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Considérations sur la renonciation

Roberto de Mattei n'est pas un prophète. Peut-être. Mais ce qu'il écrivait il y a dix mois peut aussi être lu avec intérêt, le recul aidant (16/12/2013)

Cette réflexion de Roberto de Mattei date du 23 février 2013, elle était publiée sur le site Corrispondenza Romana, et je l'ai retrouvée un peu par hasard ici .

Inutile de tergiverser, même s'il lui reconnaît une parfaite régularité canonique (le Pape a le droit de renoncer), le catholique intransigeant (comme il se qualifie lui-même) qu'est le Prof. de Mattei n'était pas emballé par l'acte de Benoît XVI.
Je ne veux pas revenir sur ce point: pour moi, la renonciation du Pape a été une souffrance, même si j'ai compris ses raisons, mais je ne pourrais jamais penser, encore moins dire qu'il s'est agi d'un acte prophétique ouvrant la voie au pontificat de son successeur.

Juste avant l'élection qui a complètement rebattu les cartes de la «narration de l'Eglise», dixit les vaticanistes, le professeur de Mattei dénonçait «la stratégie de la calomnie dont les médias se faisaient l'instrument», en prétendant que Benoît XVI s'était «rendu» devant une Curie corrompue et ingouvernable, rongée par «les scandales sexuels, le crime et l'intrigue»; et il ajoutait que «cette offensive médiatique [de la télévision et des journaux] devrait ôter toute illusion à ceux qui croient encore en la possibilité de concilier l'Eglise avec les pouvoirs forts laïcistes qui tentent aujourd'hui de l'écraser».

Les deux derniers paragraphes nous posent des questions qui, à ce jour, n'ont toujours pas reçu de réponse, mais apparaissent au contraire plus cruciales que jamais.

* * *

(...) Si le successeur du pape Benoît XVI veut mettre en œuvre un programme «ratzingerien», qui va de la défense des principes non négociables à la mise en œuvre du motu proprio Summorum Pontificum, il devra le faire avec ces forces physiques et morales, c'est-à-dire avec cette énergie, dont Benoît XVI, le 11 Février 2013, s'est publiquement avoué incapable.

Mais, comment penser que la réalisation de ce programme ne provoque pas des attaques encore plus violentes contre l'Église de la part du lobby séculariste?

Et si le nouvel élu renverse la ligne Ratzinger, pour s'aventurer dans les sables mouvants de l'hétérodoxie, dans l'illusion d'apprivoiser le monde, comment imaginer que cela n'entraînera pas une réaction des défenseurs de la tradition?


Les mots persécution, schisme, hérésie ont accompagné l'Église en deux mille ans d'histoire.
Si certains aujourd'hui ne veulent pas en entendre parler, c'est parce qu'ils ont renoncé à la lutte.
Mais malheureusement, la guerre est en cours.