Le cadeau fascinant de Benoît XVI
... c'est l'Année de la Foi. L'hommage d'un blogueur espagnol, hébergé par Religion en Libertad, et traduit par Carlota (26/11/2013)
>>> Cf. Ouverture de l'Année de la foi (l'homélie du 11 octobre 2012)
28 février 2013...
A Castelgandolfo, le dernier salut de Benoît XVI
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Voici la traduction d’un article écrit par José Alberto Barrera et paru sur son blog « l’Église provocatrice » hébergé par « Religión en Libertad ».
Il revient sur l’« Année de la Foi » mise en œuvre par Benoît XVI et sur le pontificat du désormais Pape émérite.
L’auteur est un avocat espagnol, père de famille, revenu à la foi à l’âge de 17 ans via, dirons-nous, les communautés nouvelles.
Il est actuellement coordinateur national des cours Alpha dans son pays, ce qui l’amène à intervenir au niveau international sur des sujets tels que «le Renouveau charismatique», « la Nouvelle Évangélisation et l’Œcuménisme », etc...
(Carlota)
Le cadeau fascinant de Benoît XVI
Alors que l’Année de la Foi vient de se terminer, c’est le moment de remercier un visionnaire pour le «bazar » qu’il a provoqué dans l’Église, (ndt : selon l’expression «fate casino », faites le bazar, utilisée par le pape François à Rio) et non pas précisément pour son renoncement comme pape, mais pour l’aventure dans laquelle il nous a tous entraînés.
Quand le Cardinal Ratzinger a été choisi comme souverain pontife, cela a été une joie pour nous, car nous avons compris qu’avec lui la continuité de l’œuvre de Jean-Paul II était assurée. Bien sûr, on n’attendait pas de lui cette photogénie qui a toujours accompagné celui qui est pour quelque temps encore un bienheureux, mais tout le monde connaît son action dans l’ombre, comme pilier fondamental sur lequel s’appuyait le pape venu de ce qui était alors « un pays lointain ».
Ce que peu pouvaient soupçonner, c’est la fermeté et l’opportunité avec lesquelles un ancien professeur de Bavière, qui semblait être un pape de transition, allait prendre la barre de la nef de Pierre, en l’emmenant sillonner les eaux profondes de la Nouvelle Évangélisation comme si c’était la première fois.
Et en effet, bien que Jean-Paul II qui avait lancé le concept d’une Nouvelle Évangélisation, eût déjà fait beaucoup, comme le grand visionnaire qu’il était, sa proposition n’était pas encore arrivée à l’esprit de tous. Il manquait quelqu’un qui pointerait une feuille de route, quelqu’un qui concrétiserait la prophétique intuition du pape polonais.
C’est ainsi que lorsque Benoît XVI en 2010 a annoncé la création d’un Conseil Pontifical pour la Nouvelle Évangélisation, il s’est enfin produit la concrétisation de quelque chose que beaucoup attendaient. Un dicastère, nous le savons, n’est pas là pour empoigner la croix et s’en aller prêcher dans la rue, mais pour soutenir, susciter, communiquer et dans la mesure du possible coordonner ce que beaucoup font dans l’Église.
Et avec le dicastère de la Nouvelle Évangélisation, c’est ce qui s’est passé comme cela. L’idée de reprendre l’appel de Jean-Paul II s’est propagé dans toute l’Église, avec une telle force qu’il a semblé que c’était la première fois que l’on parlait de Nouvelle Évangélisation en son sein même, parce que, enfin, on voyait une concrétisation d’une intuition prophétique.
Mais il manquait une perspective, et c’est ce qu’a donné Benoît XVI quand il a lancé une année de la Foi et préparé une procession qui rappellerait celle qui en ce 11 octobre 1962, avait inauguré le Concile Vatican II. Dans son homélie, il a expliqué que dans le Concile, il ne manquait rien, sinon la mise à jour (« l’aggiornamento ») dans la personne de chaque évangélisateur, à travers un renouveau de la foi, d’où le besoin d’une année de la Foi.
Je suis sûr que l’intuition de Benoît XVI sera rappelée dans les livres d’histoire, parce que comme un Moïse qui amena le peuple à la terre promise, il a été su le guider jusqu’à la porte même de cette histoire qui commence aujourd’hui, le lendemain de la fin de l’année de la foi.
Benoît XVI s’en est allé au moment où l’on pouvait lui remettre le plus de médailles, en recueillant les fruits de ce qu’il avait lancé, car les prémisses de sa proposition se voient déjà partout. Il a choisi d’être humble, et en agissant selon la volonté de Dieu il a cédé le pas au tremblement de terre François, qui vient pour appliquer ce que Jean Paul II a annoncé de manière si prophétique, et ce que, d’une façon si visionnaire, Benoît XVI a mis en sa juste perspective historique en l’insérant à l’ordre du jour de l’Église d’une manière concrète.
Beaucoup ont voulu voir dans la succession des trois papes comme l’espérance (Jean-Paul II), la foi (Benoît XVI) et la charité (François), qui se sont enchaînées dans la providence de Dieu pour éclairer des aspects fondamentaux pour la pérégrination du peuple de Dieu.
Quoi qu’il en soit, Benoît XVI s’en est allé en nous laissant le plus grand cadeau qu’un patriarche puisse faire à son peuple, une terre promise pour construire, la terre, la Nouvelle Évangélisation, et c’est maintenant que se termine ce qu’il a commencé que nous pouvons dire que grâce à lui tout a commence (nunc coepi !)
Alors que j’écris ces lignes l’exhortation apostolique, fruit du Synode, n’est pas encore sortie, et des articles vont pleuvoir à son sujet quand elle sera publiée. C’est pourquoi c’est le juste moment pour remercier le pape émérite de ce qui arrive, car rien n’aurait été possible sans lui.
C’est un temps de kairos, où les perspectives se concrétisent, où se prendront des chemins et des directions qui en grande partie configureront le visage de l’Église pour les années à venir. Quelque chose s’est passé dans le cœur de l’Église universelle, quelque chose qui continue à se passer, l’Esprit Saint est en action.
L’Année de la Foi terminée nous nous trouvons face au vertige du futur, confiants en ce que Dieu envoie toujours les pasteurs qui conviennent et émerveillés par la providence qu’il a pour son Église.
Merci Benoît XVI pour nous avoir laissé le meilleur cadeau, pour nous avoir encouragés avec la Nouvelle Évangélisation(*) et avoir rappelé à l’Église que la nef de Pierre sillonne l’histoire avec confiance, car Dieu marque le temps et que ses pasteurs ont le devoir de la guider et le don de le faire assistés de l’Esprit Saint.
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(*) Il convient d’ajouter à l’enthousiasme de l’auteur en matière de Nouvelle Évangélisation celui de ceux, toujours plus nombreux, qui ont pu bénéficier du motu proprio summorum pontificum, et qui a porté ses fruits, sur un mode plus discret mais pas forcément moins efficace.