Lorsqu'il évoque les pères de l'Eglise, lors de sa catéchèse hebdomadaire du mercredi, on a souvent l'impression que le Saint-Père se raconte à nous.
C'est encore ce que j'ai ressenti aujourd'hui, en entendant le récit de la vie de Saint-Boniface, "passé à l'histoire comme l'apôtre des germains" , saxon né en Angleterre vers 675 sous le nom de Winifred, évêque et martyre, mort sous l'assaut des barbares en 754, dans l'actuelle Hollande.
J'ai traduit les derniers paragraphes, où le Saint-Père s'est en partie exprimé a braccio. A côté d'indications biographiques très émouvantes, il aborde la question de la fidélité au siège apostolique, qui assure la cohésion de l'Eglise autour du successeur de Pierre, et des racines chrétiennes de l'Europe que Boniface a contribué à poser... Comment ne pas y voir le rappel de ce que nous vivons avec lui en ce moment?
Texte original: http://212.77.1.245/news_services/...
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À des siècles de distance, quel message pouvons-nous aujourd'hui recueillir de l'enseignement et de la prodigieuse activité de ce grand missionaire et martyre ? Une première évidence s'impose à celui qui s'intéresse à Boniface : la centralité de la Parole de Dieu, vécue et interprétée dans la foi de l'Église, Parole qu'il vécut, prêcha et témoigna jusqu'au don suprême de lui dans le martyre. Il était passionné par la Parole de Dieu au point de ressentir l'urgence et le devoir de la porter aux autres, même à ses risques personnels. C'est sur elle qu'il appuyait cette foi à la diffusion de laquelle il s'était solennellement engagé au moment de sa consécration épiscopale : « Je professe intégralement la pureté de la sainte foi catholique et avec l' aide de Dieu je veux rester dans l'unité de cette foi, dans laquelle sans aucun doute demeure tout le salut des chrétiens ». La seconde évidence, très importante, qui émerge de la vie de Boniface est sa communion fidèle avec le Siège Apostolique, qui était un point ferme et central de son travail de missionaire, il conserva toujours cette communion comme règle de sa mission et il la laissa presque comme son testament. Dans une lettre au Pape Zaccharie il affirmait : « Je ne cesse jamais d'inviter et de soumettre à l'obéissance du Siège Apostolique ceux qui veulent rester dans la foi catholique et dans l'unité de l'Église romaine et tous ceux que dans ma mission Dieu me donne comme auditoires et disciples » . Le fruit de cet engagement fut un esprit de cohésion solide autour du Successeur de Pierre, que Boniface transmit aux Églises de son territoire de mission, joignant à Rome l'Angleterre, l'Allemagne, la France et contribuant ainsi de manière détérminante à poser ces racines chrétiennes de l'Europe qui devaient produire des fruits féconds dans les siècles suivants. Boniface se recommande à notre attention par une troisième caractéristique : il promut la rencontre entre la culture romano-chrétienne et la culture germanique. Il savait en effet qu'humaniser et évangéliser la culture faisait partie intégrante de sa mission d'Évêque. En transmettant l'ancien patrimoine de valeurs chrétiennes, il greffa dans les populations germaniques un nouveau style de vie plus humain, grâce auquel les droits inaliénables de la personne étaient mieux respectés. En authentique fils de Saint Benoît, il sut unir prière et travail (manuel et intellectuel), plume et charrue. (ndt: cf discours des Bernardins)
Le témoignage courageux de Boniface est une invitation pour tous nous à accueillir dans notre vie la Parole de Dieu comme point de référence essentielle, à aimer passionément l'Église, à nous sentir coresponsables de son avenir, à en chercher l'unité autour du successeur de Pierre. En même temps, il nous rappelle que le christianisme, en favorisant la diffusion de la culture, promeut le progrès de l'homme. C'est à nous, maintenant, d'être à la hauteur d'un si prestigieux patrimoine et de le faire fructifier à l'avantage des générations qui viendront.
Je suis toujours impressionné par son zèle ardent pour l'Évangile : à quarane ans, il sort d'une vie monastique belle et fructueuse, d'une vie de moine et de professeur pour annoncer l'Évangile aux simples, aux barbares ; à quatre-vingts ans, encore une fois, il va dans une région où il prévoit son martyre. En comparant sa foi ardente, ce zèle pour l'Évangile, à notre foi si souvent tiède et bureucratisée, nous voyons ce que nous devons faire et comment renouveler notre foi, pour offrir en don à notre temps la perle précieuse de l'Évangile.
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