Une journaliste du vol papal raconte
Le récit plein de vie et de couleur d'Angela Ambrogetti, qui suivait Benoît XVI au Liban (26/10/2012)
L'article ci-dessous (et la photo) provient de son blog personnel, Il Portone di bronzo.
>> Voir aussi cet autre article: A bord de Sheperd One
Et ici: Jean-Paul II, paroles en liberté , le livre qu'elle a consacré à ses voyages avec JP II
>>> Sur un thème voisin, le récit d'une journaliste mexicaine, Paloma Rives, en voyage avec le Pape, vers le Mexique et Cuba (benoit-et-moi.fr/2012-I)
Une journaliste du vol papal raconte
Angela Ambrogetti
10 Octobre 2012
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Vol papal, AZ4000, le code est toujours le même, mais il raconte les voyages autour du monde de deux papes. Benoît XVI s'est rendu au Liban, trois jours pour apporter un message de paix au Moyen-Orient balayé par le vent de la violence. Et les journalistes avec lui. Un honneur et une grand fatigue, de voler avec le Pape, dans son avion. Écouter ses paroles directement dans la brève conférence de presse et surtout le suivre dans chaque rencontre, chaque acte public, chaque cérémonie, telle est leur tâche. Ce sont eux qui ensuite racontent comment le Pape a salué le président, s'il était fatigué ou souriant, si le discours est intéressant ou pas; tout cela, c'est un peu de ce petit groupe de professionnels qui «transmettent» les textes aux agences du monde entier. Au Liban, une cinquantaine de «compagnons de voyage» du Pape ont œuvré à diffuser le message de paix que Benoît XVI a voulu apporter dans une terre difficile et en même temps berceau du christianisme et de la coexistence entre les différentes religions.
Ainsi, les journalistes étaient sur la place Bkerké un samedi après-midi ensoleillé, avec trente mille jeunes chrétiens et musulmans, Libanais, Jordaniens et même Syriens. A eux, le Pape a dit d'être courageux, de ne pas se laisser séduire par les routes qui mènent au désespoir, à la drogue, à la pornographie. Mais par-dessus tout, il a répété les paroles de Jean-Paul II: «N'ayez pas peur».
Ils n'ont certes pas peur de la fatigue et de la chaleur les journalistes du «vol papal» qui pendant des heures attendent patiemment l'arrivée du Pape, en ce matin chaud et ensoleillé de Beyrouth. Il y a 350 000 personnes sur le front de mer, la grande plate-forme sur la mer construite avec les décombres des bâtiments détruits par la guerre qui a ensanglanté le Liban pendant des décennies. Les journalistes étaient là, sous soleil, en attendant que passe la papamobile accompagnée dans le ciel par des hélicoptères. C'était comme faire un retour dans le temps, mais dimanche matin, ils accompagnaient le Pape qui apportait la paix.
Le vrai printemps arabe est ici, aujourd'hui, racontaient aux journalistes assoiffés d'eau et de nouvelles, les jeunes venus de Jordanie pour voir le Pape. Le Pape, ils le regardent, ils l'étudient, ils l'écoutent, et puis on écrit un article, quelques mots pour offrir l'émotion à ceux qui sont à des milliers de kilomètres de là, et confier un message à l'histoire.
La Salle de Presse bondée pour le briefing du Directeur du Bureau de Presse du Saint-Siège est le point de rencontre et d'échange d'informations et d'opinions. Les journalistes qui suivent le Pape échangent des informations avec les journalistes locaux. On échange aussi des adresses et des numéros de téléphone, on est à la recherche de données et d'explications. Surtout, on lit la presse locale. Ou bien on cherche quelqu'un pour la traduire. Au Liban, toutefois, il y a un quotidien français, L'Orient le Jour, qui raconte au monde le pays des cèdres. Et la visite du Pape et une excellente occasion d'attirer l'attention du monde sur les problèmes de la population d'un pays. A Beyrouth, le président de la République, l'ex-général Michael Suleiman, le dit. Très aimé des gens, il a suivi avec sa femme toutes les étapes de la visite du Pape Benoît XVI. Dans le moderne palais présidentiel sur les hauteurs de la ville, le président a concédé aux journalistes du «vol papal» de suivre toutes les rencontres privées avec les ambassadeurs et les ministres. Une occasion pour les journalistes de voir des sculptures romaines dans le hall d'entrée et les colonnes d'un temple dans le jardin luxuriant.
Le soir, enfin, on cherche à connaître un peu Beyrouth, du restaurant de poissons qui donne sur la Saint George Bay, et qui, après le retour de la paix, est à nouveau un point de référence pour les gens de la ville, jusqu'aux pizzerias éparses un peu partout ici aussi. Et même, on monte la colline vers Harissa, comme le Pape l'a fait le soir de son arrivée. Il y a un sanctuaire et une grande statue de Notre-Dame du Liban surplombant la mer et la ville, un lieu de pèlerinage pour les chrétiens et les musulmans qui voient en Marie la mère du Prophète Jésus. Le lieu choisi par Papa Benedetto pour signer le document qu'il a apporté à la population du Moyen-Orient, un texte écrit pour donner de l'espoir et demander la paix, la liberté pour les chrétiens, et le dialogue entre les religions; l'Eglise au Moyen-Orient, c'est le titre du texte que le Pape a donné, avec sa signature autographe, y compris aux dirigeants musulmans qu'il a rencontré le samedi 15 Septembre. Une rencontre très cordiale, a déclaré le père Lombardi, en attendant l'un des bus qui les ramènent, haletants, à la salle de presse.
Trois jours qui s'envolent, trois nuits où l'on dort à peine, des centaines de regards croisés tout en faisant un "direct", des mots qui se confondent et qui doivent devenir des «informations». La dernière rencontre entre le Pape et les patriarches, on la suit depuis une salle à l'aéroport, puis en avant vers la passerelle pour monter dans l'avion. Dernières photos, derniers regards, il y un peu de nostalgie. Mais il faut se dépêcher.
Le pape salue le Président, il remercie avec des mots qui sont de la poésie, à la traditionnelle hospitalité orientale, dit le Pape, «vous avez ajouté un complément: on peut le comparer à une de ces fameuses épices orientales qui enrichissent la saveur des aliments: votre chaleur et votre coeur, qui m'ont donné l'envie de revenir».
Sur le vol de retour, on raconte, on dicute, on fête avec un toast et une photo avec le Pape un collègue qui prend sa retraite. On revient à la normale, jusqu'au prochain «vol papal».