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Réactions à l'Encyclique (2)

Deuxième volet de la table ronde, de CWR, traduite par Marianne (15/7/2009)


Voir la 1ère partie ici: Réactions à l'Encyclique
Marianne précise:
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"Francis Beckwith que vous avez pu lire dans la 1ère livraison est un ci-devant évangélique (qui occupait un poste important dans cette mouvance protestante) converti assez récemment au catholicisme.
Beau geste : LA revue, LA gazette des évangéliques américains Orthodoxy Today a consacré un article à l'encyclique, article qu'elle a demandé à Francis Beckwith. Voilà qui est élégant."


Thomas Hibbs (professeur distingué d’étique et de culture, Dean of the Honors College à l’Université Baylor) :

« La démocratie n’a, de bonne foi, aucun reproche essentiel à faire à l’Église. Désormais, elle peut entendre la question que pose l’Église et qu’elle est seule à poser : Quid sit homo ? – qu’est-ce que l’homme ? Pierre Manent, philosophe politique français, formule en des termes dramatiques la situation de l’Église dans l’ère démocratique. Dans le vain débat qui se déroule pour savoir si la dernière encyclique papale penche à gauche ou à droite, les lecteurs risquent vraiment de passer à côté la déclaration philosophique centrale de ce document : « la question sociale est devenue une question anthropologique radicale » (en italiques dans le texte original). Ce texte soumet tous les systèmes économiques à la question du bien commun, compris comme le développement intégral de l’être humain ; il s’oppose ainsi au réductionnisme, que ce soit en théorie ou en pratique, sous des formes libérales ou conservatrices.

On discute déjà beaucoup sur l’ampleur étourdissante de ce document, la façon dont il semble vouloir parler de tout et d’embrasser presque tout, même les choses qui, de prime abord, semblent incompatibles. Le pape affirme à la fois la mondialisation et la subsidiarité, mais ce texte, surtout parce qu’il n’en dit pas assez sur la nature du bien commun, nous laisse deviner un peu les principes nécessaires pour constituer cette relation. Une réflexion plus poussée sur ces sujets devrait commencer non seulement par la question « Qu’est-ce que l’homme ? », mais aussi par d’autres interrogations telles que : « Que signifie pour des personnes humaines de partager quelque chose en commun ? » et « Quelles sont les formes particulières de vie sociale dans lesquelles les gens partagent à présent quelque chose en commun et peuvent apprendre à mieux le faire ? »

Le seul fait de soulever ces questions montre à quel point nous sommes loin du discours politique contemporain qui tend à reléguer dans le domaine privé non seulement la religion, mais les interrogations sur le bien individuel et collectif. Pourquoi les médias, les chefs politiques aussi bien que les citoyens ordinaires sont-ils en général indifférents à ces interrogations ? Voilà une question pressante pour un document tel que Caritas in Veritatis. Les catholiques qui flattent servilement Obama rétorqueront aussitôt qu’il a adopté la pensée sociale catholique, dans la version du Cardinal Bernardin : « la tunique sans coutures ». À part le fait qu’il ne connaît ni l’insistance que mettait Bernardin à souligner la priorité non négociable du caractère sacré de toute vie humaine, ni la déclaration de Benoît selon laquelle « l’accueil de la vie est au centre du développement vrai », Obama semble avoir besoin d’une explication sur la définition donnée par le dictionnaire sur le terme « seamless » (sans coutures/formant un tout)*.

Pour Pierre Manent, la démocratie – qui se définit de plus en plus par la recherche de la liberté sans aucune contrainte extérieure de l’autorité ou de la loi – « ne veut ni ne peut répondre » aux questions ci-dessus. Le pape n’est pas aussi pessimiste, mais son propre document nous donne des raisons de penser qu’on faussera ses enseignements lorsqu’on ne les écartera pas avec mépris. Ainsi que certains médias l’ont noté, Benoît fait de nombreuses références à la crise économique actuelle, mais il évoque aussi d’autres crises, parmi lesquelles les crises qui naissent de l’esprit prométhéen de la maîtrise technique, la volonté de refabriquer la vie humaine et l’environnement pour répondre à nos désirs sans contraintes. Benoît remarque avec finesse les nombreux signes montrant l’exaspération de ce projet de maîtrise. Notre tâche à nous, lecteurs sympathisants, est de communiquer l’enseignement de Caritas in Veritatis pour que les autres puissent exprimer les espoirs et les peurs de notre temps, un temps où le sens même de l’humanité est fortement mis en cause.

* ndlt : allusion à Jean 19 : 23-24, la tunique sans couture du Christ que se partagent les soldats. « Ils prirent aussi sa tunique, qui était sans couture, d’un seul tissu depuis le haut jusqu’en bas… »

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Paul Kengor (professeur de science politique à Grove City College, Pennsylvania) :

La vérité vous rendra libre, et la Vérité est Jésus Christ. Dans cette encyclique, le Saint-Père nous rappelle qu’il nous faut joindre la charité et l’amour, il nous y exhorte même. Cela donne un sens non seulement à la charité humaine mais aussi au développement humain. Comme dit le Saint-Père dans son introduction, lier la charité avec la vérité et Dieu, et non la charité avec l’émotion, la politique, les pulsions purement égoïstes, devrait être « le principe moteur du développement authentique de la personne et de l’humanité ». Ou alors, comme le Saint-Père l’affirme en conclusion : « Un humanisme qui exclut Dieu est un humanisme inhumain ».

Le moment choisi pour faire paraître cette encyclique est décisif : l’économie mondiale est malade et, par suite, les dons en pâtissent. Bien sûr, la souffrance n’a pas empêché Jésus Christ d’offrir la suprême expression de la charité, aussi bien humaine que divine. Nous qui nous disons les disciples du Christ, il nous faut l’imiter, dans les temps difficiles comme dans les temps favorables.

Déjà certains interprètent mal l’encyclique, y pesant la part de l’État et la part du marché. J’y vois, quant à moi, ce que j’ai toujours vu dans les encycliques : un équilibre sain. Dans la section 38, le pape Benoît met en garde contre la recherche du profit tenu pour une fin en soi. Il n’y a guère là matière à controverse. En tant que chrétiens, nous devons avoir la charité comme nous devons avoir la foi ; nous devons aussi veiller à nourrir un objectif de charité dans notre vie et partager nos bénédictions économiques d’une façon qui serve la dignité humaine et l’humaine famille – thème récurrent de Caritas in Veritatis. C’est particulièrement impératif dans une société moderne qui jouit d’une incroyable prospérité.

La charité doit toujours être reliée au Christ. Comme dit le Saint-Père elle « a besoin de chrétiens ». Le message de cette encyclique ne pouvait tomber plus à propos.

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George Neumayr ( rédacteur du Catholic World Report) :

Malheur à ceux qui appellent le bien mal et le mal bien, disent les Écritures. La vie politique moderne tourne autour de ce genre de mensonge. Tous les jours, nous sommes témoins la corruption habituelle de la langue dans la vie publique : un brouillard de mots très nobles – entre autres l’espoir, le progrès, le développement, le bien commun, les droits, la solidarité – grossièrement disjoints des réalités définies par Dieu auxquelles elles sont censées se rapporter.

Dans Caritas in Veritatis, le pape Benoît XVI dit de fait : Malheur à ceux qui appellent la dégradation développement, l’égoïsme charité, la régression progrès, et les mauvaises actions des droits. Sa lettre encyclique discrédite sans répit le libéralisme moderne dans ses déclarations les plus complaisantes et son abus constant des mots.

Il demande, par exemple, comment les nations développées du monde peuvent-elles prétendre être charitables quand elles n’aspirent même pas à une justice fondamentale ? Traiter équitablement les êtres humains – ne pas les avorter, ne pas les tuer parce qu’ils sont âgés ou infirmes, ne pas les corrompre dans leur jeunesse, ne pas les exploiter au bénéfice de la science, etc. – c’est le minimum de charité, écrit-il en se servant de la phrase de Paul VI. Avec sa sentimentalité pleine d’illusions, l’homme moderne s’imagine d’une manière ou d’une autre pouvoir sauter par dessus la justice pour tomber dans la charité. Ce n’est pas ainsi que cela se passe. Est-ce que les libéraux qui défendent la justice sociale dans l’Église et soutiennent l’avortement entendent ?

Comment le monde moderne, se demande encore le pape Benoît, peut-il clamer le respect de la nature alors qu’il ne respecte même pas la nature humaine ? Comment peut-il exiger discipline et sacrifice afin de préserver la pureté de la nature pour l’avenir alors que, pour le présent, il encourage les impuretés dans la nature humaine ? L’hédonisme de la vie moderne, note Benoît, s’oppose à son souci de l’environnement : les hommes qui se dégradent eux-mêmes dégraderont aussi la nature, peu importe le nombre de lois que l’on passera pour la préserver.

C’est l’ère de la rhétorique creuse, un élite mondiale parle de donner du pouvoir aux pauvres et, dans le même temps, elle les appauvrit ; elle veut régler le problème de la population et, dans le même temps, crée un problème bien réel cette fois : la dépopulation ; elle soutient l’humanitarisme alors qu’en même temps, elle tue des êtres humains. Caritas in Veritatis renverse leurs hypothèses usées et destructrices, attire l’attention de monde sur le principe organisateur de toute charité et de tout développement véritables : le bien de l’homme ne peut être assuré que si l’on consulte Dieu qui a conçu l’être humain et si on lui obéit.

Une lettre de Jeannine Réactions à l'Encyclique