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Une Eglise décentralisée

Monique T. émet des doutes... confirmés par les récents épisodes en Allemagne et en Suisse (27/11/2013)

Voir à ce sujet:
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Divorcés-remariés: pressions en Allemagne
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Le questionnaire suisse

Dans le préambule de l'exhortation Apostolique Evangelii Gaudium publiée hier, le Pape François écrit:

Je ne crois pas non plus qu’on doive attendre du magistère papal une parole définitive ou complète sur toutes les questions qui concernent l’Église et le monde.
Il n’est pas opportun que le Pape remplace les Épiscopats locaux dans le discernement de toutes les problématiques qui se présentent sur leurs territoires. En ce sens, je sens la nécessité de progresser dans une “décentralisation” salutaire. (§ 16)

Et plus loin:

Ce n’est pas la tâche du Pape de présenter une analyse détaillée et complète de la réalité contemporaine, mais j’exhorte toutes les communautés à avoir « l’attention constamment éveillée aux signes des temps ». (§51)

Il semble que certains évêques aient précédé la démarche du Pape.
Et cela inspire à Monique une réflexion inquiète, fondée sur l'histoire.

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Le Pape François désire "décentraliser" l'Eglise. Il risque d'être comblé au-delà de ses espérances, si l'on se fie à ce qui se passe en Allemagne (et en Suisse).
Sur la question des divorcés-remariés, par exemple, chaque évêque semble vouloir instaurer ses propres normes avant même que le Pape n'ait statué. Et comme le Pape veut attendre les recommandations des deux synodes de 2014 et 2015, les évêques auront le temps de créer un beau désordre en désobéissant au Magistère actuel. Tel diocèse dira ceci, tel autre cela, qui sera ensuite peut-être contredit par le Pape après 2015.
Les évêques vont doubler le Pape: lenteur de Rome et impatience des évêques et des fidèles allemands.
La situation est plus que délicate!

Je ne peux pas m'empêcher de penser à l'époque de la Réforme, qui elle aussi est partie d'Allemagne. Luther avait largement eu le temps de déchirer la chrétienté avant que le Pape Paul III ne se décide enfin à convoquer le Concile de Trente: une réponse efficace pour réformer ce qui restait de l'Eglise catholique mais trop tardive pour restaurer l'unité les chrétiens d'occident.
Je ne suis pas sûre que le Pape François ait le temps d'attendre. C'est bien lui qui a suscité ces espoirs et il devra aussi maîtriser le déchaînement des forces en présence. Il y a bien un risque d'émiettement de l'autorité dans l'Eglise.

Monique T.