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La voix du Pape


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En l'absence de Dieu, il manque une boussole

Homélie (a braccio) lors des vêpres à Aoste, le vendredi 24 juillet: traduction d'après les retranscriptions de Zenit en italien et Radio Vatican (25/7/2009)
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Excellence,
chers frères et soeurs,

Je voudrais avant tout dire « Merci » à vous, Excellence, pour les bonnes paroles avec lesquelles vous m'avez introduit dans la grande histoire de cette église Cathédrale et m'avez ainsi fait sentir que nous prions ici, non seulement en cet instant, mais que je peux prier avec les siècles dans cette belle église. Et merci à tous qui êtes venus pour prier avec moi et pour rendre visible ainsi ce réseau de prière qui nous relie tous et toujours.

Dans cette brève homélie, je voudrais dire quelque mot sur l'oraison avec laquelle se concluent ces Vêpres, parce qu'il me semble que dans cette oraison, le passage de la Lettre aux Romains, qui vient d'être lu, est interprété et s'est transformé en prière. L'oraison se compose de deux parties : une adresse - un en-tête, pour ainsi dire - et ensuite la prière composée de deux demandes.

Commençons avec l'adresse qui a elle aussi deux parties.

Ici se trouve un peu concrétisé le « tu » auquel nous parlons, pour pouvoir frapper (bussare) avec plus de force au coeur de Dieu. Dans le texte italien, nous lisons simplement : « Père miséricordieux ». Le texte original latin est un peu plus ample ; il dit « Dieu tout-puissant, miséricordieux ».

Dieu. Dans ma récente Encyclique, j'ai tenté de montrer la primauté de Dieu que ce soit dans la vie personnelle, ou dans la vie de l'histoire, de la société, du monde.
Certainement la relation avec Dieu est une chose profondément personnelle, et la personne est un être en relation et si la relation fondamentale - la relation avec Dieu - n'est pas vivante, n'est pas vécue, de même toutes les autres relations ne peuvent pas trouver leur forme juste.

Mais ceci vaut aussi pour la société, pour l'humanité en tant que telle. Là aussi, si Dieu manque, si on fait abstraction de Dieu, si Dieu est absent, il manque la boussole pour montrer l'ensemble de toutes les relations pour trouver la route, l'orientation vers où aller.


Dieu : nous devons nouveau de porter dans notre monde la réalité de Dieu, la faire connaître et la rendre présente.

Mais Dieu, comment le connaître ?
Dans les visites « ad limina » je parle toujours avec les évêques, surtout africains, mais aussi ceux d'Asie, d'Amérique Latine, là où il y a encore les religions traditionnelles, de ces religions. Il y a beaucoup de détails très différents, naturellement, mais il y a aussi des éléments communs. Tous savent qu'il y a Dieu, un seul Dieu, que Dieu est un mot au singulier, qui les dieux ne sont pas Dieu, qu'il y a Dieu, le Dieu. Mais en même temps ce Dieu semble absent, très loin, il ne semble pas entrer dans notre vie quotidienne, il se cache, nous ne connaissons pas sa face. Et ainsi la religion, en grande partie, s'occupe des choses, des pouvoirs plus proches, les esprits, les ancêtres, etc., puisque Dieu même est trop lointain et ainsi on peut s'arranger avec ces pouvoirs proches. Et l'acte d'évangélisation consiste justement dans le fait que le Dieu lointain s'approche, que Dieu n'est plus lointain; que cet « inconnu-connu », maintenant, se fait connaître réellement, montre sa face, se révèle, le voile sur la face disparaît, et il montre réellement sa face.

Et donc, puisque Dieu lui-même nous est proche, nous le connaissons, il nous montre sa face, il entre dans notre monde. Il n'y a plus besoin de s'arranger avec ces autres pouvoirs, parce qu'Il est le pouvoir vrai, Il est le Tout-puissant.
Je ne sais pas pourquoi ils ont omis dans le texte italien le mot « tout-puissant », mais il est vrai que nous nous sentons un peu menacés par l'omnipotence, elle semble limiter notre liberté, elle semble un poids trop fort, mais nous devons apprendre que l'omnipotence de Dieu n'est pas un pouvoir arbitraire, parce que Dieu est le Bien, Il est la Vérité, et donc Dieu peut tout, mais Il ne peut pas agir contre le bien, ne peut pas agir contre la vérité, Il ne peut pas agir contre l'amour et contre la liberté, parce que Lui-même est le Bien, Il est l'Amour, et la vraie liberté. Et donc rien de ce qu'Il fait ne peut s'opposer à l'amour et à liberté et à la vérité.
Le contraire est vrai. Lui, Dieu, est le gardien de notre liberté, de l'amour de la vérité. Cet oeil qui nous voit n'est pas un oeil mauvais qui nous surveille, mais il est la présence d'un amour qui ne nous abandonne jamais et nous offre la certitude qu'il est bien d'être, qu'il est bien de vivre, c'est l'oeil de l'amour qui nous donne de l'air pour vivre.
Dieu tout-puissant et miséricordieux.

Une oraison romaine, reliée avec le texte du livre de la Sagesse, dit : « O Dieu, manifeste ton omnipotence dans le pardon et dans la miséricorde ».
Le sommet de la puissance de Dieu est la miséricorde, c'est le pardon. Dans notre concept mondial d'aujourd'hui, le pouvoir nous fait penser à quelqu'un qui a de grandes propriétés, qui a quelque chose à dire en économie, qui dispose de capitaux, pour influer le monde du marché. Nous pensons à quelqu'un qui dispose du pouvoir militaire, qui peut menacer. La question de Staline : « Combien de divisions a le Pape ? » caractérise encore l'idée commune du pouvoir. Le pouvoir, c'est à celui qui peut être dangereux, qui peut menacer, qui peut détruire, qui a en main beaucoup de choses de ce monde.

Mais la Révélation dit : « Il n'en est pas ainsi » ; le vrai pouvoir est le pouvoir de la grâce, et de la miséricorde. Dans la miséricorde, Dieu montre le vrai pouvoir. Et ainsi la seconde partie de cette adresse dit : « Tu as racheté le monde, avec la passion, avec la souffrance de ton Fils ». Dieu a souffert et dans son Fils il souffre avec nous. Et ceci est l'ultime sommet de son pouvoir qui est capable de souffrir avec nous. Ainsi il montre le vrai pouvoir divin, il voulait souffrir avec nous, et pour nous et dans nos souffrances nous ne sommes jamais laissés seuls. Dieu, dans son Fils, a souffert d'abord et Il est près de nous dans nos souffrances.

Toutefois, il reste la question difficile que je ne peux maintenant pas interpréter longuement ici : pourquoi était-il nécessaire de souffrir pour sauver le monde ?
C'était nécessaire, parce que dans le monde il existe un océan de mal, d'injustice, de haine, de violence, et les innombrables victimes de la haine et de l'injustice ont le droit que justice soit faite. Dieu ne peut pas ignorer ce cri des souffrants qui sont opprimés par l'injustice. Pardonner n'est pas ignorer, mais transformer, autrement dit Dieu doit entrer dans ce monde et opposer à l'océan de l'injustice un océan plus grand de bien et d'amour.

C'est cela l'événement de la Croix, que depuis cet instant, contre l'océan du mal il existe un fleuve infini et donc toujours plus grand que toutes les injustices du monde, un fleuve de bonté, de vérité, d'amour.
Ainsi Dieu pardonne, transformant le monde et entrant dans notre monde afin qu'il y ait réellement une force, un fleuve de bien plus grand que tout le mal qui peut jamais exister.
Et ainsi l'adresse à Dieu devient une adresse à nous : ce Dieu nous invite à nous mettre de son côté, à sortir de l'océan du mal, de la haine, de la violence, de l'égoïsme et à nous identifier, à entrer dans le fleuve de son amour.

Et c'est vraiment là le contenu de la première partie de la prière qui suit : « Fais que ton Église s'offre à toi comme sacrifice vivant et saint ».

Cette demande, adressée à Dieu, s'adresse aussi à nous. Elle fait allusion à deux textes de la Lettre aux Romains ; dans le ch.8, Paul dit : « Nous devons nous-mêmes devenir un sacrifice vivant ». Nous-mêmes, avec tout notre être, nous devons être adoration, sacrifice, rendre notre monde à Dieu et ainsi transformer le monde. Et au ch. 11, où Paul décrit l'apostolat comme sacerdoce, la fonction du sacerdoce est de consacrer le monde afin qu'il devienne une hostie vivante, afin que le monde devienne liturgie. Que la liturgie ne soit pas une chose à côté de la réalité du monde, mais que le monde lui-même devienne une hostie vivante, devienne liturgie.
C'est la grande vision qu'a eu par la suite Teilhard de Chardin lui-même, qu'à la fin nous aurons une vraie liturgie cosmique, le cosmos devenant hostie vivante.
Prions le Seigneur afin qu'il nous aide à être des prêtres dans ce sens, à contribuer à la transformation du monde en adoration de Dieu, en commençant par nous mêmes. Que notre vie parle de Dieu, qui notre vie soit réellement liturgie, annonce de Dieu, porte à travers laquelle le Dieu lointain devient le Dieu voisin, et réellement don de nous-mêmes à Dieu.

Et puis la seconde demande. « Fais que ton peuple expérimente toujours la plénitude de ton amour ». Dans le texte latin, il était dit « Rassasie-nous avec ton amour », faisant ainsi allusion au psaume que nous avons chanté, où on dit : « Ouvre ta main et rassasie la faim de chaque vivant.
« Ouvre ta main et rassasie la faim de chaque vivant ». Combien de faim existe sur la terre, faim de pain dans tant de parties du monde - Son Excellence a parlé aussi des souffrances des familles ici - faim de justice, faim d'amour. Et avec cette prière, prions Dieu : « Ouvre ta main et rassasie réellement la faim de chaque vivant. Rassasie notre faim de vérité, de ton amour ». Ainsi soit-il.

Amen.

LE commentaire de l'encyclique Le sport...