Le Pape a annulé Noël!!
C'est le titre ahurissant des medias anglo-saxons après la parution du livre "L'Enfance de Jésus". Où la bêtise et l'ignorance le disputent à l'odieux. Mais qui est derrière tout cela? puisqu'à l'évidence, les gens qui ont répandu la nouvelle n'ont pas lu le livre. (1er/12/2012)
Nous avons vu grâce à Carlota comment l'Espagne avait réagi à la parution de l'ouvrage si attendu sur les évangiles de l'Enfance (cf. La grotesque polémique espagnole et Le boeuf, la mule... et les ânes).
La France a été épargnée, pour la mauvaise raison que la sortie du livre a été presque totalement passée sous silence (cf. L'enfance de Jésus: honte aux journaux français!).
Il semble que la palme de la malveillance - et du néant intellectuel - revienne au monde anglo-saxon.
J'ai trouvé cet article sur le site de mon amie Teresa. Il est issu du site de Reuters, et signé Philip Pullella, le "vaticaniste" de l'Agence.
Il réagit le 28 novembre, soit 8 jours après la sortie du livre, et se défausse sur les tabloïds et les réseaux sociaux.
Mais QUI sont les propriétaires de ces tabloïds qui forment l'opinion publique et alimentent à leur tour les "réseaux sociaux"? En réalité, souvent les mêmes que ceux des grands titres "sérieux". Voir par exemple l'empire de Rupert Murdoch, qui inclut en Angleterre The Times, et The Sun!!! A l'évidence, ils jouent sur les deux tableaux, celui de respectabilité, et celui de la plus basse démagogie.
Quant aux journalistes, il leur est trop facile de reproduire complaisamment les insanités des tabloïds, tout en précisant hypocritement qu'il s'agit de presse de caniveau, et des réseaux sociaux, prétendant y lire "les signes des temps" (ce que pourrait dire un ivrogne fréquentant assidument un bistrot).
Tous ont leur rôle, dans le système mondialiste, et ils le remplissent.
Mais ceci est un autre débat.
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Pour tout savoir sur la question: le Pape n'a pas annulé Noël
Philip Pullella
28/11/2012
http://www.reuters.com
Et il arriva que dans la huitième année du règne du pape Benoît XVI, certains tabloïds et réseaux sociaux décrétèrent qu'il avait annulé Noël.
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Le lendemain de la parution du dernier livre de Benoît XVI «L'Enfance de Jésus», le 20 Novembre, les officiels du Vatican ont trouvé quelques titres qu'ils n'attendaient pas.
«Le Pape rabat-joie anéantit les traditions de la nativité» énonce un titre à sensation, affirmant que Benoît avait snobé des traditions comme les animaux dans la crèche et les chants de Noël.
«Le pape vise à démystifier les mythes de Noël», dit un autre.
«Holy Scrooge!» (Saint gripe-sous - allusion à une nouvelle de Dickens "A Christmas carol").
Certains blogs ont collé sans ménagement à Benoît l'étiquette «le nouveau Grinch qui a volé Noël» (allusion à un livre et un dessin animé homonymes) et l'un d'eux l'a propulsé au «sommet de la liste des grincheux pour 2012».
Et puis il y a ce titre caustique d'un site de nouvelles: «Le pape bannit Noël».
Venant un peu plus d'un mois avant Noël, c'était la dernière chose dont le Vatican avait besoin - un nouveau problème d'image pour le pape (ndt: nous y voilà!!!).
Alarmé par certains des titres, le réseau social catholique XT3 s'est senti obligé de lancer un blogue qui dissèque la couverture médiatique de l'ouvrage. Il s'intitule: «Le pape n'a pas banni Noël ».
Mais au fait, quel est le problème?
Dans le livre de 137 pages, le pape déclare un fait: que, dans les évangiles, il n'y a "pas de référence" de la présence des animaux dans l'étable - en fait, c'était probablement une grotte - où Jésus est né.
Les blogueurs s'en sont donnés à coeur joie, l'un d'eux parlant de «bombe numéro 1».
Ce que certains ont négligé, c'est que quelques phrases plus loin, le pape déclare que, même aujourd'hui, «Aucune représentation de la crèche n'est complète sans le bœuf et l'âne».
Il explique: La tradition de l'âne et du bœuf est venue de la réflexion sur certaines parties de l'Ancien et le Nouveau Testament. L'iconographie chrétienne a ensuite adopté le motif tôt dans l'histoire de l'Église, pour montrer que même les animaux savaient que Jésus était le Fils de Dieu.
Gardons les chants de Noël
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En d'autres termes, la tradition qui s'est développée au cours des siècles importe plus qu'un fait invérifiable, au moins en ce qui concerne le cas du bœuf et l'âne dans la crèche.
«Je pense que ce que les gens doivent comprendre ici, c'est que le pape essaie d'être aussi historien qu'il peut l'être», dit le père Robert Dodaro, professeur de patristique, (ou étude des écrits de l'Église primitive), à l'Institut patristique de Rome. «Il veut voir les récits bibliques comme historiques, autant que possible, mais il tente également d'expliquer les détails dans des récits qui ne peuvent pas être vérifiés historiquement».
Certains blogueurs, prenant la suite de la télévision, des journaux, et des sites web ont même écrit que le pape avait parlé contre les chants de Noël. Mais dans le livre, c'est le contraire qui est vrai. Benoît dit que l'évangéliste Luc écrit qu'au moment de la naissance de Jésus, les anges ont «dit» l'expression bien connue «Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre parmi les hommes qu'il aime». Mais dans la ligne suivante, il explique que «le christianisme a toujours compris que le discours des anges est en réalité un chant», que «le chant de louange des anges n'a jamais été silencieux», et qu'il est «normal que les simples croyants (aujourd'hui encore) se rejoignent dans leur chants dans la Nuit de Noël».
Donc, pas besoin d'annuler les spectacles scolaires.
Une autre section du livre qui a irrité certains blogueurs est celle où le pape réaffirme ce que les biblistes savent depuis des décennies, sinon des siècles - que Jésus est né quelques années avant le premier siècle après JC.
Benoît écrit que, puisque le roi Hérode est mort en 4 avant JC, Jésus est probablement né «quelques années plus tôt». Il attribue la fixation erronée de l'année de la naissance de Jésus à une erreur de calcul par le moine Dionysius Exiguous quelque 500 ans plus tard.
«Aucune foi ne doit être ébranlée par ce livre», dit Robert Dodaro (ndt: c'est un comble que le savant bibliste soit obligé de faire cette mise au point!!). «Au contraire, elle doit être fortifiée. C'est un compte rendu crédible de la naissance du Christ».
Et sur la Place Saint-Pierre, les ouvriers ont commencé à construire la crèche du Vatican, plus grande que nature, qui devrait avoir des animaux et des anges chantant.