30 mars 2009,
Chère Béatrice,
Bien évidemment j'ai suivi hier la prière de l'Angélus. La panne de son qui empêchait d'entendre la voix du Saint-Père était fort gênante mais ce désagrément était largement compensé par la joie de voir la foule qui l'attendait sur la place Saint-Pierre. Suite au déferlement d'attaques, aux condamnations sans appel de notre Pape, aux commentaires haineux, mensongers, grossiers parfois, rapportés avec une exquise bienveillance par les médias, la présence de cette foule joyeuse , chaleureuse, heureuse d'être à Rome pour le voir, l'entendre, lui manifester son soutien et son affection apportait un apaisement, un vent de fraîcheur pour dissiper, pendant de trop courtes minutes, l'atmosphère lourde qui plane depuis si longtemps. Que l'on cesse de nous rebattre les oreilles avec ces perpétuelles polémiques, savamment orchestrées afin d'entretenir l'ardeur de ces moutons de Panurge, de ne pas laisser diminuer leur motivation; tout à fait syndicale cette façon de procéder. Plutôt que de guetter avec acharnement la parole qui va faire prendre la mayonnaise de la désinformation ( quel manque de déontologie) il serait utile de diffuser sa pensée si riche et énoncée clairement. Au lieu de cela ses paroles sont sorties de leur contexte, les phrases tronquées deviennent un condensé propre à déclencher l'exaspération, la colère, la haine. Je l'ai déjà dit : les médias ne sont pas seuls en cause; ceux qui les suivent font preuve d'une intolérable inconséquence. Je ne savais pas que le Saint-Père pouvait avoir une telle importance! Merci au directeur de l'ONG qui me l'a appris en attribuant à Benoît XVI la responsabilité de millions de morts à cause de ses paroles dans l'avion pour le Cameroun. C'est étrange: ce Pape qui est une parfaite nullité selon les médias revêt soudain une influence maléfique de grande envergure!! Cette affirmation est scandaleuse; soyez sérieux voulez-vous! La France aime se singulariser, elle ne perdra jamais l'habitude de donner des leçons, de diriger la vie des autres. Il est loin le Siècle des Lumières, le temps où ce pays était un phare. Quand les Français réaliseront leur pauvreté actuelle sur tous les plans, incapables qu'ils sont de régler leurs propres problèmes, ils auront acquis une qualité qui leur manque cruellement ; l'humilité.
J'ai beaucoup apprécié l'avis sur le voyage en Afrique donné par Mgr Riocreux. Il y a deux interprétations du même déplacement, tellement différentes que l'on est tenté de se poser la question : s'agit-il du même? Pour la France il se résume à : préservatif si l'on en croit la presse et les commentaires qui y sont liés. Rien sur la préparation soigneuse des célébrations, sur leur caractère priant, le recueillement qui régnait, la foi joyeuse des Africains, leur accueil chaleureux, sincère. Pourquoi ne pas avoir parlé de la sérénité des Vêpres à Yaoundé, de la beauté de la musique, du caractère touchant de la rencontre avec le monde de la souffrance au Cameroun, avec les femmes à Luanda, sourires épanouis, couleurs chatoyantes des tenues, des messes célébrées devant tant de monde? Une seule chose comptait : ne rien dire de positif pour pouvoir continuer le lynchage du Pape, minable!
Les discours et homélies ont été de haute volée comme d'habitude, pas incompréhensibles pour autant. Tous les sujets ont été abordés directement. Une question me vient à l'esprit : pourquoi le fait que le pape ait utilisé le mot "préservatif" est-il souligné? Je suis celle qui appelle un chat un chat; pourquoi faire une périphrase pour désigner ce produit de consommation courante? Dans les textes peaufinés par le Saint-Père on retrouve l'intelligence immense du pasteur, sa foi profonde et, n'en déplaise à ceux qui pensent qu'il en est dépourvu, le charisme de l'homme discret, doux, au sourire apaisant, disponible à celui qui l'aborde et qu'il écoute avec son cœur. Nous avons la grâce d'avoir un Pape intellectuel brillant, doublé d'une personnalité attachante, soutenu par une foi indéracinable et doté d'une humilité réelle(..). Rester fidèle au "oui" du 19 avril 2005 est épuisant dans le climat malsain qui règne. De nos jours je me demande si cet ensemble de qualités est encore apprécié. Il faudrait que le pape suive l'évolution des mentalités, que le dogme s'adapte à la demande, bref il faudrait que toute obligation disparaisse pour laisser place à une totale liberté, vaste programme! ... J.
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