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Des armoiries pour le Pape émérite

Curieux: le cardinal Montezemolo, spécialiste en héraldique, a fait parvenir à Benoît XVI un projet d'armoiries tenant compte de sa nouvelle condition. Projet qui a été poliment refusé. Acharnement? (7/6/2013)

Coïncidence étonnante: j'ai traduit avant-hier un article de Vatican Insider (cf. Forcing autour de la béatification de Mgr Romero ) où le nom de Montezemolo, pourtant rarissime dans ces pages (une fois auparavant, en 7 ans!) apparaissait, et où il disait: "François nous étonne, et nous étonnera de plus en plus. Romero est le symbole de l'Église que le Pape Bergoglio veut projetée dans les périphéries géographiques et existentielles. Du bout du monde au centre du monde". Insinuait-il qu'il s' agissait d'une grande nouveauté, et que, du temps de Benoît, les choses étaient radicalement différentes?...

     

Il a renoncé spontanément à la papauté, mais à présent, il veut en conserver les symboles
Ratzinger veut conserver ses armoiries
La mission du cardinal Montezemolo est allée dans le vide
Marco Bertoncini
ItaliaOggi, 4/6/2013 (http://www.italiaoggi.it)
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«Saint-Père, après avoir renoncé au Pontificat, ne voulez-vous pas changer d'armoiries?» «Merci, je n'ai pas l'intention de les modifier».

Telle est la synthèse de la tentative opérée par le cardinal Andrea Carlo di Montezemolo auprès de Benoît XVI pour qu'il change les armoiries utilisées de 2005 à 2013, en adoptant de nouvelles en rapport à la situation (inattendue, et avec des précédents limités et loin dans le temps) de Pontife émérite. C'est le prélat lui-même, spécialiste en héraldique ecclésiastique, qui rapporte la nouvelle dans le fascicule n° 113 de la revue Nobiltà (Noblesse), dans l'article «De nouvelles armoiries pour un Pape émérite?».

Le cardinal Montezemolo avait conçu les armoiries du Pape Benoît tout de suite après son élection. Selon lui, le Pontife Emérite devrait en abandonner les symboles «qui lui revenaient uniquement pour l'office, ou pour la dignité qu'il a désormais abandonnée».

Donc, dehors les grandes clés croisées, symbole de la juridiction pétrinienne, désormais plus exercée. Tout au plus pourraient-elles apparaître à l'intérieur du nouveau blason, à la tête (c'est-à-dire au sommet). Pourrait en revanche subsister la mitre, introduite justement par Benoît à la place de la tiare, symbole habituel des Papes au cours des siècles. La mitre, en effet, symbolise l'ordre épiscopal: aujourd'hui, Ratzinger reste évêque; et même, pour certains, il aurait dû assumer le titre d'«évêque émérite de Rome», et non celui de «Pontife émérite». Selon Mgr Montezemolo, toutefois, cela se réduirait à un «simple logo», à l'évidence insuffisant pour quelqu'un qui a été à la tête de l'Eglise. Dehors donc, la mitre.
Le pallium, voulu par le Pape Benoît dans le blason papal en même temps que l'abandon de la tiare, pourrait ne pas être ôté. Le Cardinal Montezemolo considère que l'«ex-Souverain Pontife» (già Sommo Pontefice) - titre que le prélat considère plus approprié pour Benoît XVI) - pourrait reprendre dans ses armoiries la devise qu'il utilisait quand il était archevêque de Munich, «Cooperatores Veritatis». Quant au couvre-chef à insérer, il pointe sur le galero, traditionel pour les cardinaux, avec quinze noeuds; il propose, de façon insolite, que le galero et les noeuds soient blancs, pour les distinguer des différentes couleurs en usage pour d'autres prélats.

Finalement, le travail de l'expert héraldiste a produit un blason qui ne rappelle l'office précédemment occupé par Ratzinger que par les clés croisées, placées à la tête. Pour le reste, le blason est adapté au nouveau statut. On ne sait pas quelles armoiries avaient utilisé Célestin X et Grégoire XII après leur renonciation. Sans doute à cause de l'absence de précédents, le pontife émérite a préféré, comme le reconnaît Montezemolo lui-même, exprimer sa «vive satisfaction et sincère gratitude pour l'intéressante étude qu'on lui a fait parvenir», mais «il a fait savoir qu'il préfère ne pas adopter un emblème héraldique expression de la nouvelle situation qui s'est créée avec la renonciation au Ministère Pétrinien».

Derrière le refus du Pape émérite, il y aura des considérations historiques, théologiques canoniques, mais peut-être aussi humaines: le nouveau blason le ferait apparaître trop éloigné de sa condition précédente, le ramenant à l'état soit d'une sorte de cardinal agrégé, soit d'un simple évêque émérite, et non pas de pontife, même ayant renoncé.