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Une interviewe du Cardinal Meisner

Le grand ami du Saint-Père, interrogé par l'Agence allemande Kath.net s'exprime enfin, et donne son sentiment très attendu sur les cinq ans de pontificat, et sur la crise actuelle: "si j'étais Benoît XVI, étant donné les critiques et l'hostilité dont il fait ouvertement l'objet, je ne viendrais pas en Allemagne pour le moment". (17/4/2010)

Un grand merci à Marie-Anne, qui nous offre la traduction!




Le Cardinal Meisner de Cologne interviewé par Andreas Otto
de l’Agence de Presse Catholique Allemande le 14 avril 2010
Card. Meisner : « Si j’étais pape je n’aurais pas envie de venir en Allemagne en ce moment…
L’orthodoxie n’a jamais été si contente d’un pape que cette fois-ci.
»
Le cardinal de Cologne dresse le bilan des 5 ans du pontificat de Benoît XVI.

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Le résumé du journaliste
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L’Archevêque de Cologne : Joseph Ratzinger a été élu pape il y a 5 ans. Le 19 avril 2005, trois jours après son 78e anniversaire, le préfet de la Congrégation de la Doctrine de la Foi, d’origine allemande, a obtenu la majorité de deux tiers nécessaire pour être élu, au 4e tour. Ce conclave aura été l’un des plus brefs de l’histoire de l’Eglise. Le Cl Joachim Meisner de Cologne y a participé.
Aujourd’hui il déclare que s’il était le pape il ne reviendrait pas visiter l’Allemagne en ce moment. Il donne comme raison le climat excessivement critique et hostile qui règne en ce moment contre le Souverain pontife dans son pays d’origine. C’est ce qu’il a affirmé mercredi, intervieuwé par l’AP, tout en dressant le bilan du pontificat durant ces 5 ans écoulés.
« J’ai honte pour les catholiques allemands pour la façon dont ils traitent le pape. Aussi bien les professeurs de théologie que les medias, même les catholiques. Mais, je pense aussi que le pape raisonne peut-être plus en chrétien que l’archevêque de Cologne et se dit : « Justement parce que je suis battu par eux, que je reviendrai chez eux. »
Le Cardinal qui s’exprime à l’occasion du 5e anniversaire de l’élection de J. Ratzinger comme pape pense que c’est malhonnête d’inculper le pape à cause des abus sexuels commis par les prêtres. « Le pape n’a pas besoin pour qu’on lui apprenne le dommage causé aux enfants et aux jeunes par ces méfaits. Il n’en est que trop conscient. »
Le Cl Meisner dresse un bilan positif de ce pontificat tel qu’il s’est déroulé depuis 5 ans. Benoît XVI a su maintenir la « continuité avec le pontificat béni de son prédécesseur » Jean-Paul II. Ainsi par exemple, sa visite à Cologne effectuée à l’occasion de la JMJ en 2005 est entrée dans l’histoire de l’Eglise. Et Benoît XVI, si savant qu’il soit, a trouvé le ton qu’il fallait employe pour s’adresser à la jeunesse, pour leur transmettre l’évangile de façon convaincante.
Ensuite le Cardinal souligne l’importance du livre du pape sur Jésus. Il a su expliquer clairement que le Jésus historique n’est autre que le Jésus de la Foi. « C’est peut-être le service le plus important que le pape ait donné à l’Eglise » pense-t-il.
L’archevêque défend aussi la démarche de Benoît XVI vis à vis de la Fraternité St Pie X. Il avait déjà affaire avec eux en tant que Cardinal envoyé par Jean-Paul II. A l’époque il n’a pas pu empêcher le schisme. « Si maintenant, 30 ans plus tard il reçoit des signaux d’espérance, il doit agir en tant que pape pour essayer de ramener ce groupe dans la communion de l’Eglise ” souligne Meisner. « C’est son devoir que de sauvegarder l’unité de l’Eglise ».
Le Cardinal réfute également l’opinion selon laquelle le pape s’intéresserait plus aux groupes traditionnalistes qu’aux membres de l’Eglise réformée lorsqu’il s’agit de l’Unité des chrétiens. « Ce n’est pas vrai, que l’œcuménisme avec les protestants serait en veilleuse contrairement à ce que prétend Mme Kaessmann qui n’attend plus rien de ce côté-là. »
Tout ce que Benoît XVI a élaboré en faveur de l’œcuménisme avec les luthériens depuis des décennies, aussi bien assis à son burau de travail que par de multiples rencontres avec les experts, n’a pas besoin de figurer à la une des journaux, mais cela fera son effet.
« On peut dire que la visée œcuménique est entre les meilleures mains, quand on pense à lui. »
Quant à la relation avec l’église orthodoxe, selon le cardinal, elle n’a jamais été aussi avancée, que grâce à ce pape. « Benoît XVI est si proche d’eux dans sa théologie que l’union entre l’église orthodoxe et l’église catholique peut être envisagée dans un avenir pas trop lointain ».

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Et voici maintenant l’interview textuellement :

AP : M. le Cardinal, après le conclave, il y a cinq ans, on a pu voir sur votre visage la satisfaction que vous avez éprouvée après l’élection du Cardinal J. Ratzinger comme pape, vos espérances d’alors ont-elles été réalisées par le pape ?
Meisner : Parfaitement. Déjà aux obsèques de Jean-Paul II j’étais convaincu avec beaucoup d’autres qu’il y avait une symbiose entre le pape gisant dans le cercueil et le cardinal qui célèbrait la messe derrière l’autel. Jean-Paul II lui-même n’a jamais cessé de reconaître que le profil théologique de son pontificat, il le devait en grande partie, au Card. Ratzinger. Et Benoît XVI a su maintenir la continuité avec le grand Pontificat béni de son prédecesseur. Encore aujourd’hui, je repense avec joie au déroulement rapide et unanime du dernier conclave.

AP : Vous avez une relation tout à fait personnelle avec Benoît XVI. A la JMJ de 2005 il était l’hôte de votre maison. Est-ce que le métier de pape lui pèse ?
Meisner : Lorsqu’il m’arrive de m’imaginer à sa place en pensant qu’il lui a fallu accepter cette charge à 78 ans, j’en tremble de la tête aux pieds. Lorsque j’ai fait obédience après le conclave je me suis dit : Mon Dieu, un homme faible devient le pasteur de 1,2 milliards d’hommes. Mais Benoît XVI ressemble tout à fait à Jean-Paul II en ce sens qu’il porte cette responsabilité avec une grand confiance en Dieu. Lorsqu’on élit un pape, il s’agit d’abord du choix de Dieu et pas seulement du choix des cardinaux. Eux, ils ne sont que des instruments qui manifestent la volonté de Dieu. Le service pétrinien dépasse de toute façon les forces humaines. Mais Dieu porte le fardeau de celui qu’il choisit. J’ai côtoyé un pape joyeux et plein d’espérance également à l’occasion de la JMJ de 2005.

AP : Comment trouve-t-il son équilibre ?
Meisner : Naturellement, le pape est un homme comme tout le monde, qui a besoin de manger et de bien dormir. Il trouve son repos en récitant le rosaire dans les Jardins du Vatican. Et la théologie est restée pour lui une grande source d’enrichissement. N’oublions pas nons plus qu’il est un grand musicien. Lorsque je lui rends visite, je trouve toujours une partition différente sur son piano, qui est en lien avec la saison. Cela prouve qu’il travaille son piano. Et c’est vrai, qu’en jouant du piano on peut chasser quelque chagrin ou au contraire, exprimer certaines joies.

AP : Qu’est ce qui va rentrer, selon vous, de ce pontificat dans l’histoire de l’Eglise ?
Meisner : Tout d’abord il faut mentionner la JMJ de Cologne. Ce premier voyage pontifical qui l’a reconduit dans sa patrie, aura été un grand événement aussi pour l’Eglise universelle. Le savant qu’il est resté a su trouver comment parler aux jeunes pour leur transmettre l’évangile dans toute sa plénitude. J’en connais beaucoup qui vivent encore aujourd’hui de son message.

AP : Quels sont les accents théologiques sur lesquels il insiste ?
Meisner : Benoît XVI est un théologien d’une envergure telle que le bon Dieu n’en donne que tous les 100 ans. Parfois je le compare en moi-même à un des grands Pères de l’Eglise. Cela se voit dans son livre sur Jésus qu’il a réussi à écrire malgré la lourde charge de son pontificat puisque cela lui tenait tellement à cœur. Dans ce livre on peut mesurer la qualité théologique de ce pontificat. Benoît XVI y montre clairement d’une part que l’Eglise tiendra bon tant qu’elle restera liée au Christ, sinon elle tombera, d’autre part que le Jésus historique est le même que le Jésus de la Foi. C’est l’un des services les plus importants que ce pape aura rendu à l’Eglise.

AP : Après l’euphorie de « Nous sommes pape » Benoît XVI n’a plus bonne presse aujourd’ hui. Pour quelle raison ?
Meisner : Que l’euphorie du début n’a pas duré, c’est normal. Mais Benoît XVI continue à jouir encore d’une grande sympathie. A ses audiences il y a plus de pèlerins que durant le dernier tiers du pontificat de Jean-Paul II. Là, ce sont les pieds qui remplissent le bulletin de vote ! Mais j’ai honte pour nous, catholiques allemands, de la façon dont nous traitons le pape. Comment les professeurs de théologie et les medias allemands parlent de lui, y compris les catholiques ! Lorsque je suis à Rome, les évêques d’autres pays me demandent : Qu’est-ce qui se passe en Allemagne ? Nous sommes heureux d’avoir un tel pape, et vous, comment le traitez-vous ? » Et je ne peux qu’être d’accord avec eux.

AP : Après les affaires des abus sexuels, le pape a été critiqué personnellement
Meisner : Je trouve malhonnête de critiquer le pape à cause des méfaits commis par les prêtres. Il n’a pas besoin qu’on lui apprenne ce que cela entraîne pour les jeunes gens, hélas. Vraiment, le pape qui doit maintenant payer pour toute l’Eglise, cela me fait mal. Je le soutiens entièrement en tant qu’évêque et surtout en tant que cardinal. Durant les 35 ans depuis que je suis évêque, je n’ai jamais vu l’Eglise passer par un tel fossé.

AP : Certains pensent que le pape se soucie plus du rapprochement avec la Fraternité St Pie X qu’avec les Eglises de la Réforme. Est-ce vrai ?
Meisner : Ce n’est qu’une imagination. Déjà en tant que cardinal il était chargé de cette affaire par Jean-Paul II. Mais à l’époque il n’a pas pu empêcher le schisme. Si maintenant, au bout de 30 ans, il reçoit des signaux qui donnent un peu d’espoir pour ramener ce groupe dans la communion de l’Eglise, il doit les regarder de près en tant que pape. C’est son devoir, que de sauvegarder l’unité de l’Eglise.
Quant à l’œcuménisme, l’Eglise orthodoxe n’a jamais été si heurese d’un pape que maintenant. La théologie de Benoît XVI est tellement proche d’eux qu’entre les églises des catholiques et des orthodoxes une réunion semble pouvoir être envisagée dans un avenir pas très éloigné.

AP : Mais les églises portestantes pensent que l’œcuménisme n’avance pas du tout.
Meisner : Ce n’est pas vrai que l’œcuménisme avec les églises protestantes soit mis en veilleuse ou comme le dit Mme Kaessmann, qu’il n’y aurait rien à attendre de ce côté-là. Ce que Benoît XVI a obtenu en tant que théologien depuis des décennies soit par ses études soit par ses rencontres avec tant d’experts, n’a pas besoin d’être souligné par des gros titres, mais tout cela portera du fruit. Chez lui la visée œcuménique se trouve entre les meilleures mains.

AP : Le pape s’étend beaucoup moins sur l’évolution actuelle de l’Allemagne par rapport au souci du pape polonais pour sa patrie. Pourquoi ?
Meisner : On comprend cela en regardant la différence des circonstanes historiques. A l’époque, la Pologne a suscité le mouvement Solidarnosc en devenant un modèle pour la libération des autres pays communistes. Sans Jean-Paul II on n’aurait jamais eu de Solidarnosc. Et sans Solidarnosc on n’aurait pas connu la chute du mur de Berlin, comme l’a dit très justement Lech Walesa.

AP : Les Polonais manifestent souvent leur attachement à leur pape, Jean-Paul II. Est-ce que la relation de Benoît XVI pourrait-elle être améliorée s’il revenait dans son pays ?
Meisner : Je ne sais pas. Mais si j’étais Benoît XVI, étant donné les critiques et l’hostilité dont il fait ouvertement l’objet, je ne viendrais pas en Allemagne pour le moment. Mais peut-être le pape est un chrétien plus grand que l’archevêque de Cologne et il se dit : « Justement, parce que je suis battu par eux, que je reviendrai chez eux. »

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