"Communication": quand deux mondes se rencontrent
David Gibson, journaliste spécialisé dans l'information religieuse, a écrit un article dans le Washington Post sur "la révolution de communication du Vatican", dont le compte twitter du Pape ne serait qu'un épi-phénomène, et dont le responsable est le fameux spin doctor, Greg Burke. Horripilant point de vue, sur l'exhorbitante prétention des anglo-saxons à vouloir tout régenter, surtout ce à quoi ils ne comprennent vraiment RIEN. (7/12/2012)
Je traduis à titre de document, mais c'est vraiment caricatural.
Il suffit de comparer avec Angela Ambrogetti , qui écrivait:
Les médias jouent un rôle important, fondamental dans le monde moderne, mais l'Eglise ne vit pas dans une seule époque, dans une temporalité fugace. L'Eglise regarde au-delà, elle voit sur le long terme et la révolution Ratzinger n'est pas à courte vue comme les journaux. Benoît XVI et les collaborateurs à qui il fait confiance, travaillent sur un projet dont nous serons en mesure de juger l'efficacité dans 50 ans.
Pour moi, il n'y a pas photo, dans la finesse, la compréhension, le souci de bien informer, tout simplement.
On verra qu'on a droit à tous les clichés qui courent sur le Pape depuis bientôt 8 ans!!! (en gras dans ma traduction)
Article original en anglais ici: http://www.washingtonpost.com
Ma traduction.
Voir aussi
- Un "spin-doctor" au Vatican? (benoit-et-moi.fr/2012(II))
- Le spin doctor du Vatican (suite) (benoit-et-moi.fr/2012(II))
- Le Pape ne cherche pas à plaire aux medias (benoit-et-moi.fr/2012(II) )
Au-delà de Twitter: L'autre révolution de communication du Vatican
David Gibson,
Religion News Service, The Washington Post
5 Décembre 2012
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Le pape Benoît XVI a lancé son propre compte Twitter cette semaine (3 décembre), avec une couverture médiatique dans le monde entier - difficile de résister à l'histoire d'un pape octogénaire se mêlant aux digerati (ndt: néologisme anglais qui doit se traduire par "élite digitale") - et sous les acclamations des initiés de l'Eglise.
La louange est compréhensible. Après l'avalanche de faux pas qui en sont venus à définir les presque huit ans de pontificat de Benoît XVI, il semble que le Vatican ose enfin plonger dans le cycle de l'info 24/7 (info continue), au lieu de toujours jouer en défense.
Mais l'accent mis sur l'entrée personnelle du pape dans les médias sociaux (le Vatican a déjà un compte Twitter et une page Facebook) est vraiment une intrigue secondaire par rapport à un effort plus grand, en coulisses, de la curie romaine pour remanier l'appareil de communication notoirement byzantin du Vatican, et parer aux problèmes qui ne peuvent être passés sous silence, même par les tweets les plus attrayants du pape.
Cette restructuration a commencé pour de bon cette année, suite aux critiques incessantes - un grand nombre venant d'alliés du Vatican - selon lesquelles l'infortunée «messagerie» de Rome accélérait les polémiques au lieu de les désamorcer.
De la citation par Benoît XVI d'un passage «incendiaire» sur le Prophète Mahomet dans un discours de 2006, à sa réhabilitation d'un évêque négationniste en 2009, le pape s'était fait connaître pour créer des gaffes plutôt que prêcher l'évangile. Derrière les murs du Vatican la frustration grandissait.
L'impulsion en faveur d'un redémarrage de la communication a été donnée en Janvier dernier, suite à la tristement célèbre affaire «Vatileaks» dans laquelle le valet du Pape Paolo Gabriele - qui a été condamné en Octobre - avait secrètement transmis des milliers de notes internes sensibles à la presse italienne, dépeignant le Vatican comme un repaire d'intrigues empoisonnées.
Alors, comment la refonte va-t-elle se dérouler, maintenant que les choses s'installent?
«C'est un travail en cours», a déclaré Greg Burke, journaliste de Fox News, que le Vatican a embauché l'été dernier dans un geste inhabituel de grande envergure. «Pour le moment, ce sont juste des pas de bébé ('premiers pas'), en essayant de faire bouger les choses dans la bonne direction. Et je pense que c'est le cas».
Certains responsables du Vatican disent que l'embauche de Burke - il est un membre de l'influent Opus Dei et il travaille au bureau de la Secrétairerie d'État - est l'un des plus grands parmi ces 'premiers pas'. Il a été suivi par un certain nombre d'autres actions visant à faire de la communication du Saint-Siège une priorité plutôt qu'une réflexion après coup.
Par exemple, le Vatican a commencé à utiliser des conférences de presse de simulation, pour se préparer aux questions difficiles des médias, et rendre quelques-uns de ses plus jeunes fonctionnaires, de niveau intermédiaire, plus accessibles aux journalistes. Même s'il ne peuvent délivrer que des briefings de second plan, ces fonctionnaires ont tendance à être plus abordables aux journalistes que les cardinaux de haut rang, pour lesquels les médias sont un mal nécessaire et le télécopieur une nouveauté (des officiels de la Curie aiment dire en plaisantant que la devise du Vatican devrait être «demain la technologie d'hier»).
De hauts responsables du Vatican ont également commencé des réunions hebdomadaires pour discuter de la stratégie de communication - par exemple, quand et comment faire des annonces afin qu'elles aient le plus grand impact. Et bien sûr il y a la nouvelle sensibilisation via les réseaux sociaux et d'autres formes de communications numériques.
Même le quotidien semi-officiel du Vatican, L'Osservatore Romano, se défait de son image de version ecclésiastique de la Pravda et publie des articles étonnamment provocateurs sur la culture pop et la politique.
Bien que ces tactiques soient de vieilles lunes pour la plupart des sociétés et des organismes gouvernementaux, elles sont souvent un nouveau genre de concepts au Vatican.
Elles ont déjà versé des dividendes: l'été dernier, alors que la Banque du Vatican - source depuis des décennies de quelques-uns des plus grands scandales du Vatican - se préparait à une épreuve cruciale dans ses efforts pour adopter des normes financières internationales en matière de transparence, les responsables de la banque ont ouvert leur mystérieux fort aux journalistes qui ont pu visiter les installations et questionner les hauts responsables.
«Nous voulons lever le voile du secret» qui pend au-dessus de l'Institut, de montrer que notre effort de transparence est réel», a déclaré aux journalistes Paolo Cipriani, directeur général de la Banque du Vatican. Ce genre de discours est révolutionnaire en termes du Vatican.
Mais de sérieux obstacles demeurent parce que le Vatican peut encore être une cour médiévale avec la mentalité d'un village italien. Chaque département curial, ou «dicastère», a tendance à se considérer comme une guilde autonome dont les dirigeants se disent qu'ils savent ce qui est mieux pour leur boutique. De vieilles rivalités interministérielles ont résisté aux efforts antérieurs visant à coordonner la publicité pour le plus grand bien.
La structure de communication du Vatican illustre elle aussi le problème: en dehors de L'Osservatore Romano et d'un site Internet de nouvelles, le Vatican a sa propre station de radio et un studio de télévision, ainsi qu'un «bureau pontifical pour les communications sociales» qui est censé s'occuper des questions importantes relatives aux médias, tout en coordonnant également la couverture du pape par les stations de télévision laïques.
Et il y a le bureau de presse du Vatican, qui traite avec la presse écrite et est dirigé par un prêtre jésuite, le père Federico Lombardi, qui est le porte-parole officiel du Vatican.
Cette demi-douzaine de bureaux sont indépendants les uns des autres, et aiment cela. Lombardi, quant à lui, insiste sur le fait qu'il ne parle pas pour Benoît. «Le pape est capable de s'exprimer sans moi», dit-il. C'est un changement par rapport au précédent pontificat, et qui a soulevé des questions sur la façon dont Lombardi est informé, et quel crédit les journalistes peuvent donner à ses déclarations.
En outre, Lombardi a maintenant Burke pour travailler avec lui, une situation qui pose autant de questions qu'elle y répond.
«Je pense que nous en sommes à un stade expérimental», a déclaré en Septembre avec un sourire ironique l'affable Lombardi, interrogé sur le déroulement du nouveau dispositif de communication.
Il y a des questions banales qui ont elles aussi besoin d'attention. Le site officiel du Vatican a été lancé dans les années 1990, et cela se voit (ndt: mais c'est faux! le site du Vatican a été totalement relooké en 2011, et il est magnifique). Et le bureau de presse ferme encore à 15 heures presque tous les jours - un horaire qui frustre les médias et Jack Valero, membre de l'Opus Dei et consultant en communication très apprécié par plusieurs agences d'églises: «Si vous êtes à New York, vous vous réveillez tout juste, et le Vatican ferme», dit Valero, qui pense que le Vatican devrait avoir un porte-parole qui fasse le tour de l'horloge.
Bien sûr, dans l'Eglise catholique, les changement ne viennent jamais facilement, et il n'y a pas de stratégies médias infaillibles. Même les évêques américains, qui sont considérés comme étant à la fine pointe de l'Église quand il s'agit de l'adoption de méthodes modernes, ont du mal à surmonter une série de mauvaise publicité et sont en train de réorganiser leurs opérations de communication.
Les événements peuvent aussi contrecarrer les meilleures intentions du monde.
Par exemple, le Vatican a dû faire face à sa propre controverse Benghazi en Septembre parce que, tout comme l'administration Obama, il a répondu aux troubles en Egypte et en Libye par des déclarations quelque peu confuses, déplorant dans un premier temps la vidéo anti-islamique ayant déclenché les émeutes du Caire, et dénonçant plus tard la violence qui avait coûté la vie à l'ambassadeur américain en Libye et fait trois autres morts.
Les conservateurs s'en sont pris au Saint-Siège comme ils avaient fustigé la Maison Blanche, et les fonctionnaires du Vatican ont ragé contre ce qu'ils percevaient comme des critiques injustes.
Et puis il y a eu, le mois dernier, la réaction contre le livre du pape - une discussion intelligente et accessible sur l'enfance de Jésus, troisième volet de la trilogie bien accueillie de Benoît XVI sur le Jésus historique, programmé à à bon escient pour une sortie avant Noël. Mais certains médias et quelques croyants on été atterrés par ce qu'ils ont vu comme le Pape "rabat-joie", démythifiant sans précaution des traditions chéries de Noël - un autre mal de tête «PR» (public relation) sur ce qui aurait dû être une simplebon moment pour Benoît.
Lombardi affirme que la révision de la communication se poursuivra. «Je pense que nous devons grandir», dit-il. Il a ajouté que l'ajout de Burke à l'équipe ne peut que contribuer au processus.
Burke a fait une rare apparition publique cette semaine pour l'annonce du nouveau compte Twitter du Pape - les tweets débuteront le 12 décembre - et dans une interview, un peu plus tôt, il avait l'air d'un optimisme prudent quant à l'effort de changer la méfiance historique de Rome pour les médias.
«Toute personne ayant des rapports avec le Vatican sait que les choses prennent du temps ici», dit Burke. «J'apprends beaucoup de choses, mais je pense que mes supérieurs aussi». (ndt: quelle fatuité!!)
«L'Eglise n'est pas un parti politique, et nous ne faisons pas les choses juste pour avoir de bonnes relations publiques», a-t-il ajouté. «Mais quand une décision est prise, nous devons avoir à l'esprit comment la communiquer. Quel est le message que nous allons envoyer? Il est intéressant d'amener les gens à penser de cette façon».