Doctrine sociale, signe de contradiction
Une conférence de Mgr Crepaldi: "Le monde accepte l'Église et le christianisme quand ils parlent le langage du monde, il les accepte moins quand ils parlent essentiellement le langage du Christ." (19/10/2010)
Giampaolo Crepaldi, nommé par Benoît XVI archevêque de Trieste en juillet 2009, était auparavant secrétaire du Conseil Pontifical Justice et Paix.
Il a déjà été rencontré à plusieurs reprises dans ces pages notamment ici: Écologie environnementale et écologie humaine (http://benoit-et-moi.fr/2008-I/...)
Encore tout récemment, il était parmi les rares évêques à témoigner publiquement leur soutien au Pape, au plus fort des affaires de pédophilie: Suivons le Pape et prions pour lui (http://benoit-et-moi.fr/2010-I/...)
Voici un article d'Antonio Gaspari, publié par Zenit le mois dernier, sur une conférence donnée par Mgr Crepaldi autour de la sortie du livre SECONDO RAPPORTO SULLA DOTTRINA SOCIALE DELLA CHIESA NEL MONDO (http://www.vanthuanobservatory.org/...).
Ma traduction.
La Doctrine Sociale signe de contradiction à l'intérieur et à l'extérieur de l'Église
(Source)
Le deuxième rapport sur la doctrine sociale de l'Eglise vient d'être publié
Antonio Gaspari, ZENIT.org, 29 Septembre 2010
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"Le monde accepte l'Église et le christianisme quand ils parlent le langage du monde, il les accepte moins quand ils parlent essentiellement le langage du Christ."
Mgr Giampaolo Crepaldi, archevêque de Trieste, a introduit en ces termes la présentation du deuxième rapport sur la doctrine sociale de l'Église, publié par les éditions Cantagalli
Selon le prélat, «la doctrine sociale de l'Eglise est un signe de contradiction», et il a expliqué: "Une doctrine sociale de l'Eglise entendue comme une proposition laïque avec laquelle dialoguer avec le monde, est acceptée, parce qu'elle est susceptible d'être inoffensive. Mais une doctrine sociale qui considère que le christianisme est non seulement utile, mais indispensables à la construction d'une société vraiment humaine, comme le dit le §4 de Caritas in veritate, serait combattue à l'intérieur et hors de l'Eglise. "
Pour Mgr Crepaldi, il y a deux manières de comprendre la doctrine sociale de l'Eglise: "comme éthique partagée, pour guider le monde ou comme instrument pour ouvrir une place à Dieu dans le monde," et quand elle est comprise de cette seconde manière , "il y a une réaction dans le monde et il y a aussi une réaction dans l'Église. Le monde ne l'accepte pas, et beaucoup dans l'Église ne l'acceptent pas non plus. "
À cet égard, le rapport illustre les nombreuses persécutions anti-chrétiennes encore présentes dans le monde, qui concernent également l'Occident, et en particulier l'Europe et l'Amérique latine .
Dans ce contexte, l'archevêque de Trieste a mentionné de nombreux cas d'entrave à l'exercice de la foi chrétienne en Angleterre, la législation fortement opposée à la vie et à la famille en Espagne, l'adoption de la loi pour l'euthanasie et le suicide assisté aux Pays-Bas, en Belgique et au Luxembourg, la grande consultation sur la réforme de la loi sur la bioéthique en France, qui ne promet rien de bon (ndt: lire ici l'article du Salon Beige, qui propose le dossier préparé par l'Alliance des droits pour la vie).
Et puis les cas dramatiques de la fillette de Recife et d'Eluana Englaro, qui ont été utilisés en Amérique latine et en Italie pour "discréditer l'Eglise et pour ouvrir de nouvelles brèches dans la conscience populaire en faveur de l'avortement et de l'euthanasie."
S'inscrivent aussi dans ce climat hostile, les attaques contre le pape Benoît XVI quand il s'est élevé contre "l'utilité du préservatif dans la lutte contre le sida, et lors de la rémission de l'excommunication des quatre évêques ordonnés par Mgr Marcel Lefebvre. "
La tentation d'aller avec le monde plutôt que de ramener Dieu dans la société et d'être des témoins du Christ, est également présente dans l'Église.
Sur ce point, Mgr Crepaldi a rappelé la longue bataille contre la réforme de la santé du président Obama, conduite par les évêques des États-Unis. "Non pas contre la réforme elle-même, ou contre sa nécessité, mais contre certains aspects de la loi qui prévoyaient un financement fédéral pour l'avortement et ne permettait pas un exercice légitime du droit à l'objection de conscience."
"On sait, cependant", a dit le prélat, "que les évêques n'étaient pas tous sur cette ligne et que, dans le monde catholique américain, de nombreux secteurs parmi les instituts religieux et les établissements sanitaires catholiques ont plutôt fait de la propagande en faveur de la loi, en opposition ouverte avec les indications des évêques. "
"Rien ne peut justifier le soutien à l'avortement", a déclaré Mgr Crepaldi, "mais de nombreux catholiques américains ont pensé qu'une assistance sanitaire accrue pour les pauvres pouvait le justifier, et ils ont mis de côté les recommandations des évêques."
Sur les questions d'environnement aussi, l'archevêque de Trieste a exprimé une opinion claire.
"Tout au long de 2009," a-t-il dit, "un peu partout dans le monde, il a beaucoup été question de changements climatiques. Des organismes des Nations Unies ont souvent pontifié sur le sujet, sans en avoir l'autorité, comme cela a été amplement démontré par la suite; on a vu de nombreux rapports internationaux sur le changement climatique et il n'y a pratiquemnt aucune Conférence épiscopale, qui n'ait publié un document sur ce thème, y compris la COMECE, la Commission des Evêques de l'Union européenne. "
"Dans de nombreux cas, cependant, a-t-il noté, "il s'agissait d'un accomodement sans discernement aux modes culturelles du moment, une tentative de se mettre d'accord avec le monde en disant ce que le monde veut entendre, comme si c'était la première urgence pastorale deposer des panneaux solaires sur les églises ou de mettre en œuvre le tri sélectif des déchets "
"Là encore", a-t-il noté, "nous avons constaté une approche plus complète et exacte de la totalité de la doctrine sociale de l'Église, et un autre beaucoup plus réductive et sociologue, qui interceptait le sentiment commun répandu, souvent à caractéristique idéologique. "
Mgr Crepaldi a souligné combien même dans la réception de l'encyclique Caritas in veritate, il y a au moins deux tendances au sein du monde catholique.
"De vastes secteurs des théologiens catholiques et des universités catholiques", a-t-il précisé, "n'acceptent pas la ligne enseignée par Benoît XVI et continuent à parcourir des sentiers théologiques partiaux, voire même réfutés par le magistère. Il y a des universités dans lesquelles une thèse de doctorat sur la pensée de Joseph Ratzinger est considéré avec méfiance. "
L'archevêque de Trieste a conclu en répétant que "la vocation de l'homme est une seule, et on ne peut pas se diviser dans la conception théologique sur ce que signifie la défense de la création et le maintien de la foi dans le Créateur. Pour la même raison pour laquelle la doctrine sociale de l'Eglise est éducation de la foi, elle devient "déséducation" à la foi quand elle n'est pas vécue et appliquée dans son esprit correct. "
Cet article est reproduit sur le Site Rassegna Stampa Totus Tuus, grâce auquel je l'ai trouvé.
Le site reproduit deux autres textes de Mgr Crepaldi, à propos de son dernier ouvrage, préfacé par le Cardinal Bagnasco Cattolico in politica (2010)
Voir ici: http://www.rassegnastampa-totustuus.it/...
Le thème est donc: L'engagement des catholiques en politique.
Extrait:
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Il peut y avoir des cas où aucun parti ne répond aux besoins de base - les valeurs non négociables - des catholiques dans la vie politique. (...)
Devra-t-il abandonner l'engagement politique? Dans ce cas, il faut procéder avec un discernement attentif.
Il faut d'abord déterminer si le contraste du parti avec les valeurs non-négociables est de droit ou seulement de fait. Prenons un exemple, qui, comme tous les exemples, banalise peut-être trop, mais nous espérons qu'il sera utile.
Entre un parti qui a prévu dans son programme, la défense de la famille fondée sur le mariage et dont le secrétaire vit séparé de sa femme, et un parti qui inclut dans le programme de reconnaissance des unions civiles (DICO = PACS) et dont le secrétaire est régulièrement marié, la préférence doit aller au premier parti . La présence de principes non acceptables est en effet plus grave dans le programme que dans la pratique de certains militants, en ce que le programme est stratégique et a une valeur précise de changement politique de la réalité, davantage que des incohérences personnelles. Dans le cas où tous les partis seraient de droit contraires aux principes non négociable du politique catholique, il ne resterait plus qu'à fonder un autre parti.
À moins que les indications données par l'Eglise dans un certain nombre de documents ne soient que du vent (!)