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L'effet François

A propos d'un article d'Andrea Tornielli. Quand les vaticanistes cèdent à la papolâtrie (10/11/2013)

>>> Voir aussi: benoit-et-moi.fr/2013-II/articles/leffet-franois-est-aussi-un-effet-benoit

Interrogé par Jean Marie Guénois s'il avait éventuellement constaté un "effet François", le cardinal Barbarin (1) répondait prudemment (cf. Une interviewe du cardinal Barbarin): "Tout monde me parle de lui, mais je ne saurais pas encore répondre à votre question. Il faudrait la poser aux prêtres en charge des paroisses...".

Andrea Tornielli, s'appuyant sur un livre de circonstance de Massimo Introvigne, lui-même se basant sur des "sondages" (nous y revoilà), est beaucoup plus catégorique. Chiffres à l'appui, donc.
Ce livre d'Introvigne est le développement d'une enquête qu'il avait menée peu de temps après l'élection (cf. www.lanuovabq.it).

On devrait se réjouir sans mélange que les églises se remplissent et que les files s'allongent devant les confessionnaux. Mais ce consensus du monde devient vraiment troublant. Et ces "nouveaux chrétiens", attirés par le message de miséricorde sans contrepartie qu'ils perçoivent chez le nouveau Pape (qu'ils écoutent distraitement, ou qu'on leur présente de façon très sélective), comprennent-ils qu'ils doivent AUSSI se CONVERTIR?
Ce panégyrique sans nuance du Pape François (jusqu'à l'espression finale de modestie), qui tient plus de l'hagiographie que de l'enquête journalistique, devient gênant - et pas seulement parce qu'il est particulièrement blessant pour son prédécesseur. La foi ne se mesure pas avec des statistiques. Et surtout, les grandes choses ne font pas de bruit, avait dit en substance Benoît XVI (2).

Au final, on a l'impression d'assister ainsi à une double "marche" en vue d'une rencontre: celle du peuple vers le Pape (décrite ici) et celle du Pape vers le peuple, dont la dernière expression, non sans péril, est le questionnaire préparatoire au Synode sur la famille, où tout le monde sera appelé à donner son avis. Il n'y a plus qu'à espérer que le troupeau charmé ne rechignera pas à suivre le bon pasteur, y compris si c'est difficile.

     

Églises bondées, c'est l'effet Bergoglio

http://vaticaninsider.lastampa.it
La nouvelle étude du sociologue Introvigne: les confessions et la participation à la messe augmentent. Mais François: «Le mérite revient au Seigneur».
Andrea Tornielli
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L'effet François se poursuit sans relâche et se consolide. Cela est attesté par une étude du sociologue Massimo Introvigne, dont il ressort que, rien qu'en Italie, des centaines de milliers de personnes se sont rapprochées de l'Eglise grâce à la parole et au témoignage du Pape.

Le Cardinal Giuseppe Betori, archevêque de Florence, parlant de Bergoglio, observe: «C'est cette nouveauté que les gens, tous, ont immédiatement saisi et cela nous aide beaucoup, surtout dans le rapport avec ceux qu'on dit éloignés: combien retournent à la vie sacramentelle, même après des décennies».
«François a ouvert une brèche surtout chez ceux qui ont quitté la vie chrétienne, qui sont enthousiastes - confirme à La Stampa l'évêque auxiliaire de l'Aquila Giovanni D'Ercole. Les confessions augmentent, et les présences à la messe».
Il y a beaucoup, beaucoup de témoignages de prêtres et de religieux qui décrivent ce qui se passe.

Et ce n'est pas seulement un phénomène italien, comme le démontrent les mots écrits par le cardinal Timothy Dolan de New York sur son blog: «Si j'avais reçu un dollar pour chaque New-Yorkais qui m'a dit combien il aimait le Saint-Père actuel, j'aurais payé la facture salée de la restauration de la cathédrale Saint Patrick».

Ce qui frappe, ce sont surtout les mots sur la miséricorde de Dieu qui «ne se lasse jamais de pardonner» (ndt: mais tous ses fidèles ont-ils bien compris que le Pape demande la conversion?). Mais aussi les gestes qui accompagnent la prédication du Pontife argentin, comme ce qui s'est produit hier matin à l'audience au Vatican: François pendant deux heures, sans aucune hâte, a voulu accueillir des centaines de personnes malades et handicapées. Il les a étreints et consolés un par un, passant entre les brancards et les fauteuils roulants, se penchant sur chacun d'eux.

C'est un effet «massif et même particulier», explique Massimo Introvigne, l'auteur de l'étude qui est maintenant publiée dans un livre «Le secret du pape François».

Après avoir effectué, un mois après l'élection de Bergoglio, un premier sondage accompagné d'interviewes de nombreux prêtres italiens qui racontaient l'augmentation de la présence à la Messe et dans le confessionnal, Introvigne a répété l'enquête sur un échantillon plus large pour vérifier si ces résultats ne représentent qu'un phénomène éphémère d'«effervescence religieuse», l'effet d'une «lune de miel» médiatique.

La nouvelle recherche, menée auprès d'un échantillon de 250 prêtres et religieux témoigne au contraire que «l'effet François» se poursuit et est confirmé par 50,8% des prêtres et religieux interrogés. «Le fait important - écrit le sociologue - c'est qu'à six mois de la première enquête et sept mois après le début de son pontificat, le phénomène de l'effet François ne montre aucun signe de reflux, il se consolide plutôt».

«Un effet détecté par plus de la moitié d'un échantillon - ajoute Introvigne - est un effet réel. Nous pouvons dire qu'un peu plus de la moitié des prêtres et des religieux note dans sa communauté un effet François, qui ne s'estompe pas au fil des mois, mais perdure. Si nous cherchions à traduire cette donnée en termes de chiffres et à l'échelle nationale, en se référant seulement à la moitié des paroisses et communautés - conclut Introvigne - nous devrions parler en Italie de centaines de milliers de personnes qui se rapprochent de l'Eglise, accueillant l'invitation du pape François. Un effet massif et même spectaculaire».

En Juillet dernier, répondant aux évêques du Brésil, François avait parlé de la nécessité d'une Eglise «capable de tenir compagnie», de se mettre «en route avec les gens», et il est capable de «réchauffer le cœur». Et à un prêtre romain qui lui parlait de l'augmentation des confessions à la suite de son message sur la miséricorde, le pape a répondu: «Je n'y suis pour rien, ce sont des choses que le Seigneur fait».

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Notes

(1) Monique réagissait à cette interviewe, et je publie son commentaire ici:

Le cardinal Barbarin admet qu'il y a un certain malaise à l'intérieur de l'Eglise depuis l'élection du Pape François mais ses explications sont plutôt désobligeantes pour ceux qui sont "perturbés". Il dit qu'il peut s'agir d'un manque de foi (sous Benoît XVI, on ne disait pas que ceux qui l'injuriaient manquaient de foi, bien au contraire !) et qu'il dérange parce qu'il secoue tout le monde. Autrement dit, ceux qui ressentent un malaise sont soit des égoïstes, soit des pharisiens que le "souffle de l'Evangile" (qui avait disparu sous Benoît XVI et même sous Jean-Paul II) bouscule prophétiquement.
Si vous émettez des doutes sur le tour que prend le pontificat, c'est que vous êtes à rééduquer. La rééducation est partout: dans la presse, dans la prédication des clercs , dans les sondages, sur les blogs.
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(2) Ce moment décisif pour le destin de l’humanité, le moment où Dieu s’est fait homme, est enveloppé par un grand silence qui nous frappe toujours et nous fait réfléchir. La rencontre entre le messager divin et la Vierge Immaculée passe totalement inaperçu: personne ne sait, personne n’en parle. C’est un événement qui, s’il avait lieu à notre époque, ne laisserait pas de traces dans les journaux ni dans les revues, parce que c’est un mystère qui a lieu dans le silence. Ce qui est vraiment grand passe souvent inaperçu..
(Benoît XVI, Hommage à l'Immaculée, 8 décembre 2012, )

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