Le Pape François, miracle de Rai 1

Encore un article sur la popularité du Pape passée au crible de l'audience (14/10/2013)
>>> François et l'audimat

Cette fois, c'est sur "Il Fatto Qotidiano", ce journal italien (de gauche) qui a été un protagoniste actif des Vatileaks.
Il mesure à son tour le succès du Pontificat de François à l'aune douteuse de l'audimat.

Comment ne pas penser à ce que disait le jeune archevêque de Munich, lors d'une messe célébrée en 1978 en mémoire de Paul VI? (benoit-et-moi.fr/2013-II/benoit/une-homelie-inedite-de-joseph-ratzinger)

Un pape qui, aujourd'hui, ne subirait pas la critique manquerait à son devoir devant l'époque. Paul VI a résisté à la télécratie et à la démoscopie, les deux pouvoirs dictatoriaux d'aujourd'hui. Il a pu le faire parce qu'il ne prenait pas comme paramètre le succès et l'approbation, mais la conscience, qui se mesure sur la vérité, sur la foi.

Mais pour l'honneur de la vérité il disait aussi:

Et c'est pourquoi dans de nombreuses occasions, il a cherché le compromis: la foi laisse beaucoup d'ouverture, elle offre un large spectre de décisions, elle impose comme paramètre l'amour qui se sent obligé envers le tout, et impose donc beaucoup de respect. C'est pourquoi il a pu être inflexible et décidé quand l’enjeu était la tradition essentielle de l'Eglise.

... ce qui ouvre peut-être des perspectives.

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A propos des records d'audience sur la télévision publique italienne (je ne doute pas de leur authenticité!), je voudrais toutefois moduler par mon témoignage personnel.
Pendant huit ans, j'ai suivi la prière dominicale d'Angelus sur RAI 1. L'émission s'appelle "A sua immagine", un peu l'équivalent italien du "Jour du Seigneur", commençant par la retransmission de la messe.
Le premier "animateur" de l'ère Benoît XVI, Andrea Sarubbi, qui avait présenté le téléthon en 2007, a démissionné en 2008 lorsqu'il s'est présenté aux élections législatives sur une liste du PD (socialiste). Autant dire qu'en plein débat italien sur l'euthanasie, il n'était pas l'homme de la situation.
Lui a succédé un certain Rosario Carrello, l'homme qui a eu l'idée d'interviewer Benoît XVI en direct le vendredi Saint 2011, faisant d'un évènement exceptionnel un banal "talk show" où le Saint-Père a malheureusement servi de bouche-trou entre deux témoignages sans intérêt (benoit-et-moi.fr/2011-I).

Sous Benoît XVI, en réalité, rien n'était fait à la télévision pour mettre en valeur l'image du pape.

Un fait supplémentaire en témoigne: chaque dimanche à midi précise, sur RAI 1, Benoît XVI délivrait sa mini-homélie en italien, puis récitait la prière de l'Angelus. A peine le "amen" final prononcé, le direct était interrompu, et les saluts dans les différentes langues carrément sautés, pour faire place en studio à des bavardages la plupart du temps insignifiants (j'ai à maintes reprises lu les protestations sur le site de Raffaella).
Avec François les choses ont changé: le direct se poursuit pendant dix bonnes minutes, puisqu'il n'y a pas de salut en langue étrangère. Avec pour conséquence immédiate que son temps de présence à l'antenne est multiplié par trois....

Alessio Schisari
«Il Fatto Quotidiano»
14 Octobre 2013
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Évêque de Rome , vicaire de Dieu sur terre et roi de l' audience. Depuis que le Pape François est monté sur la Chaire de Pierre, sur Rai 1, les audiences du dimanche matin ont grimpé en flèche.
Les chiffres parlent d'eux-mêmes: plus de 700.000 auditeurs en plus pour l' Angelus, passant de 1.566.000 en 2012 à 2.272.000 cette année. L'augmentation, pour la Messe célébrée par Bergoglio est encore plus frappante: de 15,82% de part d'audience l'an dernier pour Ratzinger, à 22,35% aujourd'hui : Bergoglio apporte pratiquement un tiers de téléspectateur en plus.

Compte tenu de l'argument, il pourrait sembler blasphématoire de parler d'un miracle, mais pour faire revivre l'audience agonisante de la télé généraliste, il fallait une main d'en haut.
Pour donner un repère, le dernier angélus de Benoît XVI n'a pas dépassé le pic de 30% des parts d'audience, un taux respectable, mais qui est presque la norme lorsque François apparaît à la fenêtre du Palais apostolique. Son premier Angelus a effleuré le 45%, la Via Crucis a atteint un pic de 36%, avec une moyenne de 32%.
Des chiffres d'équipe nationale de football: quant aux audiences, une messe qui vaut Messi!
La journée de François à Assise a été suivie par une moyenne de 6,53% de spectateurs, pas sur Rai 1, mais sur Tv2000 ( la télévision de la Conférence épiscopale italienne ), qui pendant une journée a été la cinquième chaîne la plus regardées, devant Rai 2, Rete 4 et Italia 1.
Le directeur Dino Boffo (selon lequel une bonne messe à la télévision peut faire découvrir une vocation et aurait convaincu de nombreuses femmes d'entrer au couvent) ne peut que se frotter les mains.
Ils l'ont aussi compris à Sky, qui sur Sky TG24 consacre beaucoup plus d'espace qu'avant à l'Angélus. La raison en est simple: quand François est à l'image, la plupart des gens ne changent pas de chaîne.

Un joli coup aussi pour les dirigeants de Viale Mazzini (siège de Rai 1). Rai 1 est, depuis sa création, le canal du pontife . «Le premier grand événement suivi par le service public a été le voyage de Paul VI en Terre Sainte», explique Massimo Milone , directeur de RAI Vatican.
Depuis des décennies, la messe du dimanche matin est un rendez-vous fixe, garanti par un accord conclu avec la CEI .

Avoir un pape qui crève l'écran n'est pas évident: Wojtyla y réussissait, Ratzinger ne s'en est jamais soucié. Bergoglio, au contraire, sit y faire, et quand il était évêque de Buenos Aires, il a été le protagoniste d'une série de conversations à la télévision sur la vie de saint Joseph .
Comme on l'a vu, il sait aussi répondre aux micrs avec aisance, et après les Journées mondiales de la Jeunesse à Rio de Janeiro, il a accordé sa première interview en tant que souverain pontife à une télévision brésilienne, celle qui est entrée dans l' histoire grâce à l'accord conclu: «le pape est argentin, mais Dieu est brésilien».
Une affaire de star.

• beatrice@benoit-et-moi.fr