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Mexique et Cuba

Rétrospective 2011

Sur Vatican Insider, une interviewe de don Pascual Chávez, actuel Recteur majeur de la Congrégation salésienne de don Bosco. Il est né au Mexique (en 1947), et a vécu six ans à Cuba: "Pour moi, le pape Benoît XVI, c'est le Pape dont a besoin de l'Église d'aujourd'hui" (19/3/2012).

     



Chavez: "Le cœur de Don Bosco pour la visite de Benoît XVI"
Domenico Agasso (Vatican Insider)

A quelques jours du voyage apostolique du Pape dans «son» Mexique (il est né à Real de Catorce) et à Cuba (où il a vécu pendant six ans) le successeur de Don Bosco s'exprime.
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A quelques semaines du dixième anniversaire de son élection comme Recteur Majeur de la Congrégation salésienne, la pensée du Recteur Majeur des Salésiens.

- Don Chavez, ces années ont-elles été les plus pénibles ou les plus enthousiasmantes?
- Ce furent, sans aucun doute, les années les plus enthousiasmantes, mais aussi les plus difficiles de ma vie. Enthousiasmantes parce qu'être successeur de Don Bosco est quelque chose de vraiment stimulant dans le sens où je me suis senti appelé - comme Jean-Paul II me l'a rappelé - à garantir et promouvoir la loyauté envers le fondateur et, simultanément, à avoir la capacité de répondre aux nouveaux défis de la mission salésienne. Et c'était beau de m'entendre dire à plusieurs reprises: «Vous n'avez pas les caractéristiques physiques de Don Bosco, mais vous en avez le cœur». Ce fut pourtant une décennie très exigeante, principalement parce que la congrégation est très grande, elle s'étend dans 132 pays à travers le monde. A cela s'ajoute le fait qu'en 2002 a explosé aux États-Unis la question douloureuse et troublante des violences sexuelles contre les mineurs, qui s'est progressivement étendue au monde entier, et qui a malheureusement vu impliqués quelques uns de nos frères. Enfin, la nécessité de prendre acte du vieillissement des Salésiens en Europe, de la pénurie des vocations et de la difficulté à continuer à gérer toutes les oeuvres que nous avons, m'ont amené moi et mon Conseil, à amorcer le processus de reconfiguration de la présence salésienne dans ce continent, toujours en cours.

- Le Pape dans quelques jours sera en voyage apostolique dans «votre» Mexique et à Cuba: quelle réalité Benoît XVI rencontrera-t-il? Quelle est la situation dans ces pays, en particulier pour les chrétiens?
- Cuba vit une phase de transition, j'ignore jusqu'à quel point conduite ou au moins contrôlée par l'ex-président Fidel Castro, où, d'une part, continue de se réaffirmer la validité du communisme idéaliste ou idéologique et de l'organisation sociale créée depuis son accession au pouvoir, et de l'autre se rend de plus en plus visible une libéralisation vers une économie de marché. En ce qui concerne l'Eglise, passé l'enthousiasme suscité par l'Enec (“Encuentro Nacional Eclesial Cubano”),quand l'Église cubaine osa parler, la vie de l'Église reprend de plus en plus son rythme normal, même s'il est réduit au culte, à l'évangélisation et à la catéchèse. Le Mexique, qui est dans une phase de campagne politique pour l'élection du Président de la République le 1er Juillet, vit, depuis des années, une période de violence et d'insécurité, fruit de l'affrontement entre les cartels de la drogue, toujours pour le contrôle des zones de trafic de stupéfiants, auxquels s'ajoutent d'autres groupes de criminels purs et durs. Les choix politiques assumés par le président Felipe Calderon pour lutter frontalement contre tous ces groupes ont ouvert une guerre qui a causé des milliers de morts durant ces six années, soulignant l'absence de primauté du droit. Toutefois, d'un point de vue économique, le pays a réussi à résister au milieu de l'immense crise financière et économique qui depuis 2008 affecte une grande partie du monde. Parlant de l'Église au Mexique, le Pape trouvera une nation qui continue d'être profondément religieuse, mariale «guadalupien», bien que de plus en plus contestée par les sectes et le sécularisme.

- Et plus généralement: Où en est l'Amérique latine?
- Dans une époque de changement rapide et profond du monde en raison du développement scientifique, des nouvelles technologies, de la mondialisation, de la communication sociale, l'Amérique latine ne reste certainement pas à regarder, subissant l'influence de tous ces éléments qui parlent d'un changement d'époque. Bien qu'il y ait eu plusieurs tentatives et plans visant à unir tous les pays autour d'alliances, elle continue à être une mosaïque de réalités très diverses, c'est pourquoi si certains pays se sont consolidés économiquement (comme le Brésil, l'Argentine, le Chili, le Mexique), d'autres continuent à être très pauvres. Alors que dans certains pays, les démocraties sont renforcées, dans d'autres il y a la reprise du «caudillisme» (ndt: Un caudillo est un leader politique, militaire et/ou idéologique en Espagne et Amérique latine. Le mot vient du bas latin capitellium de caput, tête, donnant aussi en castillan le mot cabecilla pour désigner un chef de moindre importance qu'un caudillo, souvent insurgé ou hors la loi. Le terme n'implique pas d'orientation politique définie ) et d'un populisme de matrice différente.

- A l'inverse, quel Pape recevra l'Amérique latine? Comment évaluez-vous ces presque sept années de pontificat?
- Benoît XVI semble chercher à diminuer son image, afin que le Christ grandisse dans les esprits et les cœurs des personnes ou des groupes qu'il rencontre. Son indéniable qualité théologique lui permet d'annoncer l'Evangile dans un langage qui le rend compréhensible et pertinent pour les personnes d'aujourd'hui, cherchant à susciter ces interrogations de l'existence humaine qui peuvent ouvrir des chemins à la recherche de Dieu, pour faire voir ensuite comment en Jésus, Dieu s'est révélé et livré pleinement à l'homme. Ses interventions, certaines vraiment magistrales, sont préparés avec soin, ne laissant aucune place à l'improvisation ou à de simples salutations formelles. De ce point de vue l'Amérique latine, Cuba et le Mexique, recevront un Pape à l'esprit clair, au raisonnement articulé, un Pape de la simplicité des gestes et de la bonté du cœur. Pour moi, le pape Benoît XVI, c'est le Pape dont a besoin de l'Église d'aujourd'hui.