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Kadhafi, dictateur controversé

Un article du site Asianews, qui rompt avec la caricature ayant cours actuellement dans les medias majoritaires. (3/4/2011)

-> Lire aussi :
Mais enfin, qui est ce Kadhafi? et Mais enfin, qui est ce Kadhafi? (II)

Depuis le début de la guerre en Lybie, je n'ai entendu aucune parole en faveur de Kadhafi, à l'exception notable de Vittorio Messori, hier (A table avec Vittorio Messori (4) ).
En ces jours où l'Afrique du Nord connaît une forte poussée de fièvre qui ébranle par ricochet l'Europe, le site Asia News (en anglais et en italien) est une source précieuse et plutôt objective d'information. On y trouve, par exemple, des articles du Père Samir Khalil (certains traduits ici), et en ce moment, du vicaire apostolique en Lybie, Mgr Martinelli.

J'ai traduit cet article très éloigné des lieux communs sur le "satrape lybien tout juste bon à se balancer au bout d'une corde" qui circulent en ce moment dans tous les milieux (pas forcément pour les mêmes raisons!). Comme toujours, la réalité est beaucoup plus nuancée. Et je trouve juste de parler aussi de ce qu'il a fait de vraiment bien. Pas une nouveauté absolue pour moi. Nous avons connu, il y a une quinzaine d'années une dame dont la soeur vivait en Lybie et à laquelle il lui arrivait de rendre visite. Déjà à l'époque, nous avions été surpris d'entendre de sa bouche la prospérité dont, selon elle, jouissait le pays sous le dictateur Kdhaffi.

Article en italien: http://www.asianews.it/notizie-it/Gheddafi-dittatore-controverso-21141.html
Ma traduction.



Kadhafi, dictateur controversé
L'appel de Benoît XVI pour la paix
Piero Gheddo

Peu de gens savent que Kadhafi a travaillé pour ouvrir des écoles et des universités aux femmes, leur garantissant la liberté de quitter leur maison non accompagnés, développant l'économie du pays. A Jean-Paul II, il a demandé des religieuses infirmières pour les hôpitaux lybiens.
Le risque qu'avec la fin de Kadhafi croisse le fondamentalisme islamique.
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L'Occident s'est rangé parmi les adversaires de Mouammar Kadhafi, qui devra choisir entre mourir à Tripoli réduite en ruines, ou accepter l'exil dans un pays ami. C'est une donnée de fait, et il est superflu de rappeler ce que le Pape a dit à maintes reprises. Hier encore, 27 Mars, après l'Angélus, Benoît XVI a déclaré: "Face aux nouvelles, toujours plus dramatiques, qui proviennent de la Libye, je suis de plus en plus inquiet pour la sécurité de la population civile et ma préoccupation grandit pour l’évolution de la situation, marquée actuellement par l'utilisation des armes. En ces moments de grande tension, il est urgent de recourir à tous les moyens dont dispose l'action diplomatique et de soutenir aussi le plus petit signal d'ouverture et de volonté de réconciliation entre toutes les parties impliquées dans la recherche de solutions pacifiques et durables. Dans cette perspective, alors que j'élève au Seigneur ma prière pour un retour à la paix en Libye et dans toute la région du nord de l’Afrique, j'adresse de tout cœur un appel aux organismes internationaux et à tous ceux qui ont des responsabilités politiques et militaires, pour la mise en route immédiate d'un dialogue qui suspende l'utilisation des armes"

L'évêque de Tripoli, Mgr. Giovanni Martinelli ajoute: "La guerre pouvait être évitée. Quelques jours avant que Sarkozy décide de bombarder, de réelles lueurs de médiation s'étaient allumées. Mais les bombes ont tout gâché. "

Dictateur depuis 1969, au dévbut, Kadhafi a suivi une ligne anti-occidentale et anti-italienne, jusqu'à financer le terrorisme de matrice islamique, les mosquées et les madrassa islamiques d'inspiration extrémiste à travers le monde. Il a expulsé de Libye les 25 000 Italiens et autres étrangers qui tenaient sur pied l'économie et les services publiques, réduisant son peuple à la misère. En 1986, Reagan bombarda les six tentes, à l'intérieur de casernes, dont celle où vivait le Premier libyen, qui en réchappa par miracle.

Isolé entre Egypte et Tunisie pro-occidentales, il s'est rendu compte que la ligne révolutionnaire était en faillite, et a progressivement modifié sa politique: il a continué à faire des discours révolutionnaires et anti-occidentaux, mais dans la pratique, surtout après qu'en 1998 l'embargo économique eût été levé, et en 2004 l'embargo sur les ventes d'armes à la Libye, il a entamé un processus de rapprochement avec l'Occident et, ce qui est plus important, de difficile éducation de son peuple, avec l'école et le respect des droits de l'homme et de la femme .

J'étais en Libye en 2007 et je suis resté en contact avec des amis. Les recettes pétrolières, Kadhafi les a utilisées pour développer le pays: routes, écoles, hôpitaux, universités, logements "populaires" à très bas prix, début d'industrialisation, développement agricole avec l'eau tirée du fond du désert jusqu'à une profondeur de 600-800-1.000 m! Deux acqueducs (construits par les sud coréeens) amènent l'eau du désert jusqu'à la côte, à 900 km. vers le nord.

Le régime de Kadhafi est soutenu par les tribus de la Tripolitaine, combattues par celles de la Cyrénaïque, une région qui s'est rebellée et a facilement conquis Benghazi et d'autres villes. Une rivalité traditionnelle, qui avait déjà causé des problèmes à l'époque de la colonisation italienne. Le récent soulèvement n'a pas été causé par la misère, comme cela été le cas de l'Egypte et de la Tunisie, en fait, à ce jour, s'il y a eu de nombreux réfugiés des pays du Maghreb, aucun lybien n'a fui la Libye: signe que les gens n'étaient pas si mal. La révolte est causée par des rivalités tribales (les tribus sont appelés «Kabile»), et ensuite, par l'oppression d'une dictature qui ne laisse aucune place à la croissance politique et à la participation populaire dans la direction du pays.

Mais nous ne pouvons pas oublier ce que le dictateur a fait: il a envoyé les filles à l'école et les jeunes filles à l'Université, il a aboli la polygamie et adopté des lois en faveur des femmes, y compris dans le mariage: par exemple, il a interdit de garder (d'enfermer) les filles et les femmes dans la cour et derrière les murs de la maison. Surtout, il a contrôlé et maintenu l'extrémisme islamique. Un comité de sages musulmans, à Tripoli, préparaient à l'avance le texte religieux du vendredi, et l'envoyait à toutes les mosquées du pays, où l'imam devait le lire sans en ajouter ou en retirer quoi que ce soit, sous peine de perdre son emploi.

En Libye, jusqu'à présent, il y a la liberté religieuse. Les 100 000 chrétiens (aucun libyen, tous étrangers, en majorité des travailleurs Coptes égyptiens), avec toutefois de nombreuses limites, jouissent de la liberté de culte et de réunion. La Caritas libyenne est un organisme estimé et dont les interventions sont demandées.
Deux faits exceptionnels.
En 1986, Kadhafi a écrit au pape Jean-Paul II, demandant des religieuses italiennes pour ses hôpitaux. Il avait construit des hôpitaux et des cliniques, mais n'avait pas encore d'infirmières libyennes. La requête venait de l'exemple de deux infirmières italiennes franciscaines qui avaient assité le père de Kadhafi jusqu'à la mort. Aujourd'hui, en Libye il y a environ 80 religieuses catholiques (principalement indiennes et philippines, mais aussi italiennes) et 10.000 infirmières catholiques philippines et indiennes, en plus des nombreux médecins philippins, indiens, libanais, italiens. Mgr Martinelli me disait: "La présence de ces jeunes femmes chrétiennes, professionnellement compétentes, gentilles, attentives aux besoins des patients, soignant avec amour, sont en train de changer l'image du christianisme parmi les musulmans". Dans aucun pays musulman cela n'est permis.

Second fait. J'ai été dans le désert à 900-1000 km. de Tripoli, où est en train de fleurir une région ex-désertique avec l'eau tirée des profondeurs de la terre. Un lac de 35 km de long, des terres cultivées et des villes, là où, 20 ans plus tôt, il n'y avait rien. La ville de Sabha, capitale de la région, compte 80 000 habitants; c'est là que vit un médecin italien, prêtre, Don Giovanni Bressan (de Padoue), qui a été l'un des fondateurs de l'hôpital central. Don Bressan a réuni de nombreux réfugiés en provenance des pays africains au sud du désert (Nigeria, Cameroun, Tchad, etc.), il a fondé pour eux une église, une école, un centre de rencontres et de loisirs. Les Africains travaillent et sont rémunérés, pendant trois ans ou plus, ils restent dans le sud, puis ont assez d'argent pour tenter le passage en Italie! Ils font tout les travaux, et sont bien considérés, car ils sont travailleurs, honnêtes et forts. Don Vanni (Giovanni Bassan) parvient à arrêter certaines familles, les autres veulent venir en Italie, en Europe.
Le chemin de la pleine intégration de la Libye dans le monde moderne, et la Charte des droits de l'homme et la de femme avait commencé. Je ne défends pas Kadhafi et sa dictature, mais il me semble juste aussi de témoigner d'aspects de son oeuvre complètement ignorés ces derniers jours.

Le 26 Mars, Magdi Cristiano Allam a écrit sur Il Giornale: "Dans la guerre qui a éclaté en Libye et qui voit l'Italie en première ligne, la seule certitude, au-delà des intentions réelles de ceux qui l'ont déclenchée, est que ce sont les islamistes qui vont gagner et que, par conséquent, les populations des rives est et sud de la Méditerranée seront de plus en plus soumis à la charia, la loi islamique qui nie les droits fondamentaux des personnes et légitime la dictature théocratique. Un résultat qui est exactement le contraire des proclamations officielles de Sarkozy et Obama débordantes des mots d'ordre "liberté" et "démocratie".

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