Accueil | D'un Pape à l'autre | Retour au Vatican | Collages de Gloria | The hidden agenda | Lumen Fidei | Lampedusa | Benoît et les jeunes

Forcing autour de la béatification de Mgr Romero

Giacomo Galeazzi sur Vatican Insider: Avec un pape latino-américain, le processus de béatification de l'évêque salvadorien tué en 1980 pourrait avoir une accélération (5/6/2013)

>>>
Voir aussi: Mgr Romero bientôt béatifié?

     

Où l'on retrouve le cardinal Silvestrini (2), et Mgr Paglia (le président du Conseil Pontifical pour la famille dont les positions sur le mariage gay sont plus qu'ambigües) ... en somme ceux que Paolo Rodari qualifiait dans un article de septembre dernier "les héritiers de Martini", c'est-à-dire l'aile "libérale" de l'Eglise (cf. benoit-et-moi.fr/2012(III)/articles/les-heritiers-de-martini.php ).
Pour eux, la béatification par le "Pape des pauvres" de l'évêque salvadorien assassiné revêtirait une forte charge symbolique, au point qu'ils parlent du paradigme-Romero.
Il semble pourtant (la sainteté personnelle d'Oscar Romero n'étant évidemment pas mise en cause) que le Pape entende ne pas se faire manipuler, ni exploiter politiquement, et donc prendre son temps (Mrg Romero: non à l'instrumentalisation politique).

     

«Avec ce pape, Romero bientôt bienheureux»
Avec un pape latino-américain, le processus de béatification de l'évêque salvadorien tué en 1980 pourrait avoir une accélération
http://vaticaninsider.lastampa.it
Giacomo Galeazzi
----

«François nous étonne, et nous étonnera de plus en plus. Romero est le symbole de l'Église que le Pape Bergoglio veut projetée dans les périphéries géographiques et existentielles. Du bout du monde au centre du monde», dit à Vatican Insider le cardinal de Curie, Andrea Cordero Lanza di Montezemolo (1), diplomate de longue date et archiprêtre émérite de la basilique papale de Saint-Paul-hors-les-Murs.

Aujourd'hui que sur le trône de Pierre siège le premier pape latino-américain de l'histoire, l'attention autour de la béatification de l'évêque salvadorien, est maximale, comme en témoigne la couverture que vient de lui consacrer l'insert féminin de l'Osservatore Romano. «Il y a évidemment une sensibilité particulière à la figure de Romero - souligne le cardinal Montezemolo. Dans son parcours de martyr, des aspects évidents de sainteté émergent. Romero s'est exposé et sacrifié pour la foi et cela en fait un modèle pour les croyants de partout dans le monde. Une façon de témoigner la mission de pasteur qui présente de forts traits de proximité avec le Pape venu du «bout du monde» et qui exhorte l'Eglise à sortir d'elle-même pour aller à la rencontre de l'humanité souffrante au prix de n'importe quel sacrifice personnel».

L'ancien ministre des Affaires étrangères du Saint-Siège, Achille Silvestrini (2), confirme la prédominance d'une orientation positive vers la béatification de Romero: «François a derrière lui une longue expérience en Argentine et sait combien de dévouement pastoral est nécessaire dans des réalités fortement défavorisées, où l'évêque se trouve souvent, par équité et sens de la justice, à devoir compenser les lacunes et les manquements des institutions civiles». Donc, souligne Silvestrini à Vatican Insider, «entre le magistère du Pape Bergoglio et le témoignage de la foi offert par Romero jusqu'à l'ultime sacrifice il y a un 'idem sentire' favorisé par l'Église par la provenance commune d'une Eglise, celle d'Amérique latine qui a souffert et souffre encore pour maintenir sa fidélité au message du Christ». Ainsi cela aurait une «signification profonde» que ce soit justement François qui élève Romero aux honneurs des autels, dit le cardinal.

Comme Romero, Bergoglio (à l'époque supérieur des jésuites en Argentine) a lui aussi travaillé sur le terrain en faveur de la population, et a été un rempart à la barbarie durant la période tragique des dictatures militaires, partageant l'enseignement du théologien jésuite Rutilio Grande. L'intérêt croissant pour le paradigme-Romero est confirmé par l'espace dédié à la postulation de la cause de béatification par les médias du Saint-Siège (surtout l'Osservatore Romano et Radio Vatican). Dans le dernier numéro de l'insert féminin de l'Osservatore Romano publié le samedi, «Les femmes, l'Eglise, le monde», il y a un signe de cette confiance renouvelée: la dessin de couverture fait par Isabella Ducrot représente un visage masculin, celui d'Oscar Romero, l'évêque assassiné alors qu'il célébrait la messe à San Salvador le 24 Mars 1980, et duquel est en cours le procès de béatification.

«Le portrait de Romero est un hommage à ses paroles» en l'honneur «de la maternité, du rôle des femmes en tant que mères», écrit Lucetta Scaraffia, signature du journal du Saint-Siège. «Nous voulons rendre hommage à celui qui considérait le don de la vie comme si haut, qu'il a écrit que la femme «avec la simplicité du martyre maternel conçoit un enfant dans son sein, lui donne naissance, l'allaite, le fait grandir et le soigne avec affection. C'est donner la vie. C'est (le) martyre».

«Ce sont des mots proches de ceux que prononcent souvent le Pape François dans ses homélies quotidiennes, par lesquelles il rappelle avec affection et admiration les grands-mères et les mères qui transmettent la vie et en même temps la foi à leurs enfants et petits-enfants», dit Scaraffia. «Bien sûr, cette glorification du rôle maternel, aujourd'hui, est en contraste avec la culture dominante, qui offre aux femmes d'autres modèles: vamp qui suscitent les passions érotiques, ou super manager dans leur carrière, et considère le rôle maternel comme une cage mortifiante. Nous sommes conscients, et heureux, dans ce domaine, d'aller à l'encontre, affirmant l'importance et aussi le bonheur de la maternité».

L'archevêque Vincenzo Paglia, président du Conseil pontifical pour la famille et postulateur de la cause de béatification de Mgr Salvado qui s'est débloqué après l'élection du pape Bergoglio, rappelle un passage de l'homélie que prononça l'archevêque Romero à l'occasion - c'était en mai 1977 - des funérailles d'un de ses prêtres assassiné: «Tous n'auront pas, dit le Concile Vatican II, l'honneur de donner leur sang physique, d'être tués pour leur foi, pourtant Dieu demande à tous ceux qui croient en lui l'esprit du martyre, c'est-à-dire que tous, nous devons être prêts à mourir pour notre foi, même si le Seigneur ne nous concède pas cet honneur: nous, oui, nous sommes disponibles, de sorte que lorsque notre temps sera venu de rendre compte, nous pouvons dire "Seigneur j'étais prêt à donner ma vie pour toi. Et je l'ai donnée". Parce que donner sa vie ne signifie pas seulement être tué. Donner sa vie, avoir l'esprit du martyre, c'est donner dans le devoir, dans le silence, dans la prière, dans l'accomplissement honnête du devoir; dans ce silence de la vie quotidienne; donner la vie petit à petit? oui, comme la donne une mère qui, sans crainte, avec la simplicité du martyre maternel conçoit un enfant dans son ventre, lui donne naissance, l'allaite, le fait grandir et le soigne avec avec affection. C'est donner sa vie. C'est le martyre».

     

Notes

(1) Le père du cardinal Andrea Cordero Lanza di Montezemolo avait été tué aux fosses ardéatines. Le cardinal était aux côtés du Pape Benoît lors de la visite de ce dernier aux fosses, en mars 2011 (cf. benoit-et-moi.fr/2011-I)

(2) Voir ici: http://tinyurl.com/kbleepn
Sagirait-il du "mon cardinal" d'Olivier Legendre?
Dans son essai "Les oppositions romaines au Pape" (ed Hora Decima), l'abbé Claude Barthe écrivait (http://benoit-et-moi.fr/2010-I):
------------
Peu après l’élection de Benoît XVI, paraissait un livre-manifeste d’un cardinal anonyme n’ayant pas participé au conclave. Il est révélateur de l’état d’esprit de l’aile la plus libérale de la Curie.
Lors de la parution, l’an passé, chez Jean-Claude Lattès, du livre d’Olivier Le Gendre, Confession d’un cardinal , les observateurs avertis ont compris qu’il s’agissait d’une opération importante, commanditée par des personnages de haut rang qui prétendent déjà préparer un après-Benoît XVI, auquel ils voudraient imprimer une direction toute différente de celle de l’actuel pontificat.
Cet ouvrage très ingénieusement conçu, sous la forme d’entretiens avec un cardinal anonyme, à Rome et en d’autres lieux, témoigne d’une connaissance précise des milieux (et même des lieux) ecclésiastiques romains, et développe des propos savamment mesurés mais redoutablement libéraux. Tout laisse penser que cette opération a été imaginée et diligentée par le cardinal Achille Silvestrini, chef de file de l’aile libérale du collège cardinalice...
Le cardinal qui se « confesse » emprunte à Silvestrini un certain nombre de traits particulièrement reconnaissables : il est comme lui un ancien cardinal de Curie (Achille Silvestrini, qui a aujourd’hui 85 ans, a été Préfet de la très importante Congrégation pour les Église orientales). Malgré la fatigue de l’âge le cardinal anonyme, de même que Silvestrini, semble n’avoir jamais mieux joui de ses moyens intellectuels. En raison de cet âge, le cardinal qui se confesse n’a pas participé au dernier conclave (Achille Silvestrini, qui avait 81 ans lors de l’ouverture du conclave, n’en a pas passé les portes).