Eglise et Sida

L'article de l'Osservatore Romano cité dans la presse française (25/3/2009)


Le Figaro a cru bon de commenter un article paru sur l'édition du 22 mars de l'Osservatore Romano.
Evidemment, l'article est un peu plus nuancé que ce qu'en laissent supposer les premières lignes, mais le titre accrocheur (les professionnels savent que c'est ce qui est retenu en priorité, d'autant plus que ce sont ces lignes qui sont reproduites par les moteurs de recherche) sent furieusement la désinformation. A moins que le journaliste n'ait pensé dédouaner le pape? mais le faire contre la vérité n'est pas un bon calcul.




Voici donc l'article de l'OR, traduit par moi.
On jugera que le commentaire de l'organe du Vatican n'est nullement embarassé par la question, et qu'on est loin du titre du Figaro.

Eglise et sida
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http://www.vatican.va/news_services/or/or_quo/commenti/2009/067q01b1.html


La marque de la vérité
Lucetta Scaraffia
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Certainement, la marque (ciffra) de la mission de Benoît XVI est la vérité. Et ça l'est pour tout, même pour le problème du sida et des préservatifs, un thème brûlant qui - on pouvait facilement l'imaginer - serait abordé au cours de son voyage en Afrique. Au milieu des polémiques suscitées par ses paroles, un des plus prestigieux quotidiens européens, le britannique « Daily Telegraph », a eu le courage d'écrire que, sur le sujet des préservatifs, le Pape a raison. « Certes le sida - lit-on dans l'article - pose le thème de la fragilité humaine et de ce point de vue nous devons tous nous interroger sur le moyen de soulager les souffrances. Mais le Pape est appelé à parler de la vérité de l'homme. C'est son métier : gare à lui s'il ne le faisait pas ».
Le problème du sida s'est présenté tout de suite, dès l'instant où la maladie s'est manifestée aux Etats Unis au début des années 80, pas seulement du point de vue médical, mais aussi de celui culturel : l’irruption de l'épidémiologie cueillit par surprise une société qui croyait avoir vaincu toutes les maladies infectieuses, et dès le début, elle a touché un domaine, celui des rapports sexuels, qui « avaient tout juste été libérés » par la révolution sexuelle. Avec une maladie qui mettait en discussion le « progrès » que l'on venait d'atteindre et qui se répandait rapidement grâce aussi à cette vague de cosmopolitisme qui se réalisait avec les nouveaux moyens rapides de transport.

Il fut immédiatement clair que cette pathologie était fruit d'une modernité avancée et d'une profonde transformation des coutumes, et que peut-être la lutte pour la prévenir aurait dû tenir compte aussi de ces aspects. Au contraire, dans le monde occidental, les campagnes de prévention ont été basées exclusivement sur l'emploi du préservatif, considérant comme acquise l'obligation n'exercer aucune interférence sur les comportements des personnes. Le « progrès » ne devait pas être mis en discussion ; même pas en Afrique, où il était évident - et où il est toujours évident, si seulement on lisait avec honnêteté les données de l'Organisation mondiale de la santé sur la diffusion du sida - que la distribution de préservatifs ne peut à elle seule endiguer l'épidémiologie.

Le préservatif, en Afrique, n'est pas utilisé dans la manière « parfaite » - l'unique qui garantisse 96% de protection contre l'infection - mais dans la manière « commune », c'est-à-dire avec une utilisation ni continue, ni appropriée, qui offre seulement 87% de défense, et qui de plus donne une confiance qui peut être dangereuse dans les rapports avec les autres : comme on le sait, le sida ne se transmet pas seulement à travers le rapport sexuel, mais aussi par voie hématique; il suffit donc d'une écorchure, un peu de sang, pour ouvrir la possibilité de contagion. Il faut aussi se rappeler combien sont pointilleuses les instructions d'utilisation sur les boîtes de préservatifs, que ceux-ci peuvent s'endommager facilement avec la chaleur - ils sont en latex ! - et s'ils sont touchés avec des mains rugueuses, comme celles des gens qui font des travaux manuels. Mais les industries pharmaceutiques, très précises pour signaler ces dangers, sont ensuite les mêmes qui soutiennent la légende selon laquelle la diffusion des préservatifs peut sauver la population africaine de l'épidémiologie : et on peut facilement imaginer que chaque idée pour en répandre l'usage est accueillie avec une vraie jubilation par leurs bureaux commerciaux.
L'unique Pays de l'Afrique qui a obtenu de bons résultats dans la lutte contre l'épidémiologie est l'Ouganda, avec la méthode ABC, dans laquelle le A signifie abstinence, le B fidélité et le C condom, une méthode qui n'adhère certes pas entièrement aux indications de l'Église.
Même la revue « Science » a reconnu en 2004 que la partie la plus réussie du programme a été le changement de comportement sexuel, avec une réduction de 60% des personnes qui déclaraient avoir eu plus de rapports sexuels et l'augmentation du pourcentage des jeunes entre 15 et 19 ans qui se passaient de sexe, au point d'écrire : « Ces données suggèrent que la réduction du nombre des partenaires sexuel et l'abstinence parmi les jeunes pas mariés plutôt que l'emploie du condom ont été les facteurs considérables dans la réduction de l'incidence au Hiv ».

Beaucoup de Pays occidentaux ne veulent pas reconnaître la vérité des mots dits par Benoît XVI soit pour des raisons économiques - les préservatifs coûtent, alors que l'abstinence et la fidélité sont évidemment gratuites - peut-être parce qu'ils craignent que donner raison à l'Église sur un point central du comportement sexuel puisse signifier un pas en arrière dans cette exploitation du sexe purement hédoniste et récréatif considéré comme une importante acquisition de notre époque. Le préservatif est exalté au-delà de ses capacités effectives d'arrêter le sida parce qu'il permet à la modernité de continuer à croire en elle-même et en ses principes, et parce qu'il semble rétablir le contrôle de la situation sans rien changer. C'est justement parce qu'ils touchent ce point névralgique, ce mensonge idéologique, que les mots du Pape ont été tant critiqués. Mais Benoît XVI, qui le savait très bien, est resté fidèle à sa mission, celle de dire la vérité.

(©L'Osservatore Romano 22 marzo 2009)


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