Articles Images La voix du Pape Lectures, DVD Visiteurs Index Sites reliés Recherche
Page d'accueil Articles

Articles


Voyages 2011, en deux collages Liens Le Pape en Espagne Nicolas Sarkozy chez le Pape Synode pour le Moyen-Orient La luce del Mondo

Signes d'identité pour minorité créative

A partir d'une nouvelle hélas banale parue dans la presse espagnole (un professeur a osé parlé de jambon au cours de géographie, il est accusé de xénophobie) Vittorio Messori élargit le regard, et propose une réflexion sur la perte des signes d'identité catholique. Un symptôme récent: la crèche de la Madeleine! (30/12/2010)


Dans un article daté du 20 décembbre, sur la Bussola, Andrea Tornielli racontait l'histoire d'un professeur, dans une ville d'Andalousie, dénoncé par des parents musulmans au motif que, durant une leçon de géographie, il avait fait l'éloge du jambon (article en italien ici, d'après une information parue sur le quotidien espagnol http://www.diariodecadiz.es/ ).
Pour l'anecdote, il ne s'agissait pas de sa part d'une provocation calculée, ni de propos à brûle-pourpoint. L'enseignant donnait comme exemple de climat sec et froid en Espagne celui de la localité de Trévelez, favorable à la production de jambon séché, spécialité gastronomique régionale très appréciée.
Le malheureux enseignant a depuis lors été mis en examen pour abus dans l'exercice de ses fonctions, dûs à des motifs racistes ou xénophobes.

Une histoire banale, qui risque de se produire de plus en plus souvent dans nos sociétés "ouvertes" qui veulent exclure la foi chrétienne de la sphère publique, mais ferment par lâcheté les yeux devant une autre "foi" autrement coercitive, qui elle, ne se laisserait pas "mettre en examen" pour des "délits" tels que "abus dûs à des motifs racistes ou xénophobes"!
Cet épisode a inspiré successivent deux brefs billets à Vittorio Messori.
Des réflexions qui méritent d'être lues - et méditées (ma traduction plus bas).
--------------

La seconde réflexion, autour des signes perdus de l'identité catholique (identité à laquelle se rattachent indubitablement l'art sacré en général, et en particulier l'architecture des églises, et la crèche, dans laquelle le Professeur Gnerre voyait justement un signe d'identité culturelle qui se manifeste publiquement), m'a fait penser à la crèche de l'Eglise de la Madeleine, à Paris, évoquée dans plusieurs "blogues". La photo ci-dessous est issue du site de la maison Bernardaud, spécialisée dans la porcelaine de Limoges haut-de-gamme, qui l'a créée. Il s'agit peut-être d'un bel objet - quoique pas à mon goût- mais qui nécessite quelques explications, c'est le moins que l'on puisse dire. Elle a pourtant emballé le Père Daniel Ponsard, Curé de La Madeleine, qui se réfère, bien mal à propos, à Saint-François d'Assise. "Nous aimons, dit-il l’idée qu’une œuvre d’art contemporaine soit présentée dans une église traditionnelle et ainsi annihile les frontières".
Personnellement, en plus du fait que je trouve choquante l'idée qu'une marque emblématique du luxe à la française vienne se faire de la pub dans une église, je pense que cette "crèche" n'annihile en rien les frontières, elle les déplace. Elle met une fracture entre les gens simples, qui auront raison de n'y rien comprendre, et les bobos qui viennent s'extasier devant les "oeuvres d'art" au centre Pompidou. Il est vrai que l'Eglise de la Madeleine est davantage fréquentée par les touristes et les bobos, que par les simples croyants.

Crèche de la Madeleine



1. Le jambon espagnol et les impuretés alimentaires: un éloge du christianisme
28-12-2010
(Texte original ici)
-----------------
(..)
Cet épisode nous fait réfléchir - bien à propos, puisque nous sommes au temps des repas de fête et des libations - sur ce qu'a été la libération apportée par le christianisme, de ce point de vue aussi. Le christianisme est la seule religion qui n'a pas de tabous alimentaires. Il est vrai qu'il est demandé de ne pas manger de viande le vendredi et pendant le carême, mais cette abstinence a moins une signification religieuse, qu'ascétique et de pénitence.

En un mot, une renonciation pour nous éduquer, et non pas une interdiction dûe à une quelconque «impureté» de l'aliment en question. Jésus a dit que ce qui peut polluer l'homme ne vient pas du dehors, c'est-à-dire de ce que l'homme peut introduire en lui. Mais il vient de l'intérieur-même de l'homme.

Si j'étais mis au défi de choisir deux étapes fondamentales sur la nouveauté libératrice du christianisme, je citerais la phrase «Rendez à César ce qui est à César», qui fonde la laïcité et la séparation entre religion et politique; et l'annonce qu'il n'y a rien d'impur qui puisse contaminer l'homme de l'extérieur, parce que la vraie contamination provient du plus profond de nous-mêmes.
Une fois de plus, rendons-nous compte, avec humilité et gratitude, du grand privilège d'être un chrétien.

2. Ces signes perdus de l'identité catholique
Texte original ici.
29-12-2010

Refléchissant hier au sujet du jambon espagnol et de l'abstinence le vendredi, je me suis rappelé les paroles prononcées à plusieurs reprises par Benoît XVI sur les minorités créatives. Oui, parce que s'abstenir de viande le vendredi et surtout les vendredis de Carême, était un signe de l'identité catholique, l'un des nombreux signes que nous avons perdus en quelques décennies.

Le Pape nous dit que l'avenir pour le christianisme est d'être une minorité active et créative, puisque dans la société sécularisée, le temps n'est plus au christianisme de masse. Certains signes d'identité, se rassembler autour de symboles, est essentiel pour une minorité créative.

Dommage que nous les ayons pratiquement tous perdus: nous avions une langue liturgique commune, le latin, et nous ne l'avons plus. Nous avons perdu les signes distinctifs des vêtements sacerdotaux et maintenant, dans la rue, le plus souvent, nous ne sommes plus capables de distinguer un prêtre ou religieux.

Nous avons perdu le jeûne et l'abstinence , alors qu'à une époque, la norme dans les cantines scolaires et d'entreprise était l'attention à ne pas servir de viande le vendredi ou de proposer menu alternatif. Nous avons perdu ce signe de la foi en la résurrection du corps qu'était la sépulture sous la terre, maintenant remplacée de plus en plus souvent par l'indigne crémation.

Nous avons perdu l'usage du voile pour les femmes dans l'église, précepte Paulinien présent dans la Sainte Écriture, aboli justement par ceux qui se réfèrent à l'Écriture à chaque fois que l'occasion se présente (a ogni pie’ sospinto). Nous avons perdu les processions ainsi que les fêtes patronales, qui ne survivent que grâce à l'illusoire boom du folklore et sont désormais organisées par les offices de tourisme locaux.

Le catholique ne se distingue plus , et cela serait le moins pire. Le problème, c'est que lui-même, dans certains cas, n'est plus en mesure de comprendre qui il est, de se rassembler autour des symboles et des coutumes. Loin de moi tout anachronisme et toute fausse nostalgie. Mais je crois que, tout comme il y a une nécessité de «réforme de la réforme» liturgique, de la même façon, nous aurions besoin de récupérer des signes d'identité, pour les minorités créatives qui sont l'avenir du christianisme.

Le repas du Saint-Père avec les pauvres 14 personnes à la table du Pape