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Même Dieu s'en mêle

Selon la dernière trouvaille des médias, il aurait en quelque sorte dit à Benoît XVI: retire-toi, j'ai d'autres projets pour l'Eglise. (22/8/2013)

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>>> Vide estival au Vatican
>>> L'"expérience mystique" de Benoît XVI

Je suis assez d'accord avec ce qu'écrit Luisa, dans un commentaire sur le blog de Raffella:
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Tous ces éloges démesurés, ces articles dithyrambiques, et le dernier pityoable "exploit" de Zenit, en fin de compte, arrivent tous au même but, dire que la renonciation de Benoît XVI est miraculeuse et providentielle, parce qu'elle a permis l'arrivée de François, le révolutionnaire sauveur de l'Eglise qui fait souffler un air pur et nouveau, qui rend comme par enchantement par sa seule présence l'air de l'Eglise respirable, etc..
Vous vous rendez compte, même Dieu a dit à Benoît XVI: écarte-toi, je te demande de te retirer, parce que j'ai d'autres projets pour l'Eglise, et j'ai déjà mon élu.

L'article qui suit, que j'ai un peu regretté d'avoir traduit (mais c'est fait!! et il contient malgré tout de bonnes choses, même s'il brode et rebrode autour d'un non-évènement) est une parfaite illustration:

     

Quand Dieu parle dans le silence

Benedetto Ippolito
http://www.iltempo.it
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Depuis que Joseph Ratzinger a quitté la Chaire de Pierre, devenant ainsi le pape émérite, on ne peut certes pas dire que l'Eglise dans son ensemble se soit attardée sur le sens profond de l'événement. Un respect pour la solennité du passage de témoina, en quelque sorte, rendu tout le monde timide et respectueux.

Certes, l'évènement d'un nouveau pape, qui prend le relais d'un prédécesseur encore en vie a laissé ouvertes un certain nombre de questions.
Certains ont observé à voix basse que si même le Souverain Pontife renonce à sa charge, alors il n'y a vraiment rien de certain dans le monde. En réalité, non seulement l'abdication d'un pape est une chose possible, mais c'est déjà arrivé dans le passé et c'est même envisagé dans le droit canon. Bien sûr, ce que personne ne peut établir, c'est l'ensemble des raisons pour lesquelles un homme religieux, un serviteur de Dieu, qui est arrivé au sommet de l'Eglise doit sentir dans son cœur et sa conscience pour décider de quitter la Chaire spirituelle la plus élevée. On a dit que Célestin V, laissant place à Boniface VIII, avait ressenti ne plus avoir le courage de gouverner l'Eglise.

Ce qui est certain, c'est que Ratzinger, après la justification officielle qu'il a offerte publiquement au monde entier, a été le champion de la discrétion. Il a pris, très opportunément, dans le silence une résolution douloureuse, qu'il a pourtant voulu tenir avec décision et fermeté. En ce sens, on sait que dans sa résidence actuelle à Mater Ecclesiae, le pape émérite vit recueilli et caché, recevant occasionnellement des visites extrêmement privées.
C'est pourquoi le fait qu'après six mois, il ait laissé "fuité" (ndt: est-ce avec son accord?) quelque chose à un journaliste de l'Agence catholique Zenit a fait beaucoup discuter. Ratzinger a expliqué qu'il a fait le pas en arrière fatidique parce que «Dieu lui a demandé». Il s'agit bien d'un choix que le Vicaire du Christ ne peut pas faire en consultant d'autres hommes, mais ne peut faire que face à face avec Dieu

D'autre part, Ratzinger a expliqué qu'il ne s'était pas agi pour lui d'une vision mystique ou d'un événement miraculeux, mais plus concrètement d'une persuasion profonde, absolue, qui a eu lieu dans son âme, qui s'est finalement déterminée dans une position ferme. Comment, sinon, rester si ferme et si serein?

L'ex-pontife, donc, n'a pas perdu une occasion de donner une grande leçon de théologie et de vie pour nous tous. En effet, bien que la tradition spirituelle catholique ait une histoire mystique longue et autorisé, toutefois, comme on le sait bien, la relation avec le sacré doit forcément passer à travers l'Église et ses signes visibles. Malgré cela, Ratzinger a montré comment la conscience personnelle est le véritable point de rencontre avec la transcendance, une intériorité dans laquelle le croyant trouve à la fin des ressources pour assumer une responsabilité, même surhumaine, comme dans ce cas.

Logiquement, dans la vie d'un Pape, rien n'est pareil que pour nous, mais, bien sûr, rien n'est jamais complètement différent. Et chez un homme de la culture et de l'épaisseur de Ratzinger, il est clair que toutes ces convictions étaient constamment présentes. Et il est clair que ce qu'il a lui-même défini comme «un désir absolu» de se consacrer à Dieu, remettant les clés de l'Église à un successeur, s'est montré non pas comme une évasion du monde, mais comme un service encore plus grand que ce qu'il pouvait faire en restant en charge.

Ce n'est pas un hasard si après le 11 Février, le destin de l'Église a complètement changé. L'arrivée sur la Chaire de Pierre de Jorge Mario Bergoglio a en soi changé la perspective et résolu automatiquement un grand nombre de problèmes impressionnants qui brouillaient l'image du catholicisme. Tant et si bien qu'à la fois la renonciation de Benoît XVI et l'arrivée de François ont été vraiment providentielles pour la chrétienté.

Il est beau de penser, en fin de compte, que malgré les faiblesses humaines, malgré les éléments qui caractérisent la temporalité passée et présente du pouvoir ecclésiastique, dont notre capitale est la bannière éternelle, la renonciation d'un homme et l'arrivée d'un nouveau pape sont des événements qui ne dépendent pas seulement de la volonté personnelle de l'un ou de l'autre. C'est cela, en somme, l'Église romaine, une institution religieuse parmi les plus complexes et archaïques, laquelle, cependant, cache le mystère d'une éternité qui anime les consciences dans le temps.