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Benoît XVI et la "théologie de la libération"

A propos de la visite ad limina des évêques du Brésil.
Carlota a traduit un texte d'un prêtre espagnol.
Le constat est sans appel: ladite théologie a vidé les églises, et comme la nature a horreur du vide, d'autres se sont trouvées remplies... Et en France, qu'en est-il? (10/12/2009)

Le bulletin du Vatican (5 décembre)

AD LIMINA D'EVEQUES BRESILIENS
VIS, 5 décembre
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Le Pape a reçu ce matin un groupe de prélats de la Conférence épiscopale brésilienne, au terme de leur visite Ad Limina, et leur a parlé des lieux de transmission de la culture, les écoles et les universités, et des conséquences de la théologie de la libération.
(..)
Le Pape a ainsi rappelé que l'Instruction Libertatis Nuntius de la Congrégation pour la doctrine de la foi, qui en août dernier a fêté ses 25 ans, relative à certains aspects de la théologie de la libération, soulignait "le danger d'un apprentissage sans sens critique par certains théologiens des thèses et méthodologies issues du marxisme".
Benoît XVI a observé que "les séquelles plus ou moins visibles de ce comportement, caractérisées par la rébellion, la division, le désaccord, l'offense et l'anarchie perdurent encore, produisant dans vos communautés diocésaines une grande souffrance et une grave perte des forces vives... Je demande à ceux qui se sont sentis trahis d'une quelconque manière...au plus profond de leur être, par quelques principes trompeurs de la théologie de la libération, de se confronter de nouveau avec l'Instruction mentionnée, en accueillant la douce lumière qu'elle offre, la main tendue.
Je rappelle à tous que la norme suprême de la foi de l'Eglise provient de l'unité que l'Esprit a posé entre la Tradition, l'Ecriture et le magistère de l'Eglise dans une réciprocité telle qu'aucun des trois ne peut subsister de façon indépendante", a ajouté le Saint-Père.
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De Carlota

Comment la théologie de la libération a vidé les églises en Amérique latine

À la suite à la réception le 5 décembre dernier d’évêques brésiliens par le Pape Benoît XVI, où le Saint Père a réitéré son appel vers ceux qui restent attirés par la trompeuse théologie de la libération, je vous adresse un article du Père Alberto Royo Mejía (*), paru sur www.religionenlibertad.com .
En le transposant à la France, et sans aller jusqu’à la théoogie de la libération de l’Amérique latine, on pourrait peut-être et en toute honnêteté ne pas s’étonner que des maux similaires (**) aient entraîné et continuent à entraîner les mêmes conséquences.
Les églises se sont aussi vidées (***).
Mais je laisse la parole au Père Alberto.

Ma traduction :
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Evidemment le sujet n’est pas nouveau, il y a déjà des années que quelqu’un d’aussi intelligent que le Cardinal Ratzinger s’était rendu compte que le problème majeur de la théologie de la libération n’était pas tant les erreurs tautologiques (ndt : qui se réfère à la répétition d’une même pensée exprimée de différentes façons, ou dans un sens négatif à une répétition inutile voire dévoyée) qui mettaient leurs auteurs dans de sérieux embarras avec l’Église, la tradition, leur vocation, le sens commun, sans parler de négliger le salut de leur âme (combien se sont sécularisés ou sont devenus des politiques en raccrochant leur soutane, voire même des guérilleros).
Non, le grand problème était bien plus pastoral : La théologie de la libération s’est transformée en un procédé implacable pour vider les églises.

Et comme en Amérique latine les gens sont très religieux, le fait de vider des églises suppose en remplir d’autres, c’est ce qui s’est passé avec les sectes protestantes, surtout évangéliques ;
C’est ce qu’explique avec beaucoup plus de diplomatie et bien sûr beaucoup mieux que moi le Cardinal Ratzinger dans « Le sel de la terre » quand il affirme :

« Cette théologie n’a pas réussi à gagner la classe sociale qui l’intéressait le plus, c'est-à-dire, les pauvres. Justement les pauvres ont fui cette théologie, parce qu’ils ne sentirent pas attirés par des promesses intellectuelles qui ne leur donnaient rien, tandis qu’au contraire, ils ressentaient un manque de chaleur et de réconfort propres à la religion. C’est pour cela qu’ils se sont tant réfugiés dans les sectes. En toute logique, les sympathisants de la théorie de la libération le nient. Mais il y a une grande part de vrai dans cela. Pour les plus pauvres, précisément, ce panorama d’un monde meilleur, qu’ils leur promettaient, restait trop loin, de sorte qu’ils se sont plus intéressés à une religion bien présente capable de s’introduire dans leur vie. Et dans ce domaine se sont présentées un grand nombre de sectes offrant ces éléments qu’ils ne trouvaient pas dans une communauté religieuse qui s’était politisée ».

Il ne s’agit pas d’exagération d’un prélat conservateur, mais d’une réalité bien triste et que l’on peut constater. Et ce n’est pas parce que l’oecuménisme ne me plaît pas ou que je méprise nos frères séparés, mais ce qui me fait de la peine c’est que ce soit la théologique catholique elle-même qui ait épouvanté les fidèles. Que les « sympathisants » le nient c’est évident, il suffit de lire l’entretien, réalisée il y a un an, du Père Adolfo Nicolás, actuel supérieur général de la Compagnie de Jésus (ndt : Espagnol né en 1936, successeur en 2008 du Hollandais le père Peter-Hans Kolvenbach, a beaucoup exercé son ministère au Japon), dans laquelle il regrettait qu’on n’eut pas donné un vote de confiance à la théologie de la libération, en même temps qu’il demandait qu’on lui donnât plus de temps pour mûrir (Pour qu’elle vide encore plus d’églises, comme déjà elle a vidé les noviciats de la Compagnie de Jésus?).
Et le fait de vider églises, c’est de la pure statistique: Celui qui le souhaite n'a quà étudier le développement des sectes en Amérique Latine, spécialement dans les pays où a le plus pénétré la susdite théologie. Une fois de plus les chiffres parlent d’eux-mêmes.
Au début du XXème siècle les non catholiques en Amérique Latine étaient 50 000. Aux alentours des années 40 le nombre de convertis aux Églises Évangéliques était d’un demi - million. Dans les années 60 ils arrivaient à peine à 10 millions et ils ont doublé dans les dix années suivantes. En 1990 on compte 52 millions de protestants. En l’an deux mille ils arrivent à 60 millions. L’accroissement des sectes protestantes dans les 40 dernières années a été de 400%. En 2020 les évangélistes arriveront à 50% de la population totale de pays comme le Guatemala, le Salvador et l’Honduras.

La raison de cet accroissement inclut de nombreux facteurs, je le dis dès maintenant pour qu’on ne m’accuse pas de propos simplistes, mais la réalité est que l’un de ces facteurs, et des plus importants, a été la diffusion de la théologie de la libération.

Ce n’est pas étonnant: les gens normaux qui allaient dans les églises catholiques, dans de nombreux occasions, se devaient d’ingurgiter des harangues à caractère politique qui, à la rigueur, une fois passait, mais qui, comme tendance générale de sermon, laissaient aux paroissiens, comme on dit, « les pieds froids et la tête chaude ». « Lutte des classes », prolétariat », « révolution », « bourgeoisie », « peuple opprimé » etc., étaient des mots qui ont fini par raser les fidèles, qui voulaient entendre parler de salut, de pardon, de miséricorde, de sainteté, de conversion, d’amour de Dieu. Et ces choses-là, dans les milieux de la théologie de la libération on ne les entendait pas beaucoup. Ou, si on entendait, on l’interprétait d’un façon rocambolesque. Comme preuve, cet échantillon :

« En donnant au salut un fort goût politique, la théologie de la libération a rempli avec efficacité quelques mots de la Bible de nouveaux sens, de sorte que des concepts comme « péché » acquissent une signification seulement en conformité avec des idées de ce monde. « Péché c’est , - pour eux, tout se qui freine ou restreint le processus de libération ou contribue à opprimer toute personne (spécialement la culture capitaliste occidentale, les gouvernements, etc.). Tandis que le « Salut » signifierait alors la construction d’une nouvelle société au moyen de la révolution si nécessaire puisque nous devons prendre les choses en main. Pour que la libération soit authentique et complète elle doit être réalisée par le peuple opprimé en personne. Les pauvres sont le peuple élu de Dieu. C’est eux que Dieu cherche. La lutte des classes est par conséquent un fait incontestable. C’est le point de départ pour la révolution ».

Or, dans les églises - et sectes évangéliques ou pentecôtistes de style “Gringo” (ndt : terme familier pour désigner tout étranger et plus spécialement de langue anglaise donc plutôt les étatsuniens. Ces « églises » au contraire montraient l’Amérique du Nord épanouie et heureuse du capitalisme triomphant) les gens écoutaient tout le contraire (mais pas chez les Protestants progressistes venus d’Europe qu se laissèrent porter par la même théologie, avec les mêmes conséquences néfastes). Comme exemple, je cite un auteur évangélique :

« Si la théologie de la libération était impartiale dans son interprétation des Écritures, et si elle ne s’approchait pas de la Bible avec la pré-supposition que c’est une version anticipée du manifeste communiste, elle découvrirait que la disparité entre le riche et le pauvre n’est la cause des problèmes de l’humanité, mais n’est rien moins que la conséquence du véritable problème. Ce qui doit être visé en premier ce n’est pas la bourgeoisie mais le péché de l’homme, son égoïsme et son avarice. Ce qui est nécessaire ce n’est pas la révolution politique mais la révolution dans le cœur de l’homme, et cela seul le Christ peut l’obtenir (2 Co. 5:17). Le Christ n’est pas venu pour être un modèle révolutionnaire mais pour mourir pour les péchés de l’homme ».

Et évidemment, bien que je sois catholique et fier de l’être, je reprends à mon compte l’opinion de l’auteur évangéliste. À la lumière de ce type d’affirmation et des pires statistiques, il me reste à me réjouir que la Congrégation pour la Doctrine de la Foi ait eu à cette époque à sa tête le Cardinal Ratzinger (aujourd’hui Benoît XVI) et non le Père Adolfo Nicolás et que par conséquent on n’ait pas donné à la dite théologie le vote de confiance que aurait rendu pires encore les choses.

Notes

(*) Prêtre du diocèse de Getafe (Madrid), le Père Alberto (43 ans) écrit notamment sur le site espagnol Historia de la Iglesia qui a comme devise : « l’histoire, enseignante authentique, nous apprend beaucoup sur notre chère église », à rapprocher de « la connaissance du passé permet de mieux comprendre le présent ! ». Et ce n’est pas par hasard si tous les régimes et tenants de la pensée unique, d’hier et d’aujourd’hui n’eurent et n’ont de cesse d’effacer ou corriger l’histoire !

(**) Ne peut-on pas exprimé des craintes du même genre par rapport à une « nouvelle théorie de la libération post-moderniste » quand on voit certaines prises de positions de prêtres et évêques sur le mariage des prêtres, l’ordination des femmes, la communion des divorcés, des cérémonies et des expositions étonnantes dans les églises, les minarets, « Jésus était un émigré », etc.) ?

(***) Pour en revenir à la France, je pense aux gens du voyage qui, il y a un demi-siècle, étaient tous profondément catholiques (Je me rappelle l’importance du pèlerinage aux Saintes Maries de la Mer auquel j’ai eu l’occasion de participer toute enfant) mais dont un grand nombre ont été convertis par les églises néo-protestantes. Mais si nous avons certaines églises qui sont vides d’autres au contraire sont trop petites et même sans parler des lefebvristes, on constate un renouveau des églises traditionnelles et des communautés religieuses profondément attachées au Pape (motu proprio) qui sont en train de ré-évangéliser petit à petit notre pays (Exemple : la communauté des chanoines de la Grasse dans l’Aude , une communauté des moines bénédictins qui refusée (la providence a dit le père abbé !) par un évêché de l’est de la France, est en train de construire un nouveau monastère près d’Agen , etc.).

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