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Card Bergoglio: intelligence, compétence pastorale

Ce portrait du cardinal Bergoglio sur le site de l'Agence CNS (1) date du 1er avril 2005, soit juste la veille de la mort de Jean-Paul II, et c'est ce qui le rend particulèrement intéressant! On parlait déjà de lui comme d'un papabile, mais on était évidemment très loin de la "Françoismania" (3/4/2013)

     

Un article trouvé par hasard...

>>> Sur le même sujet:
Sandro Magister donne un aperçu de la personnalité de François dans la recension d'une auto-biographie sous forme de livre-interviewe, intitulé "El jesuita", réalisé par Sergio Rubin et Francesca Ambrogetti, qui ne devrait pas tarder à sortir en France:
On y apprend pourquoi le Pape ne chante pas (mais pas pourquoi il ne s'agenouille pas), pourquoi il ne parle que l'italien, pourquoi il ne se fait pas appeler pape.
D'après Sandro Magister "concrètement, il faut prévoir que, en ce qui concerne le pape François, la primauté du pape en matière de prise de décisions ne subira aucune atteinte, pas même si, à l’avenir, le gouvernement de l’Église devait adopter une structure plus collégiale".
Sandro Magister souligne également que "dans ses discours et dans ses homélies de début de pontificat, Bergoglio a jusqu’à présent évité d’aborder les questions à propos desquelles l’Église est le plus en opposition avec les puissances profanes. Dans le discours qu’il a adressé au corps diplomatique, il n’a pas du tout parlé des menaces qui pèsent sur la liberté religieuse, de même que, dans ses autres interventions, il a évité toute allusion aux sujets critiques que sont la naissance, la mort, la famille"...

     

Le Primat d'Argentine: Intelligence, compétences pastorales.
BUENOS AIRES, Argentine (Catholic News Service, ma traduction)
1er avril 2005
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Comme primat d'Argentine, un rôle qui l'oblige à prendre la parole publiquement et fréquemment sur les problèmes économiques, sociaux et politiques auxquels son pays doit faire face, le cardinal Jorge Bergoglio est encore connu comme «le Père Jorge» par de nombreux membres de son troupeau de Buenos Aires.
Habillé comme un prêtre ordinaire, le jésuite de 68 ans, utilise encore le métro et des bus, et se détourne des interviewes.
Mais en dépit de son profil médiatique discret, le cardinal Bergoglio est souvent cité comme un possible successeur au pape Jean-Paul II en raison de son intelligence, son attention pastorale et ses compétences administratives.

Ses homélies et ses discours sont remplis de références au fait que tous les hommes sont frères et sœurs et que l'Eglise et le pays doivent tendre la main pour s'assurer que tout le monde se sent accueilli, respecté et soigné.

Bien que n'étant pas ouvertement politique, le cardinal Bergoglio n'a pas cherché à cacher l'impact politique et social du message de l'Evangile, en particulier dans un pays qui se remet d'une grave crise économique.

L'Argentine commence aussi à faire face à de sérieux défis aux normes sociales traditionnelles. Au début de 2005, lorsque le ministre de la santé de la nation a suggéré la dépénalisation de l'avortement et que les médias ont donné à cette suggestion une large couverture, le cardinal Bergoglio a accusé à la fois d'un manque de respect pour les valeurs défendues par la majorité des Argentins et d'essayer de convaincre l'Eglise catholique «de fléchir dans notre la défense de la dignité de la personne».

Le cardinal, loué pour vivre ce qu'il prêche, a dit au corps des catéchistes de l'archidiocèse, en Mars dernier (2005) que l'une des plus grandes tentations auxquelles doivent faire face les évêques, les prêtres ou les laïcs qui travaillent pour l'Église, est la tentation de se sentir spéciaux.
«L'un des problèmes les plus graves que l'Église doit affronter et qui menace souvent la tâche d'évangélisation de ses agents pastoraux, c'est que nous sommes si préoccupés par les 'choses de Dieu', tellement insérés dans le monde ecclésiastique, que nous oublions souvent d'être de bons chrétiens», a-t-il dit.
Le cardinal Bergoglio a dit qu'il y a une tentation de parler de «la spiritualité du laïc, du catéchiste, du prêtre, etc, avec le grave danger de perdre l'originalité et la simplicité de l'Évangile. Et une fois que nous perdons de vue l'horizon chrétien commun, nous sommes confrontés à la tentation d'être snobs ... d'être attirés par ce qui divertit et engraisse, mais pas par ce qui nous nourrit, ni nous aide à grandir».
Simplicité de l'Évangile et certitude de l'Evangile sont les meilleures réponses de l'Eglise aux changements cataclysmiques que connaît la société argentine, dit-il.

«Tout ne change pas, tout n'est pas instable, tout n'est pas le fruit de la culture ou de consensus. L'Evangile promet que l'amour de Dieu, le salut en Jésus-Christ et les valeurs morales immuables ont encore le pouvoir de guider et de donner la vie».
Le cardinal a également dit aux catéchistes que dans une culture qui proclame «les dogmes modernes tels que l'efficacité et le pragmatisme», l'Église doit montrer le chemin en tendant la main aux personnes âgées, aux enfants qui souffrent, aux pauvres et autres exclus du courant dominant de la société moderne.

Le cardinal Bergoglio a prêché un message similaire en mai 2003, alors que le pays était encore sous le choc de la crise économique de 2001-2002, et qu'un nouveau président, Nestor Kirchner, prenait les rênes du gouvernement.
Prêchant sur le récit évangélique du bon Samaritain, le cardinal a déclaré: «Chaque projet économique, politique, social ou religieux implique l'inclusion ou l'exclusion des blessés couchés sur le côté de la route. Chaque jour, chacun de nous doit choisir d'être un bon samaritain ou un spectateur indifférent».

Depuis qu'il est devenu archevêque de Buenos Aires en 1998, le cardinal Bergoglio a créé de nouvelles paroisses, restructuré les bureaux administratifs, pris personnellement en charge le séminaire et lancé de nouveaux projets pastoraux, comme la commission pour les divorcés. Il a servi de médiateur dans presque tous les conflits sociaux ou politiques dans la ville; les prêtres nouvellement ordonnés sont décrits comme «la génération Bergoglio»; et aucune personnalité politique ou sociale n'a manqué de demander une rencontre privée avec lui.

A partir du moment où il a été nommé archevêque jusqu'à ce que le pape Jean-Paul le nomme cardinal en 2001, il a donné une seule interview à la presse. Le média choisi par lui est un bulletin paroissial, "Estrellita de Belen" (Petite étoile de Béthlehem). Dans l'interview, largement reproduite par les médias laïcs, le cardinal Bergoglio a corrigé son interlocuteur quand celui-ci lui a demandé ce qu'il fallait faire dans un pays «où Le catholicisme est la religion de la grande majorité».

«Excusez-moi, mais ceci n'est pas un pays à majorité catholique», dit le cardinal. «Peut-être que la plupart des gens se proclament catholiques, mais le catholicisme est, sans aucun doute, une minorité culturelle. Sinon, comment expliquez-vous le niveau élevé de la corruption, les messages destructeurs des médias, ou les inégalités sociales? Ce ne serait pas possible dans un pays avec une majorité vraiment catholique... Donc la question est de savoir comment nous, la hiérarchie et les laïcs, travaillons à accélérer la nouvelle évangélisation, en sorte que tous les milieux de notre société et de notre culture sont imprégnés par l'Evangile »

Authentique «porteno» - le terme d'argot utilisé pour désigner les natifs de Buenos Aires - Jorge Bergoglio est né dans la capitale de l'Argentine le 17 décembre 1936. Il a obtenu un diplôme de maîtrise en chimie à l'Université de Buenos Aires, mais a ensuite décidé de devenir prêtre jésuite et a étudié au séminaire jésuite de Villa Devoto.
Il a étudié les "arts libéraux" (autrement dit, fait ses études universitaires "générales") à Santiago, au Chili et en 1960 a obtenu un diplôme en philosophie de l'Université catholique de Buenos Aires. Entre 1964 et 1965, il a été professeur de littérature et de psychologie au lycée de l'Inmaculada dans la province de Santa Fe, et en 1966, il a enseigné les mêmes cours au prestigieux Colegio del Salvador à Buenos Aires.
En 1967, il est revenu à ses études théologiques et a été ordonné prêtre le 13 décembre 1969. Après sa profession perpétuelle comme jésuite en 1973, il est devenu maître des novices au séminaire de Villa Barilari à San Miguel. Plus tard dans la même année, il a été élu supérieur de la province jésuite de l'Argentine.

En 1980, il est retourné à San Miguel en tant que professeur à l'école des Jésuites, une fonction rarement occupée par un ancien supérieur provincial.
Alors que beaucoup pensaient que le prêtre de haute taille, mince et intellectuel, terminerait ses jours à enseigner et écrire, passant plusieurs heures dans le confessionnal, le cardinal Antonio Quarracino appela le cardinal à Buenos Aires en 1990.
En mai 1992, le jésuite fut nommé évêque auxiliaire de Buenos Aires. En tant que tel, il fut l'un des trois auxiliaires les plus discrets, passant le plus clair de son temps à s'occuper de l'université catholique, conseiller les prêtres de la zone urbaine sous sa responsabilité, ainsi qu'à la prédication et les confessions de jeunes des paroisses.
Le 3 Juin 1997, il a été nommé archevêque coadjuteur. Il a été installé comme nouvel archevêque de Buenos Buenos le 28 février 1998, après la mort du cardinal Quarracino.
Une controverse a surgi au sujet des positions prises par le cardinal Bergoglio au cours de la dictature militaire argentine de 1976-1983, qui a réprimé brutalement les opposants politiques. Les estimations du nombre de morts et de victimes de disparitions forcées au cours ces années sont comprises entre environ 13.000 à plus de 30.000. Citant un cas dans lequel deux jeunes prêtres ont été arrêtés par le régime militaire, les critiques disent que le cardinal, qui était provincial jésuite à l'époque, n'a pas fait assez pour soutenir les travailleurs de l'Église contre la dictature militaire. D'autres, cependant, ont dit qu'il avait tenté de négocier en coulisses pour la libération des prêtres, et un porte-parole du cardinal, cité dans le quotidien La Nacion, parle de l'accusation comme d'une «vieille calomnie».
A l'exception de quelques évêques, les leaders religieux d'Argentine ont été largement silencieux pendant la «sale guerre» et ont été accusés de complicité. En 1996, la conférence des évêques a publié un communiqué s'excusant pour les actions ou manquements de l'Égliseau cours de ces années.

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(1) Daniel Hamiche précise (ici):
Fondé en 1920, Catholic News Service (CNS) possède une curieuse particularité : il est en grande partie financée par la Conférence épiscopale des États-Unis (la United States Conference of Catholic Bishops, USCCB) mais possède une rédaction indépendante d’elle. Je dis « en grande partie » car elle vend aussi ses articles à la presse… diocésaine américaine. Directement et indirectement son existence dépend donc de l’épiscopat américain dont, autre paradoxe, certains membres éminents critiquent assez fréquemment ses choix éditoriaux ou son traitement de l’information.