Dans l'édition du 3 avril du Monde, il y a un article intitulé "Les Nouveaux hussards du Pape". Il a été cité dans le Forum Catholique et sur le blog de Patrice de Plunkett, lui-même cité dans l'article.
L'auteure est Stéphanie Le Bars, qui semble avoir pris la succession d'Henri Tincq, et qui me paraît bien partie pour dépasser son maître dans un registre où il excellait pourtant déjà (je ne parle pas de cet article). Entre ironie, condescendance, et même délation ("faites attention de ne pas transmettre l'info à des anti-cathos", prévient le courrier qui circule sur le réseau social Facebook depuis quelques jours..) , elle fait un tour d'horizon (bien incomplet, il n'y a pas que les services du Vatican, pourtant bien moqués, qui ignorent superbement les richesses d'internet et les subtilités de Google... enfin, en ce qui me concerne, je préfère qu'il en soit ainsi) des initiatives visant à "serrer les rangs" autour du Pape attaqué: Contre-feux, selon elle, allumés face à la crise de confiance que connaît l'Eglise, notamment en France, les prises de position identitaires et parfois radicales de soutien au pape entretiennent à leur tour de nouvelles crispations, confortant au passage certains fidèles dans une posture de repli. (de qui parle t'elle??)
Je ne souhaite nullement engager la polémique puisque ces "nouveaux hussards" poursuivent en principe le même but que moi, mais qu'on me permette d'exprimer de vives réserves sur ce mode opératoire. Il relève à mon avis d'une grande naïveté.
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On ne combat pas l'ennemi avec les mêmes armes que lui. Pour parler familièrement, on ne le "singe" pas. La main jaune de "Touche pas à mon pote" recyclée, le collectif Act Hope, certains pseudos que je préfère oublier... n'inspirent pas le respect (et même pas la sympathie) mais la dérision, ou le mépris. Tout comme les 'catho-pride' et autres Holywin. A force de respirer l'air du temps, on finit par être inspiré par lui. Lorsque je lis "face à cette situation incroyable d'incommunicabilité entre l'Eglise et le monde, il y a un besoin de pédagogie pour dissiper les malentendus et traduire le message de l'Eglise auprès du grand public", je me dis que reproduire les pires tics du langage politiquement correct pour parler de la "communication" de l'Eglise, de "grand public", et de "pédagogie" à développer, ce n'est pas le meilleur moyen de le dénoncer. Et là aussi, quelle naïveté! Comment imaginer que le système laissera passer sans les filtrer des propos propres à le déstabiliser?
Je ne sais pas du tout ce qu'il faut faire. Vraiment pas. Mais il me semble que cette démarche-là ne peut que mener à une impasse. Il suffit, pour s'en convaincre, de lire certains commentaires de lecteurs à l'article du Monde, bien résumés dans celui-là: "A lire cet article, celà ne me donne aucune envie de les entendre ... Qu'ils restent entre eux !"
Ils illustrent les limites, voire l'impossibilité du "dialogue", comme cela avait déjà été le cas la semaine dernière lorsque le cardinal Barbarin avait reçu une délégation d'Act Up, venue insulter le Pape, et prête à accomplir une profanation. D'ailleurs, l'impossibilité du dialogue, je l'ai personnellement expérimentée encore tout récemment sur un blog catholique que je ne citerai pas ici.
Moi-même, avec ce site, qu'on ne peut pas expressément qualifier de site "catholique", je ne me fais aucune illusion: je ne cherche pas à dialoguer, ni même à contrer la désinformation, puisque je ne m'adresse pas aux opposants, que je suis bien incapable de convaincre, encore moins de convertir, mais à un petit cercle de convaincus, qui trouvent du plaisir à lire du bien (c'est-à-dire la vérité) sur quelqu'un qu'ils aiment, et qui est digne, ô combien, de leur admiration.
Ecoutons plutôt ce que disait Benoît XVI s'adressant aux jeunes, avant-hier, lors de la messe pour Jean-Paul II: (Traduction Zenit):
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... dans des moments comme celui-ci, étant donné le contexte culturel et social dans lequel nous vivons, le risque de réduire l'espérance chrétienne à une idéologie, à un slogan de groupe, à un revêtement extérieur, pourrait être plus fort. Rien de plus contraire au message de Jésus ! Il ne veut pas que ses disciples « récitent » un rôle, comme par exemple celui de l'espérance. Il veut qu'ils « soient » l'espérance, et ils ne peuvent l'être que s'ils restent unis à Lui ! Il veut que chacun de vous, chers jeunes amis, soit une petite source d'espérance pour son prochain, et que vous deveniez tous ensemble une oasis d'espérance pour la société au sein de laquelle vous êtes insérés.
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