Lectio divina au Séminaire majeur de Rome
hier, vendredi 12 février. Verbatim de Zenit-Italie. Et photos (13/2/2010)
Hier, comme chaque année à cette date, le Saint-Père s'est rendu au Grand Séminaire de Rome, pour y rencontrer les élèves, et il a tenu ce qu'il est convenu d'appeler une lectio divina.
Récemment, j'ai traduit un artice où un journaliste et biographe de Benoît XVI, Francesco Antonio Grana, disait:
Pour comprendre ce pense vraiment Ratzinger, le seul moyen est de lire ses homélies et ses discours dans leur intégralité, et non les articles des journaux. (Benoît XVI, au-delà des modes de pensée.)
Rien n'est plus vrai.
Le texte du discours du Saint-Père n'est pas encore disponible sur Internet.
Mais le "verbatim" qu'en fournit Mirko Testa sur Zenit (en italien) est très détaillé, et sans aucun commentaire.
C'est la parole "brute" du Saint-Père.
Ma traduction
Le Pape aux futurs prêtres: le christianisme n'est pas moralisme, mais don
Lectio divina devant les séminaristes du diocèse de Rome
Mirko Testa
Vendredi 12 Février
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Le christianisme ne consiste pas à respcter des normes externes mais plutôt à pénétrer le mystère de Dieu qui s'est sacrifié gratuitement et a souffert par amour, et à modeler sur lui notre façon d'agir.
Voilà en substance ce qu'a dit Benoît XVI, ce vendredi soir, en rencontrant dans la chapelle du Grand Séminaire romain environ 200 élèves séminaristes du diocèse de Rome - accompagnés par leurs recteurs, directeurs spirituels et éducateurs - ainsi que les garçons de l'année de propédeutique, qui vérifient là leur vocation et la possibilité d'entrer au séminaire l'an prochain.
La tradition veut qu'à l'occasion de la fête de la Sainte-Patronne de l'Institut - Notre-Dame de la Confiance - qui est célébrée le 13 Février - le Pontife rencontre les séminaristes, et reste dîner avec eux.
Le recteur du grand séminaire romain, Mgr. Giovanni Tani, a conclu son discours de bienvenue par ces mots:
"Nous vivons avec joie et impatience ce moment, Sainteté, au cours duquel, comme notre premier formateur, vous nous aiderez à entendre la parole du Seigneur et à marcher selon sa volonté".
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Dieu, racine de sa vigne
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Tout de suite après,le pape a tenu la Lectio divina centrée sur la parabole de la vigne et les sarments »(Jean 15:1-8), qui s'insère bien dans l'Année sacerdotale en cours, parce que "elle parle de manière indirecte mais profonde du sacrement, de l'appel, de l'être dans la vigne du Seigneur et un serviteur de son mystère. "
La vigne - a expliqué le Pape - est une image de l'Ancien Testament qui sert à désigner le Peuple de Dieu: "Dieu a planté une vigne dans ce monde. Dieu a cultivé cette vigne, sa vigne, il protége sa vigne. "
Dans le même temps, poursuit-il, "cette image de la vigne, du vignoble a une signification nuptiale et reflète le fait que Dieu cherche l'amour de sa créature, qu'il veut entrer dans une relation d'amour, dans une relation conjugale avec le monde à travers le peuple qu'il a élu".
Cependant, dit le Saint-Père, "l'histoire concrète est une histoire d'infidélité", qui, au lieu de "raisin précieux" a engendré "juste des petites choses immangeables".
En fait, "cette unité, cette union sans condition entre l'homme et Dieu" ne s'est pas transformé "en la communion de l'amour". Au contraire, "l'homme se retire en lui-même, il veut être son maître, il veut avoir Dieu pour lui-même, il veut avoir le monde pour lui. Et ainsi la vigne est dévastée... et devient un désert".
Mais "Dieu - a poursuivi le Pape - se fait homme et devient ainsi lui-même racine de la vigne" et "de cette façon, la vigne est indestructible puisque Dieu lui-même s'est planté dans cette terre".
Et voici donc que "le christianisme n'est pas un moralisme. Ce n'est pas nous qui devons faire ce que Dieu attend du monde", parce qu'en réalité, "nous devons, d'abord, entrer dans ce mystère ontologique dans lequel Dieu se donne".
Nous devons "être en Lui, nous identifier à Lui, être "anoblis en son sang", "agir avec le Christ", parce que - a expliqué le Pape -" l'éthique est une conséquence de l'être" et "l'être" précède l'agir". Il ne s'agit plus d'une obéissance, une chose extérieure, c'est la réalisation du don du nouvel être".
Vivre dans la créativité de l'amour du Christ
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Plus loin, le Pape a rappelé l'invitation faite par Jésus aux apôtres dans le contexte de la dernière Cène: "Aimez vous les uns les autres comme je vous ai aimés", observant que ce qui est exprimé ici est "une radicalisation de l'amour du prochain, à l'imitation du Christ".
"Mais là aussi, la vraies nouveauté, ce n'est pas ce que nous faisons, la vraie nouveauté, c'est ce que le Seigneur a fait. Le Seigneur s'est donné lui-même", "il nous a donné la vraie nouveauté d'être membres de son Corps."
Et donc, "la nouvelle Loi n'est pas un autre mandat plus difficile que les autres. La nouvelle Loi est un don", c'est "la présence de l'Esprit Saint qui nous est donné dans le Sacrement du Baptême, dans la Confirmation et qui nous est donné tous les jours dans la Sainte Eucharistie".
"La nouveauté, donc, est que Dieu s'est fait connaître - a-t-il ajouté - que Dieu s'est montré, que Dieu n'est plus le Dieu inconnu, cherché sans être trouvé, ou seulement deviné de loin". "Dieu s'est montré dans le visage du Christ", "il s'est montré dans toute sa réalité, il a montré qu'il est raison et l'amour", et ainsi, il a fait de nous ses amis.
"Malheureusement, encore aujourd'hui - a observé le Pontife - beaucoup vivent loin du Christ, ils ne connaissent pas son visage et ainsi la tentation éternelle du dualisme est toujours renouvelée: peut-être y-a-t-il non seulement un principe du bien mais aussi un principe du mal", de sorte que ce qui domine, c'est la vision d'un monde livré à "deux réalités également fortes".
"Dans la théologie catholique aussi - a-t-il ensuite déploré - se répand aujourd'hui cette thèse selon laquelle Dieu ne serait pas tout-puissant". Autrement dit, on tente une sorte "d'apologie de Dieu", selon laquelle Dieu "ne serait pas responsable du mal que nous trouvons amplement dans le monde".
"Mais quelle pauvre apologie: un Dieu qui n'est pas tout-puissant". "Et comment pourrait-on faire confiance à ce Dieu, comment pourrions-nous avoir confiance en son amour si cet amour se termine là où commence la puissance du mal?" s'est-il demandé.
"Mais Dieu n'est plus inconnu: dans le visage du Christ crucifié, nous voyons Dieu et nous voyons la toute-puissance vraie, pas le mythe de la toute-puissance, ce mythe alimenté par des hommes qui voient la puissance comme "la capacité de détruire, de faire du mal. "
Au contraire, a expliqué le Pape, "la toute-puissance vraie est amère, au point que Dieu peut souffrir pour nous".
Voici donc que la vraie justice elle-même se révèle non pas comme une "obéissance à certaines règles", mais comme "l'amour créatif qui trouve en lui-même la richesse et l'abondance du bien", comme "le fait de vivre dans la créativité de l'amour avec le Christ et dans le Christ", un amour empreint de "dynamisme".
Prier comme processus de purification
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Le Pape en est venu ensuite à parler de la valeur de la prière et de l'importance d'implorer de Dieu "le don divin", "la grande réalité", pour qu'il nous donne son Esprit afin que nous puissions répondre aux exigences de la vie et aider les autres dans leur souffrance".
"Il est juste de prier Dieu aussi pour les petites choses de notre vie quotidienne - a expliqué le Pape -, mais en même temps, la prière est un chemin, je dirais un escalier: nous devons apprendre toujours plus les choses que nous pouvons prier, et les choses pour lesquelles nous ne nous pas prier parce qu'elles sont l'expression de mon égoïsme.. ou de mon orgueil".
De cette manière, prier "devient un processus de purification de nos pensées, de nos désirs."
"Demeurer dans le Christ est un lent processus de purification, de libération de moi-même ", un "chemin vrai" qui ouvre à la joie et qui se caractérise par "un arrière-plan sacramentel".
"Ainsi - a-t-il poursuivi - nous pouvons apprendre que Dieu répond à nos prières", et que souvent "il les corrige, il les transforme, il les guide, afin que nous soyons enfin et véritablement des rameaux de son fils, de la 'vraie vigne', membres de son Corps".
"Remercions Dieu pour la grandeur de son amour - a-t-il conclu -. Prions afin qu'il nous aide à grandir dans son amour et à demeurer réellement dans son amour.
http://www.zenit.org/article-21371?l=italian