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A quel jeu joue le Cardinal Schönborn?

Il s'en prend au Cardinal Sodano, et, dans un hors-sujet total, s'exprime sur des sujets de société. Créerait-il la zizanie au sein de l'Eglise, à un moment où elle n'en a vraiment pas besoin? Et une analyse d'Andrea Tornielli (9/5/2010).

Depuis plusieurs jours , je gardais "sous le coude" un article reproduit par Rafaella, écrit par un journaliste italien (Francesco Peloso, Il Secolo XIX du 5 mai) que les commentaires du site de mon amie recommandaient de prendre avec des pincettes, l'auteur ayant l'habitude de faire ce que font en général les journalistes: rechercher la petite phrase, et opposer untel à untel.
En plus, il ne citait pas ses sources, et la position des guillemets rendaient ses citations incertaines.

Le titre annonçait:
«Diritti delle vittime violati»
Da Vienna attacco a Sodano

Il cardinale Schoenborn "apre" anche alle coppie gay e ai divorziati
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Selon l'article, donc, le Cardinal Schönborn, peut-être dans le but d'exonérer le Saint-Père, s'exprimait en termes peu amènes sur la Curie, et s'en prenait au cardinal Sodano qui, on s'en souvient, s'adressant directement au Pape, après la terrible Semaine Sainte, et juste avant la messe de Pâques, lui avait dit ces mots superbes "Dolce Cristo in Terra, siamo con te", avant de lui donner une accolade qui n'était pas de pure convention.
Des paroles justes et nécessaires, qui à ce moment, j'en suis certaine, venaient du coeur.
Et le lendemain, dans l'Osservatore Romano, le Cardinal Sodano remettait ça (!), comparant les attaques contre Benoît XVI à celles contre Pie XII, pour son comportement durant le second conflit mondial. Des propos qui avaient soulevé le mécontentement de la communauté juive, par la voix de Renzo Gattegna, président de l'Unione delle Communità Ebraicche Italiane, dénonçant immédiatement les "parallèles historiques périlleux"....

Dans l'article cité, l'aristocrate autrichien et prince de l'Eglise parle de "grave violation des droits des victimes" à propos des paroles de soutien au Pape du doyen des cardinaux, qui avait qualifié de «chiacchiericcio» les polémiques autour des scandales de pédophilie dans l'Eglise: ce qui, dans le contexte où la phrase a été prononcée, relève de la pure mauvaise foi.
Car le mot «chiacchiericcio» ne s'appliquait évidemment pas aux actes des pédophiles déguisés en prêtres, mais aux vilaines polémiques des medias.
Et il est étrange, pour un homme qui prétend avoir avec Benoît XVI une relation filiale, de s'en prendre à un confrère qui, au moment où c'était nécessaire, a donné au Pape un beau témoignage de communion ecclésiale, justement à cause de cela.
Sans doute sollicité par le journaliste qui l'interrogeait (mais le cardinal Schönborn n'est pas une oie blanche, et sait parfaitement utiliser les medias, on voit mal comment il aurait été "piégé"), il aurait du même coup réclamé une réflexion sur le célibat sacerdotal, la communion aux divorcés remariés, et les unions gays. Ce n'était quand même pas le moment!
Lire ici l'interviewe en VO, au Wiener Zeitung.

Certes, nous ne savons pas tout, y compris du rôle du Cardinal Sodano - qui malgré tout, le jour de Pâques, a été impeccable - et tant mieux, car cela ne nous regarde pas. Il est permis de supposer qu'il n'est que du menu fretin, et que ce n'est pas lui qui est visé ici, mais Jean-Paul II.
On pourrait aussi penser que le cardinal Schönborn voulait protéger le Saint-Père Benoît XVI, dans une sombre histoire ayant trait à son prédecesseur, le Cardinal Groër , accusé d'actes de pédophilie .

Mais on n'en finit pas de relever les étranges prises de position de l'archevêque de Vienne, dont la loyauté envers le Pape (et pas seulement: il me revient le souvenir d'une exposition pornographique, au musée diocésain de Vienne, en 2008) est de plus en plus sujette à caution.
Christophe Schönborn est-il simplement un homme de consensus (ainsi qu'il a été décrit lorsqu'il a pris la succession difficile du Card. Groër), une sorte de "populiste", désireux de se faire bien voir de tout le monde?
Ici, on voit bien que Schönborn représente une ligne profane (mais transparence n'est pas vérité, et a peu à voir avec l'Evangile), opposée à la ligne ecclésiale, se donnant ainsi - il ne peut l'ignorer - une grande visibilité médiatique: mais comme le dit justement Andrea Tornielli: tolérance zéro et ouverture [sont les] mots d'ordre qui semblent avoir remplacé ceux, plus chrétiens, de péché et de miséricorde.
Ce qui est le plus gênant, c'est qu'on le présente systématiquement comme un "proche de Benoît XVI" , au prétexte qu'il fait partie du cercle des anciens étudiants du Professeur Ratzinger, la Ratzinger Schulkreis.
Mais l'est-il vraiment, voilà qui est de plus en plus douteux?
Certains évoquent comme excuse qu'un fils peut parfois être en désaccord avec son père.
Oui, certes.
Mais est-ce le moment? Quand le Père est attaqué, la famille se resserre, et ne cherche pas d'autres sujets de dissenssion.
Et peut-on imaginer le cardinal Ratzinger, qui lui, était vraiment "un proche de Jean Paul II", se répandant dans la presse il y a une dizaine d'années, pour dire qu'il réclamait une réforme de la Curie, car tout allait de travers dans la gouvernance de l'Eglise - ce qui était sans doute en partie le cas?

L'analyse de Tornielli


Les déclarations de l'archevêque de Vienne et ses implications
Dimanche 9 mai 2010
Commentaire d'Andrea Tornielli
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L'impression est qu'on s'approche d'une épreuve de force et que les pressions des médias mettent à rude épreuve les nerfs de plus d'un, dans les hautes sphères ecclésiastiques.
Les mots avec lesquels le cardinal-archevêque de Vienne a ouvertement et durement critiqué l'actuel doyen du Collège des Cardinaux, l'ancien secrétaire d'Etat Angelo Sodano, représentent un précédent absolument inédit.
Schönborn, en fait, a dit bien autre chose aux journalistes: il a dit que la réforme de la Curie romaine était «urgente» (ndt: et s'il laisssait le Pape en juger?), il a déclaré que les homosexuels qui vivent une relation stable devraient être considérés davantage, il a dit que l'Eglise devrait revoir ses positions sur l'exclusion des divorcés remariés de la communion.
La faille qui représente un point de non retour est toutefois l'attaque directe et nominale à Sodano.
Les accusations de l'archevêque de Vienne font écho aux déclarations faites ces dernières semaines par l'ancien préfet de la Congrégation pour le Clergé, le Cardinal colombien Dario Castrillon Hoyos, lequel, après la republication d'une lettre écrite par lui, en soutien à un évêque français qui en 2001 avait refusé de dénoncer un prêtre pédophile "en série", a révélé avoir été soutenu dans cette initiative de Jean-Paul II. "Après consultation avec le Pape et lui avoir montré la lettre, je l'ai envoyée à l'évêque, pour le féliciter d'être un père modèle qui ne dénonce pas ses enfants à la police", dit Castrillón.
Des déclarations du prélat colombien, et de celles, plus récentes, du cardinal viennois, émerge une fois de plus l'existence d'un problème en suspens au cours de la dernière décennie du pontificat de Jean-Paul II , et la façon dont la Curie romaine - à commencer par ses dirigeants - traitaient les cas d'abus sexuels.
Plus que l'affaire Groër, le cas le plus troublant, à en mesurer les implications, est celui du Père Marcial Maciel, fondateur des Légionnaires du Christ, qui, grâce aux couvertures dont il jouissait "au-delà du Tibre" a réussi à faire en sorte que pendant six ans au moins, les accusations circonstanciées contre lui, par d'ancien séminaristes dont il avait abusé, avaient été considérées comme des calomnies, malgré la dénonciation canonique précise présentée à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.
Les attaques directes et nominales comme celle de Schönborn, les remises en question qui de la bouche même des princes de l'Eglise ne sont plus masquées par la diplomatie - denrée, à vrai dire de plus en plus rares, même au Vatican d'aujourd'hui - sont éloquentes, pour voir à quel point la température est élevée et combien il est illusoire de croire que la crise est désormais finie.
Tel semble être le message implicite des déclarations de l'archevêque de Vienne, acteur de plus en plus présent, en particulier dans les médias: tolérance zéro et ouverture - mots d'ordre qui semblent parfois avoir remplacé ceux, plus chrétiens, de péché et de miséricorde - devraient s'appliquer à tous, y compris au-delà du Tibre.
Tandis que l'insistance avec laquelle est décrite l'approche différente suivie durant ces années par le cardinal Ratzinger, certainement peu enclin à regarder ces affaires avec indulgence et décidé à les poursuivre de façon adéquate, risque de voir - conséquence imprévue et involontaire - une ombre s'étendre sur une grande partie de la Curie wojtylienne, une ombre qui finira par effleurer le Pontife polonais.

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