Un après-midi riche en symboles, avant la célébration de la messe à Leon.
Le pape a rencontré les victimes des narco-traficants - et il n'est pas sûr que Florence Cassez soit à ranger dans cette catégorie.... Le récit de Giacomo Galeazzi, pour Vatican Insider (25/3/2012)
Le Cerro del Jubilete
Chers frères, en venant ici j’ai pu m’approcher du monument dédié au Christ Roi, sur la hauteur du Cubilete. Mon vénéré prédécesseur, le bienheureux Pape Jean-Paul II, bien que l’ayant désiré ardemment, n’a pas pu visiter, ce lieu emblématique de la foi du peuple mexicain, au cours de ses voyages dans cette terre bien-aimée. Il se réjouira certainement aujourd’hui du ciel du fait que le Seigneur m’ait donné la grâce de pouvoir être maintenant avec vous, comme il bénirait aussi tant de millions de mexicains qui ont voulu vénérer récemment ses reliques partout dans le pays.
Et bien, c’est le Christ Roi qui est représenté dans ce monument.
Pourtant les couronnes qui l’accompagnent, l’une de souverain et l’autre d’épines, montrent que sa royauté n’est pas comme beaucoup l’avaient comprise et la comprennent. Son règne ne consiste pas dans la puissance de ses armées pour soumettre les autres par la force ou la violence.
Il se fonde sur un pouvoir plus grand qui gagne les cœurs: l’amour de Dieu qu’il a apporté au monde par son sacrifice, et la vérité dont il a rendu témoignage. C’est cela sa seigneurie, que personne ne pourra lui enlever, et que personne ne doit oublier. C’est pourquoi, il est juste que, par-dessus tout, ce sanctuaire soit un lieu de pèlerinage, de prière fervente, de conversion, de réconciliation, de recherche de la vérité et de réception de la grâce. À lui, au Christ, demandons qu’il règne dans nos cœurs en les rendant purs, dociles, pleins d’espérance et courageux dans leur humilité.
(homélie du Saint-Père au Parc des expositions du Bicentenaire de León, ici).
Le sombrero
Le sombrero de Benoît
(Source)
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Les problèmes de la société mexicaine, la violence criminelle et les injustices, ont été au centre du salut que l'évêque de Léon, Mgr Jose Martin Rabago, a adressé à Benoît XVI lors de la messe au Parc du bicentenaire.
Ils lui ont lancé un sombrero noir et blanc tandis qu'il traversait en «papamobile» le parc du Bicentenaire, et Benoît XVI, avec l'aide de son secrétaire personnel don Georg l'a mis sur sa tête, jusqu'au stade où il allait célébrer la messe. Un sombrero noir et blanc, le typique chapeau "Charro" à larges bords de la tradition mexicaine. Benoît XVI l'a endossé, lors de sa tournée en «papamobile» à travers la foule du Parc du Bicentenaire de Leon, qui était venue pour la msse. Parmi les centaines de milliers de personnes qui l'ont acclamé et fêté, quelqu'un a réussi, derrière les barricades, à lui lancer un sombrero que Ratzinger a arboré, visiblement heureux, sous les applaudissements.
Environ un demi-million de personnes étaient présentes à la messe, selon le père Federico Lombardi, se basant sur des estimations que les 300 000 sièges attribués étaient occupés, et que de nombreuses autres personnes avaient été ajoutées dans les espaces adjacents.
Benoît XVI est arrivé en hélicoptère au Parc du Bicentenaire, l'espace public installé à Leon par l'État de Guanajuato, berceau de la lutte nationale mexicaine, pour commémorer les 200 ans de l'indépendance du pays.
Pendant le trajet en hélicoptère, Benoît XVI a survolé la grande statue du Christ-Roi, sur le Cerro del Cubilete (2.700 mètres), surplombant la ville. Il s'agit de la deuxième plus grande statue au monde après celle, plus célèbre, du Christ Rédempteur du Corcovado à Rio de Janeiro, et c'est l'un des plus grands monuments religieux au Mexique, destination d'un pèlerinage annuel à cheval (Cavalcada) lors de l'Epiphanie. Le sommet de Cerro Cubilete a été choisi parce qu'il se trouve au centre géographique exact du Mexique. La sculpture (80 tonnes, 22 mètres de haut) représente le Christ, les bras tendus, flanqué de deux anges: un qui tient dans ses mains la couronne royale et l'autre la couronne d'épine.
La statue originale de 1923, a été détruite en 1926 lors d'un attentat commandé par le président Mexicain Plutarco Elias Calles, au début de la révolte des Cristeros (1926-1929). La sculpture actuelle, inaugurée en 1940, a été co-financé par le gouvernement mexicain comme un geste de bonne volonté envers l'Eglise.
Pendant ce temps, on se souviendra d'une rencontre inattendue, mais destinée à rester parmi les moments les plus significatifs de ce voyage de Benoît XVI au Mexique. Sur l'initiative du président Felipe Calderon, à l'occasion de leur rencontre à Guanajuato, le pape a en effet rencontré un groupe de huit membres des familles des victimes de gangs du crime organisé. Le Souverain Pontife a pu manifester sa participation à la lutte contre le principal fléau qui afflige le Mexique, ensanglanté par un nombre élevé de décès (50 000 au cours des cinq dernières années) en raison des guerres des «narcos».
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Intense et touchante a été la rencontre du Pape avec les familles des victimes des "narcos".
Tout le monde avait une histoire à raconter. Il y avait Maria Elvia Valence, la mère d'un officier de la police fédérale éliminé par la criminalité organisée (disparu) à Ciudad Hidalgo dans le Michoacan. Il y avait Maria Herrera, de Michoacan, une mère de quatre enfants (Jose de Jesus, Raul, Luis Armando Trujillo et Gustavo Herrera) eux aussi éliminés par la criminalité organisée. Il y avait Alicia Ulloa Condé, la sœur de Gabriela Ulloa, victime d'un enlèvement. Et puis Araceli Quintanilla Ocana, de Monterrey, dans le Nuevo Leon, dont la sœur, une étudiante, est tombée victime d'une fusillade.
Symbolique, l'histoire de Maria Guadalupe Davila, de Ciudad Juarez, une ville à la frontière avec les Etats-Unis considérée comme la plus violente dans le monde, dont le fils Rodrigo Cadena est l'une des victimes du massacre de Villas de Salvarcar: le 30 Janvier dernier, on en a rappelé le deuxième anniversaire et 15 personnes ont été massacrées, dont des femmes et des enfants, restant l'événement emblématique pour relancer la lutte contre le trafic de drogue. Une autre présence particulièrement significative, celle de Veronica Cavazos, veuve du maire de Santiago (Nuevo Leon), Edelmiro Cavazos, un farouche opposant de la criminalité organisée et de la corruption dans les rangs de la police, et pour cela assassiné en Août 2010.
Parmi les personnes qu'a rencontré le pape, il y avait aussi Josefina Espinoza Torres, femme d'un soldat qui a été tué dans une opération contre le crime organisé à Durango.
Unique histoire qui s'est bien finie, celle de Norberto Ortega Tafoya, victime lui-même d'un enlèvement, puis libéré.
Tous, dans la douleur des épisodes passés, conserveront de la rencontre avec le pape des moments de réconfort, d'encouragement et d'espoir.
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