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Le cheminement d'un catholique mexicain qui après l'expérience des églises évangéliques a renoncé à chercher le Christ hors de l'Eglise catholique Traduction de Carlota (28/9/2013)

Alors que la cathoprogessie ne cesse de se réjouir de l’élection du Pape François qui va enfin faire ce qu’elle demande depuis des décennies, des catholiques plus conservateurs peuvent se trouver déconcertés voire peinés par certaines paroles et attitudes de notre nouveau Souverain Pontife qui semble très sévère pour certains (pourtant plutôt bons élèves par rapport à l’orthodoxie dogmatique) et bien plus indulgents pour d’autres.
La déclaration de François (« Jésus et le reste conséquence») mais qui suit évidemment d’autres de Benoit XVI pour ne citer que ces deux successeurs de Pierre, m’a fait revenir en mémoire l’histoire d’un catholique mexicain dont le cheminement est plein d’enseignements.
C’est peut-être parce qu’il pense à des histoires comme celle-là que l’ex-cardinal de Buenos Aires insiste tant sur la miséricorde et moins sur le péché et les dogmes, au risque par sa façon de communiquer très personnelle que certains catholiques se trouvent involontairement blessés bien que de bonne volonté surtout quand les titres des médias semblent exciter nos émotions et endormir notre esprit d’analyse et la raison.

     

Le témoignage de José Luis Vela
http://www.es.catholic.net/
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José Luis Vela est un Mexicain formé dans la foi catholique. Il n’était pas un homme à négliger ses croyances pour d’autres dieux; il n’était pas une personne « du tas », de ceux de la foi routinière et ennuyeuse, de la foi assoupie et formelle. Non. C’était un homme engagé de l’Église Catholique.
C’était un apôtre, une personne convaincue et convaincante. Un passionné du Christ, avec de une vaste connaissance sur la Bible. Cependant, quelque chose croisa son chemin et fit tomber tous ces principes : l’orgueil.

Vanité et zèle sans amour
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Pendant longtemps il s’était consacré à l’étude de la doctrine catholique et à l’approfondissement de l’enseignement de la Bible. De fait il appartenait à un mouvement qui se dédiait à travailler dans ce domaine pastoral. Avec le temps, loin de s’approfondir dans le véritable amour de Jésus Christ, ce qui est arrivé c’est justement le contraire : « Cette connaissance avait provoqué en moi des sentiments de vantardise, d’arrogance, de vanité, etc. Je savais; explique Vela, tout ce qui était nécessaire pour défendre l’Église ». « Alors le voile de la vanité a couvert mon visage et j’ai oublié le pardon et la miséricorde. Le zèle religieux a occulté l’amour. La miséricorde s’est enfuie de moi. Et a surgi le juge » (1).
Et bien sûr, non seulement les erreurs chez les autres personnes ont surgi, dans leurs groupes, chez ceux qui ne pensaient et ne comportaient pas comme il fallait, mais il a découvert une Église Catholique pleine d’erreurs.

Pour une église parfaite
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« La rancœur s’est emparée de moi, j’avais cessé de croire en la bonne volonté de l’Église Catholique fondée par Jésus Christ. Je croyais que l’Église m’avait trompé parce que je voulais une Église parfaite, sans tache, sans flétrissure, presque céleste. Je n’avais pas pu assimiler la patience de l’Église Catholique avec les faibles et ceux qui n’ont pas de connaissances bibliques. Je m’étais transformé en un pharisien instruit et sans misericorde.

Passés trois ans à m’alimenter uniquement de la Bible sans fouler un lieu de culte catholique ou protestant et après avoir souffert d’une dépression, José Luis a opté pour la recherche d’un lieu où il puisse partager ses connaissances. Il a rejeté les sectes classiques comme les Témoins de Jéhovah, les Mormons, les Sabbatistes (dits aussi baptistes du 7ème jour) , les Scientistes, Lumière du Monde, etc., et il a commencé à chercher sa place dans les églises protestantes. Elles étaient légion… chacune avec leur style, avec leur forme, avec leurs habitudes, avec leurs libertés et leurs différentes compréhensions de la Parole de Dieu. Dans la première église où il est retombé il a réussi à devenir l’adjoint principal du pasteur. Cependant l’idylle a peu duré. Elle a duré jusqu’à ce que pour des divergences doctrinales et d’habitudes il doive abandonner le groupe.

Interdit de célébrer Noël
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Sa déambulation postérieure entre les unes et les autres églises évangéliques lui a démontré, comment, quand tu rentres dans leur monde, au début tout est merveilleux: l’accueil, la valorisation des personnes, l’approbation communautaire… Mais avec le temps les choses changent: augmente l’obligation d’aller à de plus en plus de réunions, et s’initie un processus de pression psychologique destinée à fixer d’une façon stricte la manière de s’habiller, la catégorie des dons, l’interdiction de certains fêtes chrétiennes comme Noël (la « Saturnale » comme l’on peut les entendre l’appeler), l’interdiction de mettre le sapin de Noël…
Ce qui est sûr c’est que dans le cas de José Luis et de sa famille, l’amour premier disparaissait au fur et à mesure qu’ils s’impliquaient de plus en plus dans les différentes églises dans lesquelles ils cherchaient le Christ.
José Luis se rappelle le fanatisme dans lequel les avaient conduits quelques pasteurs alors qu’ils étaient dans leur communauté : « J’ai jeté les jeux de mon fils à la poubelle, car j’avais entendu une prédication contre les jouets des enfants. Mon fils de 9 ans innocemment l’a accepté. J’ai fait la même chose avec (..) les dessins animés de Walt Disney : Tout était péché ».

Qu’ils nous donnent leurs dons et qu’ils soient heureux
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L’une des ruptures avec ces églises qui laissèrent le plus de marque à José Luis a peut-être été celle arrivée un jour qu'il accompagnait un pasteur qui allait faire une prédication dans une église sœur. Après la prédication , « s’est approchée de moi une petite vieille de quelques 80 ans, mince et pâle, avec un vêtement usé par le temps et chaussée de petits souliers vieux et abimés. Elle m’a offert un peu d’argent, quelques pièces comme "aide" car nous venions de loin et elle avait entendu dire que j’étais presque un pasteur. Elle me remettait sa " dîme" (ici donc dans le sens de don obligatoire). J’ai néanmoins préféré ne pas l’accepter car elle en avait infiniment plus besoin : "non, petite sœur, lui ai-je dit, prenez ces pièces et achetez-vous du lait pour vous, et allez vous reposer, Jésus vous aime. Je me rappelle encore comment la dame m’a souri, reconnaissante. Après elle s’est approché du pasteur qui dans une autre parti du temple et lui, au contraire, il a accepté l’argent».

De retour chez lui, il en parle au pasteur
- Frère, j’ai mis mon auto au service de l’église pour aller faire la prédication, je paie aussi l’essence et les péages de l’autoroute. Nous n’avons pas besoin qu’on nous donne de l’argent pour les frais. Pourquoi avez-vous pris l’argent de la petite vieille qui en avait plus besoin que nous ?
Le pasteur lui a répondu :
- Ne t’en fais pas, ils se sentent heureux quand ils font cela, donc rendons-les heureux!

Sa conscience n’en a pas supporté plus. C’était la fin et il a pris congé : « Frère, priez pour moi, je ne peux plus continuer ici. Peut-être que je me trompe, mais pour moi c’est mieux de suivre ma conscience que de vivre ainsi. Je ne veux pas que quelqu’un me suive et sorte d’ici. Je ne fais pas la promotion de sectes, de querelles ni de divisions, c’est mieux que je m’en aille ».

De nouveau il s’est retrouvé seul et sans église.

Quand la religion se transforme en affaire
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Peu de temps après il a rencontré un vieux frère (dans le sens des églises protestantes) qui l’a amené à son église. Une église où la joie et la spontanéité régnaient en tout lieu. Où l’on partageait la vision de la Parole de Dieu en toute liberté. Pour cette raison commencèrent à arriver des prédicateurs qui allaient d’église en église, clamant leurs doctrines. Très vite l’on annonça l’arrivée d’un « prédicateur très oint » (l’adjectif espagnol correspond à celui employé pour un roi ou un prêtre qui reçoit l’huile sacrée, ici comprendre vénéré) qui fait beaucoup « de prière et jeûne », ce pourquoi il réveillait la curiosité pleine d’attentes des fidèles.
La réalité c’est que se présentaient toute sorte d’illuminés, des prédicateurs qui s’arrêtent longuement sur la fin du monde ou l’apparition du chiffre 666, jusqu’à ceux qui prêchent contre les dessins animés à la TV. Chaque événement local, national ou mondial était utilisé pour prophétiser des calamités…

C’est ainsi qu’apparaissaient des gens comme Yive, un homme de grande prière et jeûne, dans la revue duquel on demandait de l’argent pour soutenir son œuvre évangélique et « pour envoyer l’Évangile via satellite» ; ou Morris Cerullo qui venait directement des Etats-Unis et qui « accepte les cartes de crédit »…ou J. Miranda qui a un grand « pouvoir de Dieu » car il « jette les gens à terre »…

Évangélistes « internationaux » qui d’un coup surgissaient du néant et disparaissent de la même façon mais avec une bonne somme d’argent dans leurs portefeuilles.

L’église ressemblait à un champ de bataille, des gens tombant de l’autel, crachant de la mousse par la bouche, d’autres répétant des refrains et en s’agitant sur le sol, certains autres entraient en transe et se mettaient à danser « la danse de l’Esprit ». À d’autres occasions aux cris emphatiques et attaques d’hystérie, suivait le bris des télévisions avec des battes de baseball pour détruire le péché… (1). Mais en tout cas, toujours l’on procédait à la récolte des « offrandes » d’amour : « Nous avons besoin de personnes qui veuillent offrir tant d’argent et maintenant celles qui peuvent donner tant d’autre [chose]… »

C’est un négoce parce qu’il n’y a pas d’amour
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La religion était devenu un pur négoce (1 TM 6,10 «Car l'amour de l'argent est une racine de tous les maux; et quelques-uns, en étant possédés, se sont égarés loin de la foi, et se sont jetés eux-mêmes dans bien des tourments »), et la foi, un « culte des sens » où le sentimentalisme et le messianisme prophétique étaient les piliers de la doctrine. On enseignait que le péché était dans les objets ; dans les images, dans la musique, dans la nourriture, etc.
Finalement José Luis Vela a décidé que rester seul avec sa famille et de n’assister à aucun culte d’une autre église ou dénomination supplémentaire.

« Je me rappelle la peur, et l’incertitude pour l’arrivée du 666, l’attente pour le "rapt" et jusqu’à mon petit garçon qui a été affecté par la peur de rester et ne pas être parmi "les élus". Malgré mes études professionnelles, la connaissance de la Bible acquise au cours de nombreuses années et encore ma solide formation chrétienne, j’étais "affecté". J’ai été entraîné par les vents des doctrines des hommes ».
En sortant pour trouver de nouvelles sources de formation, José Luis était tombé dans des lectures qu'on pourrait qualifier d'impropres (...)

Les classiques protestants anciens
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Cependant lui tombèrent aussi dans les mains quelques livres anciens qui datent de l’époque de la Réforme et quelques écrits de Jean Calvin: “Cette œuvre ancienne m’a instruit sur ce que pensaient les premiers réformateurs du XVIe siècle. Après en vinrent d’autres et même j’ai fait la connaissance des 95 thèses de Luther. C’était un protestantisme centré, éclairé et d’une certaine façon juste dans ses réclamations à l’Église Ancienne, qui exposait ses raisons sans tomber dans le fanatisme ». « C’est un protestantisme éclairé, fervent de Dieu et qui aimaient les choses saintes, qui seulement cherchait à réformer les choses de l’Ancienne Église. Ces protestants du passé, du XVIème siècle n’avaient rien à voir avec les « prophètes d’aujourd’hui » qui fondent des « églises » n’importent où. Par l’orgueil de ne résoudre leurs différences, ils continuent à diviser le corps du Christ » (2)

Le retour à l’Église Catholique
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José Luis s’est mis à Internet et là il a établi des rencontres entre croyants et non croyants, entre catholiques et protestants. Dans ce monde ouvert et anonyme où chacun exprime ce qu’il veut dans l’anonymat et le mépris le plus impuni possible (contre la religion catholique essentiellement !) José Luis lui-même s’est vu reflété: «Devant les accusations et les offenses, l’intransigeance de beaucoup, les préjugés des autres et les offenses à la Vierge Marie, Mère de Dieu fait homme, devant les moqueries et les éclats de rire de certains qui nient l’Esprit Saint, je me suis vu comme dans un miroir. Et j’ai compris que "tous nous avons péché" (Romains 3-23 – Car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu)

José Luis était sorti de l’Église parce qu’elle était pleine de pécheurs et il n’a pas rencontré la pureté qu’il espérait mais ses expériences lui ont permis de réfléchir et de considérer comme terminé sa recherche du Christ hors du catholicisme. Il a décidé de retourner à l’Église Catholique « parce que si tu as quelque chose contre ton frère, tu le vois et tu règles avec lui tes comptes. Dieu n’écoute pas la prière si tu ne t’es pas réconcilié ; parce que Dieu pardonne nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous offensent… ».
Dans l’Église Ancienne, Catholique, Universelle, dans l’Église de Dieu, de tous les temps, c’est là que je vais être. Non pas pour condamner mais pour collaborer et donner du courage à mes frères, les pauvres en esprit, les faibles dans la foi, ceux de la Foi simple qui ne savent pas la Bible mais qui croient dans leur cœur ». (3).

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Remarques de traduction
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(1) Il y a des vidéos qui circulent sur le net qui sont sidérantes. Comme il est très triste de voir que ces « prédicateurs » s’expriment en espagnol et ont pignon sur rue en Amérique latine. Ils ont certes profité de la misère humaine mais aussi du « laïcisme » idéologique d’une certaine élite qui avait tout intérêt à laisser attaquer l’Ancien Religion.

(2) Pour nous Français dont les familles ont subi pour certaines la terrible déchirure de la tunique du Christ depuis le XVIème siècle, José Luis Vila nous paraît ingénu dans sa vision des « pères » du protestantisme. Certes Luther et Calvin avaient une formation religieuse catholique de très haut niveau et leurs axes de « réformes » avaient pour bases une, sans doute longue réflexion, d’«universitaires », rien à voir dans la forme aux élucubrations des prédicateurs que notre ami mexicain découvre, alors que son pays a été sous le «cocon» de la Religion Catholique sans partage tout au moins jusqu’il y a deux cents ans avec au sens large les révolutions bolivariennes, mais le fond était le même. Benoît XVI, notamment lors de son dernier voyage allemand a de nouveau mis les «umlaut » sur les u, et les points sur les i. Les remarques de José Luis correspondent néanmoins à un « politiquement correct » qui dure depuis pas mal de temps ! Notamment dans le royaume de France, l’on a parlé sous François 1er d’hérétiques, puis même sous Louis XIV, l’on disait ceux de la Religion Prétendue Réformée. Par la suite l’on en est peut-être arrivé à l’œcuménisme et à l’auto-« protestantisation » de paroisses elles-aussi très ingénues?


(3) Récemment Mgr Juan Antonio Menéndez, évêque auxiliaire d’Oviedo, lors du pèlerinage du Christ aux chaînes, a déclaré : « L’impact de la pauvreté et les sectes qui sont très agressives contre l’Église catholique démoralisent les chrétiens et les poussent vers elles » (infocatolica.com). Il revenait d’une rencontre à Rome avec des prélats de très nombreux pays de tous les continents, prélats catholiques romains ou catholiques orientaux et notamment de pays à forte majorité musulmane et en guerre.
Les Irakiens (et pas qu’eux) d’ailleurs chrétiens depuis les premiers apôtres ont en effet vu arriver dans les bagages de leurs libérateurs nord-américains, des prédicateurs protestants ou néo-protestants qui venaient leur apprendre ce qu’était le vrai Jésus !