BHL au "secours" de Benoît XVI
Il a publié une tribune dans Il Corriere della Sera, reproduite dans L'Osservatore Romano. (22/1/2010)
A la première lecture, il faut se frotter les yeux pour s'assurer qu'on ne rêve pas.
Le philosophe mondain s'est offert une tribune inespérée dans la presse transalpine (via un article publié dans Il Corriere della Sera, le 20 janvier, et reproduit dans l'Osservatore Romano!), suscitant l'enthousiasme des amis du Saint-Père (ma chère amie Raffaella, avec qui je suis toujours d'accord titre même "monumental commentaire de Bernard-Henry Lévy")
On me permettra d'être plus nuancée.
Le texte est disponible en français sur le site du "Point", dont BHL est un collaborateur régulier.
Certes, il apporte de justes mises au point sur la "chasse aux Papes" menée par les mass media (je me permets d'observer qu'on pourrait renverser ses propos: (il) a dit une évidence mais il l'a dite
Voici un passage qui mérite d'être lu avec attention:
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Benoît XVI, quand il a rendu hommage aux « visages » de ces « hommes, femmes et enfants » raflés dans le cadre du projet d'« extermination du peuple de l'Alliance de Moïse », a dit une évidence mais il l'a dite.
De Benoît XVI reprenant, mot pour mot, les termes de la prière de Jean-Paul II, il y a dix ans, au Mur des lamentations, de Benoît XVI demandant donc « pardon » au peuple juif pogromisé par la fureur d'un antisémitisme longtemps d'essence catholique et formulant les choses, je le répète, en lisant le propre texte de Jean-Paul II, il faut arrêter de répéter, comme des ânes, qu'il est en-retrait-sur-son-prédécesseur.
[ En fait, le Pape a dit très exactement: (..) l'Eglise n'a pas manqué de déplorer les fautes de ses fils et de ses filles, en demandant pardon pour tout ce qui a pu favoriser d'une manière ou d'une autre les plaies de l'antisémitisme et de l'antijudaïsme.]
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Quant à la défense de Pie XII, elle semble motivée par une antipathie tenace envers l'effectivement étrange auteur de la pièce "Le Vicaire", le sulfureux Rolf Hochhuth, qui, tout en instrumentalisant la Shoah contre l'Eglise catholique, fréquente les milieux révisionistes.
Bref, je trouve que cette défense n'est pas si généreuse que ça, et surtout, elle vient bien tard.
Je n'oublie pas que, lors de la polémique qui avait suivi le discours de Ratisbonne, BHL s'était joint au choeur des loups, sur Europe 1: http://beatriceweb.eu/... (malheureusement, le lien audio est rompu) tout en ménageant le Pape qu'il essayait, comme ici, de recruter dans son combat contre ce qu'il appelle "l'islamismo-fascisme".
Il écrivait alors:
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On pouvait objecter à l'empereur byzantin, ou à Benoît XVI, que le phénomène de la conversion forcée n'est pas une spécialité de l'islam : voir l'Inquisition.
...
On rêvait, on rêve, de théologiens musulmans rappelant à un professeur Ratzinger peut-être aveuglé, après tout, par sa dispute avec la chrétienté byzantine... que l'islam d'Averroès et d'Avicenne, l'islam des libres-penseurs mutazilites du VIIIe siècle, l'islam qui fut, pendant des siècles, le vecteur de la pénétration des textes grecs en terre judéo-chrétienne, n'est pas fermé, tant s'en faut, aux enseignements de la raison : cf. Grenade, Cordoue, le Siècle d'or espagnol, etc.
