Actualités Images La voix du Pape Livres Visiteurs Index Autres sites Qui je suis Recherche
Page d'accueil Actualités

Actualités


"Ferragosto" avec Benoît XVI à Castelgandolfo Vacances aux Combes Dernières entrées 2009, année sacerdotale L'Encyclique sociale Obama et l'Eglise 28 avril: L'Aquila Père Scalese Quatre ans de Pontificat

Encyclique: la difficile gestation

Sortie aujourd'hui. Une dernière explication "avant" de Paolo Rodari (7/7/2009)

On a l'impression depuis deux ans, mais surtout en ce moment que beaucoup de gens qui la plupart du temps se soucient assez peu du magistère de l'Eglise, et n'ont sans doute pas l'intention de changer sur ce point, attendent la sortie de l'Encyclique pour se jeter dessus ... comme une meute de chiens affamés sur un os. Un peu comme cela se fait avec le dernier opus d'Harry Potter.
S'ajoute à cette impatience le désagréable épisode des fuites (Vilains commérages autour de l'Encyclique), avec des anticipations, qui, selon les bonnes vieilles méthodes de la désinformation, faisaient courir de faux bruits, sur des contenus erronés - voir ci-dessous.
Aujourd'hui est donc le grand jour. L'Encyclique doit être présentée officiellement, lors d'une conférence de presse.
L'extrordinaire est qu'elle sorte à la veille du sommet du G8, circonstance on peut le dire providentielle, puisque les gens à qui elle s'adresse en priorité seront réunis tout près de Rome, en principe pour réfléchir sur les mêmes sujets. Et vont par la même occasion lui fournir une caisse de résonnace inédite (voir la lettre du Pape à Silvio Berlusconi)
N'ayant aucune compétence en économie (ce qui me rassure, c'est que je ne dois pas être la seule), je me contenterai dans un premier temps de reproduire la présentation officielle.
Pour le moment, je traduis ce dernier article de Rodari "avant". Il est intéressant, pas parce qu'il est sensationnel (il n'y a aucune révélation, qui n'aurait d'ailleurs plus d'intérêt à 6 heures du dénouement), mais parce qu'il nous apprend avec quelle scrupulosité, quelle méticulosité le Pape accomplit son ministère.
Corriger les "épreuves" de l'encyclique, cela a dû être pour lui comme de relire et corriger les thèses de ses étudiants.
-------------------------------
Texte original ici: http://www.paolorodari.com/...
Traduction.

Deux ans de travail pour l'Encyclique. Deux ans de textes rejetés par Ratzinger
7 juillet 2009
--------------------
Ce n'est qu'aujourd'hui à la mi-journée que l'énigme sera levée. Ce matin seulement, on saura qui a le plus aidé Benoît XVI dans la rédaction de son encyclique dédiée aux thèmes sociaux, Caritas in veritate (la signature est du 29 juin), celle des trois lettres encycliques de Papa Ratzinger qui aura été la plus difficile pour la conception et la gestation.
Caritas in veritate
: plus de cent pages de modernisation (remise à jour) de Populorum Progressio de Paul VI et, surtout, de Centesimus Annus de Jean Paul II.
Aucune condamnation, donc, du capitalisme, comme au contraire cela avait été supposé ces jours-ci dans quelques-unes des innombrables anticipations des contenus du texte papal. Mais plutôt, la demande explicite que le développement économique des pays soit réalisé selon trois lignes directrices inséparables entre elles : responsabilité, solidarité et subsidiarité.
Les versions du document ont été multiples : le Pape, en effet, comme ce fut le cas pour sa première encyclique, Deus caritas est, (ndt: en fait, la seconde partie) s'est fait assister par beaucoup de tiers. Pas comme pour Spe Selvi qui fut au contraire écrite intégralement de sa main.
La première ébauche de Caritas in veritate arriva sur le bureau du Pape directement depuis le conseil pontifical Iustitia et Pax présidé par le cardinal Renato Raffaele Martino. Le texte, vu et revu également par le nouvel archevêque de Trieste et jusqu'il a peu de jours numéro deux du même conseil pontifical, monsignor Giampaolo Crepaldi, n'a pas satisfait pleinement le Pontife qui a réexpédié le tout au ministère et, en même temps, au secrétariat d'État.
De là, du secrétariat d'État, le brouillon « Iustitia et Pax » est arrivé sur deux autres tables gênantes. L'encyclique traitant les thèmes sociaux à la lumière de la « charité » d'une partie et de la « vérité » de l'autre, ont été impliqués le conseil pontifical Cor Unum (en charge des questions concernant la charité chrétienne et de la coopération, ndt), présidé par l'allemand Paul Josef Cordes, et la congrégation pour la Doctrine de la Foi dirigée par le cardinal américain William Joseph Levada.
Cordes, comme c'est dans sa nature lorsqu'il est appelé à aborder des questions de sa compétence, a mis les pieds dans le plat. Autrement dit, il a chamboulé le texte. Plus modérées et moins tranchantes, par contre, les observations de la Doctrine de la Foi, sinon numériquement insignifiantes.
Benoît XVI, qui déjà depuis les congés estivaux de 2007 à Lorenzago di Cadore avait décidé de se consacrer à une encyclique sociale, a étudié soigneusement l'ébauche « Iustitia et Pax » à la lumière des bouleversements de Cordes et des observations de l'ex Saint-Office. Et son jugement à son égard n'a pas vraiment été positif. Les textes parvenus sur la table du Pape affrontaient trop peu, et de manière trop approximative, les scenarios ouverts tout à coup par l'explosion de la crise économico-financière dans le monde et les difficultés de plus en plus réelles (et de moins en moins résolues) des pays du Tiers Monde. Et ainsi le Pape demanda au secrétariat d'État d'impliquer dans la chose d'autres gens, experts et spécialistes.
D'abord entra en scène un salésien : Mario Toso, recteur magnifique de l'Ups (Università Pontificia Salesiana), expert de Doctrine Sociale de l'Église, dont l'implication n'a pas seulement servi à la rédaction définitive du texte papal, mais aussi à mettre sa personne en vue. Et la chose a réussi : à la mi- Juillet, Toso prendra la place laissée vacante par Crepaldi à Iustitia et Pax. Outre Toso, d'autres spécialistes et des experts ont été impliqués dans le travail de l'encyclique : parmi ceux-ci le banquier Ettore Gotti Tedeschi. Et aussi Stefano Zamagni, professeur à l'Université de Bologne, et voix écoutée au-delà du Tibre.
Vue la difficile et longue gestation, la présentation d'aujourd'hui de l'encyclique est vue non sans un certain soulagement au Vatican. Mais aussi avec un peu d'amertume, en raison d'une note singulière. Le fait que l'encyclique dédiée aux thèmes sociaux, à la nécessité de revoir les styles de vie dans une optique de responsabilité envers soi et les autres, sort dans un moment très difficile quant à la gestion des finances du Saint Siège. La semaine dernière la commission cardinalice qui préside l'I.O.R (ndt: Istituto per le Opere Religiose, cad la banque centrale du vatican; à ce sujet, lire l'aricle de Sandro Magister) a essayé de faire la clarté sur le lourd passif (le déficit est de presque un million d'euros) qui pèse sur les comptes du Vatican mais aucun assouplissemnt significatif de la curie romaine (solution que beaucoup considèrent comme raisonnable) n'a été mis en chantier. Quoi qu'il en soit, les responsables étaient deux : d'une part le cardinal américain Edmund Casimir Szoka qui, lorsqu'il était président du Governorat, investit beaucoup en produits Goldman Sachs. De l'autre les comptes (effrayants) de Radio Vatican, un trou difficile à combler.

Henri Tincq et les intégristes Un peu d'histoire: les encycliques sociales