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François nous dit tout!

Il faut lire l'analyse de l'Abbé de Taouärn sur son "metablog" (22/9/2013)

     

Bon, tout est intéressant, sans doute, mais je vais m'en tenir au sujet de mon site.
L'Abbé a également accordé une interviewe à La Croix, brièvement rapportée ici.

http://ab2t.blogspot.fr/2013/09/francois-enfin-il-nous-dit-tout.html
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Je crois que dans ce coeur à coeur jésuite, le pape nous dit tout ce qu'il pense de son prédécesseur, Benoît XVI (1).

Il a beaucoup d'affection pour lui, beaucoup d'admiration pour la manière dont il a démissionné, ne se sentant pas de taille à affronter les nouveaux problèmes du monde (tout cela est dit) ; mais il semble avoir peu de considération pour son oeuvre théologique, en particulier dans le domaine liturgique (domaine dans lequel Benoît XVI publié plusieurs ouvrages de référence depuis Un chant nouveau pour le Seigneur).
Selon lui, c'est poussé par son entourage que le pape allemand a rétabli le droit du Vetus ordo. "Je crois que le choix de Benoît XVI fut prudentiel, lié à l'aide de personnes qui l'entouraient" : pauvre petit pape timide! Il a eu bien du mérite quand même, semble nous dire le nouveau pape (2).

Son jugement sur la théorie de l'herméneutique de continuité, grand apport de Benoît XVI pourtant, n'est pas plus encourageant : "Il y a eu des lignes de continuité et de discontinuité. Pourtant une chose est claire : la manière de lire l'Evangile en l'actualisant qui fut propre au concile est absolument irréversible".
Pour François, manifestement, la discontinuité est un fait, elle n'est pas gênante. Pas plus que la continuité ne constitue par soi une référence. Il cite à ce sujet le Commonitorium de saint Vincent de Lérins, mais le cite à moitié, en insistant sur le progrès constant du dépôt de la foi et en oubliant la vérité contraire : les phrases fortes du Moine de Lérins sur la tradition : quod ubique, quod semper, quod ab omnibus, ce qui est tenu partout toujours et par tous.
L'herméneutique de continuité a pour fonction de rendre nouvelles les choses anciennes. Mais pour François les choses anciennes sont définitivement... anciennes ! L'expression même de Vetus ordo utilisée par lui est tout un programme : c'est "le vieil ordre". No future !
Alors quelle est sa référence ? "L'actualisation". Voilà le mot d'ordre, irréversible. Je crois que personne, à ce niveau de la Vie de l'Eglise, n'avait été aussi loin : il faut actualiser le christianisme...

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Ndlr:
(1) Dans l'interviewe, ceci figure dans les "questions", comme s'il était nécessaire de répéter que Benoît XVI a bien fait.... de partir:
Le pape Benoît XVI, annonçant son renoncement au pontificat, a décrit le monde d’aujourd’hui comme étant sujet à des mutations rapides, et agité de questions de grandes importances pour la vie de foi qui requièrent la vigueur tant du corps que de l’âme. Je demande au pape, à la lumière de ce qu’il vient de dire, de quoi l’Eglise a le plus besoin en ce moment historique et si des réformes sont nécessaires. Quels sont ses désirs pour l’Eglise des prochaines années et à quelle Eglise rêve-t-il ? Le pape François, comprenant le début de ma question, commence par dire que le pape Benoît a fait acte de sainteté, de grandeur, d’humilité, que c’est un homme de Dieu, montrant une grande affection et une énorme estime pour son prédécesseur.

(2) « Vatican II fut une relecture de l’Evangile à la lumière de la culture contemporaine. Il a produit un mouvement de rénovation qui vient simplement de l’Evangile lui-même. Les fruits sont considérables. Il suffit de rappeler la liturgie. Le travail de la réforme liturgique fut un service du peuple en tant que relecture de l’Evangile à partir d’une situation historique concrète. Il y a certes des lignes herméneutiques de continuité ou de discontinuité, pourtant une chose est claire : la manière de lire l’Evangile en l’actualisant, qui fut propre au Concile, est absolument irréversible. Il y a ensuite des questions particulières comme la liturgie selon le Vetus Ordo. Je pense que le choix du pape Benoît fut prudentiel, lié à l’aide de personnes qui avaient cette sensibilité particulière. Ce qui est préoccupant, c’est le risque d’idéologisation du Vetus Ordo, son instrumentalisation. »
(http://www.choisir.ch/religions/eglises/item/1779-entretien-avec-le-pape-francois )