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Un Pape pas si facile à cerner

Dans une homélie matinale superbement ignorée des médias (ma traduction), il s'en est pris sans ménagement à "ce progressisme adolescent", disposé à se soumettre "à l'uniformité hégémonique" de "la pensée unique fruit de la mondanité". Hans Küng & Co vont-ils apprécier? (20/11/20013)

>>> A lire aussi, sur ce site:
¤ Sur la prédication de François (30/5/2013)
¤ Les homélies informelles de François

     

Il est difficile de suivre le Pape, et il apparaît - par moments - comme aux antipodes du portrait que les médias et les catholiques de gauche veulent imposer aux masses.

On en revient, une fois de plus (je sais, j'en ai parlé très récemment !!.. Cf Dialogue sur l'Eglise ) à ce que disait Benoît XVI le 14 février dernier devant les prêtres de Rome: «au-delà du vrai Concile, il y avait aussi le Concile des médias. C'était presque un Concile en soi, et le monde a vu le Concile à travers les médias. Alors le Concile qui est parvenu aux gens, a été celui des médias, et non celui des Pères...».

Peut-on substituer au mot "Concile", le nom de François?... Peut-être, tout dépendra de lui.

C'est lors de ses prédications matinales à Sainte Marthe qu'il échappe le plus à son image préconstruite (qu'il ne se donne pas toujours la peine de démentir, et à laquelle il lui arrive même de contribuer, par des gestes). Le problème est que le texte de ces homélies n'est connu qu'à travers des fragments publiés sur le site de radio Vatican, et celui de l'OR (ce ne sont pas les mêmes), ces derniers se retrouvant assez vite sur le site du Saint-Siège (ici), d'abord en italien puis - avec un certain décalage - en traduction dans les différentes langue. Et surtout, que ces homélies connaissent une très maigre médiatisation. Il m'étonnerait beaucoup que les foules qui se pressent Place Saint-Pierre, au moins dans leur très grande majorité, en aient lu une seule ligne (beaucoup tomberaient peut-être de haut).

L'homélie du 18 novembre a eu des échos appréciateurs dans des sites catholiques conservateurs, comme celui d'Antonio Mastino, qui y voit un troisième signe encourageant de suite, après le coup de fil à Mario Palmaro, et le retrait de l'interviewe de Scalfari du site du Vatican, de Massimo Introvigne, bien sûr, et - moins escompté - de Sandro Magister.
Le Pape commentait la lecture du jour (Annexe 1) tirée du premier livre des Macchabées, «une des pages les plus tristes de la Bible», où l'on parle d'«une bonne partie du peuple de Dieu qui préfère s'éloigner du Seigneur devant une proposition de mondanité» (Annexe 2).

Se référant à l'homélie, Sandro Magister, sur son blog Settimo Cielo, titre de façon ironique: «Mais n'était-ce pas le Pape le plus aimé des progressistes?»
En plus de dénoncer le "progressisme adolescent", le Pape a en effet parlé de "sacrifices humains", dans une allusion très claire à l'avortement, et il a même cité le célèbre roman de Robert Benson "Le maître de la terre" (cf. benoit-et-moi.fr/2013-II/livres-dvd/le-maitre-de-la-terre) - dont le moins que l'on puisse dire est qu'il ne doit pas figurer parmi les livre de chevet des progressistes.

* * *

C'est la première pensée qui m'est venue (et Monique me dit avoir eu aussi cette idée) en lisant cette interviewe de Hans Küng paru dans le Point du jeudi 10 octobre (que mon amie m'a envoyé dans sa version papier).
Le faux dissident, qui n'en finit pas de ressasser sa rancoeur implacable et sa jalousie pathologique contre son vieil ennemi Joseph Ratzinger - lequel n'a eu que le tort de l'écraser intellectuellement et spirituellement, puis, injure suprême pour lui, de devenir Pape -, et qui a eu l'infortune de ne même pas pouvoir se faire passer pour un martyr, n'ayant pas été chassé d'une Eglise dont il s'est pourtant exclu de facto, dit tout le bien qu'il pense de François.
Jouant, dans son rôle habituel "le Pape contre l'Eglise", ne va-t-il pas tomber de haut? C'est tout le mal, en fait, que nous nous souhaitons...

     
Une interviewe de Hans Küng
Le Point.
Jeudi 10 octobre 2013, n° 2143, pages 155-157

Hans Küng: « François, pape du renouveau »

Le théologien voit dans le souverain pontife un grand réformateur du catholicisme.

(...) Hans Küng attend celui qui sera le grand réformateur du catholicisme moderne. Son espérance porte désormais un nom: Jorge Bergoglio, le pape François

* * *

Le Point: Avec l'élection de Jorge Bergoglio et les premiers signes d'ouverture qu'il donne, l'heure de votre revanche a-t-elle sonné?
Hans Küng: Je ne suis pas un homme de revanche. Mais je ressens une grande joie à suivre ce qu'est en train de réaliser le pape François, parce que ses paroles et ses actes vont dans le sens du renouveau et non de la restauration. J'ai attendu pendant vingt-sept ans un signe de Jean-Paul II qui n'est jamais venu. J'ai envoyé mes livres à ce nouveau pape et il m'a répondu aussitôt par une lettre personnelle, écrite de sa main, pour me remercier et me dire qu'il les lirait avec plaisir, en précisant qu'il se tenait à ma disposition. C'est une lettre extraordinaire qu'il a signée simplement par: «Fraternellement. François». Il n'a pas ajouté une croix après son nom ou les lettres « pp » pour « papa » (ndlr: n'est-ce pas plutôt Pastor Pastorum ?) - l'abréviation traditionnelle dont tous les papes avant François faisaient suivre leur signature.

- Le pape François s'annonce-t-il pour autant comme un réformateur ou seulement un grand communicant?
HK: En quelques mois, il a déjà bouleversé le style, le langage, le protocole, le ton vaticanesques. Ce n'est pas rien. Il donne des preuves de courage civil en se promenant sans peur dans les favelas de Rio et en ouvrant un dialogue sans fard avec les non-croyants. Il s'est attelé à la réorganisation de la banque du Vatican ainsi que de l'Etat. Mais il n'a pas encore engagé des réformes importantes que nous attendons depuis Vatican II. Beaucoup de catholiques espèrent que François mettra en pratique le changement impulsé par Jean XXIII au concile. Il ne va pas multiplier les obstructions à ces réformes, contrairement à ses prédécesseurs qui ont réintroduit la messe en latin dans la liturgie et remis en selle les traditionalistes.

- Peut-on déjà affirmer que François est un pape de rupture?
HK: Les conservateurs essaient de lui appliquer une herméneutique de la continuité en soutenant qu'il ne dit rien d'autre que Benoît XVI. Les progressistes assurent qu'il pratique une herméneutique de la rupture. Je pense que chacun de ces deux jugements est unilatéral et parcellaire. François reste, évidemment, fidèle à la substance de la foi chrétienne le message de Jésus-Christ. Mais il a intégré le fait que le paradigme - à savoir une constellation globale faite de convictions et de valeurs partagées par une communauté donnée - est en plein bouleversement. En clair, le soleil, la lune et les étoiles restent les mêmes, mais la constellation se transforme. Le pape ne veut pas changer la substance de la foi en Dieu et Jésus-Christ, mais il voit bien que les temps changent. C'est pourquoi il veut que l'Eglise se régénère et s'ouvre.

- Percevez-vous François comme un « pape révolutionnaire», ainsi que l'a dit récemment le cardinal Roger Etchegaray, un proche de Jean-Paul II et de Benoît XVI?
HK: Oui, mais c'est un révolutionnaire prudent. Il a l'habileté de ne pas entrer dans une confrontation directe avec la curie romaine. N'oublions pas que c'est la curie qui a empêché Vatican II de statuer sur la contraception ou le mariage des prêtres. Il s'agit maintenant d'achever l'oeuvre du concile, qui avait essayé d'intégrer dans l'Eglise les paradigmes de la réforme protestante et de la modernité des Lumières: l'ouverture vers la liberté religieuse, l'ouverture vers le judaïsme, et par conséquent vers l'islam et les nouvelles religions, l'ouverture vers un monde séculier et moderne. La curie reste enfermée dans le paradigme médiéval, antiréformateur et antimodeme.

- Et ce pape aurait donc les coudées plus franches?
HK: Je le pense. Juridiquement, le concile Vatican 1(1869-1870) a reconnu la primauté pontificale sur la curie. Toutes les possibilités s'offrent donc au pape. Il est plus puissant que Louis XIV, qui, comme le souhaite François, gouvernait avec un cabinet restreint de spécialistes. Je suis persuadé que les croyants dans leur majorité le suivent, comme ils ont suivi Jean XXIII, parce que François ne parle ni n'agit comme un autocrate, mais comme un pasteur. Ceux qui s'opposent aux réformes ne forment qu'une minorité; et cette minorité n'est plus aussi influente au Vatican. Ce pape a montré qu'il pouvait expliquer et convaincre avec courage et joie de vivre. Et il réalise très bien qu'il peut perdre la grande sympathie du monde s'il se limite à des paroles et à des gestes.
Un seul danger le guette: qu'il ne soit pas assez informé par des conseillers compétents et actifs.

- La mise en place du « G8 », ce groupe de huit cardinaux qui entoure le pape, est-elle destinée à court-circuiter la curie?
HK: Je le crois. Là encore, ce principe de collégialité avait été voulu par Vatican II. Mais Jean-Paul II et Benoît XVI ont tout fait pour en contrecarrer le fonctionnement (ndlr: Andrea Gagliarducci a apporté des arguments très convaincants contre cette vision mensongère). Le pape François a changé de méthode de gouvernement en faisant venir auprès de lui des évêques du monde entier. Reste à savoir s'ils auront le courage de réformer. Nous sommes dans une crise profonde du catholicisme, et c'est cette crise qui a poussé Benoît XVI à la démission. Les scandales de pédophilie, VatiLeaks, le rapport sur la situation de la curie élaboré par trois cardinaux que Benoît XVI a reçus avant Noël... La situation est grave. L'Eglise a besoin d'hommes nouveaux à sa tête. Heureusement, François n'a pas confirmé tous les chefs de dicastères romains. Maintenant, il faut promouvoir le principe de subsidiarité, qui permet un fonctionnement plus autonome des diocèses. Que se développent des relations plus sincères entre le Vatican et les évêques! Cessons ces rapports de servitude qui empêchent les évêques de dire la vérité sur la situation de leur diocèse ou de trouver le courage pour rompre avec le célibat des prêtres, afin d'inviter de jeunes laïques à rejoindre le clergé !

- Comment interpréter la portée de ses propos récents aux revues jésuites: « Nous ne pouvons pas insister seulement sur les questions liées à l'avortement, au mariage homosexuel et à l'utilisation de méthodes contraceptives»?
HK: Ces propos sont justes. Un nouvel équilibre entre les questions actuelles et les exigences de l'Evangile est à trouver. Le pape doit insister sur l'indissolubilité du mariage, mais il est aussi dans son rôle quand il fait preuve de miséricorde à l'égard de ceux qui n'ont pas réussi à tenir dans cette voie. François prend une orientation nouvelle en s'inspirant directement de l'Evangile, non en restant arc-bouté sur le droit canon médiéval, une théologie dépassée ou encore une pompe moyenâgeuse et baroque comme les papes polonais et allemand l'ont fait. Nombre de catholiques ont l'espoir que l'Eglise avance et non qu'elle demeure dans le statu quo.

-Vous avez été écarté par Jean-Paul Il et Benoît XVI en critiquant l'infaillibilité pontificale. En simplifiant ses rapports aux autres à l'extrême, le pape François ne remet-il pas en question ce dogme?
HK: Jean-Paul II et Benoît XVI n'ont jamais répondu à mon livre « Infaillible ? Une interpellation » (ndlr: quand on pense que Benoît XVI a eu la générosité de l'inviter à Castelgandolfo!) ; ils ont seulement marginalisé son auteur. En m'écrivant deux lettres, le pape François a montré que ma prise de position n'était pas un obstacle pour lui. Je pense maintenant que Rome doit constituer une commission d'exégètes, de théologiens et de sociologues pour examiner cette question. Le pape François est un homme très honnête. Il a raconté avec beaucoup de simplicité qu'il fut un chef autoritaire comme supérieur des jésuites en Argentine. Il s'est confessé très ouvertement comme pécheur. Je pense donc qu'il peut accepter sa faillibilité personnelle. Je suis convaincu que l'Eglise se maintiendra dans la vérité de l'Evangile malgré les erreurs des théologiens, des évêques et des papes

Propos recueillis par Jérôme Cordelier

     
Annexe 1
La lecture du jour, 18 novembre: Premier livre des Maccabées

http:// http://www.aelf.org/office-messe?date_my=18/11/2013
La persécution d'Antiochus Épiphane (1M 1, 10-15.41-43.54-57.62-64)
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Dans la descendance des successeurs d'Alexandre le Grand, surgit un homme de péché, Antiochus Épiphane, fils du roi Antiochus le Grand. Il avait séjourné à Rome comme otage, et il devint roi en l'année 137 de l'empire grec.
À cette époque, surgirent en Israël des hommes infidèles à la Loi, et ils séduisirent beaucoup de gens, car ils disaient : « Allons, faisons alliance avec les nations qui nous entourent. En effet, depuis que nous avons rompu avec elles, il nous est arrivé beaucoup de malheurs. »
Ce langage parut judicieux, et quelques-uns, dans le peuple, s'empressèrent d'aller trouver le roi. Celui-ci leur permit d'adopter les usages des païens. Ils construisirent un gymnase à Jérusalem, selon la coutume païenne ; ils effacèrent les traces de leur circoncision, renièrent l'Alliance sainte, s'associèrent aux païens, et se vendirent pour faire le mal.

Quelques années après, le roi Antiochus prescrivit à tous les habitants de son royaume de ne faire désormais qu'un seul peuple, et d'abandonner leurs coutumes particulières. Toutes les nations païennes se conformèrent à cet ordre. Parmi les Israélites, beaucoup suivirent volontiers la religion du roi, offrirent des sacrifices aux idoles, et profanèrent le sabbat.
Le 15 du neuvième mois de l'année 145, Antiochus éleva sur l'autel des sacrifices le Sacrilège Dévastateur, et, dans les villes de Juda autour de Jérusalem, ses partisans élevèrent des autels païens. Ils brûlèrent de l'encens aux portes des maisons et sur les places. Tous les livres de la Loi qu'ils découvraient, ils les jetaient au feu après les avoir lacérés. Si l'on découvrait chez quelqu'un un livre de l'Alliance, si quelqu'un continuait à suivre la Loi, le décret du roi le faisait mettre à mort.

Cependant, beaucoup en Israël résistèrent et eurent le courage de ne manger aucun aliment impur. Ils acceptèrent de mourir pour ne pas être souillés par ce qu'ils mangeaient, et ne pas profaner l'Alliance sainte ; et de fait, ils moururent. C'est ainsi qu'une terrible colère s'abattit sur Israël.

Annexe 2
L'homélie du Pape (ma traduction)

Texte "officiel" en italien sur le site du Vatican
http://www.vatican.va/holy_father/francesco/cotidie/2013/it/papa-francesco-cotidie_20131118_fedelta-non-negoziabile_it.html
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Il y a un piège qui parcourt le monde. C'est celui de la «mondialisation de l'uniformité hégémonique» caractérisée par la «pensée unique», à travers laquelle, au nom d'un «progressisme adolescent», on n'hésite pas à renier ses propres traditions et sa propre identité. Ce qui devrait nous consoler, c'est que devant nous il y a toujours le Seigneur fidèle à sa promesse, qui nous attend, nous aime et nous protège. Dans ses mains, nous suivons en sécurité chaque chemin.

C'est la réflexion proposée par le pape François lundi matin, 18 Novembre, lors de la messe à Santa Marta.
Il a concélébré avec Mgr Pietro Parolin, secrétaire d'État, qui a commencé aujourd'hui son service au Vatican.

Le Souverain Pontife a commencé sa réflexion en commentant la lecture du premier livre des Maccabées (1, 10-15, 41-43, 54-57, 62-64): «l'un des plus tristes pages de la Bible» a-t-il commenté, où l'on parle d '«une bonne partie du peuple de Dieu qui préfère s'éloigner du Seigneur face à une proposition de mondanité». Il s'agit, a noté le Pape, d'une attitude typique de cette «mondanité spirituelle que Jésus ne voulait pas pour nous. Au point qu'il avait prié le Père de nous sauver de l'esprit du monde».

Cette mondanité vient d'une racine perverse, «d'hommes scélérats capables d'une persuasion intelligente: "Allons faire alliance avec les peuples qui sont autour de nous. Nous ne pouvons pas être isolée" ni enfermés dans nos traditions."Faisons alliances parce que depuis que nous nous sommes éloignés d'eux, de nombreux maux nous sont arrivés".»
Ce raisonnement, dit le Pape, fut considéré comme tellement bon que certains «prirent l'initiative et se rendirent auprès du roi, pour traiter avec le roi, pour négocier». Ceux-ci, a-t-il ajouté, «étaient entousiastes, ils croyaient qu'ainsi la nation, le peuple d'Israël deviendrait une grande nation».
Bien sûr, a fait remarquer le pape, ils ne se sont pas posés la question de savoir s'il était plus ou moins juste d'assumer cette attitude progressiste, entendue comme une marche en avant à tout prix. Et même, ils disaient: «Ne nous fermons pas. Soyons progressistes».
C'est un peu comme ce qui se passe aujourd'hui, a noté l'évêque de Rome, avec l'émergence de ce qu'il a appelé «l'esprit du progressisme adolescent» selon lequel, face à n'importe quel choix, on pense qu'il est juste d'aller de l'avant coûte que coûte, plutôt que de rester fidèles à ses propres traditions.
«Ces gens - a poursuivi le Pape revenant au récit biblique - ont traité avec le roi, ont négocié. Mais ils n'ont pas négocié les habitudes ... ils ont négocié la fidélité au Dieu qui est toujours fidèle. Et c'est ce qu'on appelle l'apostasie. Les prophètes, en référence à la fidélité, l'appellent adultère, un peuple adultère. Jésus le dit: "génération mauvaise et adultère" qui négocie une chose essentielle à son être, sa fidélité au Seigneur». Peut-être négocient-ils des valeurs, auxquelles ils ne renoncent pas; mais il s'agit de valeurs, a souligné le pape, qui à la fin sont tellement vidées de sens qu'elles restent seulement «des valeurs nominales, pas réelles».

Mais de tout cela, ensuite, on paie les conséquences. Se référant au récit biblique, le Pape a rappelé qu'ils ont pris «les habitudes des païens» et ont accepté l'ordre du roi qui «prescrit que, dans son royaume tous ne forment qu'un seul peuple, et que chacun abandonne ses propres usages». Et certes, a dit le pape, ce n'était pas, la «belle mondialisation» qui s'exprime dans «l'unité de toutes les nations», mais en conservant leurs propres coutumes. Celle dont on parle dans ce récit, c'est plutôt la «mondialisation de l'uniformité hégémonique». La «pensée unique fruit de la mondanité».

Après avoir rappelé les conséquences pour la partie du peuple d'Israël qui avaient accepté cette «pensée unique» et s'était laissé aller à ces gestes sacrilèges, le Pape François a fait remarquer que de telles attitudes se rencontrent encore «parce que l'esprit de la mondanité nous porte aujourd'hui encore à ce désir d'être progressive, à la pensée unique. Et même: comme cela s'est passé alors, quand ceux qui étaient trouvés en possession du livre de l'alliance étaient condamnés à mort, cela arrive encore aujourd'hui dans différentes parties du monde «comme nous l'avons lu dans les journaux ces derniers mois».

Négocier sa fidélité à Dieu, c'est comme négocier sa propre identité. Et à cet égard, le Pape a rappelé le livre "Le Maître du Monde" de Robert Hugh Benson, fils de l'archevêque de Canterbury, Edward White Benson, dans lequel l'auteur parle de l'esprit du monde et «presque comme une prophétie, il imagine ce qui se passera. Cet homme s'appelait Benson, il s'est converti au catholicisme et il a fait beaucoup de bien. Il a vu justement cet esprit de mondanité qui conduit à l'apostasie».
Cela nous fera du bien à nous aussi, a suggéré le pape, de penser à ce qui est raconté dans le livre des Maccabées, à ce qui s'est passé, étape par étape, si nous décidons de suivre ce «progressisme adolescent» et faire ce que tout le monde fait. Et cela nous fera du bien de penser aussi à ce qui s'est passé plus tard, «aux condamnations à mort, aux sacrifices humains» qui ont suivi.
Et demandant «Vous pensez qu'aujourd'hui on ne fait plus de sacrifices humains?», le Pape a épondu: «On en fait beaucoup, beaucoup. Et il y a des lois qui les protègent».

Ce qui doit nous consoler, a conclu le Pape, c'est que «avant le chemin marqué par l'esprit du monde, du prince de ce monde», un chemin d'infidélité, «il reste toujours le Seigneur qui ne peut pas se renier lui-même, le Fidèle. Lui, toujours, nous attend; Lui nous aime tant», et il est prêt à nous pardonner, même si nous faisons quelques petits pas sur ce chemin, et à nous prendre par la main comme il l'a fait avec son peuple bien-aimé pour l'emmener hors du désert.