques, efficaces et mêmes heureux, dont ta sœur et certains prêtres. — En entrant dans les Opus, un copain marié me disait que c'était la première fois qu'il entendait des paroles concernant la famille qu'il avait uniquement entendues chez Georges Allaire.
Prenons maintenant les Néo-cathécumènes. Ils ont un excellent esprit d'unité, de communauté, de famille et de sacrifice. Comme les Opussiens, ils sont féconds en prêtres en un temps d'infécondité de nos diocèses et, comme les Allaire, ils sont féconds en enfants dans un temps d'infécondité des foyers. — En entrant chez les Néos, Un autre copain me disait que c'était la première fois qu'il entendait des paroles concernant la famille qu'il avait uniquement entendues chez Georges Allaire. — Par contre, les Néos ont une formation tricotée serrée qui suppose que tout le monde a la même vie spirituelle selon les mêmes étapes. Quand ils se sont présentés à la paroisse cathédrale de Ste Anne de La Pocatière, il y a plusieurs années, une de leurs catéchètes s'est exclamée: "Voici enfin que Jésus-Christ arrive à La Pocatière." C'était pour le moins exagéré et pour le plus prétentieux. Nous n'avions pas attendu les Néos pour être engagés envers Jésus-Christ et l'Eucharistie y avait été offerte bien des années avant la fondation des Néos. Dans leurs catéchèses, ils commencent en demandant aux gens où ils s'estiment par rapport à Dieu: se croient-ils près du Pharaon, en Égypte, ou dans le désert, ou rendus à Jérusalem? Quoique disent les gens, ils se font dire: "Vous êtes auprès de Pharaon. Vous devez faire tout le Chemin pour arriver auprès de Dieu." Un peu monolithique. Imagine quon 'aille dire cela à Benoît XVI ou même à Fiston Allaire. Nul ne se croit au Paradis. Mais cela ne signifie pas que nous soyons tous chez Pharaon. — Les Néos tiennent beaucoup à la famille, mais ils ont tellement de réunions que leur vie familiale en est perturbée. De plus, comme leur formation se développe sur plusieurs années, leurs enfants ne vont pas à la même messe de fin de semaine que leurs parents. Où plutôt, leurs parents ont leur messe néoe et vont ensuite à une autre messe avec leurs enfants. Ça fait assez décousu.
Nous avons maintenant les Légionnaires. Ils se spécialisent dans le recrutement et la formation de prêtres de la Légion pour reconstituer un noyau de prêtrise dans l'Église. D'où l'ambiguïté de leur approche des jeunes. Leur école apostolique est ouverte à tous les jeunes de bonne foi auxquels ils font miroiter éventuellement la prêtrise, mais même des jeunes qui voudraient aller plus loin peuvent être renvoyés sans préavis (comme il est arrivé à André) parce qu'ils ne manifestent pas les qualités de commandos requises par la Légion. Ceci entraîne des déceptions chez certains jeunes et aussi chez bien des parents qui se sont sacrifiés financièrement à la poursuite du rêve de prêtrise de leur jeune. — Cette démarche est honnête dans le sens que n'est pas Légionnaire qui le veut, mais seulement qui le peut. Cependant, elle produit des déchirements humains compréhensibles. — Ensuite, la Légion favorise une camaraderie de combat qui unit les légionnaires, mais cherche à leur interdire l'amitié personnelle. C'est pourquoi, à partir du noviciat, les jeunes n'ont pas le droit de parler entre eux de leur démarche spirituelle et qu'ils sont limités dans leurs relations interpersonnelles. Ceci est moins évident à Cornwall où il y a si peu de candidats, mais est plus évident dans les grands centres de la Légion. Par contre, dans les grands centres de la Légion, le grand nombre de candidats peut rendre plus anodin d'être limité à certains niveaux de contacts. — Curieusement, la formation des jeunes, du moins au moment de la démarche légionnaire de ton grand frère, sautait par-dessus la présentation de l'amour conjugal plutôt que de situer la chasteté personnelle dans le contexte commun de la vocation conjugale et de la vocation du célibat consacré.
Les Jésuites offraient une formation intellectuelle poussée et une générosité d'apostolat plus universel, mais depuis plusieurs années, ils ont largement abandonné leur fidélité au Pape et favorisent la contre-Église des années 1960 et suivantes. Alors, aller chez les Jésuites ferait courir le risque quasi-certain d'une fausse formation religieuse et d'une doctrine anti-chrétienne.
Les "petits gris" ou la Communauté de St-Jean a été fondée par mon prof de doctorat à l'Université de Fribourg, le Père Marie-Dominique Philippe. Le Père Philippe a laissé la direction de cette communauté depuis peu, et elle est en restabilisation conséquente. Un des collègues de ton grand-frère à la Légion se sentait mal à l'aise chez la Légion. Il n'en avait pas l'esprit. Aussi ton grand-frère lui a parlé des "petits gris", où il est allé et a pu le remercier pour le succès de sa vocation.
Je te fais grâce de toutes les autres possibilités. Nous sommes tous des fous et le Pape est notre garde-fou.
Maintenant, tu es chez les Légionnaires. Le choix est limitatif, mais a ses qualités. Certes, les Légionnaires se spécialisent dans le recrutement de prêtres, mais il ne faut pas croire qu'ils font des prêtres uniquement pour faire des prêtres. Ces prêtres offrent aussi le Christ au monde entier et de plusieurs façons. Les Légionnaires ont appuyé, à leur façon, Mel Gibson pour produire et diffuser le film La Passion du Christ. Les Légionnaires ont, à la demande de Jean-Paul II, ouvert un séminaire à Rome pour les prêtres séculiers (diocésains, etc). Ils ont ouvert une université à Rome. Ils ont pris charge de journaux catholiques et de maisons d'éditions. Ainsi, c'est une de leurs maisons d'éditions aux Etats-Unis qui a un jour songé publier notre livre (Pourquoi pas DIX? et Treize à la douzaine) en anglais. — Ils sont spécialisés sur la prêtrise, mais leur prêtrise est finalement ouverte sur un apostolat universel.
Je t'ai tracé les irritants de quelques options religieuses, parce que tout mono-maniaque a des irritants. C'est comme chaque famille, qui a ses façons (légitimes) de vivre différentes des autres familles. — Si tu choisis de vivre dans une famille religieuse, elle saura toujours t'irriter sur divers points. Mais aucune famille religieuse sera sans irritants. L'important est de savoir ce qu'on peut y faire de bien et de s'adapter au restant. — Évidemment, la différence entre la famille religieuse et la famille naturelle est que la famille religieuse doit être choisie tandis que la famille naturelle arrive faite d'avance. Chacune apporte son support à sa façon et demande notre support.
Bonne réflexion. Bon choix. La polyvalente t'attend toujours si tu le souhaites. Georges le Dad. ---
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Mardi le 14 février 2006
Cher Fiston,
La Saint-Valentin est probablement un bon moment pour voir le second versant de ta vocation. De même que les irritants de la vie consacrée sont nombreux, ceux de la vie mariée le sont autant. Bien des prêtres, des religieux et des religieuses ont rêvé avoir raté leur bonheur parce qu'ils s'étaient précipités dans leur vocation plutôt que de "suivre leur cœur à la recherche du bon numéro". Avant de changer le cours de leur vie, sans même s'attarder au sens de leur engagement, ils auraient pu avoir la sagesse de voir que les couples qui ont "suivi leur cœur" ne semblent pas avoir fait mieux qu'eux. Ils se défont avec une régularité lassante. De plus, des prêtres lâcheurs manifestent seulement qu'ils ont la propension à la lâcheté amoureuse plutôt que le cœur à l'amour.
Ça ne te concerne pas directement, parce que tu n'es pas encore engagé dans une voie déterminante, mais cela te donne les couleurs des différentes voies.
Essentiellement, l'amour du jour est la course au bien-être dans la compagnie d'une personne de sexe opposé. La passion fait rimer amour avec toujours, et la pratique révèle que toute passion est éphémère et par conséquent que tout amour passion l'est aussi. Mais le plus rigolo de l'affaire est que la passion d'amour des femmes n'est pas la passion d'amour des hommes de sorte que les passionnés se "garrochent" dans une union de désillusion.
Quand l'homme voit une femme, il peut éprouver une admiration pour la personne, mais il ne tarde pas à ressentir un désir somme toute assez violent d'entrer en elle. Comme le disent tant d'hommes qui veulent "aimer pour vrai" à une fille qui le garde à une certaine distance: "Je t'aime. Tu m'aimes. Alors prouves-le." Ce qui signifie: on couche ensemble. Et comme disent avec lassitude les filles qui ont fait le tour de plusieurs gars: "Les gars n'ont qu'une chose en tête: le sexe." Ce qui veut dire que la spontanéité des gars n'est pas celle des filles. — Par contre, quand le gars est intéressé à la fille, et tant qu'il ne peut pas aller jusqu'au bout, il la regarde, lui tourne autour, lui parle avec abondance, lui tient compagnie, lui accorde de l'importance. La jeune femme fond alors sous son regard "amoureux". Elle devient amoureuse. Elle se voit reine de la vie du jeune homme. Et l'intensité de l'affection qu'il lui manifeste semble confirmer cette orientation. D'où la déception de la femme quand elle découvre que la satisfaction de la passion mâle le désintéresse d'elle. Le gars songe ensuite à faire quelque chose d'autre. Comme disent les gars aux filles qui se plaignent qu'ils ne leur racontent plus fleurette: "Je t'ai déjà dit que je t'aime. Pourquoi faudrait-il que je te le répète." Et la tonalité sur laquelle cela est dit n'est pas plein de la chaleur des premiers jours.
De même que l'intensification de l'attention de l'homme amenait la chaleur de la femme, et finalement les ébats amoureux, l'inattention de l'homme issu de la satisfaction passionnelle refroidit la femme qui perd l'intérêt pour les relations sexuelles chères à l'homme. Et le couple se disloque émotionnellement. — C'est pourquoi je pouvais sans crainte dire à mes élèves: votre mode d'emploi de l'amour assure qu'au mieux, présentement, vous vivez avec votre futur ex. Ce n'est pas parce que je le disais que cela se produisait; je le disais parce que cela se produit.
Comme la compagnie de l'homme et de la femme n'est pas assurée par le même mouvement passionnel, il faut la fonder ailleurs. Il faut la fonder sur l'engagement, qui est un acte de volonté, un don de soi, qui passe par le déchirement de soi en faveur de l'autre et réciproquement. Initialement, l'homme doit apprendre à ne pas satisfaire sa plus forte passion naturelle, tant et aussi longtemps que l'engagement de vie n'est pas accepté et pris de part et d'autre. Bref, pas de sexe avant le mariage. Et si cela "n'est pas possible", comme disent plusieurs, ils sont à peu près certains que ça ne tiendra pas après… car le passionnel qui délie est aussi fort que celui qui lie. Il y a moyen de corriger le tir après le mariage, mais la difficulté de la chose est telle qu'on voit son peu de succès dans notre monde. Quant à la femme, elle doit initialement accepter la souffrance de la solitude plutôt que de monnayer sa sexualité afin d'acheter la compagnie du mâle en dehors de leur engagement. Sinon, elle retrouvera rapidement sa solitude.
Dans le mariage, les deux devront aussi traverser des déserts de la sexualité comme de la compagnie. Mais l'engagement devra accepter de traverser l'épreuve et faire la preuve qu'aimer c'est se donner au conjoint et non exploiter le conjoint pour sa satisfaction personnelle. Alors, le fondement de l'amour des époux est le même que le fondement de l'amour vocation consacré: un engagement total de soi qui nous mettra en croix et nous permettra de mourir à nous-même pour autrui. -------------------- Comme mourir à soi n'est finalement possible que par Celui qui est mort en croix, la vie de vocation consacrée et la vie d'époux engagé n'est possible que dans la Vie du Christ. Quand donc nous avons une société qui fait une priorité de l'épanouissement personnel, nous avons des couples disloqués et des prêtres qui lâchent. La vocation fondamentale est la même pour les deux, et n'est pas vivable par la passion de la vie. Elle est uniquement vivable par le don de Dieu.
Maintenant, une particularité du mariage est que chaque conjoint épouse une personne pécheresse. Et une personne pécheresse, même autant qu'on parvienne à l'être soi-même moins, est une personne qui se révèle finalement pas vivable. Par la charité du Christ, nous pouvons émerger du péché, convertir une partie de notre vie, et, comme on dit, réussir notre mariage. Mais ce n'est pas du spontané naturel.
Dans les plateaux de ta balance, tu peux donc être certain que l'attrait d'une vie mariée cache ta condamnation à être enchaîné pour la vie avec une pécheresse, dont le péché peut peser de plus en plus lourd. Et quand elle serait sainte, ton péché pourra rendre sa sainteté lourde.
Enfin, chaque bonne personne a ses irritants, comme on le voit quand tes frères et tes sœurs se réjouissent de leur propre conjoint mais sont heureux de ne pas avoir le conjoint des autres. Il se peut, cependant, qu'on découvre et endure les irritants de son propre conjoint. Imagine maman condamnée à endurer mes farces plates jusqu'à la fin de mes jours… et qui a la grâce de vivre cela. Dieu est bon.
C'étaient quelques remarques pour attirer ton attention sur les difficultés de l'autre voie majeure de la vie humaine.
Bon discernement. Georges le Dad. ---
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Lundi, le 24 avril 2006 Cher Fiston,
Pendant que maman poursuit sa sieste, cet après-midi, je viens t'offrir de nouvelles données concernant ton avenir vocationnel. Lors de ta visite, en mars, tu songeais à demeurer dans la Légion. Par suite à celle-ci, tu balançais à revenir dans la vie civile. Comme chacun de ces choix est à l'école de Dieu, qui dit mieux? Mais comme un choix est réfléchi, alors voici.
Il n'y a pas de doute que la Légion n'est pas du tout "une famille" selon notre modèle et notre expérience. Elle manque d'intimité et de solidarité interpersonnelles, tout en ayant une ferme solidarité globale et une intimité avec sa direction. Alors, pour un Allaire, choisir la Légion est accepter de ne pas vivre un esprit de famille comme nous le connaissons. Il nous faut donc éliminer cette référence et cette image de notre équation.
L'image et l'équation que nous connaissons qui convient à Légion de notre expérience est celle d'un commando. Chaque homme est totalement donné à sa mission, ne cherche aucun confort personnel et est formé sous des balles véritables. Chaque homme est dressé à endurer, à ne pas gémir, à obéir, à mourir sans hésitation et à remercier pour l'honneur de ce service. Chaque homme est un volontaire dans un corps de combat où la majorité des volontaires n'a pu passer les épreuves de sélection, et où la minorité est celle qui a réussi l'impossible. D'ailleurs, c'est l'implication militaire du nom «Légion». — Personne n'est obligé de faire partie de la «Légion». Mais celui qui se porte volontaire et réussit, sait qu'il fait partie d'un corps d'élite qui va au front dans les situations désespérées, qui contre-attaque plutôt que d'accepter la défaite, qui n'a d'autre honneur que celui de sa cause; ici, celle du triomphe de Jésus-Christ.
Je remarque la présence et l'action des Légionnaires un peu partout sur le champ de bataille. À la demande de Jean-Paul II, ils ont fourni un séminaire pour prêtres diocésains à Rome. Ils fournissent des prêtres pour confesser le monde lors de grands rassemblements, comme les JMJ de Rome. Ils organisent des Méga-mission de jeunes pour rejoindre les gens dans des paroisses désignées. Aux États-Unis, ils ont pris en main des journaux et des maisons d'édition. Ils ont participé à l'œuvre cinématographique de Mel Gibson sur La Passion du Christ. Et ils cherchent désespérément à pénétrer le territoire québécois depuis plusieurs années.
Dans ce contexte, la question peut être formulée autrement que: l'esprit de famille de la Légion est-il l'esprit que je souhaite. Elle peut devenir: est-ce que je suis à la hauteur de l'honneur qui m'est offert de mener le combat commando de la Légion dans notre monde désespéré?
En fait, tous les fronts du Seigneur, dans notre monde, exigent un héroïsme hors pair. Comme nous le savons, avoir une famille fidèle dans un monde qui hait la fidélité, la fécondité et le don de soi est une tâche humainement impossible: "C'est impossible à l'homme, mais tout est possible à Dieu." Mais comme nous le savons, quand on le fait, c'est plus facile que de vivre dans le péché et plus réconfortant. De même pour toutes les professions. De même pour toutes les vocations. Nous sommes faits pour mourir. Aussi bien de mourir sur la croix et vers le Paradis, que de mourir sur le gibet avec notre propre corde au cou. Le Christ… ou Judas. — Mais tel n'est pas le choix entre la Légion et le civil. Les deux sont la croix du Christ. Dans aucun, nous éviterons la croix.
Nous en sommes toujours au même point théorique. Tes diverses possibilités sont divines. Bon discernement.
Georges le Dad.
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