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Les nouvelles idéologies en "isme"

Comment les catholiques peuvent s'y retrouver. Une synthèse lumineuse de Mgr Crepaldi, président de l'Obsrvatoire International "Cardinal Van Thuan" sur la doctrine sociale de l'Eglise. (12/12/2010)

Dans son éditorial de présentation du nouveau quotidien en ligne La Bussola, Vittorio Messori écrivait:
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Nous les catholiques, qui essayons de réagir à tous les «ismes» qui se succèdent, nous savons que la foi n'est pas un accessoire, pas une option , pas quelque chose de détaché de la vie ou la pensée....
Nous ne voulons pas ajouter une idéologie - fût-elle catholique - à d'autres idéologies qui existent déjà. Nous ne voulons pas transformer la foi en un schéma intellectuel à appliquer à la réalité, parce que cela signifierait tout simplement tuer le christianisme.
Le christianisme est une vie, une Personne, une rencontre. C'est la rencontre avec une Personne qui change votre vie.


Il me semble que ces quelques lignes sont l'introduction idéale à ce texte de Mgr Giampaolo Crepaldi, archevêque de Trieste, déjà rencontré dans ces pages.
Quels sont donc ces "ismes", quelles sont ces nouvelles idéologies, qu'il est important de bien connaître, afin de s'en méfier?
Le Cardinal Ratzinger lui-même les avait évoqués le 18 avril 2005, juste avant que "i signori cardinali" ne choisissent le "simple et humble travailleur dans la Vigne du Seigneur", pour mener la Barque de Pierre.

Combien de vents de la doctrine avons-nous connus au cours des dernières décennies, combien de courants idéologiques, combien de modes de la pensée... La petite barque de la pensée de nombreux chrétiens a été souvent ballottée par ces vagues - jetée d'un extrême à l'autre: du marxisme au libéralisme, jusqu'au libertinisme; du collectivisme à l'individualisme radical; de l'athéïsme à un vague mysticisme religieux; de l'agnosticisme au syncrétisme et ainsi de suite
(Missa pro eligendo romano pontifice)


L'archevêque de Trieste, Mgr Crepaldi nous en offre ici un panorama détaillé.
Article paru dans Zenit, reproduit ici:
Ma traduction

Les catholiques et les nouvelles idéologies
(ZENIT.org) - Jeudi 25 Novembre 2010
Mgr. Giampaolo Crepaldi
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La raison politique aujourd'hui a tendance à être faible, car elle est talonnée par le relativisme, qui la rend souvent incapable d'examiner de façon rationnelle les valeurs morales et les non-valeurs, et d'évaluer l'utilité des différentes religions pour construire le bien commun. Cette faiblesse rend la raison politique en grande partie accessible aux sirènes des nouvelles idéologies.

Après l'effondrement des grandes idéologies du XIXe et du XXe siècle, une donnée que l'on fait symboliquement remonter à l'effondrement du mur de Berlin en 1989, les idéologies n'ont pas disparu de la scène politique.
En réalité, il en est né beaucoup d'autres, et surtout une: le réductionnisme
.
Le réductionnisme est l'idéologie principale d'aujourd'hui. Alors que les idéologies du passé étaient intégrales (et intégralistes), proposant une vision complète et globale de la réalité, l'idéologie qui prévaut aujourd'hui est exactement le contraire: elle fragmente la réalité en cadres qui ne peuvent se mesurer réciproquement. Ainsi, avec l'excuse de se libérer des idéologies, elle en crée une autre, toute aussi globale (omnicomprensiva), même si c'est par défaut plutôt que par excès.

Le réductionnisme est répandue dans tous les domaines. La personne est réduite à ses gènes ou à ses neurones, l'amour est réduit à de la chimie, la famille est réduite à un accord, les droits sont réduits aux désirs, la démocratie est réduite à une procédure, la religion est réduite à un mythe, la procréation est réduite à une production en laboratoire, le savoir est réduit à la science et la science est réduite à l'expérience, les valeurs morales sont réduites à des choix , les cultures sont réduites à des opinions, la vérité est réduite à la sensation, la véracité est réduite à l'authenticité, c'est-à-dire à la cohérence avec l'auto-affirmation.

Le fait que l'idéologie s'insinue dans les affaires qui concernent l'être humain et son bien véritable est cause d'une certaine difficulté à bien comprendre les problèmes dans leur intégralité. L'idéologie, en effet, se nourrit de réductionnisme. C'est une circonstance particulière qui prétend s'appliquer à l'ensemble.
Toutes les réductions ne deviennent pas idéologie, mais seulement celles qui cachent cette réduction et prétendent toujours parler au nom de l'ensemble. L'idéologie, donc, finit par polluer le cadre des connaissances et par éroder "la cohérence interne de l'univers de la raison" (Benoît XVI).

Cela vaut également pour la raison politique.
Si la science néonatale nous dit qu'un enfant né prématurément à 22 semaines peut être sauvé, il devient difficile de justifier pourquoi on peut continuer à autoriser l'avortement légal jusqu'à la 24e semaine.

Si la science nous dit qu'on ne peut pas utiliser les cellules souches embryonnaires pour reconstruire les tissus malades parce qu'elles impliquent un fort risque cancérigène, et si cette même science nous dit qu'on peut utiliser à des fins thérapeutiques les cellules souches adultes, qu'on peut faire régresser à l'état embryonnaire avec tous les avantages potentiels qui en découlent, mais sans risque, il devient très difficile d'expliquer pourquoi les lois de nombreux États continuent de financer la recherche scientifique utilisant des cellules souches embryonnaires, refusant d'appliquer ce principe de précaution qui dans d'autres contextes est proposé comme un impératif catégorique.

Dans ce cas, si la majorité des scientifiques se disent "favorables", ce ne peut pas être pas pour des motifs scientifiques, mais plutôt pour une sorte de «foi» dans une liberté générique de la recherche scientifique, qui présente de nombreux symptômes de l'idéologie.

L'élargissement de la raison, cependant, ne peut pas être le résultat de la seule raison, parce que personne ne peut donner ce qu'il n'a pas. Deus Caritas Est confie cette tâche à la foi et Spe Salvi la confie à l'espérance. Dans cette dernière encyclique, Benoît XVI parle en effet de l'élargissement du cœur, plus que de la raison.

Se référant à saint Augustin, le pape déclare que «l'homme a été créé pour une réalité grande [...], mais son cœur est trop étroit pour la grande réalité qui lui a été attribuée, il doit être élargi, [...], élargi et ensuite purifié". C'est pourquoi la raison politique a aussi besoin de la foi chrétienne, parce que pour se purifier, elle a aussi besoin du cœur. Et tandis que la raison est en fin de compte une caractéristique universelle, le cœur est une caractéristique personnelle.

La politique a besoin d'hommes de foi, de croyants qui s'engagent, de telle sorte que la raison politique elle-même s'élargisse vers ce qu'attend l'humanité dans sa totalité et sa transcendance.

Les idéologies d'aujourd'hui sont, par exemple, l'écologisme, le vitalisme, le scientisme, le matérialisme, le psychologisme, le développementisme (barbarisme parmi les autres! traduction de sviluppismo), le tiers-mondisme, le paupérisme, l'idéologie du genre, l'idéologie de la diversité, celle de la tolérance, l'économicisme, l'idéologie de l'homo economicus, l'inclusivisme, le narcissisme.

. L'écologisme est l'exaltation de la nature en tant que telle, jusqu'à proclamer la supériorité par rapport à la personne elle-même, considérée comme source de nuisance pour l'écologie naturelle. L'écologisme poursuit souvent un salut entendu comme bien-être et équilibre physique et mental avec le danger de confondre la prière et le "training autogène".
. Le vitalisme tend à considérer toutes les formes de vie comme ayant la même dignité, jusqu'à mettre en doute la supériorité de l'homme sur les autres êtres vivants et à parler, par exemple, du droit la nature, des droits des animaux ou des droits des plantes.
. Le scientisme est l'exaltation de la science comme seule forme de connaissance et même de salut de l'humanité. Elle va de pair avec le matérialisme dans la mesure où la science, disent-ils, constate simplement les faits et les mesure, donc tout est factuel et mesurable.
. Le matérialisme signifie que tout est fait de matière et que l'esprit n'existe pas, de sorte que la vie humaine, même dans ses expressions les plus élevées comme la religion ou l'éthique, ou l'art, est le fruit des gènes ou des neurones. Il y a aujourd'hui un fort réductionnisme anthropologique qui réduit l'homme à ses gènes, à ses neurones, et même l'amour ne serait que chimie.
. Une forme subtile du matérialisme anthropologique est le psychologisme, auquel Caritas in Veritate fait aussi allusion: tous les problèmes intérieurs de la personne sont réduits à des problèmes psychologiques et la première chose à faire est d'aller voir le psychologue. Mais il y a des problèmes moraux et spirituels qui ne peuvent pas être réduits aux problèmes psychologiques. Le confesseur n'est pas un analyste, un papa et une maman ne peuvent se défausser du devoir d'éducation morale de leurs enfants en déléguant la question aux expert psychologues.
. Le matérialisme est également évident dans le développementalisme, qui consiste à examiner les problèmes de développement uniquement comme des problèmes matériels, sans tenir compte de la vie culturelle, religieuse ou spirituelle. D'un autre côté il y a aussi l'idéologie de la décroissance, ou du post-développement, qui nie la valeur du développement et exprime une vision pessimiste de l'homme. Le paupérisme est à l'inverse l'idéologie selon laquelle pour aller tous mieux et pour qu'il y ait plus de justice, nous devrions tous être pauvres et répartir en parts égales le gâteau de la richesse. Le paupérisme est souvent marié au tiers-mondisme, qui revient à attribuer toutes les fautes du sous-développement aux pays développés -simplifiant ainsi le cadre des responsabilités.
. L'idéologie du "genre" (gender) signifie penser que les identités sexuelles sont des constructions culturelles et des choix de chemins de vie, plutôt qu'une vocation contenue dans notre nature de personnes sexuées. L'impact de cette idéologie sur l'éducation à la famille, à la procréation et à la filiation est très négative. Entre autres choses, elle implique la perte presque totale de la dimension sociale de la sexualité et l'idée qu'à l'origine de la société, il n'y a pas deux individus asexués, mais un homme et une femme dans leur complémentarité sexuelle.
. L'idéologie de la diversité (différence) consiste à absolutiser la diversité en tant que telle, indépendamment de la vérité de la diversité. Les différences sont une richesse, mais quand elles restent dans un cadre vrai d'humanité, et représentent une des nombreuses voies pour exprimer la nature humaine commune. Les différences en tant que telles ne sont ni vraies ni fausses, ni bonnes ni mauvaises, et la co-existence n'est pas une combinaison indifférente de toutes les différences, sans exception, mais leur intégration au service de l'humanité commune, ce qui suppose de dépasser l'idéologie de la la tolérance, car il y a aussi des choses qui ne devraient pas être tolérés.
. L'idéologie de l'homo economicus et de l'économicisme (ndt: doctrine qui vise à considérer l'économie comme centrale et l'humain comme périphérique. Elle est donc souvent mise en opposition à l'humanisme - qui considère cette fois l'humain comme central) soutient que tout ce que fait l'homme est en vue d'un intérêt matériel et que l'économie, comme système de poursuite de son self-interest, est le vrai ressort de l'histoire. Sont niées de cette façon toutes les relations désintéressées et aussi la valeur économique de la gratuité.
. L'inclusionisme est l'idéologie qui confond l'attribution légitime des droits à la reconnaissance automatique des désirs, comme si c'étaient des droits. Inclure est très important, parce que l'exclusion signifie ne pas reconnaître à quelqu'un les droits associés à sa dignité de personne. Cela ne doit toutefois pas signifier inclure tous les désirs, même les plus narcissiques, égoïstes, excentriques, individualistes dans un système de citoyenneté.

Je n'ai donné que quelques éléments pour chacune des idéologies énumérées, mais j'aurais pu aussi en indiquer d'autres.

Le catholique engagé en politique devrait se méfier des pièges de ces idéologies, qui sont aujourd'hui très insidieuses. Il devrait être guidé par un sain réalisme, je dirais par un réalisme chrétien. La vérité est la réalité. Le bien n'est autre que la réalité pour autant qu'elle est désirable.

Que le catholiques adhére à cette réalité et il verra que souvent, les choses ne sont pas comme les idéologies les présenteent. Qu'il conserve sa liberté de jugement, qu'il promeuve des approches alternatives: aujourd'hui le réalisme catholique est l'approche la plus alternative aux problèmes qui existent.

Wikileaks et le Vatican (2) Vaticanistes, et autres spécialistes