Le Pape sur Twitter: cela en vaut-il le coup?
Cette réflexion de Rinaldo Pozzi sur la Bussola rejoint totalement ma perception personnelle (9/1/2012)
La présence de Benoît XVI sur le réseau social à l'oiseau bleu m'a inspiré plus que des réserves (cf. http://benoit-et-moi.fr/2012(III)/pontifex.php).
J'ai tenté de consulter quelques réponses à ses premiers tweets, et j'ai presque immédiatement renoncé, accablé par la bêtise, la méchanceté, et, dans le meilleur des cas, la banalité absolue, le vide. Sans parler des "pseudos" débiles derrière lequel les anonymes se cachent pour déverser leur fiel en toute impunité (c'est plus facile avec le Pape qu'avec n'importe qui d'autre, le risque est absolument nul). Tout cela est un concentré de la bassesse humaine. Comme le dit mon amie Carlota, le diable doit se frotter les mains.
Le Pape sur Twitter: cela en vaut-il le coup?
Rinaldo Pozzi
9 janvier
http://www.lanuovabq.it
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Vingt tweets, sept profils de langues qui se «suivent» ("follow") les uns les autres, plus de 1.400.000 followers. Un mois après le débarquement du Saint-Siège sur Twitter, il est déjà possible de faire un bilan de "Pontifex" (c'est le nom du compte du Saint-Père).
Un terrain insidieux, sinon hostile à l'Église, celui du réseau social qui a pour symbole un oiseau bleu et un jargon qui lui est propre. Sur la plate-forme virtuelle la plus «cool» du moment, en effet, ce ne sont pas des prières que l'on fait, mais des gazouillis, dans les désormais célèbres 140 caractères, et l'importance des profils se compte en fonction du nombre d'utilisateurs prêts à «suivre».
Juste pour être clair, Barack Obama en est déjà à plus de 25 millions de followers, l'icône gay-pop Lady Gaga en atteindra bientôt 33 (ndt: ce qui nous donne une piètre opinion du niveau intellectuel de nos contemporains). Et les hommes politiques italiens, sur des chiffres beaucoup plus bas, jouent à un jeu tout virtuel. Pour un Monti (158.000 followers) annonçant sa «montée» sur twitter (et qui surprend les commentateurs avec son langage d'ado, fait de "wow" et de smileys) il y a Berlusconi (65.000) et Bersani (215.000).
Mais quand il s'agit du pape, les logiques sont et doivent être complètement différentes. On ne peut se contenter des «huit conseils pour bien tweeter» au professeur Monti signé par Beppe Severgnini, expert et gourou (autoproclamé) du réseau social qui plaît tant aux journalistes. Surtout, ceux qui comme l'auteur de ces lignes, pensent, que la parole du Pape, par rapport à celle des commentateurs et politiciens aussi respectables qu'ils soient, a une «autre» valeur.
Dès lors toutefois que la digue a été rompue, et comme vous pouvez le voir, nous l'aurions vivement déconseillé, regardons ce qui se passe, sans préjugés, avec l'espoir sincère que celui qui en a été le promoteur a donné à Celui qui guide l'Église, déjà accablé par de nombreux autres fardeaux, toutes les informations nécessaires pour évaluer cette décision.
Commençons par les notes douloureuses. Certains dangers prévisibles la veille, sont malheureusement devenus une réalité.
Outre le choix malheureux du nom du compte (Pontifex est aussi le nom d'un site soi-disant «ultra-catholique» qui a déjà mis le Saint-Siège dans l'embarras), pour chaque message (ou tweet) du Pape, les commentaires ironiques et les insultes ne manquent pas. D'ailleurs, la parole de l'Eglise sur les réseaux sociaux est pour beaucoup un corps étranger qu'il faut chasser. Et, peut-être pour la première fois dans l'histoire, avec ce débarquement, on peut la fouler au pied, en toute sécurité, dans l'anonymat. Arrêter cette vague de boue n'est physiquement pas possible.
Bien sûr, là où il y a diffamation, on peut demander l'intervention des pouvoirs publics, mais la facilité avec laquelle on peut créer d'innombrables profils rend ce type de défense tout à fait vain.
Mais la chose la plus inquiétante, ce sont les profils «fake» . Autrement dit les doubles (ndt: il suffit de changer une lettre... du moins il me semble. Je ne sais pas s'il est possible d'ouvrir un profile sous un nom qui existe déjà tel quel). Depuis ceux manifestement ironiques, jusqu'à ceux qui, plus perfidement, imitent en tout le compte Pontifex, jouant en quelque sorte aux marionnettes. Les mentionner ne ferait que donner de la visibilité à ces tristes, mais nombreux plaisantins.
Et pourtant, malgré tout, les paroles de Benoît XVI sont la seule chose qui brille et qui ne semble ne devoir jamais succomber devant une telle misère.
«Quand nous faisons totalement confiance au Seigneur, tout change. Nous sommes enfants d’un Père qui nous aime et ne nous abandonne jamais», a tweeté le Pape dans les premiers jours de la nouvelle année.
Et cette conscience est peut-être la seule chose qui sauve, même des mauvais conseils.