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Audience prochaine du Pape aux artistes (3)

Mgr Ravasi, président du Conseil Pontifical pour la culture: il faut donner aux séminaristes une formation artistique. Le Père Scalese n'est pas d'accord. Selon lui, il ne s'agit pas d'un problème de formation, mais d'un choix politique.(19/9/2009)
Voir ici:
Audience prochaine du Pape aux artistes
Audience du Pape aux artistes (2)

Le Père Scalese réagit aux propos prononcés par Mgr Ravasi lors de la conférence de presse de présentation de la rencontre du Saint-Père avec le monde des arts le 21 novembre prochain: selon le prélat, la laideur objective des églises actuellement construites aurait une cause non moins objective: l'absence de formation esthétique chez les futurs prêtres....
Comme souvent, quand quelque chose ne va pas, la hiérarchie rejette la faute sur la base (je suis professeur, je connais un peu), pour la culpabiliser et se dédouaner à bon compte. Alors qu'en fait - comme pour les errements du système éducatif, avec les échecs que l'on sait, en France, et dans le monde occidental en général - il s'agit d'erreurs dans les choix politiques.
Il semblerait donc que, dans le divorce reconnu entre l'Eglise et le monde artistique, dont il a été question ici, le mea culpa de l'Eglise prononcé par la voix d'un responsable de la Curie (si tant est que ses propos n'aient pas été déformés) rate sa cible.

L'article du Père Scalese

Jeudi 17 Septembre 2009
Eglises laides: problème d'éducation ou «politique»?
http://querculanus.blogspot.com/...

Hier, j'ai lu l'article du Giornale, rapportant le point de vue exprimé par Mgr Ravasi sur les églises modernes: "Un certain mauvais goût dans les églises aujourd'hui est un fait. C'est pourquoi nous avons besoin d'une formation à l'esthétique depuis les séminaires et les paroisses".

Cette intervention a été accueillie favorablement comme un signe d'une inversion de tendance de l'Eglise dans le domaine des arts. Pour ma part, je voudrais faire quelques réflexions.

Je ne veux pas parler du passé; ce serait totalement inutile: le passé est passé.
Concentrons-nous plutôt sur le présent et l'avenir. Eh bien, il me paraît trop commode - et en outre vélléitaire - de penser résoudre le problème en faisant appel à la formation. Aujourd'hui, il semble que tous les problèmes peuvent et doivent recevoir une réponse en termes d'éducation. Au nom du ciel, je suis le premier à reconnaître le rôle fondamental et irremplaçable de l'éducation, mais il est vrai qu'on ne devrait jamais identifier les causes seulement par un manque de formation. Parce que, le cas échéant, tout problème serait exclusivement un problème de la «base». Cela me paraît, honnêtement, un alibi commode, par lequel les «dirigeants» essaient de cacher leurs responsabilités. Les problèmes ont, dans la plupart des cas, des causes «politique», et attendent pour être résolus, des solutions «politiques».

Pour ma part, je n'ai rien en principe contre une «formation à l'esthétique» dans les séminaires (au besoin, je me demande qelle forme cela assumerait dans une paroisse ...). Mais puisque je suis directement impliqué dans le travail de formation, mon impression est que, parfois, on attend trop de nous, les formateurs: nous devrions être en mesure non seulement de donner une formation théologico-spirituelle aux candidats à la prêtrise, mais avant cela, nous devrions assurer aux séminaristes une formation humaine et culturelle, et ensuite, nous devrions compléter leur formation avec un enseignement pastoral et des cours supplémentaires dans différents domaines (allant de l'économie à la politique, des sciences humaines à la technologie, et ainsi de suite: aujourd'hui, il faudrait y ajouter l'art). Franchement, cela ne vous semble t'il pas un peu trop?
Nous transpirons déjà sang et eau (ndt: je découvre l'expression italienne hilarante Abbiamo già da sudare sette camicie), parce que les candidats viennent au séminaire sans aucune formation de base: ce n'est plus comme autrefois où on entrait enfant au séminaire et où tout le monde suivait dans le séminaire-même les études classiques; aujourd'hui ils viennent avec des études plutôt bâclées, et il faut recommencer à zéro, en commençant par les compétences linguistiques de base, qui font souvent défaut (sans compter le latin et les langues bibliques et modernes ...).
Imaginez que désormais, nous devons leur donner une formation à l'esthétique. Mais sommes-nous conscients qu'aujourd'hui, la plupart des candidats proviennent du tiers monde, où on n'a aucune idée de ce qu'est l'art?
Quoi qu'il en soit, on peut accepter le défi, car une touche de beauté fait aussi partie d'une éducation globale.

A mon avis, cependant, le problème, ici, n'est pas dans la formation des futurs prêtres. Tout implement parce que ce n'est pas le pauvre curé qui décide de la construction d'une église. C'est vrai, très souvent, la paroisse est créée avant la construction de l'église, c'est pourquoi le curé a une responsabilité dans la demande et l'inspiration du projet immobilier. Mais ensuite ces projets doivent être approuvés par les membres du conseil paroissial ou par les responsables de l'architecture religieuse dans chaque diocèse. Donc le problème n'est pas tant d'avoir des pasteurs avec un sens esthétique (évidemment, s'ils en ont, c'est mieux), le problème est, en fait, un problème «politique»: ce sont les instances diocésaines compétentes qui devraient fonctionner. Si on a soumis le projet d'une "église-boîte" (chiesa scatola), il doit tout simplement être rejeté. On y tient vraiment? Alors la vraie question est, en effet un problème de formation, mais pas tant la formation du clergé, que la formation des techniciens, ceux qui prennent les décisions.

Ces organismes devraient avoir des règles très précises qui s'appliquent à tous, et pas laissées aux goûts personnels de tel ou tel expert. Par exemple, la première règle, suggérée par le sens commun doit être que quand vous avez à construire une église, vous devriez contacter un architecte catholique-chrétien-pratiquant, expert en liturgie, et pas un architecte quelconque, fût-il de renom . Mais dites-moi quel sens cela a de confier le projet d'une église à un juif, ou même à un athée? Et on s'étonne après cela que les églises modernes soient froides, sans âme ... Mais que voulez-vous qu'il y comprenne, à une église, un architecte non-croyant? Pour lui, il s'agira seulement d'une question de lumière et de volume.
Une fois encore, donc, se pose effectivement un problème de formation, mais de formation d'artistes chrétiens. Le principe de "l'art pour l'art" n'a pas sa place dans l'Église; ou bien l'art sacré est une expression de la foi (non pas une foi abstraite, mais une foi vécue) ou il n'est pas.

L'article du Giornale


"Celles d'aujourd'hui ressemblent à des garages"
http://www.ilgiornale.it/...
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"Aujourd'hui, un certain mauvais goût dans les églises est un fait. C'est pourquoi nous avons besoin d'une formation en esthétique à partir des séminaires et des paroisses. "
C'est ce qu'a dit Mgr Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical pour la Culture et de la Commission Pontificale pour le patrimoine culturel, présentant aux journalistes la rencontre du 21 Novembre du pape avec les artistes.
Rappelant une phrase du père David Maria Turoldo - le religieux et poète décédé en 1992 - "Aujourd'hui, les églises sont comme un garage où Dieu est stationné et les fidèles sont alignés devant lui", Ravasi a invité à faire du "langage du discours religieux un langage esthétique."
Idée partagée par Antonio Paolucci, directeur des Musées du Vatican, pour qui «les églises du Moyen Age étaient une préfiguration du Paradis, riches de couleurs, et sont désormais grises et stériles. Il est urgent de redécouvrir les choses positives qui peuvent construire l'esthétique de demain. "

D'ailleurs, Mgr Ravasi est un prêtre et un intellectuel qui a toujours été intéressé par le monde de l'art et la relation entre l'esthétique et l'éthique. Surtout depuis qu'il a été nommé président du Conseil pontifical pour la Culture et de la Commission pontificale pour les Biens Culturels, il y a deux ans, il a toujours essayé d'encourager la réflexion sur l'art sacré, invitant aussi à la confrontation avec le monde séculier. "Parce que le dialogue avec l'architecture existe, les églises modernes sont effectivement construites par des architectes de grands groupes internationaux tels que Renzo Piano, Mario Botta, Kenzo Tange, Tadao Ando, Alvaro Siza, et d'autres. Pourtant, à l'intérieur, ou bien ces églises sont nues parce qu'elles ont seulement une architecture de lumière, ou bien elles ont des images de mauvais goût, ou bien on y ressent seulement la présence de l'artisan, et non pas, comme cela est arrivé dans le passé, les grandes œuvres d'art » .
"Pensons aux grandes églises du XVIe siècle, l'art baroque, qui avaient en elles la merveille de l'architecture, mais aussi la présence d'artistes tels que le Bernin, par exemple, ou le Titien, ou Véronèse - avait-il expliqué au cours d'une longue interviewe l'année dernière -. Pensez aux grandes églises de Venise, qui sont très visitées, quelles présences extraordinaires du point de vue de l'histoire de l'art ».
Ravasi a maintes fois exhorté les grands artistes contemporains - par exemple aux États-Unis Bill Viola, Anish Kapoor en Inde, Jannis Kounellis en Europe - à s'engager dans des projets d'art religieux (ndt: recherchant des images sur Google, je comprends mieux les réticences du Père Scalese... et je confirme les miennes!): «De grands artistes, qu'ils reviennent encore représenter les grandes images religieuses, créant ainsi un intérêt de la part des commanditaires, c'est à dire des autorités ecclésiastiques, afin qu'ils proposent à nouveau les grandes œuvres à l'intérieur des églises ».

Lettre circulaire des évêques... De Suède, manoeuvres contre le Pape