L'inquisition laïque, ou les "nouveaux athées"
Un article d'un journaliste britannique athée libertaire... qui parle du Pape. Traduction de Carlota (1er/5/2010)
Carlota
Je vous adresse ci-dessous une analyse étonnante trouvée sur le site de l’agence de presse espagnole Aceprensa (original ici: http://www.aceprensa.com/... ) qui reprend des éléments de l’article de Brendan O’Neill, un journaliste britannique "athée libertaire" très engagé, qui s’en prend à « ses petits copains » (qui ne sont qu'athées, mais pas libertaires) qui attaquent le Pape.
Ça fait presque guerre d’influence entre anarchistes et communistes (Or, on sait comment cela s’est terminé pour les premiers de la Russie, en passant par Berlin et en arrivant à l’Espagne de 1936…). Néanmoins O’Neill, semble être un « honnête homme » même si son utopie idéologique l’empêche de pousser suffisamment son raisonnement. Il est à un embranchement. Puisse son Saint Patron, l’éclairer encore un peu !
Traduction à partir des textes espagnol et anglais (http://www.spiked-online.com/... ), ainsi que mes petites remarques…
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Brendan O’Neill (*) qui se définit comme un athée libertaire, écrit sur http://www.spiked-online.com (**) que la campagne des Nouveaux Athées contre le Pape surgit d’un sécularisme de plus en plus désespéré qui n’est capable de s’affirmer qu’en ridiculisant la religion. Il se réfère à la compagne de ce qu’on appelle les Nouveaux Athées (comme Richard Dawkins, Christopher Hitchens, Geoffrey Roberstson…) qui ont lancé la proposition de faire « arrêter le Pape quand il visitera la Grande Bretagne » accusé de « crimes contre l’humanité » (ndt, je ne vois guère de différence avec un Voltaire criant dès 1762 « Écrasons l'infâme » mais admettons cet adjectif nouveau dans le sens de nouvelle génération, sachant qu’on peut supposer qu’ils n’ont pas que cela en commun avec les athées des XVIIIème et XIXème des deux côtés de la Manche).
O’Neill se demande pourquoi des penseurs intelligents paraissent perdre la raison quand il s’agit de l’Église catholique et du Pape. Par exemple, il rappelle : « en 2006 Dawkins a critiqué l’hystérie sur la pédophilie et a affirmé que même victime d’abus sexuel dans un internat, il serait disposé à défendre ses professeurs abusifs si au bout de cinquante ans ils étaient harcelés par des surveillants ou des avocats comme s’ils étaient des assassins d’enfants. Néanmoins maintenant il met les prêtres abusifs à égalité avec les génocidaires ».
O’Neill signale que quelques commentateurs anticatholiques ont décidé de ne pas prendre en compte les faits et les chiffres et font des affirmations aussi étranges que celle de cet éditorialiste qui décrit le Vatican comme « une conspiration criminelle internationale pour protéger les violeurs d’enfants ». Malgré ce manque de mesure, « la campagne de ceux qui vont à la chasse au Pape a acquis un caractère puissamment pathologique, obsessionnel et d’une extravagance assourdissante. Une campagne braillarde et émotive ».
La raison de cette campagne qui s’est faite si hystérique, dit O’Neill, est due aux Nouveaux Athées qui ont besoin de s’affirmer. « L’actuelle chasse au Pape surgit d’un mouvement séculariste qui paraît incapable d’affirmer une proposition ou de donner un sens centré d’une façon positive sur l’homme - dans la ligne de ce que firent des grands athées comme Marx ou Darwin - (ndt: j’émets des réserves à cette présentation car si l’homme était le centre de leur théorie, c’était pour le réduire à une évolution biologique ou technique, de l’animal prédateur-proie ou producteur-consommateur, l’homme n’était donc pas plus au centre de leurs pensées, même s’ils voulaient le faire croire en le « libérant » de son soi-disant créateur :Dieu), et qui ne peut s’affirmer que négativement dans une confrontation avec le mal de la religion, avec des attitudes contre la supposée perversité de la foi institutionnalisée ».
« Le sécularisme est en crise » dit O’Neill. Si, aux temps des Lumières, il a rejeté la conduite de Dieu pour affirmer que l’homme seul peut dominer les complexités de la vie, aujourd’hui domine une pensée pessimiste dans laquelle l’homme est vu comme un être avide, destructeur, en qui on ne peut pas avoir confiance (ndt: ce n’est en fait que le prolongement logique des évolutions précédemment envisagées par les Darwin-Marx, l’homme-biologique et non plus l’homme aussi sentiment et intelligence). Ce n’est pas la foi dans l’humanité qui définit l’actuel sécularisme (ndt, le précédent non plus malgré les apparences !), mais, au contraire : une profonde confusion entre le rôle de l’homme, un malaise dans le monde dans lequel nous vivons. « Empoigné plus par le doute et la confusion que par un désir de lumière, le nouveau sécularisme donne son alarme intolérante face à tout système qui, à la différence des siens, paraît avoir quelque chose de cohérent et une autorité ».
« C’est ce qui est derrière leur guerre contre la religion : ridiculiser par instinct ceux qui, à la différences des sécularistes contemporains, ont une perspective globale de la vie et un solide système de pensée. C’est vraiment ce qu’ils trouvent si étrange dans l’Église catholique en particulier : ses croyances, sa hiérarchie. Seul un athéisme complètement étranger à la grande masse des gens et à toute vision orientée vers le futur peut foncer d’une façon extrême et intolérante sur ceux qui paraissent encore avoir des croyances solides : les croyants ou les dupes comme les appellent les nouveaux Athées ».
Comme conséquence, écrit O’Neill, « leur campagne contre le Pape a vraiment l’air d’une chasse aux sorcières ou, paradoxalement d’une Inquisition (ndt dans le sens couramment admis conformément à la légende noire, qui n’est pas tout à fait conforme à la réalité de cette institution !). D’abord, pour donner à leur campagne une certaine logique, les chasseurs de Papes doivent largement exagérer l’échelle et les effets des délits de l’Église catholique contre les enfants. Deuxièmement, parce que, sans le dire, ils sont en train de créer, un climat répressif et policier en relation avec ce qu’ils considèrent comme une religion qui pose problème, jusqu’au point que les chefs religieux ne se sentent pas libres de voyager de par le monde pour visiter leurs fidèles (ndt sachant que la seule l’église catholique est universelle au sein de la chrétienté contrairement aux églises protestantes et orthodoxes, elle est la seule, peut-être à être visée !). Et troisièmement, et c’est ce qui est le plus important, parce que leur chasse au Pape, est pensée pour se donner à eux-mêmes une satisfaction pour s’attribuer un sentiment de pouvoir, un but et une légitimité qu’ils ne peuvent plus s’assurer à travers leurs idées ou vision ».
Brendan O’Neill, assure que: “comme athée libertaire, mon unique préoccupation en cette affaire c’est analyser l’émergence d’une nouvelle forme d’athéisme hystérique et répressif. Et les Nouveaux Athées ne sont les premiers dans l’histoire à poursuivre leurs propres objectifs intolérants, trompeurs et discutables, sous le prétexte de faire justice aux spoliés.
Notes
(*) Brendan O’Neill est un journaliste britannique qui a commencé sa carrière au LM Magazine, le journal du Parti communiste Révolutionnaire. Il a par la suite signé des articles dans des journaux anglais et étasuniens, dont le Spectator, the Guardian, etc. Il a manifesté des réserves sur la politique de diminution des émissions de carbone pour réduire le réchauffement climatique, lui préférant des avancés technologiques. D’une manière générale il est contre les tendances culturelles actuelles qui étouffent les aspirations populaires. Il a écrit un livre sur de terrorisme « From Bosnia to Beslan: How the west spread Al-Qaeda » où il parle des liens entre les EU et la fondation et le soutien des groupes islamiques radicaux, et des prétendues ONG notamment au Kosovo, qui, en fait, ont affaibli des états existants, tandis que des groupes armées extérieurs sont venus profiter de la situation pour s’implanter.
(**) Spiked on line est un journal britannique en ligne (to spike : garnir de pointes, empaler, percer, corser) qui se définit lui-même comme un phénomène en ligne indépendant qui se consacre à la levée des horizons d’humanité par la guerre des mots contre la misanthropie, le moralisme, les préjugés, le ludisme, toutes les intolérances en isme et l’irrationnel sous toute ses formes antiques comme modernes. « Spiked » revendique d’être à côté des libres-penseurs et pense qu’il aurait été approuvé par John Stuart et Karl Marx et détesté par des bornés comme Torquemada et Staline (ndt : Je préfère ne pas faire de commentaire !).
