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Message pour la journée mondiale de la paix

"Le fondamentalisme religieux et le laïcisme sont des formes symétriques et extrêmes du refus du légitime pluralisme et du principe de laïcité". (17/12/2010)

Le Vatican a rendu public hier le message annuel du Saint-Père pour la Journée mondiale de la Paix 2011 sur le thème "Liberté religieuse, chemin vers la paix".
Un texte important, et aussi politique, qui mérite certainement une lecture approfondie.
Il avait été présenté le 13 juillet dernier, et avait fait l'objet de deux articles dans ce site:
-> Massimo Introvigne
-> José-Luis Restàn

Sur le site de La Bussola, Massimo Introvigne le résume bien, sous le titre : "Laïcité et fondamentalisme, les deux faces d'une même médaille" : ce que le Saint-Père exprime plutôt par "le fondamentalisme religieux et le laïcisme sont des formes symétriques (la traduction en français dit "spéculaires", du latin speculum = miroir, je crois que "symétrique" traduit bien l'idée, puisqu'un miroir renvoie justement une image symétrique) et extrêmes du refus du légitime pluralisme et du principe de laïcité".

Redisons qu'avant de lire les commentaires, il est préférable de lire le texte original (ou sa traduction officielle en français) sur le site du Vatican.
Priorité au texte, donc:



J'ai de mon côté extrait les passages (en réalité nombreux) qui m'ont paru les plus significatifs - un choix purement arbitraire. Ils ne nécessitent pas d'explication, car ils sont précédés de titres qui en rendent la lecture facile et agréable, et en résument bien le contenu.
Qui dit que le Saint-Siège ne sait pas communiquer?

1. AU DÉBUT D’UNE ANNÉE NOUVELLE,
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mes vœux voudraient rejoindre tous et chacun ; vœux de sérénité et de prospérité, mais surtout vœux de paix. L’année qui vient de se clôturer a été marquée, elle aussi, malheureusement par la persécution, la discrimination, par de terribles actes de violence et d’intolérance religieuse.
Je pense en particulier à la chère terre d’Irak qui, dans sa marche vers une stabilité et une réconciliation tant souhaitées, continue à être une scène de violences et d’attentats. Viennent à la mémoire les récentes souffrances de la communauté chrétienne, et tout particulièrement le lâche attentat contre la cathédrale siro-catholique Notre-Dame du Perpétuel Secours, à Bagdad, où, le 31 octobre dernier, deux prêtres et plus de cinquante fidèles ont été tués, alors qu’ils étaient réunis pour la célébration de la sainte Messe. Et il y eut d’autres attaques les jours suivants, aussi contre des habitations privées, suscitant la peur au sein de la communauté chrétienne et le désir, chez beaucoup de ses membres, d’émigrer pour aller chercher de meilleures conditions de vie.
...
Il est douloureux [..] de constater que, dans certaines régions du monde, il n’est pas possible de professer et de manifester librement sa religion, sans mettre en danger sa vie et sa liberté personnelle. En d’autres points du monde, il existe des formes plus silencieuses et plus sophistiquées de préjugés et d’opposition à l’encontre des croyants et des symboles religieux. Les chrétiens sont à l’heure actuelle le groupe religieux en butte au plus grand nombre de persécutions à cause de leur foi.
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2. Le droit sacré à la vie et à une vie spirituelle
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Le droit à la liberté religieuse s’enracine dans la dignité même de la personne humaine, dont la nature transcendante ne doit être ni ignorée ni négligée.
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La dignité transcendante de la personne est une valeur essentielle de la sagesse judéo-chrétienne, mais grâce à la raison, elle peut être reconnue par tous.

3. Liberté religieuse et respect mutuel
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Une liberté ennemie ou indifférente à l’égard de Dieu finit par se nier elle-même et ne garantit pas le plein respect de l’autre. ...
L’illusion que l’on puisse trouver dans le relativisme moral la clé d’une coexistence pacifique, est en réalité l’origine des divisions et de la négation de la dignité des êtres humains.

4. La famille, école de liberté et de paix
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Si la liberté religieuse est chemin vers la paix, l’éducation religieuse est une route privilégiée pour donner aux nouvelles générations la possibilité de reconnaître en l’autre un frère et une sœur, avec qui marcher ensemble et collaborer pour que tous se sentent comme les membres vivants d’une même famille humaine, au sein de laquelle personne ne doit être exclu.
La famille fondée sur le mariage, expression d’une union intime et d’une complémentarité entre un homme et une femme, s’insère dans ce contexte comme première école de formation et de croissance sociale, culturelle, morale et spirituelle des enfants, qui devraient toujours trouver dans leur père et leur mère les premiers témoins d’une vie orientée vers la recherche de la vérité et de l’amour de Dieu. Les parents eux-mêmes devraient être toujours libres de transmettre, sans entraves et de manière responsable, leur patrimoine de foi, de valeurs et de culture à leurs enfants. La famille, première cellule de la société humaine, reste le milieu primordial de formation pour des relations harmonieuses à tous les niveaux de la convivialité humaine, nationale et internationale. Nous trouvons ici la route à suivre avec sagesse pour construire un tissu social solide et solidaire, pour préparer les jeunes à prendre leurs propres responsabilités dans la vie, au sein d’une société libre, dans un esprit de compréhension et de paix.

5. Un patrimoine commun
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...la liberté religieuse est [..] un acquis de civilisation politique et juridique. C’est un bien essentiel : toute personne doit pouvoir exercer librement le droit de professer et de manifester individuellement ou de manière communautaire, sa religion ou sa foi, aussi bien en public qu’en privé, dans l’enseignement et dans la pratique, dans les publications, dans le culte et dans l’observance des rites. Elle ne devrait pas rencontrer d’obstacles si elle désire, éventuellement, adhérer à une autre religion ou n’en professer aucune.
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La liberté religieuse n’est pas le patrimoine exclusif des croyants, mais de la famille tout entière des peuples de la terre. C’est l’élément incontournable d’un Etat de droit ; on ne peut pas la nier sans porter atteinte en même temps à tous les droits et aux libertés fondamentales, puisqu’elle en est la synthèse et le sommet.

5. La dimension publique de la religion
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... On ne peut pas nier la contribution que les communautés religieuses apportent à la société. Nombreuses sont les institutions caritatives et culturelles qui attestent le rôle constructif des croyants pour la vie sociale. D’une importance plus grande encore est la contribution éthique de la religion dans le domaine politique. Elle ne devrait pas être marginalisée ou interdite, mais comprise comme un apport valable à la promotion du bien commun. Dans cette perspective il convient de mentionner la dimension religieuse de la culture, tissée au long des siècles grâce aux contributions sociales et surtout éthiques de la religion.

7. Liberté religieuse, force de liberté et de civilisation : les dangers de son instrumentalisation
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...Le fanatisme, le fondamentalisme, les pratiques contraires à la dignité humaine, ne peuvent jamais trouver une justification, encore moins si cela est accompli au nom de la religion. La profession d’une religion ne peut pas être instrumentalisée, ni imposée par la force.
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Comment nier la contribution des grandes religions du monde au développement de la civilisation ? La recherche sincère de Dieu a conduit à un plus grand respect de la dignité de l’homme. Les communautés chrétiennes, avec leur patrimoine de valeurs et de principes, ont fortement contribué à la prise de conscience de la part des personnes et des peuples, de leur identité et de leur dignité, de même qu’à la conquête d’institutions démocratiques et à l’affirmation des droits de l’homme ainsi que des devoirs correspondants.
Aujourd’hui encore, dans une société toujours plus mondialisée, les chrétiens sont appelés, non seulement à un engagement civil, économique et politique responsable, mais aussi au témoignage de leur charité et de leur foi, à offrir une contribution précieuse à l’engagement rude et exaltant pour la justice, le développement humain intégral et le juste ordonnancement des réalités humaines. Exclure la religion de la vie publique, c’est enlever à cette dernière un espace vital qui ouvre à la transcendance.

8. Un problème de justice et de civilisation : le fondamentalisme et l’hostilité à l’égard des croyants nuisent à la laïcité positive des Etats
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La même détermination avec laquelle sont condamnées toutes les formes de fanatisme et de fondamentalisme religieux, doit animer aussi l’opposition à toutes les formes d’hostilité à l’égard de la religion, qui limitent le rôle public des croyants dans la vie civile et politique.
On ne peut oublier que le fondamentalisme religieux et le laïcisme sont des formes symétriques et extrêmes du refus du légitime pluralisme et du principe de laïcité. Tous deux, en effet, absolutisent une vision réductrice et partiale de la personne humaine, favorisant dans le premier cas, des formes d’intégralisme religieux, et dans le second, de rationalisme. La société qui veut imposer, ou qui, au contraire, nie la religion par la violence, est injuste à l’égard de la personne et de Dieu, mais aussi envers elle-même.
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10. Vivre dans l’amour et dans la vérité
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Dans l’univers mondialisé caractérisé par des sociétés toujours plus multi-ethniques et multi-confessionnelles, les grandes religions peuvent représenter un important facteur d’unité et de paix pour la famille humaine. ...
Au sein des cultures religieuses variées, s’il faut rejeter tout ce qui est contraire à la dignité de l’homme et de la femme, il est nécessaire, à l’inverse, d’accueillir comme un trésor tout ce qui s’avère positif pour la convivialité civile. ...
Les leaders des grandes religions, en vertu de leur rôle, de leur influence et de leur autorité dans leurs propres communautés, sont appelés les tout premiers au respect mutuel et au dialogue.
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11. Le dialogue comme recherche en commun
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Pour l’Eglise, le dialogue entre les fidèles des diverses religions représente un instrument important pour collaborer au bien commun avec toutes les communautés religieuses. L’Eglise elle-même ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans les diverses religions. « Elle considère avec un respect sincère ces manières d’agir et de vivre, ces règles et ces doctrines qui, quoiqu’elles diffèrent en beaucoup de points de ce qu’elle-même tient et propose, cependant apportent souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes ».
Le chemin ainsi indiqué n’est pas celui du relativisme ou du syncrétisme religieux. L’Eglise en effet « annonce, et elle est tenue d’annoncer sans cesse, le Christ qui est "la voie, la vérité et la vie" (Jn 14,6), dans lequel les hommes doivent trouver la plénitude de la vie religieuse et dans lequel Dieu s’est réconcilié toutes choses ». Cela n’exclut pas cependant le dialogue et la recherche commune de la vérité dans divers milieux vitaux, car, selon une expression souvent utilisée par saint Thomas d’Aquin, « toute vérité, qui que ce soit qui la dise, vient de l’Esprit Saint ».
En 2011 sera fêté le 25e anniversaire de la Journée mondiale de prière pour la paix, convoquée en 1986 à Assise par le vénérable Jean-Paul II. A cette occasion, les responsables des grandes religions du monde ont manifesté combien la religion est un facteur d’union et de paix et non de division et de conflits. Le souvenir de cette expérience est un motif d’espérance en un avenir où tous les croyants se sentent et deviennent effectivement artisans de justice et de paix.

13. Au-delà de la haine et des préjugés
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En dépit des enseignements de l’histoire et de l’engagement des Etats, des Organisations internationales au niveau mondial et local, en dépit des efforts des Organisations non gouvernementales et de tous les hommes et femmes de bonne volonté qui, chaque jour, se dépensent pour la sauvegarde des droits et des libertés fondamentaux, on constate aujourd’hui encore, dans le monde des persécutions, des discriminations, des actes de violence et d’intolérance liés à la religion. En Asie et en Afrique en particulier, les principales victimes sont les membres des minorités religieuses, auxquels il est interdit de professer librement leur religion ou d’en changer, par des intimidations, par la violation des droits et des libertés fondamentaux et des biens essentiels, allant jusqu’à la privation de la liberté personnelle ou même de la vie.
Il existe en outre - comme je l’ai déjà dit - des formes plus élaborées d’hostilité envers la religion, qui, dans les pays occidentaux, se manifestent parfois par le reniement de l’histoire et des symboles religieux dans lesquels se reflètent l’identité et la culture de la majorité des citoyens. Ces attitudes alimentent souvent haine et préjugés et ne sont pas cohérentes avec une vision sereine et équilibrée du pluralisme et de la laïcité des institutions, sans compter qu’elles peuvent empêcher les jeunes générations d’entrer en contact avec le précieux héritage spirituel de leurs pays.
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14 La liberté religieuse dans le monde
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... J’exprime aussi le souhait qu’en Occident, spécialement en Europe, cessent l’hostilité et les préjugés à l’encontre des chrétiens qui veulent donner à leur vie une orientation cohérente avec les valeurs et les principes exprimés dans l’Evangile. Que l’Europe apprenne plutôt à se réconcilier avec ses propres racines chrétiennes : elles sont essentielles pour comprendre le rôle qu’elle a eu, qu’elle a et veut avoir dans l’histoire ; elle saura ainsi faire l’expérience de la justice, de la concorde et de la paix, en cultivant un dialogue sincère avec tous les peuples.

15. La liberté religieuse, chemin vers la paix
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Le monde a besoin de Dieu. Il a besoin de valeurs éthiques et spirituelles, universelles et partagées, et la religion peut offrir une contribution précieuse dans leur recherche, pour la construction d’un ordre social juste et pacifique au niveau national et international.

Les chrétiens, et l'immigration